Ça va jazzer

https://www.jazzradio.fr/

mardi 27 juillet 2021

lundi 26 juillet 2021

Humeurs et coup de gueule

 Réactions à chaud

      On trouve parfois, ça et là dans les réseaux sociaux, au milieu de multiples interventions insignifiantes, excessives ou délirantes, quelques remarques de bon sens, non dénuées d'humour. Si certaines réactions d'opposants à certaines mesures, à certaines coercitions, peuvent se comprendre, si les connaissances sont encore bien incertaines, les réactions outrancières, systématiques et par principe à la contrainte vaccinale, faute de mieux, laissent songeur...Comme certaines expertises de comptoir, parfois insultantes, à qui FB donne le micro sans sourciller...

         C'est la recherche du moindre mal qui est en question, avec des erreurs, des tâtonnements et des ajustements inévitables, qui souvent méritent d'être discutées, en fonction de l'évolution du virus et des parades imparfaites que nous fournissons à un moment donné.           ___________ Il est des choix incontournables "...La démocratie sans protection sanitaire n’est qu’une absurdité cynique. La protection sanitaire sans démocratie mène à l’État autoritaire. C’est en unifiant les deux que nous parviendrons à une stratégie ZéroCovid solidaire !..."


___________ ( Extraits d'intervenants sur FB) "....Ceux qui crient à la dictature et ont envie de se prendre pour des juifs du ghetto de Varsovie parce que la collectivité leur impose de passer 20mn dans un gymnase et d'endurer une piqure au bras de leur choix pour continuer d'aller à disneyland ou au flunch feraient bien de trouver des comparaisons moins insultantes envers la mémoire de tous ceux qui ont réellement subi des traitements insoutenables....Même chose pour les grands "combattants de la liberté et experts scientifiques de comptoir", ne te prends pas pour Jean Moulin parce que tu vas cracher sur un CRS devant une préfecture le samedi camarade...il faut quand même fixer une limite à la beaufitude" (Sam Decarne)

___

    _____

_____________________________

dimanche 25 juillet 2021

Billet du dimanche

 __ Rumsfeld le tueur

__ Guéguerre vaticane

__On comprend...

__ Déjà en 1926...

__ Secret de polichinelle

__ Un jésuite président?          

__ Le soldat "oublié"

__ Notre ami de Rabat

__ Technologie d'avenir?

__ Virus forever?

__ Europe1: new Fox News?

__ Je m'envoie en l'air, donc je suis...       _______________

samedi 24 juillet 2021

Allemagne: transition énergétique problématique.

L'Allemagne est perplexe. 

                                     Voire plus. Elle est inquiète. L'avenir énergétique ne s'annonce pas bien. En tous cas pas comme elle l'espérait naguère. Sauf révolution à venir. Le tournant radical pris à la suite de la catastrophe de Fukushima était prometteur selon les Grünen, qui pensaient pouvoir assez rapidement passer à autre chose, avec la solution du charbon comme source d'énergie d'appoint purement transitoire.                                                                     _____Mais voilà, l'exploitation des mines à ciel ouvert dure sans que le soleil et l'éolien tienne la place escomptée. Et les besoins en énergie croissent, surtout avec la perspective du développement de la voiture électrique sur laquelle le pays d'Angela veut être un pionnier.     Berlin est encore à un tournant, face à un défi qui ne trouvera pas de solution à court terme par une importation accrue de gaz russe. Certains industriels parlent de fiasco, le prix de l'électricité étant bien plus élevé que chez nous. "...L’Allemagne se voulait pionnière. Elle a dépensé 160 milliards d’euros en cinq ans pour passer aux énergies renouvelables. En pure perte ? En tout cas, les émissions de CO2 n’ont pas diminué et l’éolien terrestre est en panne. Des voix s’élèvent pour contester la décision d’arrêter complètement le nucléaire en 2022.... 675 fonctionnaires de la République fédérale d’Allemagne travaillent chaque jour à sa réussite, dans les ministères et les services subordonnés, dans divers organismes et départements, dans des comités et sous-comités. Ils travaillent pour un monde dont la beauté n’est pas restée simplement une idée mais est ­devenue une réalité… le temps d’une journée ; chez nous, en Allemagne. C’était le 22 avril 2019, le lundi de Pâques. Ce jour-là, le soleil a brillé du matin au soir, le vent a poussé les ­éoliennes à plein régime et, au crépuscule, sans que le moindre petit nuage de gaz à effet de serre se soit élevé dans le ciel, 56 GW (gigawatts) d’énergies renou­velables avaient été produits, ce qui couvrait presque toute la consommation de la quatrième nation industrielle du monde. Ce fut magique, une combinaison parfaite de la nature et de la technique moderne. Malheureusement, cela n’a duré que ce jour-là.   De nombreux autres jours, la réa­lité est sale et grise..." constatent les plus pessimistes.

       Le charbon tient encore une place trop importante dans le mix énergétique.   Le doute s'installe et les variations d'objectifs et parfois les contradictions ne manquent pas. Les industriels s'interrogent. Le pays ne serait plus un modèle aux yeux de certains et serait en voie de revoir une partie de ses choix...Les successeurs de Merkel décideront. La tâche reste immense.  Mais la transition énergétiques reste un immense défi pour tous les pays.   _______

vendredi 23 juillet 2021

Le survivalisme...survit toujours

 Le phénomène n'est pas nouveau

                   Par des temps de crise majeure, on voit régulièrement apparaître dans l'histoire des mouvements, qui croyant voir venir la fin des temps, se préparent au pire en se donnant les moyens de survivre, même de manière minoritaire.  La "fin du monde" n'a pas pris une ride, mais si elle change souvent de visage depuis qu'on en connaît certaines manifestations, remontant aux temps bibliques, et cette issue tragique annoncée, qui peut prendre divers formes, conditionne une manière de vivre dans le présent en retrait par rapport à la vie ordinaire. 


____Ce ne sont plus les ravages des pestes d'antan qui peuvent produire ces effets, mais souvent des signes de "décadence" jugées inéluctables...Aux USA, les peurs de la guerre froide déjà avaient donné le ton, mais on retrouve des phénomènes analogues aujourd'hui en France, pas seulement dans certaines sectes, jusqu'à devenir une mode et même un business. La pandémie actuelle relance le mouvement ça et là. Il est vrai que nous vivons une période de transition historique assez problématique, où les repères s'effacent et où la panique comme l'ignorances sont facilement exploitées et diffusées.

       ___La fin du monde (ou d'un monde) est à la mode.
                             Mais ce n'est pas la première fois.
    On dira qu'aujourd'hui cette thématique n'est plus liée à des croyances religieuses ou à des thèmes eschatologiques classiques.
   Sauf encore parfois ici et là. Les prédictions furent nombreuses et continuent dans certains milieux sectaires, qui en font leur miel.
    Certaines alertes semblent un plus sérieuses.
      On ne peut plus maintenant sous-estimer les risques majeurs nouveaux auxquels notre époque est confrontée, de plus en plus reconnus ou supposés notamment en ce qui concerne les évolutions climatiques majeures, à moyen terme ou à long terme.  L'irréversibilité semble difficile à envisager, du moins dans certaines parties de la planète. Mais on pouvait le savoir avant le dernier rapport de GIEC.
  Mais le pessimisme absolu, en alimentant la peur et en justifiant l'inaction, est contre-productif, même si la peur, raisonnée, peut être un stimulant pour la réaction.
   Le catastrophisme peut être éclairé. Hans Jonas, avec son principe responsabilité, ouvre des horizons qui nous libèrent de la tentation fataliste.
       Régulièrement, on nous annonce, avec le plus grand sérieux, l'imminence de la fin de notre monde.
   Cela fait la Xème fois depuis le siècle dernier.
    Les survivalistes y croient malgré tout, du moins les plus "orthodoxes", les plus radicaux, les plus convaincus.
    Malgré les démentis. Il ne s'est rien passé en 2012...année supposée fatidique.
  Mais les démentis n'arrêtent pas les croyants, même certains "scientifiques" prétendus.
   Le survivalisme, d'origine surtout américaine, qui a connu un regain pendant la guerre froide, s'est développé dans les pays protestants où l'eschatologie est très présente et où le public apprécie les romans et les films ayant pour thème une grande catastrophe de fin du monde. Bien que les Églises évangéliques intègrent dans leur prédication le temps de la « grande tribulation » et la nécessité de s'y préparer, ceci n'a rien à voir avec la notion de survivalisme. Aucune notion de préparation physique n'est promulguée. L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours donne consigne aux familles de stocker de la nourriture. La prédiction d'un changement radical en décembre 2012, issue d'une interprétation du calendrier maya, a ravivé également les préparatifs des survivalistes religieux. Plus généralement, cette peur d'une grande catastrophe est celle de la peur de la mort."
     Certains mouvements, même non religieux, issus de cette tendance, ont leur "Bible", avec ses dogmes, ses commandements, ses prophéties, ses conseils pratiques, qui donnent lieu à un marché plein d'imagination, parfois jusqu'au délire. (*)
           Etrange fascination que celle de la fin du monde,...régulièrement annoncée depuis que le monde existe. Il faudra attendre encore un peu...Le catastrophisme a de l'avenir...
 Il ne manque jamais d'arguments.

               Mais il y a des degrés dans ce qu'on appelle le survivalisme, des sens différents aussi.
 S'intéresser aux conditions de survie dans des conditions extrêmes, parfois catastrophiques, naturelles ou non, et s'y préparer le cas échéant, peut avoir un sens.

   Même le gouvernement a un site pour se préparer en toutes circonstances. 
Se préparer, faire face à certaines situations hautement prévisibles, est un signe de bon sens vital. même si le pire n'est jamais sûr.
    En France, des mouvements se développent pour préparer les esprits à s'adapter à des situations extrêmes et à faire preuve de résilience dans des conditions de pénuries aux causes diverses.
  Nos sociétés sont plus fragiles qu'on ne le croit et les périls majeurs peuvent être de tous ordres: crise économique majeure et soudaine, catastrophes technologiques, naturelles, etc...
________
    (*) Même des millionnaires de la Silicon Valley se préparent à la fin du monde. C'est très tendance.
       " L’idée survivaliste est à l’œuvre depuis longtemps dans l’imaginaire américain. Il l’est encore plus dans la Silicon Valley, où le libertarisme à l’œuvre est aussi une célébration de l’auto-suffisance (on est content d’aider les autres quand on peut, mais on compte d’abord sur soi). Et puis il y a les films (“Deep Impact”, “Le Jour d’après”…), les séries (“The Walking Dead”…).
      Tout ça activé par le fait que ces gens de la Silicon Valley passent leur temps à imaginer l’avenir - c’est ça le mantra et la réussite de la Silicon Valley, imaginer le monde de demain - et donc dans cette projection, il y a les utopies, mais aussi les dystopies. D’ailleurs, chacun semble osciller entre les unes et les autres. Alors pourquoi faire le choix de se préparer à l’avenir le plus noir ?
    Et si tout ne tenait pas à l’argent ? D’abord parce que ces gens ont tellement d’argent que, même si la catastrophe est une hypothèse statistiquement faible, ça ne leur coûte rien de s’y préparer (avoir des maisons partout et un hélicoptère toujours prêt par exemple). En un sens, ils font donc un calcul rationnel. Mais il y a quelque chose de plus profond. Ces gens ont tellement d’argent que, eu égard au fonctionnement de la société américaine, ils ont tout, ils sont parés à tout. Il faut donc s’inventer une angoisse supérieure, un but ultime....
_____
       Mais il y a la tentation du pessimisme absolu
                                                     L' anthropologue-économiste P. Jorion est un homme passionnant, complexe et paradoxal.
   Très lucide sur la situation économique actuelle et les dérives financières récentes qui sont loin d'être réglées.
  Il fut un des premiers, avec Roubini et quelques rares autres, à annoncer la crise de 1998 et sa cascade d'ébranlements politico-économiques, qui nous ont amenés là où nous en sommes en nous faisant frôler le pire.
Sans doute parce qu'il n'est pas qu'un économiste pur et issu du sérail formaté et qu'il a aussi l'oeil surplombant et englobant de l'anthropologue.
    Selon lui, l'humanité continue à oeuvrer à sa propre extinction, à la vitesse grand V.  Nous sommes comme des somnambules qui repartons vers de nouveaux désastres, d'une autre gravité.
 Les sociétés et les pouvoirs sont gangrenés par l'argent   depuis que la finance a pris le pouvoir et impose ses paradigmes à toutes les sphères, ligotant les politiques publiques, corrompant aussi les esprits.
  C'est peu dire que l'évolution des faits le conduit au pessimisme, Selon lui, les élites sont frappées de myopie et d'impuissance et ce monde passe en "mode cataclysmique”.
     Et pas seulement pour des raisons économico-financières:
  « Les scientifiques et climatologues, même les plus optimistes, estiment que même si nous maintenons une hausse de 2° d’ici la fin du siècle, ce sera une vraie catastrophe. Or nous semblons plutôt nous orienter vers une hausse de 3° ou 4°. Même en considérant qu’on tienne nos engagements, ce que l’on n’a jamais réussi à faire, les catastrophes semblent inévitables, et les prochaines générations connaitront des ouragans dans l’Atlantique , El Nino pourrait s’arrêter, le niveau des mers augmentera, etc. »
   Selon lui, nous allons collectivement au pire, sauf si...
             Il est urgent de changer nos modes de vie et de consommation. Mais qui nous y incitera vraiment? Les résistances sont faibles et souvent inaudibles, les esprits sont gagnés par le conformisme, l'aquoibonisme, la résignation. Sur le Titanic, on dansait peu de temps avant la catastrophe.
      Notre système s'est enfermé dans une vision à court terme où l’économie s’est faite phagocyter par la spéculation et la recherche sans bornes de profits. « Une finance bien gérée, c’est le système sanguin de l’économie, c’est vital. Une seule de toutes les fonctions de la finance est véritablement létale, c’est la spéculation. Or le pêché originel est d’avoir fait entrer la spéculation dans l’économie en 1885. Pour filer la métaphore, la spéculation est une ponction sanguine. Fatalement, si vous ponctionnez trop, vous risquez de faire face à quelques problèmes ».
   La porte de sortie est étroite, si elle existe.
     Rien de tel qu'une bonne cure de pesssimisme (ou de lucidité) pour se hisser vers les sorties de secours.
   Un nécessaire sursaut philosopho-éthique peut-il être suffisant?
____L'auteur n'est ni oiseau de malheur, ni décliniste, ni astrologue, ni omniscient, ni à l'abri de certaines erreurs d'appréciation qui fausseraient certaines de ses projections.
    Il est aventureux d'extrapoler, même sans vouloir jouer les Cassandre. Il n'en reste pas moins qu'il crée un électrochoc salutaire car certains scénarii décrits pourraient bien se réaliser.
    La question se pose crûment: où va-t-on?
Même si nous savons que notre civilisation est mortelle, aucune preuve ne peut être fournie sur la fin proche d'une humanité incapable de contrôler ses productions et ses orientations à l'échelle planétaire de commencer à se placer dans une perspective de long terme.
       Juste une forte présomption...
 Quand le bateau coule, il n’est plus temps de discuter savamment sur la théorie de la navigation : il faut apprendre à construire un radeau, même très rudimentaire »
_________________________

jeudi 22 juillet 2021

Au nom de la langue

 Défense et illustration.. [Bis repetita...]

                                 ...D'une langue mise à mal
                                            Ce n'est rien de le dire. Pauvre français! si riche...
  Sans vouloir dramatiser à outrance, sans passer pour un taliban de la langue, qui évolue sans cesse, il faut bien constater que le niveau de langue s'érode,  que l'expression devient de plus en plus approximative, que la grammaire n'est plus intériorisée (ce qui n'est pas sans conséquences au niveau logique), que le vocabulaire s'appauvrit et que la colonisation  par le globish est de plus en plus rapide. C'est plus qu'un emprunt occasionnel, c'est devenu une marotte ridicule. Même mon coiffeur s'y met.
    C'est l'effet de multiples causes, culturelles et économiques bien sûr, mais renforcé par l' abandon progressif d'un enseignement digne de ce nom, où le ludique a souvent supplanté les bases linguistiques fondamentales  et la nécessaire rigueur. Une langue mérite d'être travaillée, au-delà de son aspect utilitaire. Les vrais amoureux de la langue se font rares.
    Si encore il ne s'agissait que de l'orthographe,... C'est l'expression de la pensée qui est malmenée. On peut le voir jusque dans nous universités et nos écoles d'ingénieurs, où la pensée souvent pâtit d'un manque de rigueur. Par ex, la confusion entre le futur et le conditionnel n'est pas anodine. C'est par la langue que l'on pense.
    La pauvreté du langage constitue un enfermement, souvent peu ressenti comme tel.
    Malgré les déclarations d'intention et les réformes qui ne changent rien (combien d'heures de français reste-t-il aujourd'hui dans nos collèges?), y a -t-il encore place pour un sursaut?
    Celui qui maîtrise (mieux) sa langue peut maîtriser tout le reste.
        Si déjà les préconisations de la loi Toubon étaient respectées....
_____
                  Manifeste méritant d'être diffusé:
« A chaque fois qu’affleure, d’une manière ou d’une autre, la question de la langue, cela signifie qu’une série d’autres problèmes est en train de s’imposer : la formation et l’élargissement de la classe dirigeante, la nécessité d’établir des rapports plus intimes entre groupes dirigeants et la masse nationale-populaire, c’est-à-dire de réorganiser l’hégémonie culturelle ». Antonio Gramsci, Cahiers de prison.
« Il ne restait de ce pays que son langage. Un beau langage qui servait à tout. Vous savez, comme on a chez soi une chose précieuse qui est là depuis si longtemps qu’on en use à n’importe quoi, à empêcher la fenêtre de se fermer, et le petit la prend comme une règle pour dessiner, et c’est un presse-papier si commode ! Qui donc se souciait que ce fût un pays, ce pays, et il est indiscutable que c’est un grand progrès que de perdre ce sens de la jalousie, cette haine du voisin, cet orgueil de son toit, un grand progrès sur les ténèbres, un grand progrès sur le néant ». Louis Aragon, poète et résistant.
                Accompagnant la casse néolibérale et euro-atlantique du cadre national, des services publics et des conquis sociaux, une politique destructive de substitution systématique du « globish » à la langue française (pourtant « langue de la République » au titre de la Constitution…) affecte tous les aspects de la vie sociale en France. Entre mille exemples : Carrefour-Market lance une campagne intitulée Act for food ! ; Renault, Airbus et PSA basculent toute leur documentation technique à l’anglais ; des centaines de grandes entreprises, voire de « startup », obligent illégalement leurs salariés francophones à ne plus travailler qu’en anglais, pendant que la Poste lance « Ma French Bank », que la SNCF en voie de privatisation promeut ses Ouigo (lire we go), qu’EDF invite ses « clients » à « pulser », et que, plus grave encore, la contre-réforme Blanquer du lycée s’ajoute à la loi Fioraso et aux pratiques délétères de la direction de la Recherche pour faire de l’anglais, de la maternelle au Supérieur en passant par le CNRS, non pas une langue enseignée en France, mais une langue d’enseignement concurrençant et évinçant systématiquement le français (et se substituant de fait de toute autre langue étrangère !).
Il est clair qu’à terme, si ces pratiques continuent de se généraliser en France et en Europe (au détriment de l’allemand, de l’espagnol, de l’italien, du portugais, du russe, de l’arabe, du turc, du chinois, etc.), il n’y aura bientôt plus qu’une langue de prestige, celle de l’Oncle Sam et de Wall Street, ce qui portera un coup gravissime à la diversité culturelle qui fut toujours un aliment vital des échanges et de la culture. Le mauvais exemple est donné par Macron, qui ne perd jamais une occasion de jargonner en Globish devant les grands patrons et de promouvoir l’anglais comme langue internationale unique, non seulement à l’étranger mais en France même… Même si les intéressés n’en ont pour la plupart pas conscience parce qu’elle suit la mode, par mimétisme ou par « modernisme branché », cette invasion de la langue française par des mots ou des expressions d’origine anglosaxonne a contaminé jusqu’aux milieux populaires, voire militants : le tract n’est-il pas trop souvent devenu un flyer ? Il y a peu, des chercheurs en lutte défilaient derrière une banderole portant l’inscription Academic Pride…
Il faut dénoncer ces pratiques faussement anodines car elles sont le symptôme de l’allégeance sournoise à l’impérialisme occidental qui génère guerres et inégalités entre les hommes et entre les peuples. Du reste, des phénomènes identiques d’acculturation au détriment des langues nationales se déroulent en Europe orientale ou en Afrique, partout où l’impérialisme occidental est prégnant, économiquement et politiquement. Et nous sommes solidaires de tous ceux qui, en Roumanie, au Sénégal, etc. luttent pour la défense de leur langue et de leur culturel.
En France, derrière cette manœuvre antipopulaire de grande envergure et totalement soustraite au débat démocratique, on trouve le MEDEF : son ex-président, le baron Sellières, clamait ainsi en 2004 que l’anglais doit désormais « devenir la langue (sous-entendu : unique) de l’entreprise et des affaires » ; pratiquant de fait une « préférence nationale » inavouée, le CAC-40 n’embauche déjà plus guère que des « English Mother Tongue » (anglais langue maternelle) comme cadres supérieurs, pendant que l’OTAN a fait de l’anglais, y compris en France, la langue de travail unique des armées.
Quant à l’UE, elle ne craint pas, en plein Brexit et alors que l’anglais n’est plus la « langue officielle déposée » d’aucun Etat-membre, de promouvoir l’idée qu’il faut faire de l’anglais la langue officielle unique des institutions bruxelloises au détriment des autres langues nationales d’Europe. L’enjeu de cette politique de casse et de classe est énorme : il s’agit de renforcer le « marché unique » cher aux monopoles, de préparer la future « Union transatlantique » sous la houlette de Washington et de faciliter la mise en place des traités néolibéraux transcontinentaux (du type CETA, UE/Mercosur ou TAFTA).
En instituant la langue unique, les maîtres du grand capital rêvent de mettre en place un hypermarché continental et mondial de la force de travail qui, tout en humiliant les peuples non anglophones, en affaiblissant décisivement les nations existantes, en dévaluant les travailleurs actuels et futurs qui ne maîtriseraient « que » leur langue nationale (ou une langue étrangère autre que l’anglais), accentuerait brutalement la concurrence acharnée et le moins-disant social et salarial entre les prolétaires d’aujourd’hui et de demain : énormes avantages pour le grand patronat sur tous les terrains, social, politique, culturel…
(Il s'agit de) ...combattre vigoureusement la POLITIQUE DU TOUT-anglais : c’est-à-dire la politique oligarchique et antidémocratique tentant à imposer une langue unique continentale, voire mondiale.
Nous appelons donc à : · exiger des autorités, du patronat, des services publics et des collectivités publiques le respect et le renforcement de la législation visant à protéger le français ; · promouvoir un véritable apprentissage des langues étrangères dans leur pluralité dans le cadre de l’Education nationale (avec des maîtres qualifiés), y compris des principales langues de l’immigration de travail (ainsi que des langues régionales là où une demande significative existe) ; · ; non dans un esprit de « purisme » ou de fermeture aux autres cultures, mais pour favoriser un dialogue et une coopération égalitaires entre toutes les nations, toutes les langues et toutes les cultures nationales d’Europe et du monde. c’est-à-dire l’anglo-américain managérial…    _______________________

mercredi 21 juillet 2021

Très grandes oreilles

Un pas de géant dans la cybersurveillance

                                         A des fins surtout politiques et économiques. C'est le bal des hypocrites. Cela fait déjà longtemps que des Etats pratiquent, au su de tous, l'écoute généralisée des données venant de la planète entière. Au première loge, les USA, avec leur système "Echelon", supposé dans un premier temps décrypter les messages concernant la cybercriminalité ou les risques d'attentats éventuels. Mais la NSA écoute depuis longtemps aux portes. C'est très vilain. Il n'y a pas que les données sensibles qui intéressent même nos "alliés", comme le téléphone de Mme Merkel, écouté à Washington via le Danemark, mais des données de pointe en matières industrielles, de marchés ou d'informations.     Evidemment, Moscou et Pékin ne sont pas en reste, surtout ce dernier, qui est en voie de prendre de l'avance. Mais même le petit Israël joue dans la cour des grands et la "start up nation" est en connivence avec un groupe qui tire profit de ventes lucratives à des pays "amis". Là, on monte d'un cran dans le domaine de la sophistication...On entre dans un monde où la cybersurveillance semble ne plus pouvoir connaître de limites...et où les gentils portables, même cryptés, se retournent contre leurs porteurs. C'est plus qu'un cheval de Troyes. C'est une avance de plusieurs coups qui met en émoi ambassades, bureaux d'études industriels et même hautes administrations et salles de presse. Un système devenant hors de contrôle, qu'on voit mal comment pouvoir réguler. Des règles ne suffiront pas.


___Même les "très sûrs" i-phones sont menacés. La start-up nation a fait fort! L'arme numérique, supposée défensive à l'origine, passe à un stade supérieur, offensif, intrusif comme jamais. C'était juste une question de sécurité, disent-ils à tel Aviv. Un pas de géant vers l'espionnage de masse, dont la Chine nous donne une inquiétante image, avec notamment ses systèmes de reconnaissance faciale. Le problème est mondial et touche aussi l'information et le domaine politique, ce qui est plus grave. Les virus sont dans nos poches et bientôt dans nos têtes. Même Orwell n'aurait pu l'imaginer. L'espionnage du Maroc  à l'égard de ses opposants n'est qu'un exemple.  Les soupçons s'étendent. Ce n'est pas nouveau, mais Pegasus semble bien hors de contrôle. L'air restera-t-il encore respirable dans un monde de contrôle généralisé où le soupçon sera partout, particulièrement paralysant? Les mesures de rétorsions suffiront-elles? On peut en douter, surtout quand on ne peut savoir d'où vient la péril, quand l'ennemi est dans nos smartphones.  La surveillance généralisée est le pire qui puisse nous arriver....

____ "...   Ce « produit signature » capable de récupérer les données, même chiffrées, de n’importe quel appareil mobile n’est autre que le logiciel Pegasus, vendu dans le monde entier et utilisé par plusieurs régimes autoritaires pour espionner opposants et journalistes.  Au mois de novembre 2015, l’agence Reuters donnait même un peu plus de détails en décrivant, toujours sans le nommer, « un logiciel qui cible secrètement les téléphones mobiles des utilisateurs et rassemble les informations, dont les messages, les photos et les données de navigation internet ». L’article insistait par ailleurs sur le caractère « secret » de NSO, une société ayant « changé son nom plusieurs fois, et se faisant appeler plus récemment “Q” ».    Au fil des années, chercheurs, journalistes et associations de défense ont cependant réussi à retracer ses multiples activités. Le logiciel Pegasus est né avec NSO et reste aujourd’hui le produit phare de la société. Selon le Financial Times, en 2019, les trois quarts de ses revenus provenaient des ventes de ce logiciel. 10 % provenaient des ventes d’un van équipé d’un dispositif permettant d’aspirer les données d’une cible. Et 10 % provenaient de celles d’un logiciel permettant de suivre la géolocalisation de téléphones, baptisé Landmark.    Le premier client de NSO semble avoir été le gouvernement du Mexique, dont trois agences fédérales ont acheté dès 2011 la version originelle de Pegasus. Selon un article du New York Times de mars 2019, les autorités mexicaines auraient déboursé 15 millions de dollars pour l’achat de logiciels et de matériels, puis 77 millions de dollars pour la surveillance des cibles.  Car c’est toute une gamme de services que NSO offre à ses clients. Pegasus est en effet un produit dit « modulaire », c’est-à-dire personnalisable en fonction des besoins. Comme l’expliquait une plainte déposée en 2019 par WhatsApp contre NSO, le contrat proposé par la société est un contrat de « licence » qui inclut l’installation, la formation et la surveillance du dispositif. Elle fournit un support technique, par mail et par téléphone et dispose d’un « help desk », un bureau d’aide, depuis lequel ses ingénieurs peuvent régler des problèmes techniques à distance, via un logiciel et un VPN.   Et si besoin, NSO aide ses clients à prendre le contrôle des téléphones des cibles. Le nom Pegasus est en effet une référence au cheval ailé de la mythologie grecque ainsi qu’au cheval de Troie, un terme informatique désignant un logiciel malveillant qui, comme dans le mythe de Homère, se dissimule à l’intérieur d’un programme en apparence banal.   Pendant de nombreuses années, ce cheval de Troie devait être introduit manuellement dans le téléphone de la victime. Pour cela, la solution classique consistait à lui envoyer un message personnalisé contenant un lien la renvoyant vers un site contrôlé par NSO, depuis lequel un logiciel malveillant était injecté dans l’appareil. Pour aider ses clients à créer des messages le plus crédibles possible, NSO leur offrait les services de son département Enhanced Social Engineering Message, spécialisé dans l’ingénierie sociale.    Par exemple, peu après l’assassinat le 15 mai 2017 de Javier Valdez, un célèbre journaliste mexicain qui enquêtait sur le trafic de drogue dans son pays, sa veuve avait reçu plusieurs messages lui demandant de cliquer sur un lien lui promettant des informations sur la mort de son mari.   Peu avant la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué puis démembré dans l’enceinte du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, l’un de ses plus proches amis, Omar Abdulaziz, un autre journaliste réfugié au Canada, avait lui reçu un message imitant celui d’une société de transport et lui proposant de cliquer sur un lien pour suivre un colis. Malgré les dénégations de NSO, il semblerait que Pegasus ait joué un rôle direct dans la mort de Jamal Khashoggi, des accusations détaillées dans une plainte déposée par Omar Abdulaziz.   Dans ces deux cas, les victimes, soupçonnant une possible surveillance, avaient transmis leur téléphone au laboratoire canadien Citizen Lab pour expertise. Après, vérification, il s’agissait bien de faux messages conduisant à une très probable infection du téléphone par la version du logiciel alors sur le marché : « Pegasus 2 ».  Une fois le téléphone infecté, la victime se retrouve totalement prisonnière d’un réseau d’ordinateurs et de serveurs appartenant à NSO et utilisé « pour monitorer et mettre à jour la version de Pegasus implantée dans les téléphones des victimes », explique la plainte de WhatsApp. Ce réseau « a relayé le malware, des ordres et des données entre un téléphone compromis », NSO et ses clients. Il constitue un véritable « centre nerveux à travers lequel » la société peut contrôler et entretenir à distance son logiciel.    Durant les années 2016-2017, la sortie de la troisième version de son logiciel, « Pegasus 3 », a marqué un tournant pour NSO. Le Financial Times raconte que, vers le milieu de l’année 2017, des représentants de la société se sont rendus dans un hôtel de luxe à Limassol, sur l’île de Chypre, pour y faire une démonstration, devant des responsables saoudiens, des nouvelles capacités de leur logiciel pour infecter un iPhone à l’aide d’une « technologie zéro clic », c’est-à-dire sans avoir besoin de piéger l’utilisateur avec un lien.    Désormais, l’utilisateur de « Pegasus 3 » peut directement infecter le téléphone de ses cibles. Pour cela, NSO utilise désormais les multiples failles dites « zero day », c’est-à-dire directement exploitables et ne nécessitant aucun travail de la part de l’attaquant, des divers logiciels équipant un smartphone. Ces failles sont nombreuses et se renouvellent à chaque mise à jour ou sortie d’une nouvelle version. Elles font l’objet d’un marché extrêmement lucratif où des hackers vendent leurs découvertes au plus offrant, parfois pour plusieurs centaines de milliers de dollars.     Grâce à cette stratégie, NSO semble disposer désormais d’un éventail de possibilités pour infecter un téléphone sans même que son utilisateur puisse s’en douter. Dans le cas de WhatsApp, détaillé dans un rapport de Citizen Lab et de l’université de Toronto, NSO avait tout d’abord développé un logiciel capable d’imiter le trafic habituel de WhatsApp afin d’y insérer ses codes malveillants et de les envoyer aux cibles. Les codes étaient dissimulés à l’intérieur de protocoles normaux, de ce fait relayés par les serveurs de WhatsApp comme si de rien n’était.   NSO a ensuite fabriqué de faux « messages d’initiation d’appel » au sein desquels son piège était dissimulé, à l’intérieur des réglages. Le code était injecté, même si la personne ne prenait pas l’appel......" ______  __________________

mardi 20 juillet 2021

Le choix du chômage

 Une question rémanente [notes de lecture]

                                              On finit par s'habituer à ce phénomène qui s'est installé depuis la fin les années Giscard et qui régulièrement suscite des mesures diverses selon les gouvernement qui se succèdent. Il s'agit d'un phénomène économique et social global, à géométrie plus ou moins variable, qui revient régulièrement sur le devant de la scène, devenant l'horizon indépassable de notre vie publique après une longue période de plein emploi. Certes, les explications ne manquent pas, faisant valoir les changements de structure de l'appareil productif, l'automatisation de plus en plus poussée, le coût d'une main d'oeuvre qui se déplace là elle est plus intéressante, toutes frontières ouvertes, le retard productif et celui de l'innovation, les défauts de la formation professionnelle, et....On connaît la chanson, même si on met rarement le doigt sur des décisions politiques stratégiques qui ont entraîné le ralentissement économique, notamment la priorité donnée à la financiarisation et la place exorbitante donnée dans l'entreprise aux actionnaire éventuels, réduisant les investissements et la part salariale  Le "travailler plus" revient comme un leitmotiv, une incantation sur fond de résignation et ne s'interroge pas sur la possibilité d'une croissance d'une autre nature.

        Une analyse un peu décalée et forcément incomplète, saluée par La Tribune, par rapport à la langue de bois officielle, permet de réfléchir sur un aspect du problème rarement évoqué, à lire et à discuter:                          ___ "  Le chômage de masse qui mine la France depuis une quarantaine d’années est souvent présenté comme inéluctable et naturel. François Mitterrand ne déclarait-il pas à ce sujet en 1993 qu’on avait « tout essayé » ? Pour Benoît Collombat, journaliste à la direction des enquêtes et de l’investigation de Radio France, ce fait social n’est pourtant pas une fatalité, mais bien la conséquence de choix politiques. Dans la bande dessinée Le choix du chômage (Futuropolis, 2021), qu’il vient de signer avec Damien Cuvillier, ce dernier a enquêté sur les racines de cette violence économique, qui est notamment liée à la construction européenne.....Une note de 1979 adressée par un haut-fonctionnaire du Ministère de l’Economie et des Finances au Premier ministre Raymond Barre en 1979 résume parfaitement les choses : « La politique économique et financière menée actuellement est la bonne. Elle est dans le couloir des bonnes options. Il y a une crête sur laquelle on peut se maintenir. Cela ne marche pas si mal : contrôle de la masse monétaire et du budget, tout cela va dans le bon sens. En revanche, il est impossible de régler le chômage à court terme. Il ne faut pas y songer. Il ne faut surtout pas utiliser la politique conjoncturelle pour tenter d’enrayer le chômage », conclut le haut-fonctionnaire. De Raymond Barre à Emmanuel Macron, nous sommes toujours dans ce même « couloir » d’options idéologiques.   LVSL – Dans votre bande dessinée, on retrouve le sociologue Benjamin Lemoine. Ce dernier y explique que l’État français n’avait, dans les années 1960, pas besoin de faire appel aux marchés pour financer ses déficits puisqu’il avait recours au « circuit du trésor ». Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionnait ce circuit et pourquoi nous ne l’utilisons plus.    ___  B.C. – Le « circuit du trésor » était un circuit de financement de l’État français qui lui permettait de contrôler les banques et les flux monétaires en ayant la main sur les taux d’intérêts et in fine la distribution du crédit. C’était un cycle vertueux au service de l’investissement public et d’une politique de plein emploi. Tout cela va être démantelé par strates face à une pression idéologique issue de la pensée anglo-saxonne. La seule interrogation qui demeure pour les hauts-fonctionnaires dans les années 1970 c’est de connaitre la part d’inflation tolérée lors des relances budgétaires.      Le sociologue Benjamin Lemoine (L’ordre de la dette. Enquête sur les infortunes de l’Etat et la prospérité du marché, La Découverte, 2016) explique que l’on est passé d’une époque où l’État investissait dans l’économie à une situation où l’État a été investi par les grands épargnants et les banques. Le renversement du rapport de force commence à s’opérer dès les années 1970 et va s’accélérer pendant le septennat de Valérie Giscard d’Estaing, sous l’action de son Premier ministre Raymond Barre (1976-1981). Ce dernier joue un rôle important dans les cercles de pensées néolibéraux : il a traduit en français Friedrich Hayek, l’un des penseurs du néolibéralisme, et a été vice-président de la Commission européenne, chargé de l’Economie et des Finances de 1967 à 1973. Lors d’une intervention devant un think tank libéral en avril 1983, Raymond Barre fustige ainsi « le goût invétéré du protectionnisme » propre au « tempérament français », appelant à « jouer la carte de l’ouverture sur l’extérieur, sans crainte des courants d’air mais, au contraire, en aspirant à en recevoir le souffle vivifiant. » Il utilise également une métaphore animalière censée incarner le retard français : « Il faut introduire le brochet de la concurrence internationale pour que nos carpes nationales perdent le goût de la vase », dit-il...."                                                 ____ L'ère Mitterrand fut une prolongation de cette logique de renversement des priorités. Une nouvelle logique s'installa. Au nom de la "modernité"....._______________

lundi 19 juillet 2021

Angela s'en va...

 Un tournant?

                        La chancelière prépare ses valises. "Mutti" s'y résigne enfin. Elément d'équilibre au sein de la vie politique allemande, elle rassurait plutôt, même si elle était une fidèle de la doxa des industriels allemands; ses soucis européens n'ont pas été remarquables. La RFA fait depuis longtemps cavalier seul, dictant même à ses partenaires des règles qu'elle n'avait pas de mal à imposer à elle-même, dégageant des excédents budgétaires hors du commun. Les partenariats avec son "hinterland" et les liens commerciaux tissés avec la Chine ont renforcé la prospérité, l'épargne étant la priorité pour le pays vieillissant.                                           ________Après la relative parenthèse de la période covid et les efforts de solidarité annoncée vis à vis des pays européens les plus en difficulté la droite conservatrice allemande se prépare pour une succession qui sifflera une fin de partie. (*)  Les grands dogmes de l'orthodoxie budgétaire, dans l'esprit des lois d'airain de Schaüble naguère, vont revenir au premier plan, avec la rigueur qui l'accompagne et la crainte irrationnelle d'une montée de l'inflation...et la France suivra... Malgré les propositions de Macron et l'exemple de Biden. Dans des circonstances exceptionnelles, l'endettement peut être salvateur et entraîner un cercle vertueux. Mais la pensée de Keynes et l'exemple rooseveltien ne sont pas la référence à Berlin, malgré les demandes pressantes de certains économistes allemands notant les sous-investissement notoires du pays et la faiblesse des salaires pour une frange de la population qui a subi l'effet des lois Schröder/Hartz.

              La question allemande revient, l'euro étant devenu l'instrument de la domination économique du pays, à la fois fort et fragile. Retour donc prévu à la rigueur le plus tôt possible, à l'orthodoxie monétaire la plus stricte.                                                                              "  ...Le parti de l’actuelle chancelière renoue (ainsi) avec ses fondamentaux, à savoir un respect strict des normes ordolibérales : orthodoxie budgétaire, réduction de 60 % du ratio d’endettement des administrations publiques et retour du « frein à la dette » (dispositif inscrit dans la constitution allemande qui prévoit que l’État fédéral ne doit pas afficher un déficit supérieur à 0,35 % du PIB potentiel).   Alors que les dogmes allemands avaient vacillé depuis le début de la crise sanitaire, les pressions internes de l’establishment ont été trop fortes. Décidé à en finir avec le « quoi qu’il en coûte », celui-ci se montre obsédé par la remontée des taux d’intérêt et le risque inflationniste. L’arrêt de mai 2020 du Tribunal constitutionnel de Karlsruhe contre le plan de sauvegarde de la BCE constituait un signe avant-coureur de ce durcissement.   Une telle rigueur interroge dans un pays qui souffre de sous-investissement chronique dans l’éducation et les infrastructures, comme l’a encore rappelé récemment un rapport de l’OCDE. Elle revient à oublier qu’un bon usage de l’endettement existe, notamment lorsqu’il sert des investissements porteurs d’avenirs. Problématique pour l’Allemagne, cette approche sacrificielle de l’économie l’est tout autant dans sa dimension européenne. Le programme de l’alliance CDU-CSU rejette ainsi catégoriquement tout assouplissement des règles européennes et se veut ferme sur la nécessité de « sanctionner systématiquement » les violations à celles-ci. Une fois de plus, il s’agit d’opposer une « Union de stabilité » à une « Union de la dette ».       Ces prises de position sont tout sauf anodines dans la mesure où aucune réorientation de la construction européenne n’est possible sans la bonne volonté de l’Allemagne. Alors que le cycle néolibéral semble toucher à sa fin, l’Allemagne demeure arc-boutée sur des politiques d’un autre temps. Inflexible, elle entend répéter à l’échelle européenne les politiques du début des années 2010, comme si elle n’avait tiré aucune leçon de cette période qui a vu l’austérité détruire la confiance en l’avenir, étrangler le pouvoir d’achat et la croissance, et fouler aux pieds la souveraineté des peuples. De Stiglitz à Krugman, en passant par l’OFCE et le FMI, l’essentiel des économistes s’accorde sur le fait que les politiques de restriction budgétaire imposées pendant la crise des dettes souveraines ont été contreproductives, plongeant les pays européens dans la récession...."                                                                            L' ordolibéralisme restera donc vraisemblablement à l'ordre du jour, sauf si les Verts, le vent en poupe, ne viennent donner de nouvelles orientations aux conservateurs qui gardent encore espoir.

             ___   *    "...Dans 78 jours, l’Allemagne votera pour désigner celle ou celui qui succédera à Angela Merkel, la chancelière depuis novembre 2005 qui prend sa retraite. Les Verts, représentés par Annalena Baerbock, sont considérés comme les adversaires les plus sérieux des conservateurs de la CDU/CSU...Ces derniers ont réclamé ces derniers jours de relâcher la pression des règles budgétaires. Leur porte-parole, Lisa Paus, a fait le lien entre le déficit d’investissement du pays au cours des dernières années, au-delà même de la pandémie, et ce « frein à l’endettement ».   Outre-Rhin, le débat économique s’annonce donc comme un des thèmes centraux de la campagne électorale allemande en vue des élections fédérales qui se tiendront le 26 septembre. Pour le reste de l’Europe, ces élections fédérales allemandes semblent, en tout cas, sonner la fin de la récréation budgétaire. Avec des conservateurs prêts à écouter l’inquiétude de leur base, les marges de manœuvre de la révision des traités, et même de leur aménagement, semblent très réduites.  Fin juin, le président de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et tête de liste des conservateurs pour les législatives du 26 septembre, Armin Laschet, et son collègue et patron de l’Union chrétienne-sociale de Bavière (CSU), Markus Söder, ont présenté leur programme électoral, un texte de 139 pages qui ne pouvait difficilement être plus éloigné du programme de leur concurrent écologiste, a relevé notre correspondant Thomas Schnee. « Stabilité et renouveau » est le titre de l’offre faite aux Allemands par les conservateurs. En effet il n’est pas centré sur la transition écologique mais sur une relance économique via un programme de baisse d’impôts qui favorise les entreprises et les foyers les plus aisés...." (Mediapart)   ______________