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dimanche 13 septembre 2009

Imagination financière


La mort et le financier
(ceci n'est pas une fable)

On n'arrête pas les progrès spéculatifs!
..

-Quand "la machine à titriser" reprend du service-Back to business-
____Un risque:"que les clients vivent longtemps"...

Quand les progrès de la médecine peuvent être un obstacle aux génie financier!
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-Et maintenant, les subprimes de la mort !:
"Après avoir épuisé le filon des emprunts immobiliers des pauvres, les banques américaines se jettent sur une nouvelle manne : les polices d'assurance décès. En rachetant à bas prix celles des grands malades et des vieux, elles refabriquent des produits dérivés basés sur la durée de vie des détenteurs.
« La mort, seule, est une certitude », faisait dire Maupassant à un de ses personnages. Suivant la leçon, les banques américaines exploitent ce qu'il reste aux épargnants américains, dégoûtés de la Bourse et échaudés par les fonds : les polices d'assurance décès. Comme le révélait le New York Times, Wall Street s'agite aujourd'hui autour de ce nouveau matériau et les banques d'affaires, de Goldman Sachs au Crédit Suisse, frappent par dizaine à la porte du cabinet DBRS, spécialisé dans les risques liés à l'épargne sur la vie.
Pour relancer la « machine à titriser », le plan des établissements financier est simple : racheter massivement les assurances décès à de personnes âgées ou gravement malades en cash mais sous leur prix (à 30 ou 40% de leur valeur), les grouper en titres et les revendre comme des produits financiers. Quant aux profits, ils viennent avec le corbillard.
Car, dans ce petit arrangement macabre avec la finance, plus le titulaire de la police d'assurance meurt vite, moins l'acquéreur a à cotiser longtemps et plus les profits sont hauts. D'où l'intérêt de viser les vieux et les malades.
Or, si, dans la crise des subprimes, le risque était l'insolvabilité des foyers américains ayant emprunté pour acheter un bien immobilier, le risque de ces « subprimes de la mort », c'est que les détenteurs des polices vivent trop longtemps ! C'est pourquoi les mathématiciens et agences d'évaluation du risque prévoient déjà la nécessité d'une diversification dans les portefeuilles : un peu de leucémie, une maladie coronarienne, de l'Alzheimer et vous me rajouterez un ou deux cancéreux... Les maladies ayant la plus grande chance d'être soignées compensant les incurables. On ne sait jamais qu'un traitement soit trouvé pour l'un d'eux et que sa durée de vie double : on pourrait perdre sa mise !
Dans cette histoire, les financiers de Wall Street se moquent du moment où les sujets passeront de vie à trépas : leurs bénéfices reposent très majoritairement sur la titrisation et la commercialisation de ces produits. Et il y a du produit à titriser : le New Yortk Times évoque un marché potentiel de 500 milliards, alors que 26000 milliards de dollars d'assurances décès sont actuellement commercialisés aux Etats-Unis.
Parmi les risques à prendre en compte, le plan santé d'Obama pourrait tuer une poule aux oeufs d'or : comme pour les subprimes, ce sont les polices d'assurances des pauvres qui intéressent les financiers, moins onéreuses à entretenir que celles des riches et plus faciles à soutirer à des détenteurs sans le sou. Ironie du sort, parmi les premiers clients de ces produits ont déjà pris place... les fonds de pension vieillesse !
Mais il ne faut pas croire que nous soyons protégés par le mur de l'Atlantique. Outre les filiales londoniennes des établissements financiers titriseurs de bons sur la mort, la France a elle-même une petite expérience en la matière. Au début des années 2000, la Macif avait déjà commercialisé des titres d'assurance auto : rachetant les polices d'assurances aux conducteurs, elle avait permis de fabriquer des produits pour spéculer sur les accidents de voiture ! Pris de remords, se souvient une journaliste spécialisée dans les questions de retraites, certains employés avait fait fuiter l'affaire dans la presse... n'empêchant pas d'autres mutuelles de prendre le relai.
Car, sans l'intermédiation des assureurs, rien n'est possible ! Et l'un des plus éminents d'entre eux, Axa, présentait déjà en mai 2007, dans le cadre d'un « séminaire innovation » le formidable potentiel de la titrisation des risques assurances. Dans un document disponible en ligne, les experts évaluent les coûts de mise en place d'un système de titrisation des polices d'assurance décès dans le cadre d'une pandémie, la sévérité étant mesurée en pourcentage de décès par rapport à la grippe espagnole de 1918 !
Si les experts cherchent à affiner au maximum le risque, les machines à titriser fonctionnent toujours de la même manière : les titres d'assurance décès ont déjà vocation à être intégrés dans des portefeuilles diversifiés, contenant autant de valeurs immobilières et de bons du trésor allemand que d'assurances décès de cancéreux en phase terminale. Dans sa geste absolutiste, le capitalisme financier a réussi à contredire Bossuet : la mort est aujourd'hui l'outil de la vanité !"


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