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dimanche 5 juin 2011

Une autre démocratie ?

Démocratiser la démocratie


__Modeste contribution à une grande idée souvent dénaturée__

__ « La démocratie ne consiste pas à mettre épisodiquement un bulletin dans l’urne et à déléguer les pouvoirs à un élu puis à se taire pendant cinq ou sept ans. Elle est action continuelle du citoyen, non seulement sur les affaires de l’Etat, mais sur celles de la commune, de l’association, de la coopérative (…) Si cette présence vigilante n’est pas assurée, les gouvernements, les corps organisés, les fonctionnaires, en butte aux pressions de toute sorte, sont abandonnés à leur propre faiblesse et cèdent aux tentations de l’arbitraire » (P.Mendès-France)
__"La constitution, œuvre timide, s'est bornée à affirmer la démocratie, il faut la fortifier ; il faut que la République soit en sûreté dans la constitution comme dans une citadelle ; il faut donner au suffrage universel des extensions et des applications nouvelles ; il faut proclamer plus complètement et développer plus logiquement que ne le fait la constitution les droits essentiels du peuple, qui sont (j'emprunte ici une expression de Turgot) : le droit à la vie matérielle, c'est-à-dire, dans l'ordre économique, le travail assuré, l'assistance organisée. .." (Victor Hugo)
__" La démocratie, c'est un système où vous êtes libre de faire tout ce que vous voulez tant que vous faites ce que nous vous disons." (N.Chomsky)

____La démocratie semble aller de soi, jusqu'au jour où elle s'affaiblit ou s'éclipse.
Les
Grecs savaient déjà que faire vivre la démocratie est un rude combat, un chantier permanent.
On ne peut se cacher que nos
démocraties représentatives sont malades. En cette période de crise surtout, elles révèlent leurs faiblesses et leur impuissance. Il y a bien des raisons, qui ne seront pas examinées ici.
_Le citoyen a l'impression que le vrai pouvoir lui échappe, que l'essentiel de son destin se forge en des instances sur lesquelles il n'a aucune prise, qu'il n'est consulté que pour la forme: accorder périodiquement , un fois tous les cinq ans, sa confiance à des représentants lointains, qui ne rendent pas de compte, qui n'ont que peu de réel pouvoir sur le fonctionnement des institutions, les grands choix économiques, les grandes orientations politiques internes ou externes, dans le cadre national ou européen. Un symptôme qui ne trompe pas: l'abstention, qui croît...

La poids des lobbies financiers, de puissants intérêts privés, d'ambitions personnelles entraîne dérives et corruption, abandon de valeurs essentielles, fondement d'une république cohérente avec elle-même.
__D'Athènes à Madrid, une multitude de voix s'élèvent pour réclamer une "autre démocratie", d'autres modalités de participation citoyenne.
_Pourtant, la notion de démocratie ( composée de δῆμος "peuple " et κράτος "pouvoir" ) implique dans sa définition même l'idée d'une participation forte, d'une action du peuple sur lui-même, sur la propre conduite de ses affaires. Mais celle-ci, dans son fonctionnement réel, n'est souvent qu'occasionnelle, formelle, passionnelle, mal informée.
__La démocratie représentative présente bien des
failles par nature, comme les Grecs déjà le remarquaient, que l'on pourrait corriger par des modifications légales et constitutionnelles. Tomberait-elle toujours dans les mêmes travers? Auquel cas, il importerait d'en modifier en profondeur le fonctionnement, au profit d'une forme plus exigeante, mais plus difficile: la démocratie participative, impliquant tous les citoyens de manière plus étroite et continue dans ce qui les concerne au plus haut point: la qualité des relations sociales, la gestion du bien commun, la construction d'un avenir meilleur, la défense et l'approfondissement des valeurs de liberté et d'égalité...
____________La démocratie représentative est morte, vive la démocratie ! semblent clamer les jeunes Espagnols, contre une classe politique disqualifiée.
Les enjeux de la démocratie participative sont importants, même si les chausse-trappes sont nombreux et la réalisation difficile dans le temps. Montesquieu avait déjà montré le lien étroit entre démocratie, vertu politique et éducation. Etre éduqué, motivé, désintéressé et engagé: des conditions qui s'imposent pour une démocratie vivante, où le pouvoir n'est pas seulement mandaté, mais continûment contrôlé. Une presse indépendante pour une information de qualité, une libération de la pression consumériste, qui infantilise et désolidarise, un sens critique développé, qui empêche de voter contre ses propres intérêts bien compris...
Que de qualités doivent être réunies pour un bon fonctionnement démocratique, pour un Contrat social qui se respecte! Ce qui faisait dire à Rousseau, par boutade, qu'une vraie démocratie,
"n'existera jamais", au sens ou ses objectifs ne seront jamais aboutis, ce qui ne condamne pas à l'inaction, au contraire... ___Dans son site foisonnant, E.Chouard offre un laboratoire d'idées et de propositions pour revivifier nos démocraties moribondes. Un chantier ouvert aux débats et aux critiques..Le tirage au sort qu'il préconise dans certains cas, par exemple, peut-il être une solution? _voir aussi ici_et
-Comme le disait Castoriadis, "J'ai toujours pensé que la démocratie dite représentative n'est pas une vraie démocratie. Ses représentants ne représentent que très peu les gens qui les élisent. D'abord, ils se représentent eux-mêmes ou représentent des intérêts particuliers, les lobbies, etc. Et, même si cela n'était pas le cas, dire : quelqu'un va me représenter pendant cinq ans de façon irrévocable, cela revient à dire que je me dévêts de ma souveraineté en tant que peuple. Rousseau le disait déjà : les Anglais croient qu'ils sont libres parce qu'ils élisent des représentants tous les cinq ans mais ils ne sont libres qu'un jour tous les cinq ans : le jour de l'élection. Et même cela n'est pas vrai : l'élection est pipée, non qu'on bourre les urnes, elle est pipée parce que les options sont définies d'avance. Personne n'a demandé au peuple sur quoi il veut voter. On lui dit : "votez pour ou contre Mastricht ", par exemple. Mais qui a fait Mastricht ? ce n'est pas nous. Il y a la merveilleuse phrase d'Aristote répondant à la question "qui est citoyen ? Est citoyen quelqu'un qui est capable de gouverner et d'être gouverné". Y a-t-il quarante millions de citoyens en France en ce moment ? Pourquoi ne seraient-ils pas capables de gouverner ? Parce que toute la vie politique vise préciséement à leur désapprendre à gouverner. Elle vise à les convaincre qu'il y a des experts auxquels il faut confier les affaires. Il y a donc une contre éducation politique. Alors les que gens devraient s'habituer a exercer toutes sortes de responsabilités et à prendre des initiatives, ils s'habituent à suivre des options que d'autres leur représentent ou à voter pour elles. Et comme les gens sont loin d'être idiots, le résultat, c'est qu'ils croient de moins en moins et qu'ils deviennent cyniques dans une sorte d'apathie politique." (Cornélius Castoriadis 1996)
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À l'épreuve du politique: Claude Lefort
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La démocratie selon Eric Naulleau
 Tirage au sort et démocratie délibérative 
-Condorcet et la représentativité

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