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jeudi 10 avril 2008

Emeutes de la faim


La hausse des prix agricoles est une menace pour la sécurité mondiale, selon l’ONU

"...Ces révoltes de la faim ne sont pas de même nature que celles qui embrasèrent l'Algérie, l'Indonésie, le Vénézuela au tournant des années 1980-1990. Trois éléments se mêlent pour donner à la crise actuelle une dimension originale.

D'abord un paradoxe : c'est parce que des dizaines de millions d'hommes sortent de la pauvreté que des dizaines de millions d'autres y plongent davantage. Le développement spectaculaire de la Chine, de l'Inde, du Brésil fait émerger des classes moyennes qui accèdent à la société de consommation et se nourrissent de mieux en mieux. L'accroissement de la demande est la première cause de la flambée des prix des matières premières, qu'il s'agisse du fer, du pétrole ou des produits alimentaires de base.

Ensuite, le réchauffement climatique est à l'origine d'inondations, sécheresse, tempêtes et autres désordres qui affectent la production agricole. La pénurie en est accrue, alors que les besoins augmentent à toute vitesse.

Enfin, la raréfaction des ressources en hydrocarbures fait bondir les prix de l'énergie. Cela se répercute sur le coût des engrais, donc sur les prix agricoles. À cela s'ajoute la vogue des carburants verts, qui pousse de plus en plus à mettre dans les moteurs les huiles ou céréales qui servaient à nourrir les gens. D'immenses surfaces agricoles sont ainsi détournées des besoins alimentaires.

Il aura fallu des révoltes populaires pour que le risque que fait courir au monde l'augmentation du prix des céréales soit pris au sérieux. Louis Michel, commissaire européen au développement, redoute, à juste titre, « un vrai tsunami économique et humanitaire » en Afrique.

Pour l'éviter, il ne suffira pas que l'Union européenne, comme elle l'annonce, double son aide aux pays les plus pauvres. Il faudrait déjà qu'elle remplisse ses engagements passés. Or, son aide publique a baissé l'an dernier. Et la France, qui s'apprête à prendre la présidence de l'Union, est l'une des principales fautives. Encore faut-il aussi revoir de fond en comble les politiques de développement..."(Ouest-France)
-Google : emeutes de la faim
-Matières premières et inflation mondiale:
"...Ce n'est pas ces évolutions ou des accidents climatiques qui expliquent le triplement (et plus) du cours du blé depuis janvier 2006 ! Allez plutôt voir du côté des grands marchés du blé, du soja, du maïs au Chicago Mercantile Exchange. Les banques d'investissement y prennent de fortes positions. En l'absence d'un marché organisé pour le riz, certains fonds d'investissement en financent le stockage (accaparement).Le même raisonnement vaut pour le pétrole (ou les métaux). La hausse verticale des graphiques de prix ne s'explique qu'en faible partie par la faiblesse des investissements au cours des dernières années. La vérité est plutôt que ces investissements paraissent absolument dérisoires au regard des positions prises à la hausse par des... banques sur le Nymex à New York ou sur l'International Petroleum Exchange à Londres. Les marchés sont déréglés parce que l'or noir et jusqu'aux denrées agricoles sont devenus des valeurs « refuges »."
-Tempête sur les grain:
"...les terres consacrées aux cultures de biocarburants de synthèse ne sont plus disponibles pour les cultures vivrières, ce qui fait que les subventions aux biocarburants sont un facteur majeur dans la crise alimentaire. On pourrait décrire les choses de cette façon : les gens meurent de faim en Afrique afin que les hommes politiques américains puissent gagner des voix dans les Etats agricoles des USA....l’une des raisons pour laquelle la crise alimentaire a pris aussi rapidement des proportions si dramatiques c’est parce que les principaux acteurs du marché des céréales ont fait preuve d’un coupable laisser aller.Les gouvernements et les vendeurs de céréales du secteur privé maintenaient habituellement des stocks importants, pour le cas où une mauvaise récolte aurait provoqué une pénurie soudaine. Au fil des ans, toutefois, on a autorisé ces stocks de précaution à diminuer, principalement parce que tout le monde en était venu à imaginer que les pays souffrant de mauvaises récoltes pourraient toujours importer la nourriture dont ils avaient besoin.Cet état de fait a rendu l’équilibre des ressources alimentaires mondiales très vulnérable à une crise affectant de nombreux pays à la fois - de la même façon que la commercialisation de titres financiers complexes, censée répartir les risques, a rendu les marchés financiers mondiaux très vulnérable aux chocs systémiques..."
-La crise alimentaire bouleverse la planète:
"...Certains Etats exportateurs garderaient leur marchandise pour la vendre au plus haut. Devant la panique, des pays producteurs comme le Vietnam, l'Inde ou la Thaïlande ont interdit les exportations. Des fonds spéculatifs sont aussi entrés dans la danse. "La variation des prix à court terme les a beaucoup intéressés. Et désormais, ils participent à cette volatilité du marché", analyse Andrée Defois, de la revue spécialisée Stratégie grains. En Europe, où la part du budget des ménages dans l'alimentation reste mesurée, les effets de la crise ne se font pas trop sentir. "Mais dans les mois qui viennent, le panier de la ménagère française va augmenter dans des proportions importantes, prévient Jean-Pierre Brun. Car il va bien falloir répercuter la hausse actuelle des prix.."
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Du riz, des hommes et du marché

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