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samedi 13 août 2011

Dérives shadokiennes

Brèves et points de vue sur une crise qui s'approfondit

« Le monde est au bord du gouffre par la faute d’un système irresponsable », déclarait le 3 octobre 2008 François Fillon. Il poursuivait:

« Au fond, c’est une certaine idée de la mondialisation qui s’achève avec la fin du capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l’économie et avait contribué à la pervertir. L’idée de la toute-puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, cette idée de la toute-puissance du marché était une idée folle. L’idée que les marchés ont toujours raison est une idée folle. Pendant plusieurs décennies, on a donc créé les conditions dans lesquelles l’industrie se trouvait soumise à la logique de la rentabilité financière à court terme. On a caché les risques toujours plus grands qu’on était obligé de prendre pour obtenir des rendements de plus en plus exorbitants. On a mis en place des systèmes de rémunération qui poussaient les opérateurs à prendre de plus en plus de risques absolument inconsidérés.___« On a fait semblant de croire qu’en mutualisant les risques on les faisait disparaître. On a laissé les banques spéculer sur les marchés au lieu de faire leur métier qui est de mobiliser l’épargne au profit du développement économique et d’analyser le risque du crédit. On a financé le spéculateur plutôt que l’entrepreneur. On a laissé sans aucun contrôle les agences de notation et les fonds spéculatifs. On a obligé les entreprises, les banques, les compagnies d’assurance à inscrire leurs actifs dans leurs comptes aux prix du marché qui montent et qui descendent au gré de la spéculation. On a soumis les banques à des règles comptables qui ne fournissent aucune garantie sur la bonne gestion des risques mais qui, en cas de crise, contribuent à aggraver la situation au lieu d’amortir le choc. C’était une folie dont le prix se paie aujourd’hui ! »

Et pourtant, la France se met aux ordres des agences de notation...

__Où nous mène la dictature financière, face aux réactions politiques inadaptées et soumises à son diktat? Une austérité potentiellement autodestructrice..

_____Les Shadoks et Diafoirus sont au pouvoir

_Annonce de tsunami?
"...Pareilles aux images aériennes du front de tsunami avançant inexorablement vers une côté japonaise dont le sort est scellé, le déploiement de la crise financière depuis trois ans donne une impression d’irrésistible fatalité, avec en prime cette sorte d’incrédulité un peu stupide de dirigeants qui croient encore pouvoir tout sauver quand tout est déjà compromis. Un choc de la magnitude de la crise dite « des subprime », crise dont on ne redira jamais assez qu’elle a été celle de la finance privée, était voué à produire, via le canal du crédit, une récession dont les conséquences sur les finances publiques s’annonçaient désastreuses. Plus encore impliquées dans la détention de titres souverains qu’elles ne l’ont été dans les titres privés hypothécaires, un choc massif dans l’un puis l’autre compartiment menace de mettre à bas tout le système des institutions financières. A ceci près que la puissance publique qui était encore disponible pour ramasser les morceaux du premier accident sera par construction aux abonnés absents si le second vient à survenir – ce qu’il est en train de faire...__Avec le concours des décideurs publics, incapables de penser autrement, la finance se trouve alors plongée dans une situation de parfait chaos cognitif en exigeant des politiques d’ajustement draconiennes, dont elle observe rapidement les effets désastreux (il n’aura pas fallu un an pour que le contresens soit avéré à propos du cas grec), à quoi elle réagit en exigeant d’approfondir cela-même qu’elle voit échouer ! Aussi les différents locuteurs autorisés de la finance demandent-ils tout et son contraire : ils veulent la rigueur sans faille mais exigent le redémarrage de la croissance..."

_____Notation, avez-vous dit?

"...Dégrader la note d’un pays permet d’imposer des privatisations (encore un marché juteux pour les investisseurs privés qui s’ouvre), des suppressions d’avantages sociaux (baisse du cout du travail et pression sur l’emploi), d’augmenter le chômage (et donc de faire baisser le cout du travail), etc.… Du pain béni pour les gros investisseurs de tous poils. Dans ces conditions, la notation n'est plus vraiment une notation ce n’est plus, finalement, qu’un lobby de défense d'intérêts financiers particuliers. D'ailleurs, ne nous y trompons pas, la Chine a elle-même créé ses propres agences de notation et les notations chinoises diffèrent sensiblement des notations des agences occidentales. La raison d’une telle création pour la Chine est bien évidemment la défense d'intérêt politique et économique chinois. Les agences de notation sont donc aujourd’hui des agences financières qui ont pour but de servir des intérêts d'une nation (agences gouvernementales) ou d'un groupe d'investisseurs privés. En aucun cas leur mission n’est pour le bien commun..."
Qui note les Etats?

_____Une crise évitable "...Dans leur manifeste, les “économistes atterrés” avaient décrit l'enchaînement fatal dans lequel l'Europe se trouve aujourd'hui. Ils avaient aussi donné leurs solutions. Parmi les tout premiers remèdes, ils préconisaient de redessiner la zone euro, afin de lui donner les armes et les outils d'une véritable union monétaire. Ils insistaient notamment pour que la BCE devienne une véritable banque centrale comme dans les autres zones monétaires, et se porte garante en dernier ressort du système et des Etats. Il faut « affranchir les États de la menace des marchés financiers en garantissant le rachat des titres publics par la BCE », insistaient-ils.__Si ce cadre existait, c'en serait fini du chantage du monde financier sur la zone euro. Jamais la Grèce ou le Portugal n'aurait été poussés dans les cordes, puisque la banque centrale européenne se serait portée garante de leur financement en dernier recours. Les agences de notation auraient vu leur pouvoir de nuisance notablement diminué. Même les banques s'y seraient retrouvées en définitive, puisque la valeur des dettes souveraines européennes, qui forment le socle de leur bilan, n'aurait pas été mise en question. Cela aurait permis de stabiliser le système financier européen avant d'exiger sa réforme, alors qu'aujourd'hui, toute réforme est repoussée, par crainte de sa fragilité.__Mais tout cela remet en cause l'indépendance de la BCE, fondement de l'euro, objectent les défenseurs de l'euro. Mais indépendance vis-à-vis de qui ? Certes, la banque centrale n'est pas sous le contrôle des Etats et est même en train de prendre le pas sur eux. Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, s'en est irrité comme l'a rapporté Le Monde. « Bien que la BCE soit indépendante, il serait bien que les gouvernements soient aussi considérés comme tels, a-t-il lancé, au vu de toutes les exigences de l'institution présidée par M. Trichet. » En revanche, la BCE affiche la plus grande compréhension à l'égard du monde financier, au point de devenir le porte-parole de leurs intérêts, comme l'ont montré ses dernières interventions contestant la restructuration de la dette grecque..."

__Une "idée folle"...
"...Accuser les dépenses publiques d'être responsable de la dette est donc complètement hypocrite ou être amnésique. Ce sont les contraintes stupides que nous donnons à notre économie qui sont responsables d'un PIB atone et d'une augmentation déraisonnable de la dette publique. La monnaie surévaluée produisant des crises et un ralentissement économique qui produit mécaniquement la baisse des rentrées fiscales et une hausse de la dette. Ajoutons à cela l'aberration qu'il y a eu à emprunter sur les marchés pour financer les investissements intérieurs. Que nos gouvernants cessent l'emprunt sur les marchés pour l'investissement public et qu'ils arrêtent le système de change flottant et le libre-échange, et la dette redeviendra rapidement raisonnable. Il est vrai cependant que nos élites font tout pour éviter ces sujets. On préfère amuser la galerie et provoquer la population en éliminant les maigres avantages dont les populations pouvaient encore bénéficier au risque de provoquer de graves crises politiques et sociales..."


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