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jeudi 10 mai 2012

En attendant François


___Après des élections ambiguës, confronté à l'apparat et bientôt livré à la solitude post victoriam , le nouveau Président est au moins lucide:

« Toute victoire a sa part de poison, il n’y a pas de victoire dans un contexte idéal ... Je le mesure très bien, tout ce qu’il y aura de dureté, de pression des marchés, d’urgences à traiter. À la différence de 1981, cette victoire est sans attente immense, c’est quand même un changement considérable. »

Pas de triomphalisme donc.
Pas de Fouquet's party, de virée nautique bolloréenne, de bling-bling cyniquement affiché
.
Une joie plate, comme dit Mélenchon.
__On peut affirmer sans se tromper que le changement de style ne suffira pas, que l'on soit hollandolâtre ou hollandophobe.
Les inflexions dans l'exercice d'une fonction présidentielle à réformer non plus.
L'héritage est lourd.

«
Le problème en France c’est que l’on a sanctuarisé le pouvoir et celui qui l’exerce au sommet de l’Etat. (…) Nous faisons comme si la majesté du pouvoir était la majesté du peuple. Elle n’est hélas que le vestige d’un ordre ancien. »... « Une authentique culture démocratique ne se réduit pas à la sélection d’un ou d’une candidate. C’est le projet, c’est le contrat, c’est la politique qui crée la dynamique. C’est le collectif qui porte l’individuel. (…) Une ambition qui ne se partage pas finit toujours par s’égarer dans l’aventure, l’échec ou l’impasse. Un pays ne se transforme pas par les intuitions d’un seul, fût-il investi par le suffrage universel. »__Tels sont les mots qu’il vous faut aujourd’hui transformer en actes. Non pas seulement en symboles éphémères, mais en déconstruction durable d’un présidentialisme hypertrophié, méprisant la séparation des pouvoirs et piétinant l’autonomie des contre-pouvoirs, afin de reconstruire une démocratie vivante qui redonne confiance et crédit à nos concitoyens dans leur avenir commun et dans la politique pluraliste qui en décide et en délibère..." (Mediapart)
_______Les défis sont massifs:
Son projet ambitieux, notamment pour les PME et la restauration d'un vrai service public pourra-t-il être mené à bien?
Des dossiers industriels urgents attendent déjà le futur président.
Quels secteurs et filières faudra-t-il aider?
Comment régler les problèmes de logement, retraites, emplois, etc...
Des arbitrages délicats attendent, ainsi que des questions internationales redoutables, un lourd dossier européen...
Quelles seront ses marges de manoeuvre?
Les moins enthousiastes ne risquent-ils pas de se voir confirmés?
________Dans son projet de relance et de mutualisation des dettes, l'obstacle allemand va être difficile à contourner et la rigidité dogmatique du Président de l'UE difficile à assouplir
"Madame Merkel a commencé son bras de fer avec le nouveau président français tout juste désigné par le suffrage universel. Pas question de renégocier le pacte d’austérité, dit-elle, puisque vingt-cinq pays l’ont déjà ratifié ! Oui mais, il lui était seulement demandé un « additif » au traité. Michel Sapin avait bien précisé : juste un additif ! Un simple document qui s’engagerait sur des objectifs de croissance. Ou même seulement sur l’idée qu’il faudrait aussi de la croissance. Nein ! Pas question non plus. Elle en a même rajouté. Elle veut bien qu’on parle de croissance mais à sa manière à elle. Une grosse sauce libérale pur jus. Hollande aurait juste le droit de répéter les choses humiliantes que l’italien Mario Monti a déjà été contraint de signer il y a peu. Il est vrai qu’il s’était permis quelques grognements de protestation contre la politique d’austérité. Lui aussi ! Un libéral si avancé. Un doctrinaire de première ! Quelle déception ! On lui a vite cloué les mains sur la table. Il a dû aussitôt jurer qu’il renonçait à toute politique de relance par la dépense publique. Il avait dû promettre que seule une politique de réformes structurelle et une relance de l’innovation et de l’augmentation de la compétitivité serait appliquée. Ce néant de Van Rumpuy, prétendu président de l’Union Européenne est même alors sorti de sa naphtaline pour croasser ! On l’entendit asséner que la politique d’austérité était la seule base acceptée pour toutes les politiques en Europe..."
__Un espoir: Frau Merkel est de plus en plus en difficulté (" Même en Allemagne, le problème de la croissance est posé", note Rocard) et l'ordolibéralisme est en question en Europe.....comme en Allemagne.
Ce modèle est de plus en plus contesté. Il faudra bien le rompre. Une crise européenne semble inévitable.
Par le haut ou par le bas...
L'Europe est le dos au mur.

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