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mardi 7 janvier 2014

Passé revisité

Histoire à la petite semaine
                                   Réécrire l'histoire à la lumière de nouveaux faits et de nouvelles recherches est une nécessité mais aussi un risque. C'est un travail sans cesse recommencé, qui demande formation, recherche approfondie, méthode, esprit critique, remise en question permanente des préjugés et des croyances établies.
Le mythe Charlemagne__(1)
La lecture du passé, souvent enjeu politique dans les débats d'une époque, risque toujours d'être trop marquée par les affrontements idéologiques du présent.
      Depuis peu, surfant sur une attente populaire souvent équivoque, une curiosité parfois marquée par la naïveté, l'ignorance et la recherche du  sensationnel, un certain nombre de magazines se mettent à traiter des questions relatives à notre passé, de manière le plus souvent simpliste, partiale et intéressée (les grands titres attirent le chaland).
   Comme l'Express, par exemple, qui se lance parfois dans des tableaux épiques de notre roman national, digne du plus mauvais Lavisse, avec des angles très particuliers, des points de vue a posteriori très discutables. 
   Sous la plume de Barbier, l'histoire de France, pays qui s’appelle épopée  devient une aventure rêvée, dans un style lyrique dénotant l’envie de raconter une histoire, peut-être plus que l’histoire de la France. Pour lui « la France s’est fait un destin », elle est « d’âme et de couleur » (une « âme de la France » chère à Max Gallo), même si son histoire s’est écrite « en lettres de sang ». Heureusement, la France est un pays qui a du « génie », un « peuple qui toujours se relève quand on le croit défait ».
 On n'est pas loin de la mythologie à la Michelet.
    On est proche d'une histoire héroïque décrivant un "hexagone « idéal », une « construction millénaire, région après région, charpentée de ténacité et de courage […] ». Comme si la construction de la France actuelle avait été un projet mûrement réfléchi et mis en place par les souverains successifs, malgré l’adversité. Les deux auteurs (Philippe Bidalon et Mylène Sultan) enfoncent le clou en affirmant que la France du XXIe siècle est « l’aboutissement d’une vision ancienne, ancrée sur la volonté irréductible de faire vivre la Nation ». Parler de nation sans dire un mot, ou si peu, sur la Révolution et la République semble assez étonnant."
      Valeurs actuelles fait des choix très droitiers, ce qui ne peut étonner, annonçant prophétiquement l'effacement de la France en agitant des menaces régulièrement instrumentalisées et mettant en valeur des figures quasi mythiques d'un passé idéalisé, comme Charles Martel, héros des islamophobes et des groupes d’extrême droite comme les identitaires, symbolise cette « histoire piétinée » qui se résume en fait à une litanie de grands personnages, les mêmes que ceux célébrés par les historiens de garde comme le montre la liste en bas à droite de la Une : Clovis, Saint Louis, Louis XIV et Napoléon...."
Bref, une histoire plus que sélective. Partisane. Avec des penseurs comme Camus et des historiens souvent autoproclamés comme  Dimitri Casali, Vincent Badré et même Philippe de Villiers., on quitte le domaine de la recherche historique pour celui de la propagande.
       Bref, l'histoire est une discipline trop sérieuse pour être laissée aux journalistes à la petite semaine ou imbus d'idéologie rance, adeptes d'un passé qui n'a jamais existé tel qu'ils le fantasment..
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