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lundi 8 juillet 2019

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Le bac-à-papa, c'est fini
                                                   Il est au stade de ses derniers soupirs.
 Place à la blanquérisation du système et à l'"américanisation" de l'éducation, privilégiant la libre expression orale, quel que soit le contenu, de plus en plus dévalorisé, à l'approfondissement des connaissances et de l'esprit civique et critique. Ce qu'on osait appeler naguère l'instruction, terme à bannir aujourd'hui rue de Grenelle.

   Ce Bac à part fait toujours parler de lui...depuis des années
        Honni par les uns, louangé par les autres, redouté par certains, ardemment attendu par d'autres, il est toujours objet de débat le plus souvent passionnel, d'autant plus qu'on a laissé se dégrader une épreuve qui aurait pu être rénovée en douceur et en temps voulu..
   Mais il est devenu ouvert à toutes les adaptations et à tous les tripatouillages, les notes ayant de plus en plus perdu de fait leur sens d'indicateurs pertinents. La plupart des correcteurs lucides le diront.  Gérer les flux est devenu le mot d'ordre, la passage d'une classe à l'autre se faisant automatiquement, ce qui engendre souvent un extrême pauvreté de l'écrit, qui va bien au-delà de la terminale.
   Avoir son bac ou pas, that is the question, dans un monde impitoyable ou le chômage sévit, l'ambition de réussite sociale s'excerbe, même si l'illustre document, autrefois affiché dans les chaumières, ne suffit plus, surtout quand il se situe en bas du panier.
   Ce sujet à polémique permanente, qui ébranles nombre de familles, revient sur le devant de la scène.
Mais silence, on brade. L'illetrisme est en route...
   
 Repenser l'education nationale doit redevenir une priorité.
      La situation est préoccupante à plus d'un titre et les principes néolibéraux ont tendance à prévaloir. L'école risque de devenir de plus en plus une affaire de business privé. Des officines bien organisées, qui s'avancent ouvertement ou masquée, attendent leur heure. Un marché intarissable et lucratif.
  Jusqu'à quand l'école restera-elle (encore un peu) républicaine, ?
.....Avec des épreuves respectant l'anonymat et un minimum d'exigences et des enseignants hors du champ de le pression des parents, dans un contrôle continu biaisé.
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 La casse du Service public d’Éducation est bien envisagée depuis 1996 par l’OCDE. (*)
    Il n'y a pas que les profs dans leur majorité qui sont chagrins...
           A quels enfants allons-nous laisser le monde?
                          Relisons F.Buisson, à la lumière de notre époque:
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_(*) __...Les conceptions de l’OCDE dans le domaine de l’éducation vont dans le sens d’une forte libéralisation du système éducatif. Dans Repenser l’enseignement. Des scénarios pour agir (dernier volume de la série « l’école de demain »), l’OCDE donne la parole à Jay Ogilvy, « grand pionnier de la réflexion prospective au sein des entreprises ». Celui-ci préconise une « décentralisation » et « une autonomie accrue des établissements scolaires, avec une influence plus forte des parties prenantes »1. Il fait l’éloge du projet anglais FutureSight, qui a consisté à renforcer le pouvoir des chefs d’établissement2. Il « préconise l’application des principes du marché contre l’excès de bureaucratie, qui risque d’étouffer l’innovation dans l’enseignement »3.

    Cet expert promeut l’idée d’un enseignement adapté à chaque élève. Il affirme : « À l’avenir nous disposerons d’outils d’apprentissage qui nous permettront de faire chez chaque élève un diagnostic personnalisé qui nous donnera la possibilité de mettre à sa disposition, à chaque heure de la journée, des outils d’enseignement et des préparations de leçons les mieux adaptés à ses besoins et à ses aptitudes »4. Il faut selon lui « traiter chaque école et chaque élève différemment et singulièrement en fonction de leurs besoins propres », et « individualiser [l’] enseignement. » « Pour atteindre l’équité devant l’éducation à l’ère de l’information, nous devons rompre avec le vieux modèle de production de masse d’élèves bien socialisés et identiques de l’ère industrielle. Nous devons recueillir des informations sur chaque circonscription, chaque école, chaque élève, et les utiliser pour moduler les quantités de “nutriments” – qu’il s’agisse de dollars, d’enseignants, de manuels ou d’ordinateurs – en fonction des besoins de chaque école et de chaque élève »5. Ces idées sont entièrement au diapason de celles de notre gouvernement de droite, qui veut en finir avec le collège unique, créer des collèges de haut niveau dans les centres-villes et des collèges où l’enseignement se réduirait au minimum, au « socle commun », dans les banlieues défavorisées. Les 7 piliers du socle commun de connaissances sont d’ailleurs inspirés par l’OCDE. Ce que prône l’OCDE, c’est de renoncer à l’objectif ambitieux d’une école, d’un collège et d’un lycée pour tous, et trier dès le plus jeune âge les élèves en fonction de leurs résultats ; ce qui revient en fait à les trier en fonction de leur niveau social, donc à accentuer les inégalités. Ces préconisations vont à l’encontre du caractère démocratique et universel du système éducatif.
    Dans ce long rapport pétri de langue de bois, l’OCDE préconise aussi que l’enseignement public soit désormais « concerné par les mécanismes du marché ». L’organisation déplore que « les conseils d’établissement et l’administration centrale de la circonscription fonctionnent comme des monopoles d’État. Parents et élèves n’ont pas le choix du fournisseur, comme ce serait le cas sur un marché libre ». Elle fait valoir que « dans la plupart des entreprises, un directeur peut opérer des changements pour répondre aux différents besoins d’une clientèle diverse », et conclut : « Nous devons commencer par dégripper ce mécanisme ». Elle propose en outre de « donner aux élèves et aux parents la possibilité de choisir l’école et les enseignants qui correspondent le mieux à leurs besoins. Le financement ira dans le sens du choix des élèves » ; ainsi « les forces du marché récompenseront les résultats »6. L’assouplissement de la carte scolaire, l’autonomie des établissements, l’idée de payer les enseignants « au mérite », le recrutement massif d’enseignants contractuels tandis que les places aux concours sont drastiquement réduites et que des milliers de postes d’enseignants titulaires sont supprimés chaque année, toutes ces initiatives du gouvernement trouvent leur source dans les préconisations de l’OCDE qui est aujourd’hui véritablement le fer de lance de la libéralisation des systèmes éducatifs. Il est temps de démystifier l’OCDE, de se démarquer de cette influence ultra-libérale, et d’entreprendre une politique éducative ambitieuse et démocratique, visant à la réussite de tous les élèves...
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