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lundi 29 novembre 2021

Toujours joignable?

 Droit à la déconnection

                                     La plupart de nos contemporains, que ce soit pas nécessité professionnelle ou par mode, sont tenus par une injonction qui est devenue inconsciente parfois un impératif de tous les instants: il faut être joignable, prêt à répondre au moindre appel.   Pour le médecin ou le sauveteur, on comprend. Là où l'urgence vitale, économique ou sociale ne s'impose pas, c'est plus problématique. C'est même devenu souvent une contrainte intériorisée qui nuit au quotidien, qui pollue le rapport à la vie réelle, qui pèse à tel point que s'impose à un moment le désir de se séparer, au moins pour un temps, de l'enchaînement numérique devenu pressant. Le portable n'est plus seulement un outil, mais colle à  l'existence comme une partie de soi-même au point que son absence, même passagère, devient génératrice de mal-être existentiel. Au point que de plus en plus on revendique le droit à la déconnection.          __Selon une dépêche de l'AFP déjà ancienne (Londres) - "Les utilisateurs de téléphones portables peuvent ressentir du stress et de l’anxiété s’ils se trouvent séparés de leur téléphone portable pour une période prolongée, selon une étude britannique 90% des personnes interrogées dans le cadre de cette enquête ont affirmé ne pas pouvoir s’empêcher de consulter leur téléphone au moins une fois par heure. Quatre personnes sur cinq disent se sentir mal à l’aise si leur téléphone est hors de portée pour une période prolongée et 84% ne laissent jamais leur portable hors de vue. Perdre son portable est pire que perdre son porte-feuille ou ses clés de maison pour 60% des personnes ayant participé au sondage. Pour une personne sur 7, être séparé de son portable se traduit par un sentiment d’anxiété ."Les gens commencent à considérer leur téléphone portable comme un être humain car il symbolise contact, amitié et attention", a commenté le docteur David Nott, spécialiste des addictions au Priory hospital de Southampton (sud de l’Angleterre), consulté dans le cadre de cette enquête".]

                                Pour un oui, pour un non. Du plus futile au plus sérieux. En toutes occasions. On comprend que cela ait un sens pour l'urgentiste et le dirigeant, pour le grand randonneur qui prend des risques comme pour la mère qui doit garder un contact précieux avec un enfant éloigné.. La rapidité de la communication et de la réaction fait partie de l'efficacité.  Mais tout est question de dosage. Pas seulement.  Que de messages envoyés, inutiles ou sans véritable contenu, sans valeur utilitaire réelle!.. Les réseaux bruissent de rumeurs, dont la vacuité ne sautent toujours pas aux yeux, des communiquants faisant chauffer inutilement les immenses centres de data. 

                                C'est la fièvre du portable, qui porte un nom: nomophobie. Jusque sous la couette. Dès le réveil. Le temps personnel s'épuise dans des échanges sans fin. "Etre sans" est vécu comme une frustration intolérable. Sans réseau, nous sommes comme Robinson, abandonnés. Vivre loin du e-contact permanent devient une souffrance. Vivre pour soi-même n'affleure plus l'esprit dans certains cas. Se taire et parler de vive voix tendent à devenir rares, même en proximité physique, de plus en plus tôt. Laisser un temps l'objet communicant tend à devenir inenvisageable, comme le doudou des petits. Le temps plein, vivant, intensément vécu, aux contacts réels s'amenuise. Les quartiers se vident de présences puisque on échange sur les réseaux sociaux avec trop d'"amis", de "followers"" en veux-tu en voilà. Pour quels bénéfices? La disponibilité devient peau de chagrin, même à l'intérieur des familles, même au cours d'un repas, même dans un couple. Et la vie dans tout ça?....                               Question de dosage, sans céder à l'addiction. Prendre le temps de vivre réellement...Débrancher, comme certains le font. Ne pas être toujours joignable comme un cadre toujours disponible, dont les heures ne sont plus comptées..

_________ Comment s'en passer...ou moins en dépendre?
                                     Un fil à la patte qu'on ne remarque plus.
Pour le cadre censé être constamment joignable même le dimanche et l'adolescent esseulé jusque dans sa classe.
               Que faire sans mon smartphone?
               C'est le vide, le désert, la désolation....
               Allo, maman, bobo!...♫♪♫ 
   Smart: chic, astucieux, intelligent... et tout ce qu'on voudra. Mon smart, c'est moi...Jamais sans mon smart.
      On ne parle pas des usage utiles de ce morceau de plastique à puces, ce couteau suisse de la communication tous azimuts.
        Très bien pour l'urgentiste, le professionnel pressé, le blessé isolé...
   Tout est question de dosage, comme certains produits toxiques, qui peuvent guérir ou tuer.
  Pour le reste...
                     Coupezconseille un sage un peu technophobe.
Pour échapper à la tyrannie de l'appareil à puce.
..Pour que  le petit colifichet pour adultes inconséquents et immatures retourne à sa place : celle d'un simple outil occasionnel
    Il n'a pas tout à fait tort quand il parle de merveilleux gadget de la vacuité, désignant cet appareil comme le paradigme de notre folie actuelle. Il a bouleversé nos relations, brisé notre faculté d'aller vers l'autre et de l'écouter ; il a transformé notre rapport au temps et à l'espace, faisant de son utilisateur une abeille butineuse, incapable de rester en place, de fixer son attention sur un moment unique....
      Il est vrai qu'il crée une dépendance très problématique, qu'il constitue un  fléau scolaire, allant jusqu'à une certaine  robotisation des esprits, à une dépendance consentie,  à un totalitarisme mou.
   "... Le téléphone portable, Facebook participent de l’érosion de l’institution scolaire, parce qu’ils en sont exactement l’antithèse. Mélanges des domaines public et privé, ils s’opposent à l’exigence que l’élève, en entrant dans l’enceinte scolaire, quitte son monde privé pour l’espace public, abandonne ses goûts personnels et adopte les règles communes, mette de côté ses opinions pour acquérir des savoirs. Le portable qui vibre en cours, l’élève qui y jette un œil ou tape sur son clavier posé sur ses genoux en faisant semblant d’écouter signifient que la coupure institutionnelle n’existe plus, que l’élève est devant son professeur un individu à part entière, dont la vie est plus urgente et importante que tout ce qui pourra lui être enseigné. De même, quand les élèves passent jusqu’à 3 heures par jour sur Facebook et deux heures devant la télévision, mais lisent au mieux 2 heures par semaine et travaillent chaque soir moins d’une heure, c’est que le savoir est démonétisé, que le narcissisme et le divertisse- ment l’ont emporté sur la constitution de soi par la culture..."
    L' usage intensifs des sms n'est pas sans conséquences.
         Twitter devient une activité chronophage et une béquille aux  manques de relations réelles.
   L'exacerbation du narcissisme s'y exerce sans frein.
        Voici qu'arrivent la I-watch et les lunettes Google...
Prêt pour une traçabilité  maximale, pour le plus grand bonheur des sites marchands.
      Il serait temps de se déconnecter pour respirer. 
Pour vivre...

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