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jeudi 7 août 2008

Totalitarisme mou ?



Le psychisme et la crise ( AgoraVox):
"...Une chose est fondamentale, chez l’être humain, c’est sa formidable capacité d’apprentissage. On peut miser sur sa bêtise. On peut analyser les fonctionnements des groupes, s’en servir pour manipuler les foules, et les amener à consommer ou à voter comme on le souhaite.On peut le faire, et, en plus, ça peut marcher. Un temps.On peut, par exemple, mettre le salarié en situation d’instabilité professionnelle, dans un climat de compétition avec ses collègues, et le spectre du chômage à la clé. De façon prévisible et vérifiée, il va se donner à fond pour ne pas faire partie de la mauvaise charrette. Il va taire, et même ne pas voir, l’injustice du manager, il va avaler force couleuvres avec le sourire. Certes, il aura un peu mal au dos le soir, mais avec une bonne rééducation remboursée (pour un temps) par la Sécurité sociale, ça ira mieux. Oui, mais la variable que j’appellerais A , la variable « Apprentissage », dans quel sens va-t-elle jouer, après des années vécues sur ce mode ? La variable A, en fait, elle va faire dire au salarié intelligent que ses efforts ne servent rigoureusement à rien. Que, quoi qu’il fasse, en approchant de l’âge canonique de cinquante ans, il sera vidé parce que trop cher pour l’entreprise. Que son couple part à la dérive, qu’il ne voit plus ses enfants, que son travail n’a plus aucun sens pour cause de redéfinition permanente des objectifs et des moyens pour les obtenir, sans jamais de pérennisation des solutions efficaces. Alors, le salarié intelligent se démotive. Les autres aussi, d’ailleurs ; à part que pour eux, le cheminement est moins élaboré, mais tout aussi déterminé dans sa conclusion, et délétère pour la compétitivité de leur boîte..."(L.Bourdin)

-SOUMISSION: Fragile humanité ? >>>Analyse de la soumission<<<
-L'idée libertaire et La Boétie-Beauvois-:
"...La servitude sans contrainte est mise en oeuvre du plus puissant au plus faible, elle est le moteur de tout le système hiérarchique. Du plus pauvre au plus puissant la chaîne de la hiérarchie se maintient, il y a toujours un chef au-dessus du chef. Il existe de fait une certaine solidarité entre le haut et le bas. Cette hiérarchie est acceptée même par les plus pauvres et les plus démuni-es, qui cherchent très souvent à opprimer une ou des personnes plus faibles qu'elles. En procédant ainsi elles ou ils essaient de compenser leur propre soumission en opprimant d'autres humains. Les pauvres et les opprimé-es, se comportant de cette manière, nous font parfois désespérer de l'humanité.L'apport de la psychanalyse montre que l'autorité fonctionne bien parce qu'elle est intériorisée en nous-mêmes. Dominique Quessada nous propose une explication, une hypothèse qui montre que nous échangeons notre servitude sans y être contraint-e contre un nom, une place dans la communauté humaine et une explication qui donne sens au monde. La place du maître se crée sans que nous nous en rendions compte, la vigilance rationnelle que tu as si vaillamment utilisée est en échec.Le processus fonctionne avec des symboles et le regard, les émotions, les rituels. Les signes, les emblèmes, les images ne s'adressent pas à la raison mais au regard et aux affects, tant et si bien que tout semble inconscient et l'est de fait..."

-La démocratie post-totalitaire:
"...Beaucoup de traits nous rapprochent de ce qui fait la spécificité des sociétés totalitaires qui se veulent scientistes et en perpétuel mouvement, produisant un "état d'instabilité permanente" qui maintient la société dans une mobilisation totale où seul compte "la constante marche en avant vers des objectifs sans cesse nouveaux". Les "hommes nouveaux" doivent s'intégrer à ce "gigantesque mouvement de l'Histoire ou de la Nature" dans lequel les individus sont atomisés et pris en masse, livrés à la plus grande incertitude. "Culpabilité et innocence deviennent des notions dépourvues de sens : coupable est celui qui fait obstacle au progrès naturel ou historique" Les divisions de la société, les conflits, les inégalités sont niées au profit d'un discours purement fonctionnaliste, discours de l'organisation au nom duquel les décisions les plus cruelles sont prises en toute irresponsabilité. Au contraire de la démocratie, la division interne de la société, refoulée au nom de son unité mythique, est reportées alors sur un Autre maléfique (bouc émissaire, ennemi extérieur). Mais tout comme les démocraties, les totalitarismes prétendent à une totale "transparence à soi de la société", constamment mise en scène, affichant ses "projets de société", valorisant ses "chantiers pilotes " mais dont la contrepartie est le règne du secret comme Guy Debord le montrait déjà en 1988. Tous ces éléments "concourent à forger un univers imaginaire et à le protéger de l'impact des faits" notamment par le surmenage, les divertissements ou la multiplication d'organisations visant à se protéger du "flux toujours menaçant de la réalité" dans une sorte de "ghetto mental", une "logique d'évitement de l'épreuve du réel" 30.

Par contre les totalitarismes se distinguent radicalement des simples "régimes autoritaires", surtout par leur confusion entre la société et l'Etat, effaçant la distinction entre gouvernants et gouvernés, ainsi que par un pouvoir qui est largement informel, inlocalisable, subissant des remaniements constants et multipliant les organismes, tout en dévalorisant hiérarchies traditionnelles et médiations sociales. Ce qui correspond aux évolutions actuelles, pas seulement dans les entreprises. "La seule règle sûre, dans un Etat totalitaire est que plus les organes du gouvernement sont visibles, moins le pouvoir dont ils sont investis est grand". Bien qu'aujourd'hui le pouvoir soit devenu anonyme, qu'il n'y a plus de "pouvoir suprême", de monopole du pouvoir, Laurent Joffrin, entre autres, dénonce pourtant avec raison la perte du pouvoir démocratique au profit d'un "gouvernement invisible" (entreprises, médias, commissions européenne). Il est donc indéniable qu'il y a tout un ensemble d'effets semblables malgré des discours opposés (cf. p61). "Cela nous oblige à penser le fait qu'il est possible de s'en prendre à la liberté, à l'autonomie et au pluralisme, tout en ne cessant de les mettre en valeur et de les exalter." 63

L'idéologie de la modernisation

Avant de voir en quoi les idéologies démocratiques, totalitaires et post-totalitaire s'opposent, il faut s'attarder sur ce qu'elles ont de commun : l'idéologie de la modernisation qui voudrait combiner "une société en perpétuel mouvement" avec "un univers de certitude " inébranlable, ce qui n'est pas seulement une caractéristique des idéologies totalitaires, comme le croit Hannah Arendt, pas plus que la prétention de faire table rase du passé, mais spécifie la modernité elle-même, qui a toujours été un discours révolutionnaire, presque autant qu'aujourd'hui avec la révolution technologique, la révolution de l'information, la révolution cognitive, etc. C'est une révolution "permanente, mondiale et culturelle" qui doit produire un "homme nouveau adapté à la situation nouvelle", mieux qui devienne un "acteur du changement", chacun devenant responsable d'une modernisation qui se fait sans nous "mais aussi acteur de son propre changement". Des spécialistes sont là pour "conseiller, évaluer, motiver, impliquer, communiquer, en toute transparence" 20 dans une "logique adaptative de la survie et de l'urgence" qui exige mobilité, réactivité, flexibilité, alors que les réorganisations permanentes "s'attaquent aux libres liens de coopération et de socialité...."(c.Legoff)
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- Fragile humanité ?

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