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lundi 13 juin 2011

Où va-t-on?

Dans le mur?...
_______________C'est devenu un leit-motiv

_Fukushima, dette américaine, situation de l'Europe, état de la planète...
Tout semble aller mal. On irait vers la catastrophe. Il suffit de lire une certaine presse, qui en fait ses choux gras, alimentant le pessimisme ambiant, une atmosphère fin de siècle ...ça fait vendre.
Y aurait-il une fascination pour la catastrophe, le
désastre ?

_La notion de catastrophe, voire de fin du monde (ou d'un monde), ne semble pas avoir d'âge. On la retouve dans les mythes de nombreuses cultures, religions. L'âge d'or à l'envers...projeté dans l'avenir sur la base d'indices de changements profonds, rapides, paraissant irréversibles et déstructurants.
La "fin des temps" est un thème récurrent, surtout dans les périodes troublées, quand on ne peut plus penser l'avenir, quand le p
résent semble avoir épuisé toutes perspectives futures et toute volonté de changement, tout idéal. Le tragique se mêle parfois au comique...
_Cette thématique imprègne les temps présents en Europe, sans doute depuis l'effet de sidération produit par le 11/09 , au vu de notre impuissance face à notre affaiblissement devant les puissances montantes, d'une mondialisatio-désindustrialisation annonçant un déclin , d'une grave crise qui dure, sur laquelle nous ne semblons pas avoir de prise, qui voit des forces financières devenue folles ronger nos économies, creuser les inégalités . Le sentiment de "progrès", lié aux trente glorieuses, ne semble plus d'actualité. Les déclinistes ont pignon sur rue.
_Les risques technologiques majeurs, les impasses écologiques, la fin programmée du pétrole...tout nous incite au pessimisme quant à l'avenir, qui apparait bouché, compromis, si nous ne changeons pas radicalement
nos orientations économiques et politiques, nos modes de vie.
_Or les changements engagés ou seulement énon
cés ne sont pas à la mesure des risques. Le G20 fait surtout de l'incantation, en laissant intactes les tares majeures du système financier; les orientations écologiques ne se font qu'à la marge, le passage à l'après-pétrole ne se prépare pas vraiment...
__________________Alors, fondée ou pas, la peur de la catastrophe, du désastre irréparable, de l'impasse absolue?
Il est évident que le catastrophisme tapageur fait vendre, entretient la sortie de films qui calment ou renforcen
t nos angoisses. La "tentation du catastrophisme" est grande: "Le formatage actuel de l'information, loin de nous éclairer sur ce qui nous arrive, féconde la peur à souhait"
Il est très difficile d'y résister, comme il était très difficile de ne pas céder au fatalisme quand déferlaient sur la France exsangue les troupes victorieuses du Reich, quand n'avait pas encore sonné l'heure de la résistance.
_Le catastrophisme est un piège qui peut toujours s'autojustifier, même pendant les périodes fastes.
____Certes, il est des dangers réels, prévisibles ou quasi prévisibles, qu'il vaut mieux regarder en face: l'alerte Fukushima n'est pas un fantasme, les conséquences du déboisement forcené de certaines forêts tropicales sont évidentes, la prescription inconsidérée d'antibiotiques mène à la mutation de bactéries plus résistantes, etc...Il est aussi des dangers seulement pr
obables parce que discutés, comme l'augmentation généralisée et rapide de la température moyenne du globe, avec toutes ses conséquences.
Distinguer entre risques assurés, hautement probables, hypothétiques...est déjà un moyen de tempérer la crainte de l'inéluctable. Lutter pour des changements majeurs aide à sortir du piège du fatalisme, pour éviter la croyance qu'il est déjà trop tard.
__Une certaine peur (raisonnée) peut être positive, éveilleuse de consciences; la panique est toujours paralysante et peut contribuer à produire par inaction ce qui est redouté, tout en nous mettant à le merci des pouvoirs.
Dans« Catastrophis
me, administration du désastre et soumission durable », l'auteur suggère (Que faire alors ?) : « Quand le bateau coule, il n’est plus temps de discuter savamment sur la théorie de la navigation : il faut apprendre à construire un radeau, même très rudimentaire »
Comme dit Jean-Pierre Dupuy , penseur du "catastrophisme éclairé":
"On peut se fixer sur le scénario du pire non pas comme pouvant ou devant se produire dans l’avenir mais en tant qu’il pourrait ou devrait se produire si l’on entreprenait telle action. Dans le premier cas, le scénario du pire est de l’ordre d’une prévision ; dans le second c’est une hypothèse conditionnelle dans une délibération qui doit aboutir à choisir, parmi toutes les options ouvertes, celle ou celles qui rendent ce pire acceptable. C’est une démarche "minimax" : rendre minimal le dommage maximum. Or minimiser le pire, ce n’est pas le rendre nul. C’est précisément la pertinence, voire la seule existence de la possibilité de ce scénario du pire qui peut et doit guider la réflexion et l’action, écrit Corinne Lepage. Je rejoins ce jugement. Je crains que ce point fasse peu sens pour les gestionnaires du risque. La catastrophe a ceci de terrible que n
on seulement on ne croit pas qu’elle va se produire, mais qu’une fois produite elle apparaît comme relevant de l’ordre normal des choses. »
__La situation économique des USA est catastrophique (sa dette est abyssale), mais le pire n'est jamais sûr
En matière d'écologie, le débat est en cours, le catastrophisme n'est-il pas une maladie infantile d'une
certaine écologie qui se cherche?
L'application d'un principe de précaution raisonné face aux risques majeurs reste plus que jamais d'actualité.
La loi de Murphy mérite d'être envisagée sous certains de ses aspects, notamment celui des précautions maximales, qui n'a pas été à l'évidence appliqué à Fukushima.

Une leçon qui servira?________________________________

_Sur la question de la crise actuelle de l'euro et de l'Europe, dont certains prévoient l'éclatem
ent prochain, avec toutes ses conséquences possibles, un court texte nuançant des analyses parfois trop péremptoires, méritant critiques et nuances...:
__________________"La France et l’Europe ont subi – et subissent encore – le choc le plus important qui ait secoué les économies de la planète depuis la crise de 1929. Cette secousse majeure a renforcé le sentiment – déjà très répandu auparavant chez les Français– d’un déclin irréversible, et nourri un pessimisme noir sur l’avenir du pays et de l’Europe. Pourtant, ce sentiment est trompeur : le pire n’est inéluctable ni en France ni en Europe, même si nous avons du pain sur la planche pour réussir à l’éviter.... (Le pire n'est pas sûr_Guillaume Duval)

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