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mardi 1 juillet 2014

Sarajevo: contingences et histoire

Vertiges uchroniques
                                    SI..  ...Le nez de Cléopâtre...
                                            ...La bombe de Claus von Stauffenberg n'avait pas été déplacée...
Pont latin Sarajevo
           SI ...Princip.avait eu la malchance de Cabrinovic et si la voiture de François-Ferdinand  avait suivi le parcours prévu...
...L'Autriche n'aurait pas déclaré la guerre à la Serbie, qui n'aurait pas entrainé l'engagement de la Russie, qui ...etc...
           On peut s'amuser à ce jeu-là longtemps.
Faire l'Histoire avec des si.., peser le faible poids de certains hasards pourtant lourds de conséquences est un exercice mental vertigineux, mais parfaitement stérile. Difficile cependant de ne pas s'y livrer parfois, quand on mesure les conséquences parfois immenses d'un événement parfois mineur, qui aurait pu ne pas se produire, d'une rencontre improbable de circonstances.. L'effet papillon...
       Et pourtant...Les faits ont eu lieu, l'enchainement désastreux s'est bien passé, même si la perception des événements fut minimisée au début, leurs conséquences peu mesurées. On le voit à l'attitude d'abord détachée du Kaiser, qui repart en croisière au large de la Scandinavie. C'est après coup que l'enchainement diabolique nous apparaît comme une nécessité, à la lumière des conséquences dont nous pouvons continuer à faire le bilan. Illusion rétrospective.
    La guerre de 14 est derrière nous avec des traces toujours présentes, des souvenirs encore vivaces, parfois mythiquement entretenus. Cette boucherie généralisée  a modifié profondément la géopolitique de l'Europe et du Moyen-Orient (*), l'histoire du monde, pas seulement de l'Europe. Celle-ci a perdu sa puissance au profit des USA. Sans elle, sans doute, pas de Révolution d'Octobre, de montée des fascismes et leurs conséquences.
   Une partie de poker et une tragédie...tels peuvent apparaître les faits.
L'enchaînement des événements, le basculement des dominos donne l'impression d'un destin inéluctable, qui ne pouvait pas se passer autrement, étant donné les tensions présentes, les antagonismes nationaux, les ambitions impérialistes prêtes à s'exprimer. Un certain déterminisme était là sous-jacent, qui rendait hautement probable l'expression frontale des intérêts exacerbés et des armes accumulées. Ce sur quoi tous les historiens tombent d'accord, chacun avec sa lecture propre.
 Mais l'historien Clarck montre que les choses aurait pu se passer autrement, que l'enchainement connu n'était pas inéluctable, malgré les fortes pressions qui s'exerçaient. L'enchaînement des événements ne répond pas à la logique de la mécanique classique.
D'une certaine manière, les hommes ne savent pas l'histoire qu'ils font, aveuglés par les passions et les illusions, le nez dans le guidon du présent immédiat et des intérêts à courte vue.. De Paris, la guerre devait durer quelques mois...
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       (*)    L'affaiblissement de l'empire ottoman prépara la ruée des ambitions, russes notammentLa Serbie fut cependant la plus grande bénéficiaire de ces deux guerres balkaniques en doublant la superficie de son territoire et en augmentant de moitié sa population. Forte de son assise vers le sud, elle commença donc à regarder vers le nord pour revendiquer la Bosnie à l’Autriche-Hongrie. La Serbie devenait le relais russe pour déstabiliser l’Empire austro-hongrois. L’Allemagne, qui avait compris que l’Empire ottoman allait s’effondrer en Europe imaginait un nouvel axe des puissances centrales avec la Bulgare pour faire face aux Russes et parce que le roi de Bulgarie avait des origines germaniques. Le démantèlement de l’Empire ottoman a rendu instable la partie sud de l’Europe centrale.
Selon le vécu des peuples, le passé est éclairé différemment.  Gavrilo Princip peut encore être vu comme un héros ou un assassin, selon l'histoire des protagonistes. La Serbie n'oublie pas les exactions autrichiennes de 1915.
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