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lundi 19 février 2018

Question de langue

Français en souffrance
                                       Le Président Macron a déclaré être pour la promotion de la langue française. Bravo!
      Il est temps. Notre langue est malade d'apprentissages devenus déficients, de laxisme galopant, de mimétismes ridicules par rapport au globish dominant, chez le coiffeur du coin comme dans l'entreprise. Sans justification économique.
     C'est la pensée qui est affectée par certaines pratiques laxistes, par exemple dans la confusion trop courante entre l'usage du futur et du conditionnel, dans l'abandon progressif du passé simple, ce qui n'est pas conséquence dans la compréhension et le raisonnement.
  La défense du français est une question de bon sens avant d'être un réflexe de défense culturelle, car la pensée et son expression sont intimement liées. On pense comme on parle.
       Mais la réalité semble bien démentir les propos du Président:
            ...Notre Président nous donne plus l'impression d'être un VRP de l'anglais que d'être un promoteur de la langue française et du plurilinguisme.Bien sûr, il ne s'agit pas pour nous d'être négatifs pour le plaisir de nous torturer l'esprit,mais que penser, tout de même, du "Made for Sharing" du Comité de candidature de Paris-2024 que M. Macron a soutenu, alors que des associations de défense de la langue française l'avaient condamné, ainsi que l'Académie française ? ;  que penser aussi du fait que M. Macron ait laissé la délégation française de candidature de Paris-2024 s'exprimer majoritairement en anglais à Lausanne et à Lima devant les membres du CIO, alors que le français a le statut officiel de première langue de l'Olympisme (art.24 de la Charte olympique) et que chaque membre du CIO disposait, qui plus est, de la traduction simultanée ? ;  que penser du "Make our planet great again" que M. Macron a lancé aux yeux du monde entier ? Est-ce ainsi que l'on fait la publicité du français ? 
         On sait que résister à l'angliche envahissant n'est pas chose facile. La vigilance devrait être constante, comme chez nos amis québécois.
   Que le basic englisch domine dans le domaine des affaires est une donnée historique, peut-être provisoire. Mais l'anglomanie généralisé est d'un ridicule achevé, même dans les couloirs de certains ministères français ou dans les notes internes de service bancaires.
      Dans le contexte d'une francophonie qu'on proclame bien haut, cela n'est pas la meilleure voie à suivre:
    "Les exemples de désertion du combat pour la défense de la langue française sont si nombreux et si quotidiens qu’ils pourraient donner lieu à l’écriture d’une nouvelle version de L’étrange défaite de Marc Bloch. Nous ne sommes pas dans des causes conjoncturelles (comme certains voudraient nous le faire croire) mais dans des raisons structurelles face au tsunami ininterrompu de la langue anglaise. Il n’y a pas plus d’écoles de commerce dans notre pays. Elles ont cédé la place aux « Business Schools ». La compagnie publique Air France ne trouve pas mieux de trouver comme slogan que « Air France. France is in the Air », pensant conquérir des parts de marchés avec ce genre de publicités à deux balles. Le monde des affaires et du commerce est gangréné par le globish alors que les mots français existent et sont parfois plus élégants à entendre et à comprendre. La diplomatie française a capitulé depuis belles lurettes, ayant désormais honte de parler français dans les réunions internationales, laissant le soin de le faire à leurs collègues africains déboussolés par cette défaite en rase campagne. À l’Union européenne, le Français est en train de se transformer en langue vernaculaire. Pourquoi ne pas profiter du « Brexit » pour réclamer que les deux langues officielles de l’Union soient le Français et l’Allemand ? Pourquoi ne pas refuser les candidatures au poste de commissaire européen de tous ceux qui n’auraient pas un niveau suffisant de Français et s’engageraient à l’utiliser ? Que fait Michel Barnier, le piètre négociateur européen lorsqu’il se rend à Londres pour prolonger ses discussions sur le « Brexit » ? Il ahane ses fiches d’entretien (« speaking notes ») préparées par ses collaborateurs dans un mauvais anglais. A-t-il honte de parler sa langue maternelle ? Honteux pour pareil triste sire qui se revendique de l’héritage gaulliste !"
           L' idée pour le français de E.Macron souffre de quelques défaillances.
  Elle devrait être défendue tous azimuts dans tous les domaines "...dans les organisations internationales, notamment à Bruxelles et à Genève et appliquer sérieusement le vademecum adopté il y a 10 ans – Cela signifie promouvoir partout où on le peut et avec persévérance le plurilinguisme, en évitant d’être dans un rapport de forces bilatéral face à l’anglais- ce qui appelle des stratégies d’alliance contre les tenants du tout-anglais avec la Chine, le Brésil, l’Espagne, les Latino-américains, les Russes, etc...Remettre aussi de l’ordre chez nous dans les priorités de l’Education nationale, en prenant conscience que, pour que l’on parle davantage le français, nous devons connaître et pratiquer la langue des autres , et pas seulement l’anglais. Quelle erreur de songer à supprimer les classes bilingues alors qu’il faut au contraire les multiplier ! Enfin, et ce n’est pas le moins important, devrait être poursuivie une politique dynamique valorisant le métier de traducteur et d’interprète et visant à en favoriser 
     On a oublié que l'anglais et le français sont historiquement et linguistiquement plus proches qu'on ne le croit, que l'anglais est une langue française, qu'il fut un temps où la langue française envahissait l'anglais. On en retrouve bien des traces.
    On pourrait dire que l'anglais (ou plutôt certains de ses usages), moqués par beaucoup d'anglo-saxons, a tué le sein qui l'a nourrit. (*)
    Notre langue sous influence demande un retour à une pratique légitimement fière et décomplexée, sans cocoricos absurdes.
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     (*) - Un article du New-York Times soulignait  "ce phénomène d’anglomanie qui semble se généraliser dans toute la France et dont les illustrations ne laissent pas d’étonner. La langue de tous les jours en est affectée ; dans les commerces, les médias, les publicités, en politique, on emprunte directement à l’anglais pour faire moderne, tendance, à la page, pour se distinguer de la « plèbe » restée franchouillarde, pour marquer son appartenance à un monde unifié, globalisé, interconnecté, électrostatique, sans frontières. Les emprunts à l’anglais sont de plus en plus délibérés, choisis à la manière d’une signature, d’un logo, d’une image de marketique qu’on lance à la volée pour épater le Gaulois ; plus l’emprunt est fracassant, grossier, tonitruant, meilleure est la réclame. Ainsi à la télévision française organise-t-on des « Talk », comme si la langue française était sans ressource pour nommer une émission de variété. Même le monde de la littérature se place sous le patronage de l’anglo-américain. Ainsi, s’inspirant du Courrier International, pourtant fondé comme une entreprise d’ouverture à la diversité linguistique, un magazine de recensions de livres a pris le nom de Books , façon désinvolte d’annexer une publication française au modèle anglo-saxon de revue littéraire (comme le New York Review of Books). Sur la scène parisienne, se faire jouer les trésors de la littérature française en anglais semble être du plus grand chic : ainsi le renommé théâtre du Châtelet a-t-il mis à l’affiche du 28 mai au 4 juillet 2010 une production anglaise de la comédie musicale Les Misérables d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg originalement conçue en français d’après le célèbre roman de Victor Hugo. (Quand verra-t-on sur les scènes londoniennes une comédie musicale Hamlet ou King Lear en français ?)
        Dans les grandes entreprises françaises, l’anglais a supplanté le français dans les rouages névralgiques ; mêmes les entreprises à vocation strictement nationale voient arriver à leur tête des armées de jeunes managers formés à l’anglo-saxonne, pressés d’appliquer les recettes apprises en anglais à la lecture de manuels américains. Les universitaires français se convertissent aussi frénétiquement à l’anglais. Le prestige des publications dans les grandes revues et maisons d’éditions françaises a faibli ; les embauches dans les universités, les promotions, les honneurs se jouent de plus en plus sur la capacité à publier en anglais dans les forums mondialement cotés, à s’insérer dans les réseaux de recherche « européens » où tout se décline en anglais. Les grandes écoles et les universités françaises, au nom d’une autonomie fraîchement accrue, multiplient les programmes et les formations bilingues ou donnés strictement en anglais, dans l’espoir de toucher une part du marché lucratif des étudiants étrangers qui rêvent de vivre « a french experience » sans dépaysement linguistique. Il n’est pas rare que des professeurs français se vantent de donner leur cours en anglais, sans protestation des bacheliers français, au grand dam des étudiants…. étrangers que la France séduit encore par la langue et la culturex. Même le vocabulaire de la politique française se ressent de cette anglomanie. Le secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a proposé en avril 2010 de renouveler les politiques sociales françaises en s’inspirant du « care » britannique v. La diplomatie française s’est mise aussi à l’english, en publiant, sous l’impulsion de Bernard Kouchner, ses cahiers (Mondes) en version bilingue. On applaudit même en France à « l’impérialisme cool de l’anglais », ainsi que l’a fait le thuriféraire de la culture américaine Frédéric Martel, dans un texte publié dans Le Point du 28 juillet 2010, « Français, pour exister, parlez English  », où il clame sans ambages sa conviction que le français est incapable d’être autre chose qu’une langue de Gaulois rétifs à la modernité, sans dimension internationale ni même européenne.
  Si le français fut l’une des langues fondatrices de la construction européenne, il se recroqueville aujourd’hui dans l’arrière-cour de l’Union européenne, détrôné par un « euroglish » triomphant. ..
."

__Même Alain Touraine se croit obligé d’utiliser l’anglais pour faire une communication à Montréal , dans le cadre d’une réunion sur la francophonie !
   Nos politiques pourraient montrer l'exemple, ainsi que Bruxelles, qui en rajoute.... 
   Stop à l'anglomania
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______________________La fuite en avant vers le tout-anglais correspond à des rapports de forces politiques clairement explicités:
 A  l'heure ou le libre-échange euro-américain veut se mettre en place, il faut se remettre en mémoire quelques affirmations non dépourvues d'ambiguïtés:
-"L'Anglais est la langue du vainqueur", disait le général Jean Béca
-« L’anglais est l’avenir de la francophonie », osait B.Kouchner
-Dans son rapport de 1987/88, le directeur du British Council écrit «  Le véritable or noir de la Grande-Bretagne n’est pas le pétrole de la Mer du Nord mais la langue anglaise . Le défi que nous affrontons est de l’exploiter à fond.  »
  Il y va de l’intérêt économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le Monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais et que, s’il s’oriente vers des normes communes en matière de communication, de sécurité et de qualité, ces normes soient américaines et que, si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si s’élaborent des valeurs communes, ce soient des valeurs dans lesquelles les américains se reconnaissent...Les Américains ne doivent pas nier le fait que, de toutes les nations dans l’histoire du monde, c’est la leur qui est la plus juste, la plus tolérante, la plus désireuse de se remettre en question et de s’améliorer en permanence, et le meilleur modèle pour l’avenir ...affirmait David Rothkopf dans Praise of Cultural Imperialism, 1997)

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 Français, pour exister, parlez English ! 
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

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Etienne Celmar a dit…

Thanks you very much!