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lundi 26 février 2018

Mathématiques malmenées

Du bon usage des maths.__ Ne jurer que par elles?
                                          La nature est écrite en langage mathématique, disait Galilée, à l'aube des sciences de la nature, qui allaitent être fécondées puissamment par cet héritage grec, dont l'usage n'avait été jusque là que marginal.
     De plus en plus, la connaissance abstraite du nombre, de la mesure, des rapports formels, allaient envahir le champ de divers domaines et stimuler une connaissance de plus en plus précise, permettant aussi une meilleure anticipation des phénomènes, dans des domaines de plus en plus étendus, jusqu'en biologie aujourd'hui.
    La puissance calculatrice des maths sous tous ses aspects est devenue le levier du bon en avant dans l'informatique et l'économie numérique.
   Elle est venue même coloniser, parfois avec profit, les sciences dites de l'homme, en sociologie parfois, en histoire (démographie) et les économistes la revendiquent comme un outil indispensable dans bien des aspects de leur recherche.
            Le problème, en économie, est les mathématiques tendent souvent a devenir reine, outil dominant, donnant lieu à des anticipations discutables, ayant parfois une fonction surestimée, voire démesurée, faisant perdre de vue l'aspect qualitatif des choses au profit d'un quantitatif finissant par créer un effet de distorsion de la réalité.
      Halte à l'impérialisme des maths! disent certains économistes, revendiquant honnêtement pour leur discipline une grande part d'interprétation et une scientificité toujours problématique. Une rigueur, certes, mais mesurée, toujours critique.
          Dans le domaine des crises boursières, par exemple, dans le désir de prévoir par des calculs de plus plus sophistiqués, on se crée beaucoup d'illusions, en postulant un déterminisme problématique
   Les méthodes mathématiques et celles "sciences" de l'homme ne sont nullement comparables dans les conclusions à en tirer.
  Il est une confiance aveugle dans les maths qui peut être source de déductions très négatives.
 Le domaine des actions humaines, où entre toujours une large part d'incertitudes ne peut être traité que prudemment avec les outils inaugurés par Pythagore.
     C'est être borné que d'accorder toute confiance aux nombres et aux algorithmes
          Il n'est pas étonnant, après la crise de 2008, que beaucoup d'économistes furent en déroute.
Certains découvrent enfin naïvement que l'économie n'est ni une science neutre, ni une science dure, ni une connaissance de type scientifique classique, mais qu'elle participe des sciences humaines, malgré certains de ses aspects économétriques, auxquels elle ne peut se ramener. La quantophrénie a régné trop longtemps, au détriment de la prise en compte de l'aspect qualitatif des phénomènes observés et de la critique des présupposés du moment.
     Les dogmes de l'économie néo-classique, à dominante mathématique, a amené ses adeptes à se fourvoyer, comme la crise l'a mis en évidence. 
    Sa capacité d'anticipation a été prise de cours et son optimisme de base sur l'exubérance des marchés a été mise en défaut. Mais ne c'était pas la première fois. La capacité d'oublier, le manque de prudence méthodologique lié à l'appât du gain financier se sont  une nouvelle fois manifestés.
    L'économie néo-classique s'est fourvoyée, en suivant des présupposés et des dogmes qui subissent aujourd'hui des démentis cinglants, notamment les croyances à l'existence d' individus rationnels et du marché spontanément autorégulé.
     La pensée de Hayek et de Friedman, imposée comme indépassable, vulgarisée et appliquée par M. Thatcher et R.Reagan, sont à l'origine du tournant néolibéral des années 70, de la financiarisation tous azimuts de l'économie devenue mondialisée, au détriment des pouvoirs régulateurs étatiques.
   Le capitalisme actionnarial, c'est-à-dire le primat de la rentabilité financière, n'est pas seulement injuste et inefficace. Il engendre la souffrance au travail, il tue des gens et détruit notre écosystème. L'analyse économique dominante n'est pas simplement discutable, elle est souvent absurde. Et les politiques anticrises aggravent les crises ! Tout cela est à la fois stupéfiant, incroyable, stupide...
   Il n'est donc pas étonnant que l'on parle de la faillite des économistes, que l'on évoque une.crise de la science économique et de son enseignement.
      Comme si le débat critique et la confrontation des idées ne devaient pas être la norme en ce domaine, qui touche de si près aux choix politiques majeurs, comme Keynes et la politique économique de Roosevelt l'ont si bien démontré en son temps.
      Les économistes classiques sont à la peine et beaucoup le reconnaissent, come Krugman et Stiglitz,, surtout depuis la déroute de 2008. Mais certains, accrochés aux dogmes pourtant déconsidérés, peinent à le reconnaître encore
     Les dits pris Nobel ne changent rien...
        L'économie est l'affaire de tout homme cultivé, qui peut en comprendre l'essentiel.
 :Une certaine imposture économique n'a pas fini de vouloir s'imposer.
     Les modèles mathématiques, si en vogue, ne sauveront pas une discipline souvent déconsidérée par ses pratiques récentes.qui étaient tout, sauf neutres.

    L'abus des maths est nuisible à la santé et à l'utilité de la recherche économique et, d'autre part, la sélection par les maths chez nous demande une révision de fond.
         Sale temps pour les économistes, ou du moins pour un certain nombre ayant pignon sur  medias.
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