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mardi 13 juillet 2021

L'agriculteur, le banquier

 Et le fonctionnaire bruxellois.

             Il est temps de repenser l'agriculture de type productiviste encouragée depuis des décennies, de cesser de favoriser les très grandes exploitations par des aides sélectives, de sortir de l'ornière de plus en plus profonde dans laquelle s'enfonce le mode paysan, de plus en plus devenu un lieu où se développe une certaine détresse (*), malgré les efforts de ceux qui empruntent d'autres voies que l'agro-business, à leur risques et périls, peu encouragés par les pouvoirs publics, malgré les récents éloges à l'agriculture raisonnée, relocalisée et à échelle humaine et familiale.                                 __ Le système mis en place à l'époque de Pisani pour parer aux manques productifs a eu ses vertus, mais a connu des dérives successives qui se sont retournées contre les exploitants, de moins en moins présents sur le territoire et de plus en plus soumis à des contraintes de tous ordres, notamment financières: prix du foncier et pression des banques pour l'achat d'équipements de plus en plus sophistiqués pour s'adapter à un marché sans cesse changeant et aux exigences des magnats de l'agro-alimentaire. Le Crédit agricole, naguère au service de l'agriculteur est devenu une banque comme les autres, qui a largement perdu la spécificité et la proximité d'autrefois, devenue une banque d'affaires, dont on a vu le rôle dans la crise financière de 2008. D'autres voies sont possibles que celles, majoritaires, qui épuisent les terres et appauvrit les hommes, la concurrence à l'exportation jouant comme un piège au niveau international. Selon l'Insee, 22,1% d'agriculteurs étaient sous le seuil de pauvreté en 2016, ce qui en fait la profession la plus exposée. Avec de fortes disparités. Comment sortir de l'ornière? La com' ne suffira pas.

                (*)___        "...Double homicide suivi d’un suicide d’une même famille d’agriculteurs dans la Creuse, suicide d’un maire agriculteur dans le département du Rhône, scandale lié à des déclarations politiques ironisant sur la corde avec laquelle un paysan avait mis fin à ses jours… En ce début d’année 2021, l’actualité médiatique ne cesse de témoigner de situations de détresse dans le monde agricole.      La surreprésentation du suicide dans ce secteur était d’ailleurs l’objet du rapport Damaisin remis au ministre de l’Agriculture le 2 décembre 2020. Il fait état de 372 suicides d’exploitants agricoles pour la seule année 2015. Cela concerne particulièrement des hommes de plus de 45 ans, travaillant dans les exploitations d’élevage consacrées à la viande bovine, un métier souvent exercé par nécessité et non par choix....Aujourd’hui au nombre de 440 000, les exploitations agricoles sont 4 fois moins nombreuses qu’il y a 40 ans. Le monde paysan a connu de profonds bouleversements sur la même période et, prisonnier de multiples paradoxes, l’exploitant a de plus en plus de difficultés à exercer son métier pour différentes raisons....Comment expliquer cette surreprésentation des agriculteurs dans les statistiques du suicide ? À partir d’une revue de littérature, de témoignages présents sur le web, et d’échanges réalisés en juin 2020 avec une psychologue animatrice de groupes de paroles dans une mutualité santé agricole, nous avons produit une synthèse des composantes de ce mal-être structurel qui dure depuis plus de 50 ans....Il ressort d’abord de notre analyse qu’il existe chez les agriculteurs un sentiment de ne pas maîtriser son propre destin, verrouillé par un marché agricole faussé par des aides publiques. L’un d’entre eux confiait à la psychologue en juin 2020 : « Je souhaite disparaître. Ça pourra mettre fin aux problèmes. »  Le développement du secteur s’est adossé à la mise en place d’un marché commun agricole avec la politique agricole commune (ou PAC). Cette entrée de l’agriculture dans une économie d’échanges, où il faut amortir et rentabiliser les machines, requiert très souvent d’agrandir la surface de l’exploitation. Cela engendre endettement et modification des conditions de travail.   Les directives européennes en référence à la PAC soutiennent, certes, l’ensemble des filières agricoles et orientent les aides en faveur de la performance à la fois économique, environnementale et sociale des territoires ruraux. Cette programmation se fonde sur un budget important.    Cela rend néanmoins les agriculteurs de plus en plus dépendants des instances européennes. Dans ce contexte, les processus de précarité et de marginalisation s’installent et cela engendre des inégalités de revenus, de niveaux de vie, de statuts, de fiscalité ou bien encore de conditions de travail. La sécurité sociale des agriculteurs, la santé économique de l’exploitation ou de l’entreprise agricole, voire son insolvabilité, reste souvent la principale source de souffrance des agriculteurs selon la Mutualité sociale agricole.   Les aides ne vont pas d’ailleurs sans contrainte bureaucratique. Il en résulte un sentiment de harcèlement par l’administration, les assurances ou les banques qui apparaissent déconnectées de la réalité de l’activité des principaux intéressés. En juin 2020, la psychologue peut entendre :« Je ne décroche plus le téléphone. Je ne reçois des appels que de mon banquier. »   Des propos qui font écho à ceux que l’on peut entendre dans les médias :   « On est sans arrêt en train d’être harcelés. Sans arrêt. Et, personne ne nous comprend. Vous pouvez vous faire hospitaliser, personne ne comprendra. » (TF1, mars 2021)   Cela concerne moult procédures : obligation de déclaration, formalisation de dossiers PAC (Politique agricole commune) pour les aides, contrôles à préparer et à subir, mais aussi l’ensemble des normes à respecter dans la réalisation de la production agroalimentaire, la mise en œuvre d’un processus de traçabilité, les réformes sociales à prendre en considération et bien d’autres choses encore....."_____________________________________________________________

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