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vendredi 7 janvier 2011

Colères tunisiennes

Du rêve à la réalité

__Réveil d'un pays






_Quand on se rend en Tunisie, pour un séjour ou pour un circuit, on tombe inévitablement sous le charme.
La Tunisie des cartes postales séduit, par son climat, ses plages, ses contrastes, la gentillesse de ses habitants...ses prix.
Tunisie de rêve , qui rend aveugle aux réalités sociales et politiques. Certes, la Tunisie n'est pas le Maroc, il est moins peuplé, plutôt plus développé, plus instruit, plus ouvert, plus tolérant, plus riche, du moins dans les zônes hautement touristiques.
__Mais il existe une misère tunisienne , que l'on ne perçoit guère lors de séjours souvent "ghettoïsés" et l' industrie du tourisme est aujourd'hui un problème, il devient une mécanique infernale qui brise le pays .

"...«Pour fonctionner, le système touristique tunisien, qui reste très bas de gamme, s'est engagé dans une course à la baisse des prix, explique la chercheuse au Centr
e d'études et de recherches internationales (CERI), Béatrice Hibou, auteur de l'ouvrage La force de l'obéissance. Economie politique de la répression en Tunisie ___ . Cette baisse continue des prix est conduite sous la pression notamment des tour-opérateurs qui ne cessent de faire jouer la concurrence avec d'autres destinations. Les hôteliers ont trois ressorts: proposer des services de qualité de plus en plus médiocre, jouer sur les salaires et ne pas rembourser les dettes contractées auprès des banques et de l'Etat. C'est le plus souvent ces deux derniers ressorts qu'ils utilisent, ce qui a un effet désastreux sur l'économie tunisienne, et sur les Tunisiens.»...
«le manque à g
agner dû à toutes ces pratiques des tour-opérateurs oblige les hôteliers à revoir leurs budgets d'exploitation à la baisse pour minimiser leurs pertes. Le nombre des employés va à la baisse et les salaires stagnent !»...Payés le plus souvent au noir, et de plus en plus mal, la plupart des employés des complexes hôteliers tunisiens ne s'y retrouvent plus..." (Mediapart)
__La crise économique qui mine le pays, ses industries traditionnelles ou plus récentes, est la goutte d'eau qui fait déborder le vase
"... Depuis 2008, la Tunisie vit au rythme des mouvements sociaux d'une intensité sans équivalent au Maghreb, qui agitent en particulier le sud du pays, et les environs de Gafsa, une région minière où plus de la moitié des habitants ne trouvent pas de travail. Cette révolte populaire du bassin minier Gafsa, c'est l'histoire d'une grève générale de plus d'un an et demi dans toute la région sud de la Tunisie, qui n'en peut plus d'être marginalisée par le régime en place. Sous-médiatisée par la presse internationale, ce mouvement n'en a pas moins eu des conséquences dramatiques, lorsqu'à la mi-2008, l'armée intervint à Redeyef, petite ville de la région, pour réprimer une manifestation, tuant au passage un jeune homme âgé de 25 ans..."(Mediapart)

_Aujourd'hui, après de longues années de malaise et d'opposition sourde au régime de Zine el-Abidine Ben Ali , qui se maintient au pouvoir depuis 23 ans, le réveil tunisien se manifeste et la colère est dans la rue.
Un mouvement sans précédent, aux dires de beaucoup de Tunisiens eux-mêmes, par son ampleur, sa force et son extension. On assiste même à une grève massive des avocats.
La répre
ssion entraîne une amplification de la colère. La solidarité s'étend.
__Une colère dirigée surtout contre un système qui accapare ou contrôle tous les pouvoirs, qui a la haute main sur une police omniprésente, qui fait la chasse aux opposants, qui détourne d'énormes richesses, qui entretient une féodalité financière fidélisée, qui a stérilisé tout débat citoyen.
D'où la question qui se pose: si le pouvoir du Président-autocrate vacille, qui pourrait le remplacer ? Il s'est arrangé pour se rendre indispensable, sans assurer une succession en dehors du clan familial. Mais le mouvement en route pourrait bien changer la donne de manière inattendue et briser le système.

L'Europe, qui s'est longtemps arrangée avec ce régime, pour des raisons surtout commerciales et idéologiques, réagit par un silence embarrassé. La France maintient son soutien au dictateur.
Le PS est toujours aussi mal à l'aise avec la Tunisie de Ben Ali
"...Fin 2010, le soutien français à la politique économique de Ben Ali, essentiel pour Tunis quand Paris demeure le premier partenaire économique, se veut donc toujours indéfectible. Est-il encore utile de rappeler que Nicolas Sarkozy avait été le premier, et l'un des seuls chefs d'Etat étrangers, à féliciter Ben Ali l'an passé pour sa réélection à la présidence tunisienne, pour un cinquième mandat de rang? Le soutien français au régime tunisien n'est d'ailleurs pas qu'une affaire d'élites, c'est aussi celui de chaque citoyen, quand 700.000 de nos compatriotes se rendent chaque année sur le sol tunisien pour y couler des jours heureux sur le littoral, le plus souvent au détriment de la population locale..."

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Le chômage des diplômés, moteur de la révolte tunisienne
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