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lundi 15 avril 2013

Où va la psychiatrie?

Le  débat se durcit
__________________Les dérives de la psychiatrie en France sont  dénoncées depuis de nombreuses années:
Réduction des budgets, déshumanisation, personnel moins formé, domination du modèle anglo-saxon, hausse irrationnelle de la prescription des psychotropes, augmentation insensée de la part du pathologique, pression des laboratoires pharmaceutiques déterminant l'information...
 Pour le psychiatre Allen Frances, la psychiatrie est en dérapage incontrôlé, dénonçant le marché des médicaments et la pression des laboratoires, toujours en embuscade.
 "...Nous avons analysé 93 suggestions de changement et n’en avons retenu que trois. Cependant, ces modifications que nous pensions mineures ont eu des conséquences inattendues. Ainsi le trouble bipolaire de type 2, que nous avons introduit, a permis aux entreprises pharmaceutiques, grâce à la publicité télévisée en particulier (les États-Unis sont le seul pays au monde à autoriser les laboratoires à faire de la publicité directe), de doubler le nombre de patients traités pour troubles bipolaires.
De même, nous avons un peu élargi le diagnostic du trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention pour permettre de repérer davantage de filles. Et nous avons eu la surprise de voir les laboratoires s’engouffrer dans la brèche. Le marché des médicaments contre les troubles de l’attention est passé de 15 millions de dollars avant la publication du «DSM-IV» à 7 milliards aujourd’hui…
Dernier point: l’autisme. Constatant que de nombreux enfants ne présentaient qu’une partie des symptômes, nous avons introduit le syndrome d’Asperger. Nous pensions que cela triplerait ou quadruplerait le nombre de cas recensés. En fait, ça l’a multiplié par vingt. Cette inflation est due à un autre phénomène: la possibilité pour les parents de bénéficier de services spécifiques à l’école et ailleurs...
  D’abord, il faut faire très attention quand on pose un diagnostic, surtout sur un sujet jeune. Parce que, même s’il est faux ou abusif, ce jugement risque de rester attaché à la personne toute sa vie. Le diagnostic va changer à la fois la manière dont l’individu se voit et la manière dont les autres le voient. Or, même si les experts du «DSM-5» peuvent avoir parfois raison dans leur façon de modifier telle ou telle catégorie diagnostique, et si chacun d’eux peut avoir la compétence nécessaire pour l’appliquer de manière pertinente à ses patients, il n’en va pas de même des médecins généralistes qui, aux États-Unis comme en France, prescrivent 80% des psychotropes. Ils ne sont pas formés à la psychiatrie et sont particulièrement sensibles au marketing des laboratoires. Et pour ces derniers, comme je l’ai dit, toute modification de diagnostic est une aubaine, parce qu’elle permet de proposer de nouveaux médicaments ou de nouveaux usages pour des médicaments anciens. Ce qui accroît le coût pour la collectivité et les risques d’effets secondaires..."
-Comme dans d'autres domaines... 
 Ray Monihan (lire ici également), journaliste au British medical Journal dénonce depuis longtemps ces relations dangereuses entre médecins et labos, « en élargissant les critères des maladies on fait en sorte que les hauts et les bas de la vie quotidienne deviennent les symptômes d’une maladie dans le but de prescrire plus largement des médicaments ».
Le rêve des labos, souligne-t-il : vendre des médicaments à tout le monde, pas juste aux malades. Car le marché des gens bien portants est bien plus large...
Des psys s'inquiètent...

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