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jeudi 17 avril 2014

Socialisme dépassé?

Mais quel socialisme?
                                    Il y a le mot et la chose.
     Le mot est toujours là, mais la chose?..
De Jaurès à Lamy, quel rapport?
     Juste un mot....
La réponse viendrait-il de l'intérieur? Il n'y a pas si longtemps, M.Valls, héritier du deloro-rocardisme, avançait cette proposition, qui eut le don de faire réagir vivement M. Aubry, qui doit être autant socialiste que le pape est mormon:
" Il faut transformer de fond en comble le fonctionnement du PS, nous dépasser, tout changer : le nom, parce que le mot socialisme est sans doute dépassé ; il renvoie à des conceptions du XIXe siècle."
     Constat d'un autre courant, en forme d' aveu: " Le PS n'existe plus, ni en attaque, ni en défense (…) Le Parti socialiste est devenu un parc à moutons. » Estimant que « le Parti socialiste est dans un état comateux » et que sur « le plan du rassemblement de la gauche, il n’a pas du tout joué son rôle », il plaide pour un sursaut .." (Henri Emmanuelli).  Sursaut nécessaire ou retour aux sources? D'autres se libèrent: "Le gouvernement n’a plus rien de socialiste".
   A l'extérieur, C.Duflot fait le constat du vide: "  pour certains, les mots ont vocation à rester des mots. Je fais le triste constat que c'est aussi cela qui a été sanctionné par les Français dimanche, une politique où le verbe et la "com" sont plus que les actes»   
     Il y a déjà quelques années, Eric Dupin invitait la gauche à sortir du coma, faisant l'analyse de son effacement  et proposait quelques pistes pour sa possible reconstruction. On attend le début de l'ombre du moindre petit tournant. L'autoroute néolibérale est de conduite si aisée...
   Coma dépassé ou décès?
N'a-t-on pas affaire à une doctrine morte?
           Où est passé le socialisme, celui qui avait encore un sens pour beaucoup?
 .Celui du Président n'est plus qu'un vernis. Un socialiste modernisé, ripolinisé, à la mode St Germain. L'héritier du deloro-rocardisme est au commande.
      _____________________________ Depuis Jaurès, l'eau a coulé sous les ponts.. et avant lui déjà cette notion vivante faisait débat en Europe dans les divers mouvements ouvriers et les courants qui les soutenaient.
.                Le mot socialisme a déjà une longue histoire et a connu bien des variantes, le point commun étant "de prôner une organisation sociale et économique allant dans le sens d'une plus grande justice, celle-ci supposant une égalité des conditions, ou du moins une réduction des inégalités. Plus largement, le socialisme peut être défini comme une tendance politique, historiquement marquée à gauche, dont le principe de base est l'aspiration à un monde meilleur, fondé sur une organisation sociale harmonieuse et sur la lutte contre les injustices..."
             Un mot souvent  galvaudé, qu'on peut ramener à un petit dénominateur commun partagé" Le socialisme est l'ambition de construire une société où la naissance, l'argent, la propriété ne soient pas les seuls déterminants.
Il est possible de construire une société basée sur la connaissance, où chacun puisse réaliser ses potentialités humaines dans un cadre collectif, une société où chacun puisse vivre décemment, être créatif et libre. Pour s'appeler socialiste il faut ne pas avoir renoncé à certaines priorités, priorités à la connaissance, à l'échange, au travail organisé sans l'obligatoire subordination qui caractérise le salariat , il ne faut pas avoir renoncé à choisir la citoyenneté contre la sujétion.
Sans l' objectif de résoudre les problèmes les plus criants, sans l'objectif jugé utopique de contribuer à une amélioration de la vie de tous et de toutes, il n'y a plus de progrès possible, il ne reste que" la régression compétitive". La compétition féroce à tous les niveaux qui exige que tout, les biens et les services soient produits au moindre coût. Le moindre coût du travail c' est la misère du plus grand nombre pour une production standardisée, de mauvaise qualité. Cette production et ce travail "compétitif" assurent à la finance mondialisée les moyens de régner et de décider de la vie des humains, de faire une entreprise là, d'en ouvrir une autre là-bas.
        Sur la base de ces exigences, il y eut dans l'histoire des tendances très diverses et le mot ne manque pas d'ambiguïté.
     Le PS semblant avoir perdu sa substance et étant devenu un parti de notables et de fonctionnaires, de gestionnaires (honnêtes ou non) des affaires courantes, épousant les choix politico-économiques du néolibéralisme, avec un zeste de social.
             Il est censé représenter une partie de la gauche...
 Mais quelle gauche?..On assiste à la dérive  d'un idéal et d'une pratique politique, surtout depuis les année 80. On peut situer l' acte de décès final en 1983:la tournant de la rigueur, avec l'ouverture inconditionnelle à la mondialisation financière et la mise en chantier de privatisations en chaîne:
Mitterrand fait le choix de rester au sein du Système monétaire européen (SME), et de réduire le différentiel d'inflation (et de hausse des salaires) français vis-à-vis du partenaire allemand, qui pèse sur la compétitivité du pays et la valeur de sa monnaie sur le marché des changes.
Face à la crise et à la menace d’une déroute économique, le président doit revenir sur ses engagements économiques de début de mandat. Pierre Bérégovoy, ministre de l'Économie, des Finances et du Budget du gouvernement Laurent Fabius, ouvre la voie à un processus de privatisations après les nationalisations de début de mandat. Les marchés financiers sont partiellement dérégulés. La plupart des entreprises qui ont été nationalisées entre 1981 et 1984 seront privatisées sous le gouvernement Jacques Chirac entre 1986 et 1988 ; on peut considérer qu’à partir de 1984, la France quitte un fonctionnement économique étatisé et adopte davantage un fonctionnement d'économie sociale de marché....
    Sous la poussée des forces néoconservatrices reaganiennes et thatcherienne,  s'inspirant de Hayek et de Friedman, pour faire "moderne", une sorte d'ordo libéralisme à la Kohl s'est installé en quelque sorte, en question en Europe.....comme en Allemagne. Un modèle finalement contesté.
          Des responsables du PS vont aujourd'hui plus loin dans la déréglementation et la soumission au marché. C'est ainsi que récemment  on a entendu, faisant du sous-Merkel,  le chantre de l'OMC, Pascal Lamy, prôner des petits boulots en dessous du Smic,
faisant se dresser Madame Parisot. Un comble!
    Comme beaucoup le disent, le PS a abandonné la classe ouvrière, les plus modestes, se situant même parfois à la pointe de la  libèralisation du monde.   
 Le  (social)- libéralisme, cette "troisième voie", s'est épanoui. Les éléphants de Maastricht ont encore pignon sur rue.
   Bref, l'état des lieux est consternant, après une  histoire des gauches vivantes et variées, Terra Nova représentant la pointe la plus visible de cette adaptation mimétique à l'air du temps.
        La gauche française serait  devenue une droite qui ne s'assume pas
Faut-il  faire appel au docteur Marx,  pour réanimer le malade?
En sachant que les partis sont à l'image d'une société.
Il reste à  changer de modèle économique, à restaurer une démocratie vivante, à refonder une citoyenneté responsable.
         Une forme de  socialisme cohérent, dans un seul pays, peut-il encore advenir dans une économie mondialisée et financiarisée, une Europe soumise aux contraintes libérales, avec un peuple idéologiquement résigné?         
       That is the question...

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