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mercredi 22 septembre 2021

Pays Bas si tranquilles

 Dans une Europe bancale

                      On entend peu parler de nos voisins du Nord, si tranquilles et si discrets dans leur décor de carte postale convenu. Vu de Paris, on dirait qu'il ne s'y passe tien, ou presque.       Vu de Bruxelles, les Bataves apparaissent comme de bons élèves, voire de très bons partenaires, qui pèsent dans les décisions. Le passé marchand et prospère du pays a laissé des traces dans la gestion des affaires, au pays de l'abondance retrouvée. Tout va bien donc.      "... Quatrième puissance économique de l’Union européenne, dix-septième au niveau mondial, devant la Turquie ou l’Arabie saoudite, troisième de la zone euro en PIB par habitant4, derrière le Luxembourg et l’Irlande, mais devant l’Allemagne et la France, avec 40 160 € PIB/habitant, le royaume batave jouit, en dépit de la crise économique et sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid-19, d’une économie et d’une croissance robustes, avec une récession presque deux fois moindre que dans la zone euro en 2020 (-3,7%) et d’une reprise prévue à 3,3% du PIB pour 2021 et 20225. Quant aux Néerlandais, ils seraient le sixième peuple le plus heureux du monde en 2020, d’après le World Happiness Report 2021, mené sous l’égide de l’ONU...."  Un bon élève, quoi!

            Sauf que cette prospérité tranquille doit beaucoup à une pratique peu vertueuse chez ce peuple qu'on a parfois qualifié de "radin": c'est un important paradis fiscal en Europe, comme le Luxembourg, aussi très prospère et pays d'accueil choisi notamment par Jeff Bezos, pour y prospérer tranquillou. Fiscalement, comme en Irlande ou à Chypre, c'est très intéressant d'y investir, aux dépends des pays voisins, partenaires et amis de Bruxelles, qui lève de temps en temps la voix sur les distorsions de ses principes peu appliqués. Certains autres voisins le font aussi, mais à un degré moindre.. A La Haye, on se déclare les meilleurs Européens, les plus fidèles, les plus stricts aussi: on se souvient du rôle important que jouèrent les Pays Bas dans les négociations avec Athènes au sujet de la dette. Un inflexibilité intraitable, à l'instar de Mr Schaüble. L'orthodoxie financière devait être préservée à tous prix, et quel prix! Il fallait sauver les banques et les fondements d'un libéralisme pur et dur.     Orthodoxie oblige. Malgré quelques entorses ..."  alors que le gouvernement dit « frugal » de Mark Rutte contestait le plan de relance européen à la suite de la crise sanitaire, l’ONG a dénoncé un double discours par la voix de son directeur Alex Cobham : « Les données historiques de l’OCDE récemment publiées confirment que, loin d’être un chef de file de la responsabilité fiscale, les Pays-Bas sont l’un des plus grands catalyseurs de l’abus de l’impôt sur les sociétés....Le manque à gagner fiscal pour ses cousins français, allemands ou italiens dépasse largement les frontières de l’Union. « Pour les centaines de milliards de dollars de profits réalisés par les multinationales américaines hors du territoire américain, les Pays-Bas sont le paradis fiscal numéro un », confirme le chercheur français de l’université de Berkeley Gabriel Zucman dans son livre La Richesse cachée des nations (Seuil, 2017). Pour une multinationale qui a installé une holding à Amsterdam, le schéma de base consiste à facturer des redevances de marque à ses filiales partout à l’étranger. Ces revenus remontent jusqu’à elle et ce sont autant de bénéfices qui ne sont pas taxés par l’Administration néerlandaise s’ils ne font que transiter. Tandis que tous les pays d’implantation des filiales voient leur échapper les recettes de l’impôt pour les activités qu’elles y réalisent. » Subtil.                              ______Le Parlement européen proteste bien un peu, mais sans conséquences...Les autorités du pays disent vouloir changer un peu le système, mais pas trop et...sans trop de hâte. Il y a des trous dans la raquette. Un pays qu'on dit "frugal": tout à fait quand il s'agit de solidarité à l'égard de partenaires moins favorisés ou lésés par ses pratiques, qui ne jouent pas dans la même cours, "Les premiers receveurs de profits artificiels" ont encore du temps devant eux avant qu'on ne change vraiment les règles. ________

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