Un plan d'austérité, que certains annoncent drastique, très critiqué par certains experts, se profile à un horizon proche. Mission impossible? Comme en Allemagne? Il semble que nous soyons à un tournant. Mais c'est encore un grand brouillard. Et l'on attend toujours une analyse sérieuse , oomplète et transpartisane des causes profondes qui nous ont amernés depuis des années dans cette situation. Une austérité qui aurait des effets forcément récessifs. Le risque est à prendre en compte. On a vu après la crise de 2008....les effets pendant plusieurs années. L'obsession de la dette masque de nombreuses analses qu'il importe de faire. La désindustrialisation organisée de notre pays n'est pas une cause mineure. Les dépenses sociales sont surtout mises en cause, ce qui n'étonne guère. L'urgence est dans l'investissement.
Point de vue: " Chaque année, la grille d’analyse économique de l’exécutif macroniste s’appauvrit. Obnubilé par la réduction de la dette publique – qu’il a lui-même fait grimper depuis 2017 à des niveaux inédits –, il n’a désormais plus qu’une idée en tête pour 2026 : trouver des économies massives en coupant aveuglément dans les dépenses publiques. Estimant que la France est « dans une situation de danger extrême » du fait du niveau de son déficit – 5,4 % du PIB – et de sa dette – 114 % du PIB –, le premier ministre François Bayrou va annoncer mardi 15 juillet 40 milliards d’euros d’économies pour 2026. Et même entre 130 et 150 milliards d’euros d’ici à 2029, afin de faire passer le déficit de la France en dessous de 3 % du PIB, comme promis à Bruxelles. Une cure d’austérité jamais vue sur une telle durée qui aura des conséquences économiques délétères que le gouvernement semble, hélas, ignorer à ce stade, alors que la croissance est déjà très faible – 0,6 % prévu par la Banque de France pour 2025. « L’économie française va être à l’agonie si on lui impose une telle consolidation budgétaire. Il n’y a pas de secret, cela va tuer la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Que l’on soit de gauche ou de droite, cela ne devrait pas être acceptable, mais les repères économiques se perdent », déplore François Geerolf, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). ______ Histoire de rendre l’équation budgétaire encore plus insoluble, le chef de l’État Emmanuel Macron a imposé une contrainte à son premier ministre : augmenter plus que prévu le budget du ministère de la défense pour répondre aux injonctions de Donald Trump lors du dernier sommet de l’Otan. Dans un discours aux armées tenu dimanche 13 juillet, le président de la République a ainsi promis 3,5 milliards d’euros supplémentaires en 2026, et 3 milliards en 2027, qui « s’ajouteront à la loi de programmation militaire actuelle », et porteront le budget des armées à 64 milliards d’euros en 2027, soit deux fois plus qu’en 2017. Emmanuel Macron a par ailleurs déclaré : « En tout état de cause, nous refusons que ce réarmement passe par l’endettement. » Comprendre : il faudra trouver des économies ailleurs pour financer ces hausses de budget. Si les arbitrages sont encore en cours, la plupart des mesures qui seront annoncées le 15 juillet par François Bayrou ont déjà fuité dans la presse. L’idée d’une « année blanche » ou « année équivalente » revient avec insistance. Cela consisterait à faire un copier-coller du budget de l’État de l’année précédente sans l’augmenter de l’inflation, et de faire de même pour les pensions de retraite, les prestations sociales et les soutiens aux collectivités locales. Difficile d’avoir une vision plus comptable de l’économie...Le gouvernement pourrait grâce à cela dégager un peu plus de 10 milliards d’économies dès 2026. Pour compléter, une énième réforme de l’assurance-chômage serait à l’étude, selon Les Échos. Sont également en réflexion les propositions du Sénat pour redresser les comptes publics. Parmi lesquelles le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux ; un plan de rationalisation des agences et opérateurs de l’État ; la suppression des doublons entre État et collectivités ; l’harmonisation du régime des jours de carence dans la fonction publique ; la baisse de la prise en charge par la sécurité sociale de certaines maladies longues, de médicaments et d’autres dispositifs médicaux. Côté marché du travail, La Tribune évoque aussi la tentation pour le gouvernement de supprimer certains jours fériés, durcir le recours aux ruptures conventionnelles ou encore faciliter l’emploi en temps partiel. Bref, la saignée s’annonce totale. « Les traductions concrètes de ces coupes drastiques dans les budgets, ce seront des écoles qui vont fermer et des hôpitaux qui vont tirer la langue, déplore la sénatrice communiste Cécile Cukierman. Or tous les Français et Françaises dans leur diversité veulent une éducation de qualité pour leurs enfants, et que l’on forme de bons médecins pour qu’ils et elles soient bien soignés. On l’oublie trop souvent, mais c’est en tirant les gens vers le haut que l’on fait reculer l’extrême droite et le populisme en politique. Pas en faisant l’austérité. » Et côté impôts, le gouvernement va-t-il se résoudre à demander un effort significatif aux grandes entreprises et aux plus aisés ? La réponse est non. Lors d’une réunion qui s’est tenue le 7 juillet, Emmanuel Macron a intimé à ses ministres l’ordre de ne pas remettre en cause sa politique de l’offre, dont les baisses d’impôts sont le principal marqueur. Pourtant, comme le rappelle une note de l’OFCE publiée le 11 juillet, le creusement des déficits publics – et donc de la dette – depuis 2017 s’explique avant tout par la baisse de la fiscalité sur les entreprises et les ménages, notamment les plus riches. Qu’aurait, dès lors, dû faire le gouvernement ? D’abord ne surtout pas sombrer dans la panique de la dette. « La France n’est pas en “danger mortel” à cause de ses finances publiques comme l’a avancé le premier ministre. On ne voit pas aujourd’hui d’attaque sur la dette française car elle se vend très bien sur les marchés », estime François Geerolf. Pourtant, l’exécutif agite le chiffon rouge de la charge annuelle de la dette publique – 55 milliards d’euros actuellement – et prétend que la France serait en quasi-faillite. Une forme de malhonnêteté intellectuelle, car il n’a jamais été question pour l’exécutif macroniste de sortir la dette publique française du joug de la finance internationale, bien au contraire. « Cela a été un choix politique que de se mettre dans les mains du marché. Nous aurions pu, quand les taux nominaux étaient à zéro voire négatifs entre 2017 et 2022, emprunter sur des durées plus longues pour s’assurer que la charge de la dette soit faible durant toute la décennie à venir. Mais ce n’est pas le choix qui a été fait », analyse François Geerolf. Il ajoute : « Les décideurs publics ont certainement jugé que la contrainte des marchés était bonne pour discipliner les finances publiques. Cela montre bien que, contrairement à ce que l’on affirme aujourd’hui, la minimisation de la charge de la dette publique n’a jamais été l’unique objectif poursuivi. » Par ailleurs, cibler la seule dette publique n’a pas de sens. « Prise globalement, l’économie française n’est pas en déficit vis-à-vis de l’extérieur, pointe aussi l’économiste. Ses comptes courants, qui englobent les finances publiques et des agents économiques privés, sont à peu près à l’équilibre car nous avons un excès d’épargne des ménages. Donc le pays ne vit pas au-dessus de ses moyens. » Dès lors, pas besoin de lui imposer l’austérité. D’autant plus que, comme nous l’expliquions ici, l’économie française entre dans une phase compliquée, avec des faillites d’entreprises en cascade, une productivité en berne, un chômage qui remonte et une inflation relativement faible. L’économiste Isabelle This Saint-Jean rappelait ainsi dans Alternatives économiques qu’« en période de faible croissance, un rétablissement brutal des comptes publics est voué à l’échec comme l’ont notamment montré les travaux du Fonds monétaire international (FMI) de 2022 et 2025 ». C’est donc une tout autre vision qu’il faudrait avoir pour le budget 2026. En somme, garder le sang froid et ne pas perdre de vue les objectifs de long terme. Au premier rang desquels la transition écologique. L’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) s’est récemment inquiété que les investissements verts en France stagnaient depuis 2024, alors qu’ils devraient aller croissant. Il faudrait en effet 18 milliards d’euros de dépenses publiques supplémentaires pour atteindre les objectifs climat en 2030. On en sera bien loin dans le budget 2026. Le président insoumis de la commission des finances de l’Assemblée nationale Éric Coquerel compte saisir la balle au bond et va proposer « un contre-budget thématique pour investir dans la bifurcation écologique plutôt que de faire la course à l’armement comme le propose l’exécutif ». Une autre priorité du budget 2026 aurait dû être le réinvestissement dans les services publics. Dans la santé notamment, le collectif Nos services publics a alerté sur le fait que « le vieillissement de la population et les avancées médicales sur les maladies chroniques qui connaissent une croissance massive » nécessitaient des budgets en hausse. Or, c’est tout l’inverse qui sera annoncé le 15 juillet..... Enfin, côté fiscalité, vu le trou qui s’est creusé dans les comptes publics à cause des baisses d’impôts depuis 2017, une analyse pragmatique consisterait à revenir sur les ristournes fiscales votées sous Emmanuel Macron, que ce soit en supprimant la flat tax de 30 % sur les revenus du capital, en rehaussant l’impôt sur les sociétés des grandes entreprises, ou en réintroduisant un impôt sur le patrimoine. Le taxe Zucman, qui consiste à créer un impôt minimum de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, est une piste à explorer. Si elle a le défaut ne pas s’attaquer directement aux mécanismes d’optimisation fiscale utilisés par les ultra-riches pour contourner l’impôt, elle a le mérite de poser le débat de la sous-imposition des plus importants contribuables en France. L’Informé révélait par exemple le 7 juillet que le milliardaire Bernard Arnault, patron du géant du luxe LVMH, s’était distribué ces douze dernières années pas moins de 18 milliards d’euros de dividendes qui n’ont quasiment pas été imposés grâce à un écheveau de holdings personnelles. _______________ Enfin, un bon budget s’attaquerait à la création rampante d’une société d’héritiers en France. Les plus riches bénéficient en effet d’une multitude de niches fiscales pour transmettre à leurs descendants et organiser la rente familiale. Dans une note titrée « Repenser l’héritage », le Conseil d’analyse économique (CAE) avait notamment ciblé quatre dispositifs : les transmissions de biens professionnels, via le pacte Dutreil, les transmissions de contrats d’assurance-vie, le démembrement de propriété et la non-taxation des plus-values latentes à l’impôt sur le revenu au décès. Au total, ils coûtent plus de 10 milliards d’euros par an à l’État, dont entre 4 et 5 milliards pour le seul pacte Dutreil, selon un rapport à paraître de la Cour des comptes et dont Les Échos ont révélé les grandes lignes. Ce dispositif permet un abattement fiscal de 75 % sur les transmissions de biens professionnels. Au regard de l’ampleur de l’effort qui sera demandé à la population dans les prochaines années, questionner toutes ces niches anti-libérales relèverait du bon sens..." [Merci à Mathias Thépot] _______________________
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