Le MILLION de visites est atteint. Merci de vos visites et de votre indulgence. En route pour la suite...si Dieu me prête vie!
Affichage des articles triés par pertinence pour la requête Europe. Trier par date Afficher tous les articles
Affichage des articles triés par pertinence pour la requête Europe. Trier par date Afficher tous les articles

mercredi 3 juillet 2013

Vers une Europe XXL?

 La machine à élargir a fait place au 28ème membre.
____________________________________________A quand le 29ème?..et les autres.
Jusqu'où ira cette fuite en avant?
____A l'heure où l'Europe traverse des vents défavorables, à la recherche de son identité, au bord du délitement, on agrandit la voilure, alors qu'on a perdu le cap, sans plan de navigation, moteur en panne, sans capitaine crédible.
Elargir a-t-il encore un sens, quand l'approfondissement fait défaut, quand le surplace devient la règle? Les élections allemandes ne règleront rien.
Les illusions d'une Europe sans limites géographiques claires sont tenaces.
___Est-ce vraiment une bonne nouvelle pour la Croatie?
Certains Croates ne sont pas enthousiastes, c'est un euphémisme.
Le pays risque de déchanter, si on la mène à marche forcée selon le catéchisme bruxellois, vers l'ordre néolibéral en vigueur.
__ "...La Serbie espère ouvrir des négociations d'adhésion en janvier ou encore le Kosovo obtenir un accord de stabilisation et d'association, première étape vers l'adhésion. La Macédoine, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro sont aussi dans les starting-blocks, comme l'Albanie. Au-delà, l'Islande a entamé des négociations pour son adhésion et la Géorgie, l'Ukraine ou encore l'Arménie rêvent un jour de faire partie de l'Union. Sans parler de la Turquie. Or pour l'Union européenne, ces élargissements risquent de devenir de véritables pièges. A 27, l'Europe est déjà largement ingouvernable. Toute décision, comme en témoignent celle sur le budget de l'Europe ou celle sur le mandat du commissaire européen pour négocier - enfin - un accord de libre échange avec les Etats-Unis, donne lieu à de longues palabres, des querelles sans fin entre Etats membres. L'Union européenne n'a toujours pas non plus été capable d'adopter une position commune face à la guerre civile en Syrie. Comment, à plus de 30, demain, parviendra-t-elle à faire entendre une seule voix face à l'Amérique, à la Chine, à la Russie, voire à l'Inde ? Certes, en termes comptables, l'intégration de tous les pays de l'ex-fédération de Yougoslavie ne coûtera au budget européen qu'à peine 10 milliards d'euros. Mais il reste encore d'immenses écarts de niveau de vie entre ces pays et le reste de l'Union. Pour beaucoup de nouveaux membres et de candidats, l'adhésion à l'Union européenne est perçue avant tout comme une prolongation de leur engagement vers l'Alliance atlantique, et non pas comme la reconnaissance d'une véritable identité européenne. On s'achemine donc de plus en plus vers une Europe à géométrie variable, avec des pays censés être intégrés comme les 17 dans l'euro - cette intégration étant elle-même source de très grandes difficultés -, les 22 de l'espace Schengen - espace au fonctionnement imparfait lui aussi - et les autres. L'Union européenne doit se décider, enfin, à fixer ses frontières et à redéfinir sa raison d'être. Même si aujourd'hui, avec l'arrivée de la Croatie, elle peut se vanter d'atteindre à nouveau l'objectif de ses pères fondateurs : « faire régner la paix en Europe ».
__________Ce processus arrange tout à fait les partisans d'une Europe simple zône de libre échange, telle que le Royaume-Uni a réussi à l'imposer, rendant maintenant impossible la création d'une future entité politique cohérente et indépendante ou  même une éventuelle et problématique structure fédéraliste:
The Economist avance que l'élargissement a été une des réalisations les plus réussies de l'UE et qu'il faut continuer à intégrer de nouveaux pays...la puissance des USA a besoin d'un grand marché européen mais certainement pas d'une puissance européenne concurrente...
_Les négociations pour un grand marché transatlantique  sont la dernière manifestation de cette volonté d'hégémonie économique, dictée par les multinationales. On peut aller jusqu'à dire que l'entrée de la Croatie va permettre de rendre l'Union européenne encore plus ingérable. Et donc à Washington de mieux diriger l'ensemble.
Objectif bientôt atteint...
Il s’agit d’un argumentaire anglo-saxon classique qui privilégie l’Europe espace, voire l’Europe marché à l’Europe puissance. Etant entendu que la puissance des Etats-Unis a besoin d’un grand marché européen mais certainement pas d’une puissance européenne concurrente.
Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/croatie-integre-ue-vrai-bilan-elargissement-pierre-verluise-773078.html#vxbktzIXmIbjiD5I.99
L'entrée de la Croatie va permettre de rendre l'Union européenne encore plus ingérable. Et donc à Washington de mieux diriger l'ensemble.
_____________________________________________________

dans son édition du 29 juin 2013 que l’élargissement a été une des politiques les plus réussies de l’UE… et qu’il faut continuer à intégrer de nouveaux pays[1]. Il s’agit d’un argumentaire anglo-saxon classique qui privilégie l’Europe espace, voire l’Europe marché à l’Europe puissance. Etant entendu que la puissance des Etats-Unis a besoin d’un grand marché européen mais certainement pas d’une puissance européenne concurrente.
Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/croatie-integre-ue-vrai-bilan-elargissement-pierre-verluise-773078.html#uvgFuFik7dstLC4g.99
dans son édition du 29 juin 2013 que l’élargissement a été une des politiques les plus réussies de l’UE… et qu’il faut continuer à intégrer de nouveaux pays[1]. Il s’agit d’un argumentaire anglo-saxon classique qui privilégie l’Europe espace, voire l’Europe marché à l’Europe puissance. Etant entendu que la puissance des Etats-Unis a besoin d’un grand marché européen mais certainement pas d’une puissance européenne concurrente.
Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/croatie-integre-ue-vrai-bilan-elargissement-pierre-verluise-773078.html#uvgFuFik7dstLC4g.99


The Economist avance dans son édition du 29 juin 2013 que l’élargissement a été une des politiques les plus réussies de l’UE… et qu’il faut continuer à intégrer de nouveaux pays[1]. Il s’agit d’un argumentaire anglo-saxon classique qui privilégie l’Europe espace, voire l’Europe marché à l’Europe puissance. Etant entendu que la puissance des Etats-Unis a besoin d’un grand marché européen mais certainement pas d’une puissance européenne concurrente.
Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/croatie-integre-ue-vrai-bilan-elargissement-pierre-verluise-773078.html#RqCbGRE3kiwx7u0e.99
The Economist avance dans son édition du 29 juin 2013 que l’élargissement a été une des politiques les plus réussies de l’UE… et qu’il faut continuer à intégrer de nouveaux pays[1]. Il s’agit d’un argumentaire anglo-saxon classique qui privilégie l’Europe espace, voire l’Europe marché à l’Europe puissance. Etant entendu que la puissance des Etats-Unis a besoin d’un grand marché européen mais certainement pas d’une puissance européenne concurrente.
Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/croatie-integre-ue-vrai-bilan-elargissement-pierre-verluise-773078.html#RqCbGRE3kiwx7u0e.99

mercredi 26 août 2015

(Nouvelle) question allemande

Que veut (que peut) l'Allemagne
                                       « L'Europe allemande est maintenant sur le point de prévaloir sur l'aspiration d'une Allemagne européenne. » [Romano Prodi, ex-président de la Commission de Bruxelles]__
                                  Périodiquement, depuis 1870, se pose la question géopolitique au sujet de la place de l'Allemagne au sein de l'Europe.
 L' Histoire récente de l' Allemagne, aux frontières mal définies pendant longtemps, est jalonnée de ruptures, de mutations.
      On assiste aujourd'hui, après la réunification, à la faveur d'une montée en puissance du pays, de son leadership industriel, de ses capacités exportatrices, de la force de sa monnaie favorisant un mercantilisme sans complexe, à un retour de la  question allemande, diversement interprétée selon les pays, les époques, les courants politiques. Elle fait aujourd'hui aussi question dans une frange du monde politique allemand lui-même. Une certaine élite vise carrément une hégémonie allemande au coeur d'une Europe sans pouvoir. Dans ses propres mots, il veut que l’Allemagne, comme la «puissance au centre», devienne le «chef exigeant» de l’Europe et constitue sa «puissance hégémonique» afin de défendre ses intérêts géopolitiques et économiques.
   Une question complexe et évolutive.
              Beaucoup, surtout après la gestion désastreuse de la crise grecque, se posent la question: que veut l’Allemagne ?
     Dans le Financial Times de Londres, Wolfgang Münchau a accusé les créanciers de la Grèce d’avoir « détruit la zone euro que nous connaissons et démoli l’idée d’une union monétaire comme étape vers une union politique démocratique. » Il a ajouté, « par là, ils sont revenus aux luttes nationalistes des puissances européennes du 19e et du début du 20e siècle...
   Schäuble et ses partisans dans la politique et les médias se battent donc pour une Europe dominée et disciplinée par l’Allemagne et qui sert de tremplin à la politique de grande puissance mondiale de Berlin. Schäuble avait déjà développé cette idée en 1994 dans le soi-disant ‘document Schäuble-Lamers’, sous le titre de « Noyau européen. » À cette époque, il proposait de réduire l’UE à un noyau dur lié à l’Allemagne, autour duquel les autres pays de l’UE seraient vaguement regroupés.
   Herfried Münkler favorise également cet objectif. Dans son livre récent « La puissance du milieu » il exige que l’Allemagne assume le rôle de « maître de corvée » de l’Europe un terme qui coïncide avec l’orientation de Schäuble et jouit d’une popularité croissante dans les médias et les milieux politiques.
   Münkler a plaidé dans de nombreuses interviews tout récemment en faveur d’un « noyau européen » autour duquel se grouperaient un deuxième et un troisième cercle qui auraient « moins de droits, mais aussi moins d’obligations. »   
       La question allemande est de retour plus ou moins explicitement au coeur des débats allemands, européens ou extra-européens.
         Hans Kundnani est chargé de recherche au German Marschall Fund, think tank américain destiné à favoriser les relations transatlantiques. Spécialiste de la politique étrangère allemande, il est l'auteur de The Paradox of German Power (2014). Dans ce livre inédit en France, il retrace l'histoire allemande sous le prisme de son rapport à la puissance et à l'hégémonie. Selon lui, la « question allemande », qui surgit en 1871 avec l'unification du pays, est bien de retour. Cette fois, il ne s'agit plus de domination militaire ou politique mais de leadership économique. Mais, prévient-il, les dégâts pour l'Europe pourraient être considérables...
... D’une certaine façon, la réunification de 1990 a relancé la question allemande, mais de façon géo-économique, et non plus géopolitique ou militaire. À nouveau, l’Allemagne se retrouve dans cette situation intermédiaire. Il y a d’un côté une sorte de coalition allemande, avec des pays qui défendent les règles et les positions de l’eurozone. C’est le cas de la Slovaquie, complètement intégrée au système productif allemand, ou des pays baltes qui ont fait d’énormes efforts pour intégrer la monnaie unique et la zone euro. En face, il y a des pays avec des intérêts économiques différents. L’énorme surplus du commerce extérieur en Allemagne provoque des déséquilibres très importants sur les pays de la « périphérie ». La taille de l’économie allemande crée une grande instabilité en Europe, comme à l’époque sa domination militaire. Dans cette lutte, la France se retrouve au milieu..."
   L’historien allemand Ludwig Dehio a parlé pour cette période d’une Allemagne en situation de « semi-hégémonie »...
   Le célèbre sociologue allemand Ulrich Beck, récemment décédé, parle de l’Allemagne comme d’un « empire accidentel ». « Il n’y a pas de plan stratégique, pas d’intention d’occuper l’Europe, pas de base militaire. La discussion sur un Quatrième Reich est donc déplacée. Mais cet empire a une base économique »...Il n’est pas le seul à l’avoir utilisée. George Soros ou Martin Wolf du Financial Times ont eux aussi parlé d’un empire. Mais c’est un terme à la fois très chargé et flou...
    Si l'on continue dans la direction prise en Europe ces cinq dernières années, le risque est grand d’aller vers une Europe très différente du projet des Pères fondateurs. Comme le souligne le penseur allemand Wolfgang Streeck [lire ici un entretien d’Antoine Perraud sur Mediapart], nous risquons d’aller vers une Europe plus brutale, technocratique, autoritaire, où la politique économique est de plus en plus isolée du contrôle démocratique. D'ailleurs, même si l'on parvenait à une union politique, rien ne dit qu’on pourrait changer les fondamentaux de la politique économique. Quand Wolfgang Schäuble parle d’un pas supplémentaire dans l’intégration, il parle en réalité d’une Europe qui suivrait les règles allemandes...
   Au départ, l’Union européenne n’est pas un projet néolibéral. Pour la droite britannique, dont une partie veut quitter l’euro, c’est même encore un projet de gauche ! Mais de fait, avec le marché commun, le compromis Delors-Thatcher, et plus récemment la crise des dettes souveraines en Europe, il y a eu une sorte de « néolibéralisation » de l’Europe. Et plus exactement, une « ordolibéralisation » de l’Europe. Or quand on y regarde de près, l’ordolibéralisme est une forme plus extrême du néolibéralisme. Ce que l’Europe impose à la Grèce, avec la non-possibilité de dévaluer sa monnaie et le refus de réduire la dette, va au-delà des préconisations du FMI... 
      L’Europe de Jean Monnet, décidée en juin 1965 à Washington, entre les responsables du département d’ Etat américain et Robert Marjolin, le représentant de la CEE, est morte.
"La création de l’euro devait « rester secrète jusqu’à ce que ce soit irréversible. "
____________On est loin des fluctuations de De Gaulle 
      L'euro, qui fut d'abord une monnaie allemande, doublement bénéficiaire, est devenu l'instrument de sa domination.
  Une domination cependant fragile, au modèle souvent contesté, non généralisable, où s'exerce le  primat de la règle.
     Mais en Allemagne, quelques grandes voix se sont exprimées pour critiquer l'accord grec et l'austérité, comme celle de l'ancien chancelier social-démocrate Helmut Schmidt ou du philosophe Jürgen Habermas, horrifié que son pays ait « dilapidé en l’espace d’une nuit tout le capital politique qu’une Allemagne meilleure avait accumulé depuis un demi-siècle ». « Le gouvernement allemand a revendiqué pour la première fois une Europe sous hégémonie allemande – en tout cas, c’est la façon dont cela a été perçu dans le reste de l’Europe, et cette perception définit la réalité qui compte. » S'il était encore en vie, le prix Nobel de littérature Günter Grass, décédé il y a quelques mois, aurait peut-être rédigé une suite à Europas Schande (La Honte de l'Europe), poème qu'il publia en 2012 pour rappeler à l'Europe qu'elle « clou[ait] au pilori » son « berceau... 
______
-L'euroscepticisme gagne dans l'opinion allemande 
-Défaire ou refaire l'Europe?

_____
- Relayé par Agoravox


mardi 1 mai 2018

(Nouvelle) question allemande

Y a comme un défaut...
                     L'Europe patchwork post-maastrichtienne favorise la montée de l'hégémonie allemande, nain politique mais puissance économique dont l'ascension semble irrésistible. Du moins pour l'instant.
    Une hégémonie de fait dans un contexte politique compliqué, qui pourrait commencer à fragiliser un consensus imposé jusqu'ici.
        Wolfgang Streeck est un économiste allemand qui prend des distances par rapport à la ligne politique de son pays, surtout depuis Schröder, et des failles d'une Europe en panne de projets,  estimant que dans le contexte actuel, nous nous trouvons devant une impasse, devant un équilibre, non pas des forces, mais des faiblesses. Suite aux élections, l’Allemagne n’est plus en mesure de répondre aux attentes de ses partenaires en termes de « réformes », c’est-à-dire en termes de concessions matérielles : l’AfD et le FDP feront tout au Bundestag pour dénoncer ouvertement et avec fracas toute initiative qui irait au-delà du traité de Maastricht ou de ce que permet la Constitution allemande. En Italie, depuis la fin de Renzi, il n'est plus envisageable que le pays poursuive les réformes néo-libérales exigées d’elle jusqu’à maintenant.  Cela impliquerait que l’Italie puisse attendre de l’Allemagne un soutien économique en retour, qui ne soit pas que symbolique.
    En France, en l’absence de larges compromis de la part de l’Allemagne - que celle-ci ne peut concéder - Macron risque quant à lui d’être le troisième président consécutif à devoir tirer sa révérence après n’avoir effectué qu’un mandat. Du coup, son plus grand atout réside dans la peur qu’ont les autres, en particulier l’Allemagne, de ce qui pourrait advenir par la suite.
   Bref, tout cela laisse présager une continuation du marasme des dernières années, dans un contexte de mécontentement toujours croissant des citoyens, de déliquescence progressive des institutions européennes et d’accroissement des déséquilibres économiques entre membres.
 ...En effet, l’Allemagne est, aux côtés de quelques petits pays du Nord, la grande bénéficiaire de l’euro. 
           Jean-Michel Quatrepoint parle, lui, d' "empire" allemand, qui impose les règles de l'ordolibéralisme, qui bénéficie d'une monnaie qui l'avantage, qui s'appuie économiquement sur un Hinterland et une importante main d'oeuvre sous-payée lui permettant de bénéficier de très importants surplus du commerce extérieur.
  La question se pose toujours, lancinante et sans solution envisageable dans l'état actuel de confusions et de polémiques avec les nationalismes montant ici et là: allons-nous vers une Europe allemande ou une Allemagne européenne ? En l'absence do coopération de fait,  
Berlin a besoin de ses voisins et n'a pas intérêt à les voir faiblir, en dépit de la rigidité merkelienne.
          Malgré les prétentions de Macron de rééquilibrer les choses, de faire bouger l'Europe, il se retrouve bien seul, même si on l'écoute poliment. Angela est plus à l'écoute des voix qui viennent de l'Est et de l'Empire de Milieu, de Pékin, qui contribue largement à faire tourner sa machine industrielle.
      ________  « L'Europe allemande est maintenant sur le point de prévaloir sur l'aspiration d'une Allemagne européenne. » disait Romano Prodi, ex-président de la Commission de Bruxelles.
                                  Périodiquement, depuis 1870, se pose la question géopolitique au sujet de la place de l'Allemagne au sein de l'Europe.
   L' Histoire récente de l' Allemagne, aux frontières mal définies pendant longtemps, est jalonnée de ruptures, de mutations.
      On assiste aujourd'hui, après la réunification, à la faveur d'une montée en puissance du pays, de son leadership industriel, de ses capacités exportatrices, de la force de sa monnaie favorisant un mercantilisme sans complexe, à un retour de la  question allemande, diversement interprétée selon les pays, les époques, les courants politiques. Elle fait aujourd'hui aussi question dans une frange du monde politique allemand lui-même. Une certaine élite vise carrément une  au coeur d'une Europe sans pouvoir. Dans ses propres mots, il veut que l’Allemagne, comme la «puissance au centre», devienne le «chef exigeant» de l’Europe et constitue sa «puissance hégémonique» afin de défendre ses intérêts géopolitiques et économiques.
   Une question complexe et évolutive.
              Beaucoup, surtout après la gestion désastreuse de la crise grecque, se posent la question: que veut l’Allemagne ?
     Dans le Financial Times de Londres, Wolfgang Münchau a accusé les créanciers de la Grèce d’avoir « détruit la zone euro que nous connaissons et démoli l’idée d’une union monétaire comme étape vers une union politique démocratique. » Il a ajouté, « par là, ils sont revenus aux luttes nationalistes des puissances européennes du 19e et du début du 20e siècle...
   Schäuble et ses partisans dans la politique et les médias se battent donc pour une Europe dominée et disciplinée par l’Allemagne et qui sert de tremplin à la politique de grande puissance mondiale de Berlin. Schäuble avait déjà développé cette idée en 1994 dans le soi-disant ‘document Schäuble-Lamers’, sous le titre de « Noyau européen. » À cette époque, il proposait de réduire l’UE à un noyau dur lié à l’Allemagne, autour duquel les autres pays de l’UE seraient vaguement regroupés.
   Herfried Münkler favorise également cet objectif. Dans son livre récent « La puissance du milieu » il exige que l’Allemagne assume le rôle de « maître de corvée » de l’Europe un terme qui coïncide avec l’orientation de Schäuble et jouit d’une popularité croissante dans les médias et les milieux politiques.
   Münkler a plaidé dans de nombreuses interviews tout récemment en faveur d’un « noyau européen » autour duquel se grouperaient un deuxième et un troisième cercle qui auraient « moins de droits, mais aussi moins d’obligations. »   
       La question allemande est de retour plus ou moins explicitement au coeur des débats allemands, européens ou extra-européens.
         Hans Kundnani est chargé de recherche au German Marschall Fund, think tank américain destiné à favoriser les relations transatlantiques. Spécialiste de la politique étrangère allemande, il est l'auteur de The Paradox of German Power (2014). Dans ce livre inédit en France, il retrace l'histoire allemande sous le prisme de son rapport à la puissance et à l'hégémonie. Selon lui, la « question allemande », qui surgit en 1871 avec l'unification du pays, est bien de retour. Cette fois, il ne s'agit plus de domination militaire ou politique mais de leadership économique. Mais, prévient-il, les dégâts pour l'Europe pourraient être considérables...
... D’une certaine façon, la réunification de 1990 a relancé la question allemande, mais de façon géo-économique, et non plus géopolitique ou militaire. À nouveau, l’Allemagne se retrouve dans cette situation intermédiaire. Il y a d’un côté une sorte de coalition allemande, avec des pays qui défendent les règles et les positions de l’eurozone. C’est le cas de la Slovaquie, complètement intégrée au système productif allemand, ou des pays baltes qui ont fait d’énormes efforts pour intégrer la monnaie unique et la zone euro. En face, il y a des pays avec des intérêts économiques différents. L’énorme surplus du commerce extérieur en Allemagne provoque des déséquilibres très importants sur les pays de la « périphérie ». La taille de l’économie allemande crée une grande instabilité en Europe, comme à l’époque sa domination militaire. Dans cette lutte, la France se retrouve au milieu..."
   L’historien allemand Ludwig Dehio a parlé pour cette période d’une Allemagne en situation de « semi-hégémonie »...
   Le célèbre sociologue allemand Ulrich Beck, récemment décédé, parle de l’Allemagne comme d’un « empire accidentel ». « Il n’y a pas de plan stratégique, pas d’intention d’occuper l’Europe, pas de base militaire. La discussion sur un Quatrième Reich est donc déplacée. Mais cet empire a une base économique »...Il n’est pas le seul à l’avoir utilisée. George Soros ou Martin Wolf du Financial Times ont eux aussi parlé d’un empire. Mais c’est un terme à la fois très chargé et flou... 
    Si l'on continue dans la direction prise en Europe ces cinq dernières années, le risque est grand d’aller vers une Europe très différente du projet des Pères fondateurs. Comme le souligne le penseur allemand Wolfgang Streeck [lire ici un entretien d’Antoine Perraud sur Mediapart], nous risquons d’aller vers une Europe plus brutale, technocratique, autoritaire, où la politique économique est de plus en plus isolée du contrôle démocratique. D'ailleurs, même si l'on parvenait à une union politique, rien ne dit qu’on pourrait changer les fondamentaux de la politique économique. Quand Wolfgang Schäuble parle d’un pas supplémentaire dans l’intégration, il parle en réalité d’une Europe qui suivrait les règles allemandes...
   Au départ, l’Union européenne n’est pas un projet néolibéral. Pour la droite britannique, dont une partie veut quitter l’euro, c’est même encore un projet de gauche ! Mais de fait, avec le marché commun, le compromis Delors-Thatcher, et plus récemment la crise des dettes souveraines en Europe, il y a eu une sorte de « néolibéralisation » de l’Europe. Et plus exactement, une « ordolibéralisation » de l’Europe. Or quand on y regarde de près, l’ordolibéralisme est une forme plus extrême du néolibéralisme. Ce que l’Europe impose à la Grèce, avec la non-possibilité de dévaluer sa monnaie et le refus de réduire la dette, va au-delà des préconisations du FMI... 
      L’Europe de Jean Monnet, décidée en juin 1965 à Washingtonentre les responsables du département d’ Etat américain et Robert Marjolin, le représentant de la CEE, est morte. 
"La création de l’euro devait « rester secrète jusqu’à ce que ce soit irréversible. " 
____________On est loin des fluctuations de De Gaulle 
      L'euro, qui fut d'abord une monnaie allemande, doublement bénéficiaire, est devenu l'instrument de sa domination.
  Une domination cependant fragile, au modèle souvent contesté, non généralisable, où s'exerce le  primat de la règle.
     Mais en Allemagne, quelques grandes voix se sont exprimées pour critiquer l'accord grec et l'austérité, comme celle de l'ancien chancelier social-démocrate Helmut Schmidt ou du philosophe Jürgen Habermas, horrifié que son pays ait « dilapidé en l’espace d’une nuit tout le capital politique qu’une Allemagne meilleure avait accumulé depuis un demi-siècle ». « Le gouvernement allemand a revendiqué pour la première fois une Europe sous hégémonie allemande – en tout cas, c’est la façon dont cela a été perçu dans le reste de l’Europe, et cette perception définit la réalité qui compte. » S'il était encore en vie, le prix Nobel de littérature Günter Grass, décédé il y a quelques mois, aurait peut-être rédigé une suite à Europas Schande (La Honte de l'Europe), poème qu'il publia en 2012 pour rappeler à l'Europe qu'elle « clou[ait] au pilori » son « berceau... 
______
-L'euroscepticisme gagne dans l'opinion allemande 
-Défaire ou refaire l'Europe?
______________________________________

jeudi 20 mars 2014

Où est passé le "peuple européen"?

La nation est-elle un gros mot?                      
                                                      [Quelques notes sur une lecture du dernier livre de JP Chevènement]

                     Difficile de rester de marbre devant la dernière parution de JP Chevènement, qui brosse une large synthèse historique et en même temps élabore une réflexion approfondie sur une Europe  engagée sur des voies qu'il juge désastreuses.
  Si sa pensée ne convainc pas toujours, notamment quand elle invoque l'Histoire en elle-même porteuse se sens, elle a le mérite de stimuler la pensée au coeur de la crise européenne, tout en étant en cohérence avec elle-même depuis ses débuts.
L'Europe des nations solidaires, oui. L'Europe fédérant des entités régionales abstraites, les ci-devant nations, non. Or, sans fédéralisme (prônée par le chroniqueur J.Quatremer, pourtant souvent très critique), l'Europe ne sera jamais qu'une vaste zône de libre-échange, ce qui plaît aux intérêts anglo-saxons, qui n'ont eu de cesse que de pousser à l'élargissement sans fin...compromettant toute harmonisation.
      Comme le dit P. Angel dans Mediapart
" Germanophile, européen mais pas européiste, J-P Chevènement signe là un livre qu'il faut avoir lu. Notre avenir passe par l'amitié et le partenariat avec l'Allemagne. Nous nous complétons, et cette complémentarité doit être encouragée parce qu'elle est notre force face à l'hégémonie binaire des USA et de la Chine.
 Aurons-nous des responsables politiques capables d'entendre ces conseils sages et lucides ? A suivre...
 "Depuis si longtemps, nos histoires nationales, à nous, Français et Allemands, sont si entremêlées que nous devons, ensemble, nous les réapproprier en les confrontant aux enjeux devenus mondiaux, même à notre insu depuis un siècle. Aucun peuple ne peut continuer son histoire s'il ne recouvre pas une raisonnable estime de soi. Et cela vaut pour le peuple allemand comme pour le peuple français qui ne peuvent se comprendre mieux qu'à la Lumière de "l'Histoire longue" et des changements d'échelle qu'elle induit." (p 271)
____________________
                                  C'est peu de le dire: L'UE, telle qu'elle fonctionne, a déçu, politiquement et économiquement. La crise économique n'a fait que révéler ses faiblesses congénitales et le caractère artificiel de son élaboration;
  En suivant le principes d'un libéralisme dogmatique, dans le sillage des USA cherchant à étendre leur influence économique, les défauts inhérents à son mode de fonctionnement peu démocratique sont mis en évidence.
(C'est surtout à partir du chapitre VIII que l'auteur décrit le processus qui a fait dériver l'Europe vers ce qu'il appelle l'"européisme", qui est "l'idéologie d'une Europe aboulique, qui, au lieu de se construire dans le prolongement des nations, a prétendu le faire en se substituant à elles..)
  Le rêve de MonnetJ a échoué, même teinté plus tard de démocratie chrétienne à la De Gasperi, Schuman... Une vieille idée kantienne, mais mal digérée. Une utopie, portée aux fonds baptismaux aux USA, qui ne pouvait se réaliser, car faisant fi de la réalité des nations.
   On a mis la charrue avant les boeufs dans un élan volontariste, dans le contexte compréhensible du désastre.de l'après guerre Plus jamais ça! Mais quoi?
   Effacer les nations, c'est ce que voulaient les pères fondateurs, aller vers l'union, à marche forcée, puis vers le fédéralisme, par le biais économique et plus tard par l'imposition de la monnaie unique, entraînant  la dépossession progressive des prérogatives des parlements et des gouvernements nationaux jugés obsolètes. Comme le dit Viviane  Reding, vice-présidente de la Commission : « Il faut lentement, mais sûrement, comprendre qu’il n’y a plus de politique intérieure nationale »
         Chevenement  fait la critique d'une Europe passoire, réduite à l'impuissance. Sous prétexte de lutter contre les nationalismes, on est en passe de détruire les nations, de les diluer dans une superstructure lointaine et sans âme.
  Une nation, qui suppose une communauté de destin et des liens forts d'identité, ne se décrète pas et ne se construit pas en quelques décennies. Les intérêts communs entre un Maltais et un Finlandais n'apparaissent pas à première vue. Un nation se construit sur le socle d'un long passé commun.
  L'Etat-nation est en crise. Une crise provoquée. Les marchés n'aiment pas les frontières, même légères.
                            L'auteur insiste:l'idée de nation n'est pas obsolète, elle n'implique pas nécessairement le nationalisme et la guerre.
     Le néolibéralisme triomphant a seulement imposé sa loi, l'ouverture maximale des marchés, la fin des résistances, d'un protectionnisme minimal.
   "C'est une Europe qui est dominée par le principe de la concurrence libre et non faussée, au nom de ce principe qui a été réaffirmé vigoureusement dans l'Acte Unique négocié en 85 et adopté par le Parlement en 1987 : dans l'Acte Unique, vous avez ce principe de la concurrence qui est la négation de toute politique industrielle et la condamnation de l'idée-même de « services publics». Tout cela au nom de l'Europe! Donc il y a un élément de mystification..."
        La  monnaie unique (non commune, comme elle aurait pu être), cette camisole de force, montre ses limites.       "Le système de l’euro, pour des raisons très profondes, ne tient pas compte de l’hétérogénéité des nations. Au départ, en tout cas dans l’esprit de Jean Monnet, l’Europe s’est voulue une sorte de substitut des nations. Bien loin de faire l’Europe dans le prolongement des nations, beaucoup d’ « européistes » ont conçu l’Europe comme l’entité qui allait remplacer les nations. Et la monnaie unique reposait sur ce pari que, devant l’obstacle, les nations allaient définitivement faire le saut fédéral et accepter les transformations, notamment les immenses transferts que rendrait nécessaires la constitution d’un État fédéral, étant donné qu’il n’y a pas d’État fédéral qui ne soit aussi un État national (voyez l’Allemagne, voyez les États-Unis)..."
     L'auteur prône une autre  Europe des peuples dans le monde multipolaire de demain.
               "Les blocages européens sont évidents. L’Europe est un grand corps impotent doté d’institutions qui ne marchent pas.
La Commission à 28 avec un commissaire représentant chaque pays c’est la mort de la Commission.
Le Conseil européen est l’institution qui marche le moins mal parce qu’il a quand même une légitimité, celle des gouvernements européens qui sont représentés.

 Mais on voit bien qu’une Europe où le Conseil européen pèse de plus en plus son poids est une Europe à géométrie variable, une Europe à plusieurs vitesses, avec des coopérations renforcées, où certains pays qui ne veulent pas avancer se mettent en marge. D’ailleurs, quoi de plus démocratique ? La démocratie vit dans les Nations et si on veut faire une Europe démocratique, il faut avancer sur les grands sujets avec les pays qui le veulent.
Les grands sujets c’est quoi ? Le cadrage macroéconomique, et en particulier le cours de la monnaie, l’industrie, l’énergie, la défense, la politique extérieure.
Si vous voulez absolument réglementer la couleur des bérets ou la teneur du chocolat en cacao, vous pouvez, mais c’est un exercice vain. On peut admettre qu’une certaine normalisation est souhaitable mais il n’y a pas besoin de passer par une fédération. On peut très bien mettre en place une commission technique avec tous les gouvernements représentés pour définir un système de normes que les industries acceptent..."

 La  France n'est plus un Etat-nation.   Il s'agit de la réinvestir, si c'est encore possible...
     "Nous assistons à l’effondrement d’une vision du monde économiciste. Cela est vrai pour le capitalisme financier fondé sur la théorie de Milton Friedman sur l’efficience des marchés ; cela est vrai pour la conception de l’Europe selon Jean Monnet où on mettait de côté les États nations, réduits, je le cite, à un rôle de purs agents d’exécution parce que l’Europe ne pouvait se construire que sur la base de souveraineté nationale marginaliste. Elle ne pouvait accéder à la prospérité que si on en finissait avec les souverainetés nationales...
     La France est un un pays sous tutelle dans une Europe en échec. L'Euro, comme monnaie unique, est une utopie monétaire. 
Est-il encore temps de sauver l'Europe par les nations? 
« Pour faire l’Europe, il faut défaire la France » disait Bethmann Hollweg
         C'est ce à quoi Chevènement ne se résigne pas, mais sans céder au repli, à la tentation identitaire, invitant à sortir des impasses par la renégociation. Faudra-t-il attendre que de graves désordres nous contraignent à le faire?
_______
- L’Union européenne est née d’une idée généreuse mais vague : faire advenir « la Paix ». Ceci ne suffit pas à constituer un projet politique. Paradoxalement, le défaut de projet n’a pas empêché la multiplication des institutions technocrates chargées de le mettre en œuvre. On a fabriqué des outils avant d’en déterminer l’usage. Fortes d’un désengagement complice des Etats européens, ces institutions se sont désormais affranchies. Leur principale raison d’être est à présent de créer de la contrainte voire de la coercition. Ce faisant, elles contribuent à vider progressivement de leur substance les Etats membres de l’Union, trop heureux, pour certains, de pouvoir se défausser des leurs responsabilités sur « Bruxelles » ou sur « Francfort ». Mais aussi sur Berlin. Car il semble qu’un Etat, à la différence de tous les autres, soit parvenu à réchapper de la maladie d’impuissance qui frappe ses voisins. Mieux, l’Allemagne est parvenue à faire des institutions européennes ses meilleures alliées et les courroies de transmission de ses propres intérêts. Partout ailleurs, la démission du politique est devenue la règle. Elle s’accompagne le plus souvent d’une crise économique effroyable. Une situation que les peuples acceptent de plus en plus mal, sentant bien qu’au nom de « la Paix », on leur demande d’entériner tout à la fois leur appauvrissement, et l’abandon de leur souveraineté. Epuisés par la rigueur économique, de plus en plus défiants vis-à-vis de la construction européenne, ceux-ci ne comptent plus sur leurs dirigeants pour tâcher d’en infléchir le cours. Dès lors, ils pourraient bien être tentés d’y mettre un terme brutal, en recourant à des partis politiques pour lesquels on doute que « la Paix » soit la principale priorité..." (Coralie Delaume)

_________________________

jeudi 19 mars 2009

Aux origines de la construction européenne


Pour une révision de l'histoire officielle , contre le mythe de la génération spontanée de l'idée d'Europe unifiée






-Une analyse historienne-partielle- qui met en évidence les liens étroits entre les principaux pères fondateurs de l'Europe après guerre et certains réseaux américains, dont la
fondation Ford-

"Aujourd’hui, l’histoire de la « construction européenne » est devenue un dogme verrouillé qu’on ne peut contester sous peine de passer pour un communiste ou un fan de théorie du complot. Mais, les faits sont là : toute la documentation sur l’Europe a été réalisée par les tenants de l’Europe fédérale. Le processus européen est expliqué par la théorie dominante européaniste, dont la version est en gros, que Jean Monnet et Robert Schuman se sont levés un matin avec la brillante idée de construire une Europe avec un marché commun, une monnaie unique et une armée commune, afin de préserver la paix. C’est ce qu’on enseigne aux enfants de primaire, et jusqu’à la fac..."(Ceri)
__________________________

La fondation Ford : une politique de formatage en Europe | AgoraVox:

La Fondation Ford a été créée en 1936 par Henri et Edsel Ford, qui lui ont légué une grande partie de leur fortune (3 millions de dollars d’actions Ford) à leur mort dans les années 40. Le but affiché dans les statuts de la fondation était de « recevoir et gérer des fonds pour des objectifs scientifiques, éducatifs et charitables pour le bien public ». Depuis le début, on trouve dans son équipe dirigeante des dirigeants de banque, ou d’anciens hauts militaires tout comme des universitaires, qui se font un plaisir de répercuter les idées de la fondation dans le monde universitaire et la société, aux Etats-Unis comme en Europe.
L’un des objectifs auxquels elle va s’atteler via la recherche universitaire et le financement de divers médias notamment, est ce qu’on appelle « la construction européene ». Pendant ce temps, les Etats-Unis via la CIA font le même travail d’une manière plus large, tout comme la fondation Rockefeller. Les premiers dirigeants de la fondation Ford étaient très proches des premiers architectes de l’Europe, et ont parfois participé au cours de leur carrière à la rédaction de certains grands textes européens, ce qui a grandement facilité les choses. Revenons donc aux premières années de ladite construction. Hoffman, devenu chef de la fondation Ford en 1951, était donc administrateur du plan Marshall après-guerre et à ce titre très proche des « élites » européanistes. Il s ‘est entouré à la tête de la fondation d’autres personnages du même acabit, tels que Milton Katz (ancien assistant de Gaither au plan Marshall), John McCloy (ex-chef du Haut commissariat US en Allemagne, président de la Banque Mondiale de 1947 à 1949 –au moment du plan Marshall, puis administrateur de la fondation Rockefeller, puis président de la Chase Manhattan Bank de Rockefeller, puis président du fameux Council on Foreign Relations après David Rockefeller, puis conseiller –comme c’est étrange- de presque tous les présidents US jusqu’à Reagan, il a aussi été dans la commission Warren qui a condamné Lee Harvey Oswald pour l’assassinat de Kennedy. Surtout, il était un grand ami de Jean Monnet le père de l’Europe avec qui il a fortement encouragé l’intégration de l’Allemagne dans ladite Europe…
En Europe, la fondation Ford a (donc) contribué à financer divers groupuscules, comme le Comité pour les Etats-Unis d’Europe institué par Jean Monnet (ex Président de la Haute Autorité de la CECA) après l’échec de la Communauté Européenne de Défense (CED), qui se voulait « un groupe d’action d’élite destiné à promouvoir des réalisations concrètes pour la création des Etats-Unis d’Europe » afin de rallier les politiques (sauf les communistes bien sûr) à l’idéal européaniste. Car, évidemment, les masses versatiles ne sont pas la cible de nos « élites ». Ledit Comité avait différentes antennes, comme l’Institut de la Communauté européenne pour les Etudes universitaires, basé à Lausanne et Bruxelles, financé à son origine au moins par « un don généreux de la Fondation Ford, où Monnet comptait un ami de longue date, Shepard Stone ».
John Mc Cloy, grand ami de Monnet et futur membre éminent de la fondation Ford, ancien du plan Marshall, a œuvré pour l’amitié franco allemande et pour que le plan Schuman passe tel quel, ce qui n’était pas gagné, parce que ce plan menait à la CECA, à la CEE (traité dont il a permis la signature), et à l’Union européenne. Il a aussi beaucoup poussé à la mise en place d’une armée européenne intégrée dans l’OTAN évidemment.
Le Mouvement Européen, lui, est un think tank européaniste crée dès la fin de la guerre en 1948 car il ne faut pas perdre de temps c’est bien connu. Il « coordonnait » après-guerre les divers mouvements nationaux pro européens (enfin, de l’Europe telle que les textes l’ont construite s’entend) tels que la Ligue Européenne de Coopération Économique (octobre 1946), le United Europe Movement (janvier 1947), l’Union Parlementaire Européenne (juillet 1947), les Nouvelles Équipes Internationales (mai 1947), le Mouvement Socialiste pour les États-Unis d’Europe (février 1947), ou l’Union Européenne des Fédéralistes (décembre 1946)...
A partir d’archives déclassifiées de la CIA datant de 1950, le quotidien anglais The Telegraph a raconté en 2001 comment les services secrets US ont mené campagne en faveur dune « Europe unie », y compris avec l’Angleterre. On nous explique que « l’outil pour élaborer l’agenda européen était le Comité pour les Etats-Unis d’Europe, crée en 1948 » par Jean Monnet, et dont le président était William Donovan chef des Services stratégiques de l’armée US, et le vice président Allen Dulles, chef de la CIA à ce moment-là....
On apprend également, en se colletinant les rapports annuels de la fondation Ford depuis 1949, qu’en 1958 ladite fondation, afin « d’aider à l’effort de l’intégration européenne », a inauguré une « nouvelle organisation centrale connue comme l’Institut de la Communauté Européenne pour les Etudes Universitaires (…) grâce à une subvention de 500.000$ de la fondation », pour une durée de cinq ans. On nous précise également que sa présidence comporte « d’éminentes personnalités du mouvement de l’intégration européenne telles que Jean Monnet, Louis Armand, Walter Hallstein, Max Kohnstamm, et Robert Marjolin ». L’institut en question est par ailleurs chargé de soutenir des programmes universitaires pour former des gens au marché commun Européen, à la CECA, à Euratom, et toutes les institutions similaires qui pourraient être créées...
Aujourd’hui, l’histoire de la « construction européenne » est devenue un dogme verrouillé qu’on ne peut contester sous peine de passer pour un communiste ou un fan de théorie du complot. Mais, les faits sont là : toute la documentation sur l’Europe a été réalisée par les tenants de l’Europe fédérale. Le processus européen est expliqué par la théorie dominante européaniste, dont la version est en gros, que Jean Monnet et Robert Schuman se sont levés un matin avec la brillante idée de construire une Europe avec un marché commun, une monnaie unique et une armée commune, afin de préserver la paix. C’est ce qu’on enseigne aux enfants de primaire, et jusqu’à la fac..." (Ceri)

-Pourquoi la Fondation Ford subventionne la contestation
-La Fondation Ford, paravent philanthropique de la CIA
- Revue d'histoire: Jean monnet -Mesure d'une influence
-La légende de Jean Monnet:
"... le rôle de Jean Monnet sous la IVe République est trouble. L’homme est lié à tout un réseau d’amis américains, notamment John Foster Dulles, inspira­teur de Jean Monnet en 1950 et John Mac Cloy qui rallia les Allemands au projet de CECA. Preuve parmi d’autres que l’Eu­rope de Jean Monnet s’est faite sous la contrainte extérieure -les pressions américaines et la menace soviétique....
-L'américanisation de l'Europe ... JF Dulles

-Histoire de l'Union européenne - Wikipédia

jeudi 27 mai 2010

Europe vassalisée

Comment l'Europe s'est soumise

-Vers une Europe encore plus asservie ?

P.Mendés-France: " L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique au sens le plus large du mot nationale et internationale. "


-"Il était naïf de croire que grâce à un simple coup de peinture, l’UE deviendrait un poids lourd politique mondial. Pendant des années, nombreux ont été ceux qui ont cru a une « Europe-puissance » autonome sur la scène internationale. L’entrée des nouveaux membres depuis les années 90 a fait basculer les rapports de force internes et tué définitivement les velléités de ceux qui rêvaient d’une Europe politiquement forte. C’est donc le schéma anglo-saxon qui s’est imposé, une Europe de plus en plus réduite à une zone de libre-échange très intégrée dans un ensemble politico-économique transatlantique au sein duquel ce qui faisait la force et l’originalité du « modèle européen », cède chaque jour un peu plus de terrain devant l’avancée des conceptions les plus ultralibérales." (P.Charasse)
__________________________

Points de vue:
-Entretien avec Pierre Charasse sur la crise européenne:
__________________________"...Il faut resituer cette crise dans le cours des événements de ces 20 dernières années et dans une perspective géopolitique à moyen et long terme. La crise grecque et ses derniers développements ont confirmé, si c’était nécessaire, que l’Europe politique n’existe plus. L’Europe a projeté l’image de sa désunion et a révélé sa faiblesse au reste du monde. La monnaie européenne aurait dû être l’expression la plus forte d’une union politique achevée. Phénomène incroyable, on a instauré l’Euro sans créer un gouvernement économique. Entre les présidents de la BCE, de l’Eurogroupe, de la Commission, du Conseil, la présidence semestrielle (Espagne) et les “poids lourds Européens” Sarkozy, Merkel, c’est une belle cacophonie !

Il est ahurissant que les gouvernements de la zone euro se soient interdits de contrôler leur monnaie ! Aucun pays au monde, même le plus libéral, n’applique avec autant de zèle le dogme ultra-libéral du “laisser-faire”. La BCE ne répond à personne, les gouvernements sont impuissants, mais apparemment satisfaits de l’être, car aucun ne propose de remettre la BCE et l’euro sous contrôle ! La nature ayant horreur du vide, à partir du moment où l’on demande au FMI de participer au plan d’aide à la Grèce, on place l’Europe sous la coupe des Etats-Unis, puisque aucune décision du FMI ne peut se prendre sans l’accord des américains. La réforme des droits de vote au FMI annoncée au G20 va réduire le poids des européens, mais les Etats-Unis conservent intacte leur minorité de blocage (16% des votes).

Donc, la concertation entre les présidents Obama, Sarkozy, et la chancelière Angela Merkel s’inscrit tout à fait dans le cadre d’un transfert du pouvoir de décision aux Etats-Unis puisque les Européens ne peuvent plus rien faire sans l’accord de Washington. C’est pourquoi le Président Obama se sent tout à fait autorisé à prescrire aux pays en crise les conditionnalités de l’aide : réduire les dépenses publiques, diminuer les retraites, les salaires des fonctionnaires etc. Lui, au moins exerce sans états d’âme le pouvoir que lui donne l’architecture financière mondiale. Et nos gouvernements se disent soulagés que les Etats-Unis, enfin, les « prennent en charge » ! C’est sans doute ce qu’ils entendent par « gouvernance mondiale »...

La situation serait humiliante pour l’Europe si ses gouvernants avaient encore deux doigts d’amour propre. Mais ce n’est pas le cas. Depuis quelques années et particulièrement avec le Traité de Lisbonne, le pouvoir politique européen, dans les différents pays, a choisi de se placer dans le sillage ou sous la coupe des Etats-Unis. Les gouvernants pensent qu’ils sont « mandatés » pour suivre cette ligne, qu’ils ont été élus sur ce programme, le seul possible, et c’est pourquoi ils n’ont pas le sentiment de trahir les intérêts européens. D’une part ils sont convaincus qu’ils incarnent le désir conscient ou inconscient des européens de se sentir de plus en plus américains.
D’autre part, ils pensent que « soudés » aux Etats-Unis ils seront plus forts pour faire face à la montée en puissance des pays émergents non-européens ou aux éventuelles « menaces » réelles ou supposées contre l’ordre occidental du monde. Dans ces conditions, on ne peut même pas définir l’UE comme une organisation régionale. C’est un espace politique, économique, financier et militaire européen subsidiaire du territoire nord-américain. Paradoxalement, avec la crise de l’euro cet ensemble transatlantique achève de se structurer au moment où les Etats-Unis s’enfoncent dans une crise profonde et où leur leadership mondial est contesté. Avec le traité de Lisbonne on a confié à l’OTAN la défense de l’Europe, maintenant c’est la monnaie qui passe sous contrôle américain : défense et monnaie sont les deux attributs fondamentaux de l’indépendance auxquels l’Europe a renoncé.
La politique américano-britannique a finalement atteint son objectif de torpiller le projet d’une Europe politiquement et économiquement forte et indépendante.
..

Avec une Europe contrôlée par les Etats-Unis il me paraît logique que l’Euro tende progressivement vers la parité avec le dollar, c’est à dire que l’on s’achemine vers une dollarisation de la zone euro. Dans la logique économique et financière dominante, ceci conviendrait à la fois à l’Europe car elle retrouverait la compétitivité qu’elle a perdue avec un euro fort et aux Etats-Unis qui parachèveraient ainsi leur main mise sur l’Europe. __Le poids de l’Europe dans le commerce mondial diminue rapidement, et face à l’irruption de nouveaux acteurs commerciaux comme la Chine, l’euro ne pourra pas conserver sa place de grande monnaie d’échange à côté du dollar. Il faut aussi se souvenir qu’avec l’élargissement à l’Est de l’UE dans les années 90, les nouveaux venus se sont ouvertement prononcés pour la dollarisation de l’Europe. Leur aspiration profonde est d’appartenir à la zone dollar, ce qui « verrouillerait » le dispositif de sécurité au sens large que leur donne leur appartenance à l’OTAN : ils souhaitent un double parapluie américain, la défense et la monnaie. Pour eux l’euro c’est bien, mais le dollar c’est mieux ! Et peu importe si l’économie américaine est en ruine. Ce sont des restes des traumatismes de la guerre froide et de leur perception de la « menace » que constitue toujours pour eux la Russie.

Le plan de « sauvetage » euro-américain fera d’une pierre deux coups :
d’une part il permettra de consolider le leadership américain face aux BRIC et en particulier à la Chine, qui est la véritable obsession des américains. L’Europe comme centre de pouvoir mondial pouvant faire contrepoids aux Etats-Unis dans la « famille » occidentale » est rayée de la carte. La consigne est donc de faire bloc derrière le leader naturel du monde occidental, c’est ce qu’Obama a demandé à ses alliés européens dès son élection, pour tenter d’enrayer une perte inexorable d’influence dans le monde. Mais de la part des européens c’est une politique à courte vue, une fuite en avant, qui nie la réalité des nouveaux rapports de force qui se mettent en place dans le monde.
D’autre part, il donnera le coup de grâce à ce qui reste du modèle social européen en généralisant le tatcherisme à tout le continent.

Pourtant il n’y avait aucune fatalité dans cette évolution de l’Europe, elle a été délibérément décidée. Au risque de paraître nostalgique et ringard, je pense que l’Europe aurait dû et pouvait suivre un autre chemin que celui de sa dissolution/désintégration dans le bloc occidental. Mais y a-t-il aujourd’hui une majorité d’européens pour partager cette aspiration ? Les élections qui ont lieu dans les différents pays n’indiquent pas que les européens demandent un changement de cap. Malgré les mouvements sociaux qui commencent à se manifester, les gouvernements n’auront pas d’autre choix que de se plier aux injonctions du FMI et du marché. Les « socialistes » au pouvoir ou dans l’opposition acceptent comme inévitable le traitement de choc imposé par leur ami Dominique Strauss-Khan...

Je suis frappé par l’influence qu’exerce, pas toujours discrètement, et souvent avec cynisme, la Grande-Bretagne. Elle ne fait pas partie de la zone euro, mais son poids dans toutes les discussions financières est énorme. En général toutes ses décisions s’inscrivent dans la continuité de sa politique atlantiste. Elle a su habilement tirer profit de son appartenance à l’UE tout en gardant les mains libres. Son déficit public est colossal, mais elle invente l’expression péjorative des « PIGS » pour désigner les parias de l’Europe (en majorité méditerranéens). Elle ne participe pas au sauvetage de la Grèce, et bloque toute tentative de réguler les fonds spéculatifs situés dans leur grande majorité à la City de Londres. Très fort ! L’Allemagne est aussi très proche des Etats-Unis mais défend des intérêts qui lui sont propres. Quand au Président Sarkozy, sa crédibilité est très faible. Tout en prétendant peser sur les grands débats mondiaux et « refonder le capitalisme », il accepte en réalité que tout continue comme avant. La réforme du système financier international est en panne, ses grandes déclarations contre les spéculateurs ou les excès du marché ne sont suivis d’aucun effet. Au-delà de nos frontières, son discours n’est pas pris au sérieux et ses gesticulations paraissent bien dérisoires...."

-
La vision Européenne de Pierre Charasse
_______-Geopolintel
- PROPOSITION DE RÉSOLUTION DU PARLEMENT EUROPÉEN, par Pervenche Berès
- Pourquoi il faut sortir de l'U.E
-
L’architecture du bloc euro-atlantique
-Régulation financière: Etats-Unis 1-Europe 0
_______________________________
- Vers deux euros ?
-Une France américanisée ?
-Nouvel ordre politique mondial ?
- Vers l'Union atlantique ?
-Vers une Europe asservie ?