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lundi 2 septembre 2013

Point d'histoire

Israël: le mythe de l'exil
                                         Une émission intéressante sur Arte vendredi soir, qui soulève une question débattue en Israël même, qui a été et reste au coeur du projet sioniste.
La notion de l'exil est la thématique dominante du monde juif croyant et préside à la fondation de l'Etat d'Israël, exil conditionnant celle du retour..[ L'an prochain à Jérusalem, ville chargée de  mythes et objet de conflits entre toutes.]
Mais s'agit d'un retour et y a-t-il eu véritablement exil?
      Un chercheur israëlien indiquait que l'exil semble avoir été, si l'on en croit les textes,  toujours d'actualité: depuis Abraham, quittant Ur en Chaldée, les Hébreux fuyant l'Egypte, quittant plus tard Babylone...puis expulsés par les troupes romaines après le deuxième révolte...  si l'on en croit les mythes officiels et les récits bibliques, tels qu'une tradition religieuse les a livrés, contestés par nombre d''intellectuels israëliens eux-mêmes, souvent caricaturés, vu les réactions passionnelles que leurs analyses engendrent.
_Tout porte à croire que le thème du retour a été surtout forgé à Babylone, dans  certains groupes juifs et a servi rétrospectivement à interpréter l'histoire passée et comme de grille de lecture pour les présumées conséquences de l'épisode de l'occupation romaine.
     Or, il n'y aurait pas eu d'exil après la destruction du Temple et il y a de fortes probabilités, de nombreux indices archéologiques et culturels l'indiquent, que les Palestiniens d'aujourd'hui sont les descendants des Juifs d'hier, arabisés à partir du 7° siècle. De plus, il n'était pas dans les pratiques de la politique romaine de vider un pays occupé de ses habitants. Ils en ont certainement déplacé un certain nombre, notamment de Jérusalem, transférés certains à Rome comme signes de victoire, mis quelques-uns en esclavage, mais un transfert massif est de l'ordre de l'imaginaire. De plus, la diaspora juive existait déjà depuis longtemps tout autour de la Méditerranée.
         Cette thèse iconoclaste pour l'orthodoxie juive est confortée par les études historiques de l'historien israëlien Schlomo Sand et indirectement par les recherches archéologiques de l'équipe de Finkelstein.
"La Déclaration d’indépendance d’Israël dit que le peuple juif est né sur la terre d’Israël et a été exilé de son pays natal. Chaque écolier israélien apprend que cela s’est passé pendant la période de domination romaine, en 70 après J-C.. La nation est restée fidèle à sa terre, à laquelle elle a commencé à revenir après deux millénaires d’exil. Faux, dit l’historien Shlomo Sand, dans l’un des livres les plus fascinants et stimulants publiés ici depuis longtemps. Il n’y a jamais eu de peuple juif, seulement une religion juive, et l’exil non plus n’a jamais eu lieu - il n’y a donc pas eu de retour. Sand rejette la plupart des histoires de la formation de l’identité nationale dans la Bible, y compris l’exode d’Égypte et, de façon plus satisfaisante, les horreurs de la conquête sous Josué. Tout cela est de la fiction et un mythe qui a servi d’excuse à la création de l’État d’Israël" affirme Sand. 
 La notion de peuple juif est donc une invention, un mythe, forgé pour les besoins de la cause, à la suite des idées et du projet sioniste de T.Herzl.
                                    "D’après Sand, la description des Juifs comme un peuple d’exilés, errant et se tenant à l’écart, qui « ont erré sur mers et sur terres, sont arrivés au bout du monde et qui, finalement, avec la venue du sionisme, ont fait demi-tour pour revenir en masse sur leur terre orpheline », cette description ne relève que d’une « mythologie nationale ». Tout comme d’autres mouvements nationaux en Europe, qui ont revisité un somptueux âge d’or pour ensuite, grâce à lui, fabriquer leur passé héroïque – par exemple, la Grèce classique ou les tribus teutonnes – afin de prouver qu’ils existaient depuis fort longtemps, « de même, les premiers bourgeons du nationalisme juif se sont tournés vers cette lumière intense dont la source était le royaume mythologique de David » (p. 81).
Mais alors, quand le peuple juif a-t-il réellement été inventé, selon l’approche de Sand ? « Dans l’Allemagne du 19e siècle, à un certain moment, des intellectuels d’origine juive, influencés par le caractère ‘volkiste’ du nationalisme allemand, se sont donné pour mission de fabriquer un peuple « rétrospectivement », avec la soif de créer une nation juive moderne. A partir de l’historien Heinrich Graetz, des intellectuels juifs commencent à esquisser l’histoire du judaïsme comme l’histoire d’un peuple qui avait un caractère national, qui est devenu un peuple errant et qui a finalement fait demi-tour pour revenir dans sa patrie. »
                 La déconstruction du mythe national de l'Etat d'Israël ne va pas sans susciter des réactions parfois violentes, surtout dans le milieu des Juits ultra-orthodoxes et /ou nationalistes. Remettre en question une tradition et des convictions revendiquant la réappropriation de la terre sacralisée (aux contours imprécis) donc légitime ne peut aller pour l'instant sans vives contestations privées ou officielles.Nous avons eu, nous aussi nos mythes historiques.
  Les révélations du réalisateur israélien Ilan Ziv semblent plutôt libératrices.
Selon   Uri Avnery, « Si nous, les Israéliens, voulons consolider notre nation, nous devons nous libérer des mythes qui appartiennent à une autre forme d’existence et redéfinir notre histoire nationale. L’histoire sur l’exode d’Egypte est bonne en tant que mythe et allégorie - elle célèbre la valeur de la liberté - mais nous devons reconnaitre la différence entre mythe et histoire, entre religion et nation, entre une diaspora et un Etat, afin de trouver notre place dans la région dans laquelle nous vivons et développer une relation normale avec les peuples voisins..."
Gush Shalom ajoute:If we, the Israelis, want to consolidate our nation, we have to free ourselves from the myths that belong to another form of existence and re-define our national history.
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jeudi 1 mai 2008

Israël : entre mythe et histoire

Toutes le nations jeunes entretiennent une part de mythologie dans le rapport à leur passé , pour justifier leur existence, des choix politiques récents ou/et actuels..?Pourquoi Israël échapperait-il à la règle ?

Quand des Israëliens parlent de leur passé...

Naissance d’une nation:
[The Lion and the Gazelle - Gush Shalom - Israeli Peace Bloc]

« Si nous, les Israéliens, voulons consolider notre nation, nous devons nous libérer des mythes qui appartiennent à une autre forme d’existence et redéfinir notre histoire nationale. L’histoire sur l’exode d’Egypte est bonne en tant que mythe et allégorie - elle célèbre la valeur de la liberté - mais nous devons reconnaitre la différence entre mythe et histoire, entre religion et nation, entre une diaspora et un Etat, afin de trouver notre place dans la région dans laquelle nous vivons et développer une relation normale avec les peuples voisins...

...DANS LES 300 dernières années, l’Europe est devenue "nationale". La nation moderne a remplacé les modèles sociaux antérieurs, tels que la ville-Etat, la société féodale et l’empire dynastique. L’idée nationale a emporté tout ce qui était avant elle, y compris l’histoire. Chacune de ces nouvelles nations a modelé sa propre "histoire imaginaire". En d’autres termes, chaque nation a remanié d’anciens mythes et faits historiques pour constituer une "histoire nationale" qui proclame son importance et sert de ciment unificateur.
La Diaspora juive, qui - comme indiqué ci-dessus - était "normale" il y a 2.000 ans, devint "anormale" et exceptionnelle. Ceci attisa la haine des Juifs qui était d’une certaine façon rampante dans l’Europe chrétienne. Comme tous les mouvements nationaux en Europe étaient plus ou moins antisémites, beaucoup de juifs sentirent qu’ils étaient laissés "en dehors", qu’ils n’avaient pas leur place dans la nouvelle Europe. Certains d’entre eux décidèrent que les juifs devaient se conformer au nouveau Zeitgeist [esprit du temps - ndt] et transformer la communauté juive en une "nation" juive.
Pour ce faire, il était nécessaire de reconstruire et de réinventer une histoire juive et de la transformer à partir des annales d’une diaspora ethnico-religieuse en l’histoire épique d’une "nation". Le travail fut entrepris par un homme qui peut être considéré comme le parrain de l’idée sioniste : Heinrich Graetz, juif allemand qui fut influencé par le nationalisme allemand et créa l’histoire juive "nationale". Ses idées ont formé la conscience juive jusqu’à ce jour.
Graetz considéra la Bible comme si elle était un livre d’histoire, collecta tous les mythes et créa une version historique continue et complète : la période des Pères, l’exode d’Egypte, la conquête de Canaan, le "Premier Temple", l’exil à Babylone, le "Second Temple", la destruction du Temple et l’exil. C’est l’histoire que nous avons tous appris à l’école, la fondation sur laquelle le sionisme fut construit.
LE SIONISME représenta une révolution dans de nombreux domaines, mais sa révolution mentale fut incomplète. Son idéologie transforma la communauté juive en un peuple juif, et le peuple juif en une nation juive- mais sans jamais définir clairement les différences entre eux. Pour persuader les masses juives d’Europe orientale plutôt religieuses, il fit un compromis avec la religion et mélangea tous les termes en un grand cocktail - la religion est aussi une nation, la nation est aussi une religion, et plus tard il affirma qu’Israël était un "Etat juif" qui appartenait à ses citoyens (juifs ?) mais aussi au "peuple juif" à travers le monde. La doctrine israélienne officielle est qu’Israël est un "Etat-nation juif", mais la loi israélienne définit étroitement un Juif seulement comme une personne qui appartient à la religion juive..." [Heinrich Graetz ]

Shlomo Sand : Comment le peuple juif fut inventé : De la Bible au sionisme

-Le « peuple juif » : une invention...
La Déclaration d’indépendance d’Israël dit que le peuple juif est né sur la terre d’Israël et a été exilé de son pays natal. Chaque écolier israélien apprend que cela s’est passé pendant la période de domination romaine, en 70 après J-C.. La nation est restée fidèle à sa terre, à laquelle elle a commencé à revenir après deux millénaires d’exil. Faux, dit l’historien Shlomo Sand, dans l’un des livres les plus fascinants et stimulants publiés ici depuis longtemps. Il n’y a jamais eu de peuple juif, seulement une religion juive, et l’exil non plus n’a jamais eu lieu - il n’y a donc pas eu de retour. Sand rejette la plupart des histoires de la formation de l’identité nationale dans la Bible, y compris l’exode d’Égypte et, de façon plus satisfaisante, les horreurs de la conquête sous Josué. Tout cela est de la fiction et un mythe qui a servi d’excuse à la création de l’État d’Israël, affirme-t-il....[An invention called 'the Jewish people' - Haaretz - Israel News]

-Je suis un khazar fier de l'être
"Sand essaie de démontrer que les Juifs qui vivent aujourd’hui en Israël et en d’autres endroits dans le monde, ne sont absolument pas les descendants du peuple ancien qui vivait dans le royaume de Judée à l’époque du premier et du second Temple. Ils tirent leur origine, selon lui, de peuples variés qui se sont convertis au cours de l’Histoire en divers lieux du bassin méditerranéen et régions voisines...Il tente de prouver que le peuple juif n’a jamais existé comme « peuple-race » partageant une origine commune mais qu’il est une multitude bigarrée de groupes humains qui, à des moments différents de l’Histoire, ont adopté la religion juive. ..D’après Sand, la description des Juifs comme un peuple d’exilés, errant et se tenant à l’écart, qui « ont erré sur mers et sur terres, sont arrivés au bout du monde et qui, finalement, avec la venue du sionisme, ont fait demi-tour pour revenir en masse sur leur terre orpheline », cette description ne relève que d’une « mythologie nationale ». Tout comme d’autres mouvements nationaux en Europe, qui ont revisité un somptueux âge d’or pour ensuite, grâce à lui, fabriquer leur passé héroïque – par exemple, la Grèce classique ou les tribus teutonnes – afin de prouver qu’ils existaient depuis fort longtemps, « de même, les premiers bourgeons du nationalisme juif se sont tournés vers cette lumière intense dont la source était le royaume mythologique de David ...
...Le peuple ne s’est pas disséminé, c’est la religion juive qui s’est propagée. Le judaïsme était une religion prosélyte. Contrairement à une opinion répandue, il y avait dans le judaïsme ancien une grande soif de convertir. Les Hasmonéens furent les premiers à commencer à créer une foule de Juifs par conversions massives, sous l’influence de l’hellénisme. Ce sont les conversions, depuis la révolte des Hasmonéens jusqu’à celle de Bar Kochba, qui ont préparé le terrain à la diffusion massive, plus tard, du christianisme. Après le triomphe du christianisme au 4e siècle, le mouvement de conversion a été stoppé dans le monde chrétien et il y a eu une chute brutale du nombre de Juifs....
... Aucune population n’est restée pure tout au long d’une période de milliers d’années. Mais les chances que les Palestiniens soient des descendants de l’ancien peuple de Judée sont beaucoup plus élevées que les chances que vous et moi en soyons. Les premiers sionistes, jusqu’à l’insurrection arabe, savaient qu’il n’y avait pas eu d’exil et que les Palestiniens étaient les descendants des habitants du pays. Ils savaient que des paysans ne s’en vont pas tant qu’on ne les chasse pas. Même Yitzhak Ben Zvi, le second président de l’Etat d’Israël, a écrit en 1929, que "la grande majorité des fellahs ne tirent pas leur origine des envahisseurs arabes, mais d’avant cela, des fellahs juifs qui étaient la majorité constitutive du pays". » Et comment des millions de Juifs sont-ils apparu tout autour de la Méditerranée ?« Le peuple ne s’est pas disséminé, c’est la religion juive qui s’est propagée...."[Shattering a 'national mythology' - Haaretz - Israel News]---[Histoire des Khazars ]---[Les Berbères de Les Juifs en terre d'Islam ]--

-Israël et sa « Destinée Manifeste »
-Israël, du mythe à l'histoire[André PAUL - Clio ]
- Israël : notre part de mensonge, par Schlomo Sand
->>>>Livnat Limor<<< -Les mots et la terre. Les intellectuels en Israël
-Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman, Les rois sacrés de la Bible
->>La Bible dévoilée - Wikipédia (article en chantier)<< - Esther Benbassa, historienne du judaïsme
-Révolution laïque pour le sionisme, par Zeev Sternhell
-Abandonner le ghetto sioniste (I/II)
---------------------------------------------------------------
- Le monde moderne et la question juive d'Edgard Morin
-Quel rapport à la la judéité ?
-Une géographie de la violence
-C.Enderlin: un journaliste exposé
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-George Bush, croisé mystique de Sion

jeudi 18 janvier 2018

Point d'histoire

Ces Khazars oubliés    [Jalons]
                        Une brève existence aux prolongements discutés.
     L' historien israëlien Schlomo Sand, comme d'autres, se déclarait il y a peu khasar, fier de l'être, remettant en question une mythologie nationale ayant été à l'origine de son pays.
    Le mythe fondateur de l'exil avait été l'élément idéologique fondateur du retour sur la terre d'origine.
    Le discours officiel sur le retour du peuple juif dans sa terre serait un discours construit a posteriori, comme il arrive souvent dans l'histoire, où le mythe s'élabore souvent facilement pour fonder une légitimité.
   Mais qu'en est-il de cette thèse qui n'est pas sans intérêt mais qui suscite de nombreux débats entre historiens et d'autres, plus passionnés, en terre d'Israël, surtout à l'heure où le sionisme politique est en cours d'extension en Cisjordanie notamment.
      Qui furent ces Khazars, ce  royaume englouti  qui aurait été à l'origine de la branche askkénase?
  Un peuple de nomades au secours de Byzance, qui disparut sans laisser de traces, un peuple qui a préservé le Caucase de la conquête arabe musulmane et soutenu la lutte de l’empire byzantin contre son puissant voisin perse. Aux VIIe-IXe siècles, il jouait donc un rôle déterminant sur la scène du monde.
Plus étonnant encore : ce peuple turcophone s’est en partie converti au judaïsme, cas unique en son genre.   S’ils réussissent à garder leur identité de peuple de la steppe, jusqu'à se convertir au judaïsme, ils conservent aussi un pouvoir essentiellement clanique, sans État. Au moindre signe de faiblesse, les clans et tribus qui leurs sont soumis sont tentés de se révolter. Après une période de troubles dans les années 830, le rapport de force se renverse dans la seconde moitié du IXe siècle et conduit à la chute de l'empire khazar.
    Thomas Tanase est aeez prudent dans son interprétation
          "Cela ne signifie pas pour autant que les Khazars n’aient laissé aucun héritage. Arthur Koestler a popularisé l’idée d’une « treizième tribu » d’Israël, postulant que les Khazars auraient été la véritable origine des populations ashkénazes, ces communautés juives d’Europe centrale et orientale.  Les historiens ont plus que nuancé cette idée, qui repose sur une exagération manifeste. Ils ont parfois nié en bloc toute forme de lien, surtout si l’on estime que la conversion des Khazars n’a jamais concerné qu’une élite restreinte. Mais ce point de vue est lui-même aujourd’hui de plus en plus souvent nuancé.  De fait, une part du peuple khazar s’est bien convertie au judaïsme. Il n’est donc pas impossible, même si cela fait toujours l’objet d’un débat, que des groupes d’origine khazare aient été intégrés dans les populations juives est-européennes ou russes. Mais il ne s’agirait alors que d’un élément parmi bien d’autres, sans doute limité, dans une formation qui s’inscrit sur le temps long.   Les Turcs seldjoukides, appelés à une grande destinée, à l’origine lointaine de la Turquie moderne, sont issus de ces Oghouz qui ont côtoyé les Khazars ; on s’est parfois demandé, là aussi à titre d’hypothèse, si le fait que le fondateur de la dynastie, Seldjouk, ait appelé ses fils Mikhaïl (Michel), Yunus (Jonas), Musa (Moïse) et Israël ne témoigne pas d’une influence khazare."
     Ceux qu'on a nommés la treizième tribu d'Israël ont adopté le judaïsme essentiellement par opportunisme et par intérêt.,  à l’intersection de 3 grandes voies commerciales. D’est en ouest, la route de la soie, qui relie la Chine à la Méditerranée, du nord au sud, la route de l’étain et de l’ambre, vers le sud la route de l’encens, en provenance de la corne de l’Afrique et du Yémen en passant par l’Egypte. La route de la soie est un trait d’union entre l’empire chrétien de Byzance et les puissances perses et ensuite musulmanes de l’est et du sud.
  Ces Juifs de la steppe auraient quitté une sorte de religion chamanique pour adopter le judaïsme, afin surtout de se différencier de ses puissants voisins,  Byzance d'un côté, perse de l'autre.
       Si on suit S.Sand, la notion d'un peuple juif homogène, revenant sur ses terres tels qu'ils les ont quiitées pose problème. Le problème se pose aussi pour la branche  séfarade, qui serait l'aboutissement de nombreuses conversions en Afrique du Nord, de certains peuples berbères notamment 
   Mais épouser à la lettre sa thèse pose problème pour certains historiens, qui sont en fait partagés sur le sujet. à des degrés divers. En Israël, le déconstructivisme de Shlomo Sand et de quelques autres est diversement accueilli. Parfois avec hostilité, surtout dans les milieux religieux fondamentalistes (on le comprend, étant donné le poids des dogmes ambiants et le littéralisme de la lecture biblique) ou avec intérêt, surtout dans les milieux universitaires. 
          Encore du travail pour la recherche à venir, l'archéologie, la génétique des populations...
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lundi 13 mars 2023

Israëliens en colère

La rue ne désarme pas

                                  Surtout à Tel Aviv. Contre la grave dérive gouvernementale Surtout après Huwava. La surdité du pouvoir et le risque de dictature ne sont pas des mythes. Au bord de l'irréparable? Le Sionisme radical, dans le plus pur esprit de Jabotinsky et de ses épigones serait-il en train de se réaliser?                                           ___   La Cisjordanie vit des heures dramatiques. Israël se fracture. C'est Israël contre Israël.  "...Pourtant accoutumé aux outrances, l’espace public israélien a pris ces derniers jours une tournure quasi apocalyptique qui fait parfois dire qu’Israël serait au bord de la rupture, voire de la guerre civile, avec l’arrivée au pouvoir du gouvernement Nétanyahou et sa volonté de remettre en cause l’édifice institutionnel du pays. Emmené par des ministres partisans du suprémacisme juif, au premier rang desquels Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, le gouvernement entend faire passer un train de « réformes » contestées massivement et toutes les semaines dans la rue...."   Est-ce la fin d'un mythe? Celle d'une fiction déjà démontée par les nouveaux historiens israëliens, comme Schlomo Sand. La cécité est totale. Les colons radicaux jubilent. Mais la colonisation reste un point aveugle, trop peu évoquée, dans ses principes comme dans ses effets....

        * Discours de  Yuval Noah Harari: 

 Discours du Professeur Yuval Noah Harari au cours de la grande manifestation du samedi 4 mars 2023 à Tel-Aviv, sur le coup d'État en cours en Israël. Merci à ma cousine Martine Hazan pour la traduction.
Chères amies et chers amis, nous sommes au cœur d'une tempête historique, cette tempête n’éveille en nous ni colère ni haine, mais elle éveille la peur. Nous sommes angoissés, nous n’en dormons pas la nuit, nous avons simplement peur. Et c'est tout à fait normal !
Il y a des moments dans l'histoire où la peur reflète une véritable réalité , il y a des moments dans l'histoire, où la peur est une émotion utile, car elle nous pousse à agir ! Aujourd'hui, nous avons une excellente raison d'avoir peur et nous avons une excellente raison d'agir.
Ce que fait ce gouvernement n'est pas une réforme - c'est un coup d'état ! C’est exactement à cela que ressemble un coup d'état !
Les coups d'État ne se matérialisent pas nécessairement avec des chars dans les rues. De nombreux coups d'État dans l'histoire ont été concrétisés à l’abri des regards, avec des stylos et du papier, et au moment où les gens avaient compris le sens des textes qui y étaient couchés, il était déjà trop tard pour résister.
L'histoire est pleine de dictatures créées par ceux qui sont arrivés légitimement au pouvoir.
La signification de l'ensemble de lois que le gouvernement essaie de faire passer est simple - à partir de maintenant, le gouvernement pourra abolir totalement nos libertés !
61 membres de la Knesset pourront adopter n'importe quelle loi raciste, oppressive et sinistre qu’ils pourront imaginer.
61 membres de la Knesset pourront également modifier le système électoral à leur guise, et nous ne pourrons donc plus les écarter du pouvoir !
Quand on demande aux dirigeants qui soutiennent ce coup d’État : « Qu'est-ce qui malgré tout, constituera un frein pour le gouvernement avec ce nouveau régime, et qu'est-ce qui protégera les droits de l'homme ? », la seule réponse qu'ils donnent est : « Faites-nous confiance ».
Avec tout le respect que je vous dois - nous ne vous faisons pas confiance ! Vous mettez en pièce la convention qui, depuis 75 ans, maintient notre société unie et vous attendez de nous qu'on vous fasse encore confiance ?!
Netanyahou, Levin, Rothman, nous ne vous faisons pas confiance, car nous savons ce que vous voulez - vous voulez un pouvoir illimité ! Vous voulez nous imposer le silence et nous dire comment vivre ! Vous voulez nous dire quoi manger, quoi porter, quoi penser et qui aimer.
Mais vous ne comprenez pas à qui vous avez affaire. Les Israéliens ne sont pas du bois dont on fait des esclaves ! Nous, Israéliens, nous sommes têtus, nous sommes libres et personne n'a jamais réussi à nous faire taire ! Nous ne vous permettrons pas de transformer Israël en dictature !!
Alors que va-t-il se passer dans les semaines à venir ? Ils continueront à essayer de faire passer les lois tyranniques. Ils continueront également à nous traiter d'anarchistes et de traîtres, et exploiteront, voire se feront l’instigateur d’un événement immodéré pour réprimer la protestation. Pour notre part, nous continuerons à manifester et nous veillerons à ce que les juges de la cour suprême bénéficient du soutien du peuple et soient animés de la volonté pour invalider les lois de la tyrannie. Et que se passera-t-il si le gouvernement n'accepte pas la décision de la Cour suprême ? Nous entrerons alors dans ce qu'on appelle une « crise constitutionnelle ». Une crise constitutionnelle est une terre inconnue où il n'y a ni lois ni règles !
À qui la police obéira-t-elle alors - au gouvernement ou au tribunal ? A qui obéiront le Shin Bet et le Mossad, à qui obéira Tsahal ? Et la question la plus importante sera - que feront les citoyens ? Les sondages sont clairs - une grande majorité de citoyens israéliens s'oppose aux agissements du gouvernement. Mais les sondages n'arrêtent pas la tyrannie. L'histoire montre que les citoyens sont la dernière et la principale ligne de défense de toute démocratie. La démocratie est une convention selon laquelle les citoyens doivent respecter les décisions du gouvernement - à condition que le gouvernement maintienne les libertés fondamentales des citoyens. Lorsqu'une des parties viole cette convention, l'autre partie ne doit pas continuer à la respecter !
Quand un gouvernement tente d'établir une dictature - les citoyens sont autorisés à s'y opposer !!
Il s'agit d'une heure historique pour les citoyens d'Israël, espérons que ce ne soit pas également notre dernière heure . Nous devons relever la tête maintenant - ou la garder baissée pour le reste de notre vie ! Nous devons élever la voix maintenant - ou nous taire pour toujours ! C'est le moment de manifester, c'est le moment de crier, et c'est aussi le moment de ne pas s’exécuter !
Par exemple, en tant que professeur d'université, j'espère que tant que le coup d'État continuera, nous fermerons toutes les institutions universitaires en Israël ! Nous devons, bien sûr, continuer à soutenir nos étudiants en ce moment difficile, mais il faut arrêter les cours ordinaires et ne parler que de démocratie, des droits de l’homme et de liberté.
Et si l’un de nous a des difficultés à se mettre officiellement en grève, - je suis convaincu qu'en tant qu'Israéliens nous trouverons les moyens ingénieux pour baisser de régime et de déroger aux directives. Chacun d'entre nous peut mettre un petit bâton dans les roues du coup d'État. Et enfin, comme tout Israélien qui se respecte, je voudrais profiter du fait qu'on m’a donné un micro pour transmettre quelques messages personnels.
Esther Hayut et Gali Bahrav-Miara, vous avez été investies d’une des fonctions ’des plus difficiles et des plus importantes de l'histoire de l'État d'Israël. C'est une énorme responsabilité, et c'est un grand privilège ! Il ne faut pas plus d’une heure à certains pour passer à la postérité. C’est votre heure ! N'abandonnez pas et n'hésitez pas - protégez notre liberté !
Au président Herzog et aux chefs des partis d'opposition - protégez notre liberté, elle n’est pas négociable ! Quand un tigre vient nous dévorer, il est impossible de faire un compromis et de le laisser nous dévorer à moitié ! Et aux réservistes qui hésitent - ne soyez pas au service des dictateurs ! Votre pacte est avec la démocratie israélienne, pas avec ses fossoyeurs !
A Tsahal, au Shin Bet, au Mossad et à la police israélienne - si par malheur le moment de vérité arrive, faites le bon choix ! L’Histoire se souviendra de vous comme de ceux qui auront protégé les citoyens, pas les dictateurs !
À tous les manifestants qui sont venus ici ce soir et à tous ceux qui participent aux dizaines de manifestations dans tout Israël - vous êtes l'espoir de la démocratie israélienne ! Si nous persévérons dans le combat, ensemble nous vaincrons !!
Et enfin, en notre nom à tous, je désire transmettre un message clair à Netanyahou, Levin, Rothman et leurs amis - c'est vrai, vous disposez de 64 sièges, mais cela ne veut pas dire que vous êtes autorisé à vous asseoir sur tout !
Ne touchez pas à notre liberté !
Stoppez le coup d'État - ou nous stopperons le pays !!