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lundi 24 octobre 2011

Le Président et l'histoire


Il était une fois un président qui se piquait d'histoire

____Mal lui en prit, car c'était souvent des références discutables.

_Disons qu'il revisitait le passé de manière très subjective, approximative, édifiante, intéressée, à la manière des hommes politiques du 19° S, qui y voyaient un vivier d'exemples à fournir, de valeurs entraînantes à illustrer, de situations stimulantes à proposer.
Une histoire revue et corrigée, propre à faire rêver, nouveau storytelling, qui escamote ou adoucit les périodes conflictuelles.
..."Même enveloppée de légende", comme osait le dire le bon Lavisse, à l'époque de Jules Ferry, voulant que les instituteurs participent ainsi à la formation morale et civique de l'enfant et forment des citoyens prêts à s'engager dans l'aventure guerrière qui se préparait.
Mais la reconstruction d'un roman national n'a pas produit l'effet escompté, à l'heure où décline l'étoile élyséenne et où
le roi est nu.

__Vis à vis d'autres pays, il a usé des mêmes schémas simplificateurs, des mêmes mythes.
On se souvient du Discours de Dakar où il déclara sans sourciller, sans doute victime de son nègre , disent les plus indulgents: "
le « drame de l'Afrique » vient du fait que « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire. […] Le problème de l'Afrique, c'est qu'elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l'enfance. […] Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine ni pour l'idée de progrès ."
Un européocentrisme, un essentialisme et un ignorance sidérantes pour les observateurs, même non avertis.
On le sait mieux maintenant
, l'Afrique a une histoire.
Ce continent oublié, ce passé occulté nous revient aujourd'hui après quelques siècles de silence. Pour les colonisateurs, l'Afrique était une page vierge où l'Europe allait inscrire ses valeurs, au nom d'une civilisation de référence et d'intérêts bien compris. Pour s'installer en Afrique et l'exploiter en toute bonne conscience, il fallait bien "infantiliser" ce continent de
grands enfants, comme l'avait bien vu ironiquement Montesquieu:
"
Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique, pour s’en servir à défricher tant de terres._Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves._Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre._On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout bonne, dans un corps tout noir..."

Après la période coloniale, la Françafrique a pris le relai, faisant mine de gérer l'indépendance, comme au Gabon où
Sarkozy réécrit l'histoire
Paris a forcé la main aux Africains:
"... l'indépendance imposée aux Africains, bien que décidée par Paris avec la bénédiction de Washington au gré des préjugés les plus réactionnaires et de vils calculs, fut présentée comme le triomphe des idées progressistes, de la liberté, de la modernité politique et, ironie suprême, de la volonté des Africains."
L'Afrique de "Papa" n'est pas finie...




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