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samedi 25 août 2018

Trump et la théorie du chaos

La cohérence du chaos.
                               Trumperies et action politique.
          Mais où va notre grand Twitter?
    Qui sème tant de confusions et d'inquiétudes, pas seulement dans son pays, mais aussi dans les chancelleries étrangères et même...à la Maison Blanche.
   Face au grand barnum qui semble se dérouler à Washington et ailleurs, déclenchant critiques et interrogations dans la presse même conventionnelle (même à Fox Nows!), certains imaginent le grand strumpf Trump comme un excentrique sans expérience ni stratégie et même parfois sans facultés bien assurées.
        Ce n'est pas tout à fait exact aux yeux de certains observateurs, qui voient au-delà de l'incohérence d'apparence, un tweet chassant l'autre dans la plus grande désinvolture, une certaine ligne directrice, parfois peu lisible a priori.
      Y aurait-il une stratégie derrière les quasi-clowneries du constructeur de la Trump-Tower?
 Elle n'est pas facile à saisir, certains reléguant beaucoup de ses faits et gestes dans le domaine de l'improvisation, voire de la pathologie, de l'instabilité mentale, qui mériterait l'impeachement au plus vite.
        La Tribune explique assez bien à quel jeu joue Donald,  qui a pour effet de créer sidération, confusion, donc absence de critique cohérente, durable et unifiée, d'autant plus qu'il tient parole sur de nombreux points de ses engagements de campagne (America first!) et que les milieux d'affaires qui l'ont soutenu se taisent bruyamment. Il trouble, dépiste et joue le jeu de la division, surtout pour échapper à une opposition devenue muette et à une presse critique mais très peu lue par son électorat qui semble ne pas faiblir.

   Aussi bien en interne qu'en politique extérieure, jouant sur l'arbitraire et le privilège exorbitant de l'extéritorialité, il déjoue jusqu' à un certain point les critiques de ceux qui craignent pour les intérêts à long terme de leur pays.
  Il n'hésite devant rien, torpillant les accords passés hier, se rapprochant spectaculairement de celui qui hier était honni...quitte à faire machine arrière le lendemain.
    Il y a une certaine logique dans l'incohérence plus ou moins calculée.
         ...C’est sa version à lui du «en même temps» macronien: Theresa May, par exemple, est à la fois une incompétente qui gère mal le Brexit et une femme formidable qui fait un «super-boulot», comme il l’a dit lors de sa tournée en Grande-Bretagne il y a quelques jours.
                         Mais jusque quand durera ce jeu savamment entretenu, parfois improvisé? 
     Pour comprendre véritablement la stratégie de Trump, il faut recruter à la théorie du chaos dont il est un adepte. Loin de sentir un désarroi devant le chaos, il le provoque. Il utilise celui-ci comme un outil efficace pour négocier, diriger une organisation et ultimement comme moyen d'atteindre ses objectifs. Le chaos lui permet de déstabiliser ses adversaires et de rendre nerveux ses alliés. En créant le chaos, il demeure le maître du jeu.
               Le jeu consiste à créer ici et là des polémiques et à regarder comment l'organisation réagit face au chaos qui en résulte. Cela lui permet d'évaluer les systèmes et les personnes. Il faut voir que le chaos n'est pas aléatoire. Il est ciblé et permet de déceler les points faibles d'une organisation ou d'individus.
    En ce sens, les critiques des dernières semaines sur Trump reposent sur une base erronée. N'ayant pas une vision d'ensemble du plan de jeu du président, ils sont incapables de bien comprendre ce qui se passe vraiment. 
    Que cela soit en politique intérieure ou politique étrangère, Trump multiple les promesses, les diatribes et les insultes en une vitesse vertigineuse. Une nouvelle controverse éclipse la précédente, lui assurant d'avoir constamment une vaste couverture médiatique. Il domine ainsi le cycle des nouvelles. D'ailleurs, devenu président, il a signifié clairement qu'il n'avait pas l'intention de changer son style de gouvernance.
     Donald Trump est un président qui a promis de secouer l'appareil administratif fédéral. La création du chaos est son outil privilégié pour changer rapidement non seulement les politiques, tant intérieures qu'extérieures, mais aussi le mode organisationnel de Washington.
   Loin de se laisser intimider par les manifestations populaires contre ses politiques,         Trump cherche à les susciter. Celles-ci rentrent dans sa stratégie. Plus le chaos devient grand, tant au plan national qu'à l'international, plus il est nécessaire de changer de cap, de remettre en question les politiques établies et de renégocier de nouveaux accords.
     Décidément, Donald Trump veut être un leader transformationnel. Mais pour réaliser ses objectifs, contrairement à Barack Obama, il n'est pas question pour lui de rechercher des consensus ou de miser sur des compromis...   .
       Le grand Twitterman, qui ne comprend pas grand chose à l'économie mondiale ne craint même pas de s'en prendre à des proches, louangés hier, comme son ministre de la justice et bien d'autres avant lui.Entretenir le chaos, voilà l'objectif, comme il faisait déjà comme homme d'affaires plus ou moins apprécié de ses partenaires.
      Comme le suggère quelqu'un d'autre, la présidence inédite de Trump n'est pas celle d'un histrion, même si elle apparaît comme un fatras de bruit et de fureur. Lui-même a repoussé jusque dans des contrées jusqu'ici jamais atteintes les limites du scandale, du sans-gêne, de la propagande et de l'enfumage, si bien que l'extraordinaire et l'inattendu finissent    par ne plus surprendre. 
    Pourtant, le 21 août, Paul Manafort, l'ancien directeur de campagne de Donald Trump, et Michael Cohen, son ancien avocat personnel, ont vu la justice les rattraper pour de bon pour évasion fiscale, fausses déclarations bancaires, etc. Trump continue d'affirmer qu'il n'a rien à voir là-dedans. Une certitude : il est entouré d'aigrefins et lui-même a menti...
       Mais tout semble revenir comme avant et le redneck du Nebraska, branché sur sa chaîne locale, applaudira "celui qui en a..."
    Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose disait Voltaire.
Mais ce jeu ne peut toujours durer. Comme le suggère l'américian d'origine Paul Jorion: et si tout se précipitait? dans ce que le journal canadien Le Temps appelle la cohérence du chaos.
                        God bless America!
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