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samedi 18 août 2018

Point d'histoire

Le clairon et le litron
                        Le pinard au front en 1914-1918
                                                  La vinasse, car le bon vin était inconnu dans les tranchées, fut perçu très tôt par les autorités militaires comme un adjuvant indispensable dans l'effort de guerre, surtout au fur et à mesure que les combats devinrent plus durs, plus cruels, que les assauts devinrent plus problématiques, souvent plus inutiles, plus absurdes aussi.
      L'intendance fit tout pour compenser, depuis Pétain surtout, pour améliorer l'ordinaire. Le pinard prit une place centrale, pour redonner force et moral aux troupes souvent décimées et démoralisées.       On comprit vite le rôle que pouvait jouer ce breuvage abondant, venu d'Algérie par bateaux entiers,qui redonnait au poilu, pour un temps, tant bien que mal, faute de mieux, une arme, l'arme du pinard
  ...Le vin a été, pour les combattants,le stimulant des forces morales comme des forces physiques, et a largement concouru, à sa manière, à la Victoire... (Philippe Pétain)
                 De l'autre côté, la bière et le schnaps ne manquaient pas. Mais Besser Schnaps als schlechtes Bier !
  Pour supporter si longtemps l'insupportable, touts les moyens étaient bons. Le patriotisme des débuts, la coercition plus tard montraient vite leurs limites.
        Jusqu’à la fin du conflit, il est omniprésent sur le front et, si le poilu manque souvent d’eau et de nourriture, il n’est jamais à court de vin. Produit de très gros débit qui répond parfaitement aux standards du ravitaillement à l’échelle industrielle, le pinard s’impose comme le breuvage de la guerre de masse. Ainsi que l’écrit Henri Lavedan dans L’Illustration (13 octobre 1917), « il surpasse encore le café ; c’est le grand jus, numéro un, le régime des régiments ».

  Acheminé d’Algérie par les « cargos pinardiers » qui alimentent quotidiennement le port de Sète ou issu des vignobles du Portugal, de l’Espagne et surtout du Languedoc, le vin est transporté en vrac par convois ferroviaires jusqu’à la zone des armées. Il s’agit d’un vin rouge de qualité très médiocre, tantôt âpre, rêche, raboteux, tantôt aigrelet, acerbe, piquant. Souvent dénigré par les soldats, qui, faute de mieux, s’en accommodent, le pinard mouillé, frelaté, bromuré, trafiqué, empesté est un gros vin rude, bourru, sans distinction, couramment coupé et « remonté » par adjonction de potions chimiques susceptibles de lui redonner certaines des caractéristiques d’une boisson naturelle.
   Mais, purée saumâtre ou petit ginguet sans consistance, il s’impose par ses effets, qui lui rallient les soldats du rang comme les plus hautes autorités politiques, militaires et même scientifiques. « Le vin convient particulièrement à ceux qui ont à fournir un travail puissant et rapide et plus spécialement au soldat qui se bat, observe, dès 1915, le docteur Armand Gautier dans l’un de ses mémoires à l’Académie des sciences. Donner du vin à nos hommes, à la dose très modérée de 50 à 75 centilitres par jour, dans les conditions habituelles ou aux combattants, c’est leur éviter bien des maux (refroidissements, bronchites, pneumonies, diarrhées, etc.), c’est épargner à l’État beaucoup de journées d’hôpital, c’est conserver nos combattants, c’est entretenir leur force et leur bonne humeur. »
   Au combat, le pinard réchauffe les cœurs, donne du courage et suspend, un temps, l’épouvante qui s’empare de chacun au moment de l’assaut. Dans un conflit marqué par une extrême brutalité et par l’expérience quotidienne de la mort, la transgression rendue nécessaire par les nouvelles formes de guerre implique un état de désinhibition entretenu par l’alcool. Sa consommation devient également pour les hommes un moyen de tenir dans l’inaction, en palliant la perte de sens d’une guerre de plus en plus perçue comme absurde. Boire renforce la cohésion des groupes, leur solidarité et leur identité même. C’est encore autour du pinard que se forge parfois l’osmose de combattants aux origines sociales, culturelles et géographiques distinctes....

               Le vin des poilus était devenu breuvage patriotique dans l'enfer vécu presque journellement.
C'était devenu une arme pour la France, dont on est bien incapable de mesurer l'efficacité, étant donné ses effets contradictoires.
Plus tard, pour se donner les moyens d'aller vite et fort dans certaines opérations, puis de façon régulière et massive, l'armée allemande,  le Reich, marchait à la pervitin
Beaucoup plus tard, l'usage de drogues fit des ravages dans l'armée américaine embourbée au Vietnam.
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