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jeudi 21 mars 2019

Petit voyage en Orbanie

Juste un clash?
                        Au sein de la droite européenne assez hétéroclite, Viktor s'est fait taper sur les doigts, malgré des soutiens attendus.
    Ce n'est pas bien méchant et c'est provisoire, plutôt symbolique au sein du PPE, avant les élections à venir.
   Et puis il n'est pas exclu, mais seulement suspendu.
                    Et il gardera la ligne.
         Les alliances objectives sont un peu écornées, Junker fait ce qu'il peut, jouant l'impuissance, mais le but du chantre de la démocrati illibérale ne change pas d'un pouce, quelle que soit l'opposition interne, modeste, et  externe. A voir s'il sera suivi dans son projet de fédération et de contre-révolution...
           "....Réforme de la Cour constitutionnelle, attaques contre la liberté et la pluralité de la presse, affaiblissement de l'indépendance de la justice… Viktor Orban s'emploie depuis des années à limiter l'exercice de la démocratie dans son pays. Ce dernier conteste logiquement cette idée, estimant au contraire mettre en œuvre un autre modèle. A l'instar du parti Droit de justice de Jaroslaw Kaczynski en Pologne, M. Orban se réclame ainsi du concept de "démocratie illibérale", qui permet selon lui de dissocier le libéralisme qu'il rejette, de la démocratie.
    Une dissociation jugée impossible par une large majorité des intellectuels. Pour Luuk van Middelaar, philosophe et professeur de droit européen, la Hongrie s'apparente en effet à une "dictature électorale". Les électeurs, qui n'ont plus de liberté de la presse ou de liberté d'association, "sont encore là pour la façade", mais l'exécutif "n'autorise plus de contre-pouvoirs". Le populisme est "un style de gouvernement", abonde en ce sens Jean-Yves Camus, politologue spécialiste des extrêmes droites. Les populistes "veulent aller au-delà de la démocratie représentative pour aller vers la démocratie directe" et pour "aboutir à une dictature des passions".
    Solidement implanté à son poste, charpenté sur le plan idéologique et convaincu que l'Europe pourrait, demain, "cesser d'être le continent des Européens", c'est dans ce contexte que Viktor Orban chercherait aujourd'hui à prendre la direction d'un mouvement européen (ultra)conservateur, chrétien et anti-immigration. Ce dernier irait de son camp, le Parti populaire européen, jusqu'aux droites radicales et souvent antieuropéennes comme celles de la Ligue de Matteo Salvini en Italie ou du Rassemblement national de Marine Le Pen en France. Les grandes divergences de vues des uns et des autres en matière d'immigration ou plus généralement de construction européenne seront toutefois des obstacles majeurs à surmonter pour le Premier ministre hongrois. Il refuse par exemple la répartition des migrants que souhaite M. Salvini et n'envisage en rien une sortie de son pays de l'UE alors que la question est régulièrement évoquée par le Rassemblement national.
Plus que de bâtir un programme commun, l'objectif principal serait donc plutôt de faire émerger des élections européennes 2019 un puissant pôle illibéral et ainsi de jeter les bases d'une "contre-révolution", pour reprendre le terme de Jacques Rupnik, expert des pays d'Europe centrale et orientale. Viktor Orban pourrait trouver des alliés, objectifs ou de circonstance, pour essayer de "changer l'Union européenne elle-même, ses structures, ses processus de décisions"....
      Mais qu'y a-t-il donc dans le tête de Viktor Orban?
   Même si une certaine opposition interne monte contre lui, notamment concernant les dernières lois sociales régressives, elle est sporadique et dispersée, et, sans liberté de presse et avec la mise au pas du droit, elle aura du mal à s'exercer.
  Déjà l'année dernière, on notait:
               Le nouveau succès électoral du maître de Budapest n'est nullement affecté par les rodomontades de Bruxelles, qui fait la morale à l'enfant terrible, tout en continuant à subventionner comme jamais une économie qui se porte mieux..
    Derrière les menaces, l'Eurogroupe montre sa faiblesse structurelle, tout comme à l'égard de la ligne polonaisedu moment. D'autant plus que Victor joue habilement un double jeu: plutôt sage à Bruxelles, il se déchaîne contre elle à Budapest, jusqu'à la caricature, directement ou par le biais des médias devenus les fidèles serviteurs de sa cause.
     Même si une certaine inquiétude est apparente dans la capitale, le reste du pays est acquis aux thèses de Victor, qui sait jouer habilement sur les peurs." Le Fidesz est accusé d'avoir muselé depuis 2010 de nombreuses institutions et contre-pouvoirs du pays, comme les médias et la justice, mais aussi l'économie et la culture. Le tout légalement, grâce à sa super-majorité au Parlement et sans s'émouvoir des critiques de la Commission européenne et de nombreux observatoires internationaux.
      Même si les dérives hongroises  ne datent pas d'aujourd'hui, se trouve ainsi confortée une certaine radicalisation des droites européennes.
      ...Aujourd’hui, les alliés de Viktor Orbán ne se limitent pas à cette Mitteleuropa perdue dans le multiculturalisme européen. Ils se trouvent aussi dans l’ancienne Europe des Quinze et dans les derniers succès électoraux engrangés çà et là ces derniers mois : entrée de l’AfD au Bundestag en septembre, formation d’une coalition gouvernementale par une droite anti-migrants avec l’extrême droite du FPÖ en Autriche en décembre, campagne électorale dominée par la thématique migratoire en Italie et score historique pour la Lega (extrême droite) en mars
     Dernièrement, c’est même une partie de la droite allemande qui a pris un virage anti-migrants. Le tout nouveau ministre de l’intérieur et chef de la CSU, Horst Seehofer, a marqué le coup dès son entrée en fonction, le mois dernier, en assurant que l’islam n’appartenait pas à l’Allemagne. Quant à la droite française, son orientation, depuis que Laurent Wauquiez a pris la présidence des Républicains, ne laisse pas trop planer de doutes : elle serait clairement islamophobe.    
    Plus que la critique des institutions européennes, c’est ce positionnement identitaire qui rassemble aujourd’hui une partie grandissante des droites européennes... Et qui se trouve légitimité par la reconduction, pour un troisième mandat consécutif, d’un chef de gouvernement en exercice. Une convergence inquiétante, à un an des élections européennes....
     L impuissante de l'Europe face à Viktor Orban est manifeste, victime d'une volonté d'élargissement inconsidéré qui la paralyse. Plus Orban bombe le torse, plus Bruxelles semble impuissant. Que faire face à l’enfant terrible de l’Europe ? Comment faire rentrer dans le rang ce cancre qui a l'insolence de mordre dans l'Etat de droit en lui riant au nez ? La Commission européenne a beau taper du poing sur la table, cela fait déjà huit ans qu'elle se casse les dents sur le cas Orban…
     Dans le pays orange, où la corruption ne va pas se réduire, l'opportuniste de nouveau aux commandes pour quatre ans de plus, ne va pas se gêner pour conforter son pouvoir en utilisant à son profit les faiblesses de l’Union européenne 
       Quatremer n'avait pas tout à fait tort.

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