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samedi 16 mars 2019

Fin de saison

Il y a vieillir et vieillir...
                                    Mourir n'est pas un problème, comme le chantait Brel.
                                              C'est vieillir qui l'est. Le plus souvent.
       Vieillir, c'est notre sort à tous et ce n'est pas toujours drôle, sauf exceptions.
    Les fins de saison sont difficiles. Beaucoup deviennent invisibles.
  Vient le plus souvent le moment de la prise en charge, toujours douloureuse, du fait des pannes prévisibles, des dégradations fatales.

   Cela pourrait se passer le moins mal possible, mais ce n'est guère le cas. Les conditions ne sont pas toujours réunies.
     Ne parlons pas des infâmes mouroirs d'autrefois.
   Mais des modernes  EHPAD d'aujourd'hui. On en parle.
 On en parlera encore. Le dossier est déjà volumineux et parfois accablant.
On y réfléchit, dit-on. Pour quels résultats? Dans quels délais?
       Il y a urgence, même si la situation est contrastée, qui peut parfois virer à la maltraitance de fait, par manque de bras et de temps.
      Des révélations récentes, publiques et privées,  confirment que la situation des résidents peut-être scandaleuse, malgré le dévouement d'un personnel débordé et un manque criant de crédits pour l'essentiel.
    La compression des coûts est parfois peu croyable, sans tenir compte des carences fréquentes de soins.  Ne parlons pas d'attention, d' humanité.
        La dépendance coûte cher. Surtout dans le secteur privatisé avec la bénédiction de l'Etat.
  Le chiffre d'affaires de Korian, par exemple, est particulièrement intéressant et l'investissement est attractif pour les actionnaires.
   Faut-il faire de la dette supplémentaire, demandait Fillon, quand on l'interrogeait sur les manques flagrants.
        Les Ehpads privés ne sont pas mieux lotis, au contraire.
.    Le vrai scandale c'est de demander aux "résidents" de payer 2000 à 4000€/ mois, ce que peu peuvent faire. 
   Des bénéfices extrêmement intéressants qu'ils redistribuent à leurs actionnaires sous forme de dividendes...Les actionnaires sont mieux traités que les résidents dit Philippe Baqué.
   Les maisons de retraite: " Un concentre de ce que  ne veut pas voir l’homme sur son devenir», dit un docteur.
                "Voici venu le temps de l’« or gris », métaphore des profits juteux du marché de la dépendance. « Le business du cacochyme est devenu au fil des ans presque aussi juteux que le casino de Monte Carlo. Une fois les investissements immobiliers amortis, le taux de rentabilité dépasse facilement les 25% et c’est quand même pas mal » note à ce titre le journaliste Daniel Mermet ...La réforme de la dépendance, entamée par le gouvernement, devrait ouvrir des perspectives alléchantes pour un secteur déjà florissant. Et dont un mot d’ordre pourrait paraphraser la maxime d’Alphonse Allais : « Il faut prendre l’argent aux vieux pauvres. Certes, ils n’en ont pas beaucoup, mais ils sont si nombreux ! »...
__Le marché de la « dépendance » (le « marché sénescent », comme disent les gens bien élevés) repose sur deux facteurs ; D’une part, le chiffre croissant des personnes âgées : « 
Ils sont 1,1 millions de personnes âgées de 85 ans et plus dans notre hexagone ; et dans dix ans ils seront près du double […] Selon l’INSEE, le nombre de personnes âgées dépendantes devrait bondir de plus de 40% d’ici à 2020 et devrait quasiment avoir doublé en 2040. Quelle industrie peut se prévaloir d’une aussi réjouissante prévision de marché ? »...


__La prise en charge des personnes âgées dépendantes par les pouvoirs publics est largement insuffisante. Pour plus d’un million de plus de 85 ans, on compte seulement 600000 places dans les maisons de retraites publiques, dont le taux d’occupation est à son maximum . Dès lors, les opportunités sont nombreuses pour les établissements privés, d’autant que les personnes âgées disposent souvent de ressources diverses : leurs propres patrimoine et biens, mais aussi… l’argent de leurs descendants. Qu’il s’agisse des maisons de retraites publiques (par manque de fonds) ou des privées (par quête de rentabilité), les personnels sont soumis à de véritables cadences fordistes...
__Quant à l’« or gris », c’est peu dire qu’il rapporte : « 
Une demi-douzaine de grands groupes écument désormais le marché et alignent des bénéfices haut comme ça : ceux de Medidep 12,4 millions d’euros, ont été multipliés par 10 depuis 1998 ; et des cours de bourse sont dopés à la cortisone : les actions dOrpéa, la société de Jean-Claude Marian n’ont-elles pas doublé en moins d’un an ? Pas étonnant que les investisseurs se précipitent dans le créneau comme des oursons sur un pot de miel ! »__Jean-Claude Marian, par ailleurs président du conseil de surveillance de Medidep jusqu’en 2005, n’est certes pas le seul à participer à cette ruée vers l’« or gris » : « Le fonds de pension britannique Bridgepoint n’a par exemple pas hésité à flamber 330 millions d’euros en 2003 pour mettre la main sur Medica-France, 5100 lits, et pas un matin ne se lève sans qu’un particulier monte un dossier de construction de résidence auprès de sa préfecture avec le fol espoir de faire la culbute. On appelle tout cela "l’or gris", le business des mouroirs.

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