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mercredi 7 août 2019

A propos de la "fin du monde"

 Thème qui revient en force
                                              Une fin inéluctable qu'on nous promet avec assurance ou conditionnellement pour un proche avenir...
    L'idée a ses gourous, ses grand prêtres, ses prophètes, annonçant pour demain une fin rapide de l'humanité.
   Un thème qui a son succès, qui plaît à certains se laissant presque séduire par une idée qui est aussi ancienne que les Incas ou que l'histoire de Noë, sauvé in extremis des eaux grâce à sa fameuse arche. Un thème qui hante les textes bibliques.
    Il est vrai que le retour périodique de ce thème est essentiellement d'essence religieuse.
Il est vrai qu'il y a lieu d'être préoccupé, et plus, au vu des décadences et des menaces économiques et surtout climatiques que nous entrevoyons ou qui commencent à se dérouler sous nos yeux.
  Mais, la tête dans le guidon, notre esprit d'analyse et surtout d'anticipation est singulièrement limitée, même au GIEC, et nous n'entrevoyons pas les capacités de résilience dont l'humanité peut être capable, les réversibilités naturelles et culturelles possibles, même si aujourd'hui certains périls paraissent plus systémiques.
  Mais est-ce préparer les jeunes esprits à affronter les défis qui viennent que de leur annoncer le pire pour demain?
 L'effondrement n'a qu'une valeur limitée et partielle dans les propos de certains scientifiques.
   Pour beaucoup, le catastrophisme n'est pas loin, avec sa cohorte de fantasmes.
 Une thème récurrent, ne manquant jamais d'arguments, créant fascination,  paralysie, voire sidération, exploitée par certaines sectes non désintéressées.
   L'investissement de plus en plus grand des hommes contre les tendances lourdes qui menacent leur avenir est la seule réponse aux dérives objectives et à l'épuisement des esprits, principal problème. That is the question.
              __On peut s'appuyer sur cette réflexion pour resituer la question
               __   On peut aussi se confronter à ce point de vue, forcément limité, pour aller plus loin et contextualisant et relativisant les choses:

                                     On en parle souvent sur ce blog, mais l’extrémisme écologiste a pris maintenant une ampleur invraisemblable . La venue de la pucelle du *svitjod mademoiselle Thunberg qui n'a aucune compétence particulière si ce n'est le fait d'être une fille de milieu aisé monté en épingle par une bulle médiatique très artificielle montre le niveau de bassesse auquel arrivent maintenant nos institutions. L'accélération du bruit médiatique autour du changement climatique anthropocentrique permettant toutes les politiques, justifiant tout et n'importe quoi. L'on voit déjà les idées les plus farfelues comme l'arrêt des centrales nucléaires en France alors qu'on n’a pas à l'heure actuelle d'alternative. La France finira par faire comme l'Allemagne à savoir construire quelques panneaux solaires et éoliennes aussi coûteuses qu’inefficaces puis elle importera et brûlera du charbon. L'histoire de l'arrivée de cette gamine au parlement français est tout de même extraordinairement démonstrative de l’irrationalité des acteurs en question puisqu'elle a coïncidé avec la signature de l'infâme traité du CETA qui condamne l’agriculture française à l'extinction. Il est tout de même rassurant de voir que bon nombre de Français semblent s'être posé la question de la cohérence entre l'objectif écologique affiché et les politiques qui nous mène en sens inverse.
     En effet qui peut croire qu'un traité de libre-échange consistant à maximiser les échanges et donc les transports soit favorable à la diminution de la consommation énergétique ? La globalisation maximise les gaspillages sous toutes les formes. Le libre-échange n'optimise que la valeur des marchandises et ignore parfaitement les contraintes écologiques , sociales et même macro-économiques. Encore une fois, l'idée que l'on puisse réguler l'économie et la société uniquement par le truchement de la loi de l'offre et de la demande est une absurdité. Il ne faut donc guère s'étonner si ce grand marché mondial conduit à la pollution maximale et à la destruction de la plupart des sociétés humaines. On a donc ici un cynisme apparent tout à fait spectaculaire avec d'un côté une communication faite de pleurs sur la fin du monde et la destruction de notre environnement. Et de l'autre côté, une marche inéluctable vers des politiques économiques qui détruisent ce même environnement tout en détruisant notre tissu économique. On ne saurait mieux mieux illustrer ici la fameuse phrase de Bossuet « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » . Mais ce serait croire un instant que nos politiques s'inquiètent vraiment pour la planète, il n'en est rien pour la plupart. C'est juste de la communication, du vent de propagande dont le seul objet est de camoufler de plus en plus mal les intérêts économiques et politiques qu'ils défendent.
        De fait comme on pouvait le présentir l'écologisme remplace petit à petit le discours libéral dans les justifications morales aux politiques économiques bourgeoises. Le coup de l'entrepreneur contraint par le méchant état et les impôts écrasant ça ne fait plus recette chez les jeunes donc on passe au discours sur l'entrepreneur écolo qui a besoin d'un coup de pousse pour sauver la planète. C'est plus cool et présentable. Mais à l'ère d'internet et de la communication ultrarapide cette nouvelle stratégie ne va-t-elle pas dissoudre le statut de l'écologie encore plus vite que ne l'a fait l'ancien discours libéral ? Parce que ce double discours consistant d'un côté à faire du bruit médiatique autour de l'écologie et des contraintes écologiques mis en parallèle avec des actions politiques contraires à l'écologie va nécessairement produire une désaffection à terme. Tout comme le discours européiste a fini par produire une désaffection vis-à-vis de l'Europe quand les gens ont compris que l'UE n'apporterait ni prospérité ni bonheur, mais que bien au contraire elle servait surtout de prétexte à des politiques de plus en plus libérales et à la justification de la destruction de notre État-providence.
    Mais ce catastrophisme communicationnel n'est pas le seul en cour dans notre beau pays de moins en moins rationnel. De l'autre côté de l'échiquier politique aussi l'on voit de nombreux prophètes de la fin du monde. J'en lisais un récemment dans un article du Figaro. L’historien David Engels qui a vu qu'il y avait un gros filon à exploiter et que peut-être le marché francophone n'était pas encore saturé entre Éric Zemmour et Michel Onfray. Là on nous promet la fin de la civilisation occidentale, rien de moins. Il faut frapper fort après le livre « Décadence » de Michel Onfray. Bon l'auteur n'est pas très clair sur ce qu'il appelle la civilisation occidentale, mais on est habitué à ça. L'occident c'est un concept creux, pour ma part il n'y a pas de civilisation européenne, mais des civilisations européennes. Que ces peuples partagent une religion, voire une couleur de peau, ne fait pas d'eux un ensemble unique à l'image de la civilisation chinoise. Les nombreuses guerres et les horribles conflits sont là pour en témoigner, il y a toujours eu plusieurs civilisations en occident et certaines ont pris l'ascendant sur d'autres à différents moments de l'histoire et pour de multiples raisons. Et c'est ce qui a fait la richesse de l'Europe justement cette juxtaposition sur un territoire si exigu entre des peuples aux mœurs et à l’anthropologie si disparate. De la même manière, l'on pourrait voir les USA comme une nouvelle civilisation n'ayant pas grand-chose de commun avec celles qui ont façonné le continent européen. Une civilisation étrangère qui a soumis justement l'Europe à ses vues à travers une colonisation culturelle et intellectuelle de 74 ans maintenant . De ça monsieur David Engels n'en parle pas puisque pour lui l'occident est un bloc monolithique.
     Je pourrais ici continuer la critique. La question démographique est traitée de façon ridicule de la même manière qu'un Zemour ou qu'un Onfray . L'important n'est pas la réalité, mais le récit et sa cohérence c'est exactement la même chose que pour nos amis écologistes extrémistes ou pour l'extrême gauche. La réalité et sa complexité n'ont pas d'importance. Ainsi l'on a encore cette idée que l'Europe serait presque la seule au monde à décliner démographiquement. L'islam est présenté comme un bloc homogène qui serait dynamique démographiquement contrairement à l'occident décadent. Sauf que la transition démographique touche aussi le monde musulman. Le pays musulman le plus peuplé du monde l’Indonésie a une natalité de 2 enfants par femme et elle décline vite alors que la très catholique Philippine voisine est encore à 3 enfants par femme. L'Iran fait moins d'enfants que la France et les dirigeants turcs s'inquiètent de la faible natalité des Turcs par rapport à celle des minorités kurdes notamment. Il est à parier d'ailleurs que l’agressivité de la Turquie vient de ses problèmes internes en plus de l'économie. À dire vrai à l'échelle mondiale, seule l'Afrique subsaharienne, qu'elle soit chrétienne, musulmane ou animiste, n'a pas fini la transition démographique. Ailleurs, tout le monde suit l'Europe. Alors si nous sommes décadents à cause de la démographie il faudrait élargir cette hypothèse à l'ensemble du monde.
   La vérité c'est que l'unique responsable de cette situation est la maîtrise parfaite de la natalité grâce à la pilule et aux multiples moyens contraceptifs modernes. Aucune civilisation avant la nôtre n'avait eu à se demander comment relancer la natalité . Les états n'avaient pas à se préoccuper de ça tant que la population pouvait manger, se vêtir, et qu'il n'y avait pas trop de problèmes d'intendance, elle se reproduisait convenablement . C'est vraiment un problème nouveau. Que serait donc devenue la civilisation européenne de l'époque de la guerre de Trente Ans s'il y avait eu la pilule d'après vous ? Elle aurait eu bien du mal à récupérer de l'énorme gaspillage en vie humaine . D'ailleurs, les pays de l'Est comme la Pologne ou la Hongrie ont des taux de natalité encore plus faibles que ceux de l'Europe de l'Ouest. Preuve que l'attachement à la tradition ou à la religion n'ont pas vraiment de rapport avec la question démographique. Comme l'avait très bien écrit Pierre Chaunu dans un de ses derniers livres « Essai de prospective démographique » l'humanité est confrontée à quelque chose de totalement nouveau. Il faut créer les conditions sociales et économiques pour que les gens n'aient pas peur de fonder une famille et d'avoir des enfants. Tout ceci n'a aucun rapport avec une décadence, ou à la multiplication des homosexuels, comme le sous-entendent certain de ces néoréactionnaires. Mais il est plus simple de dire qu'il y a décadence et que tout est lié. Et puis c'est peut-être le résultat d'un complot qui sait. Tant que ça fait du bruit médiatique et que ça permet de vendre des livres. Peu importe que cela pollue le débat public en faisant passer le public à côté des vrais problèmes et de leur réalité, le but n'est pas de toute façon de les résoudre.
     J'ai voulu rapprocher ici les discours de l’extrémisme écologiste et de celui d'une certaine droite décliniste pour montrer que nous avons affaire à un processus neutre sur le plan politique. Il est coutume aujourd'hui à droite, et chez les anti-systèmes, de voir la gauche, ou du moins une partie de la gauche, comme une machine à produire des discours irrationnels, faux et parfois même dangereux. Et c'est tout à fait vrai . Mais la gauche n'est pas la seule touchée. C'est le résultat d'un effondrement général de la qualité de la communication et du désordre produit par la rapidité de la communication qui fait fit de la retenue et de la prise de recul. C'est un phénomène ancien. L'on peut penser que si l'imprimerie permit à terme à la société de progresser, elle fut aussi responsable indirectement à court terme des guerres de religion et de bon nombre de malheurs. Il en va de même pour la télévision, internet et les médias rapides. Nous n'avons pas encore les mécanismes sociaux, les habitudes et l'organisation qui permettraient la prise de recul nécessaire à la recherche minimale de la vérité. S'en suit que toutes personnes ayant un peu de bagout, de culture et de sens de la communication, peut surfer sur l'information pour créer de toute pièce des problèmes qui n'existent pas. Ou pour en exagérer certains autres sans qu'à aucun moment un recul rationnel sur le problème en question ne puisse être pris.
      Et les hommes politiques suivent le mouvement, le manipulent parfois quand ils ne sont pas eux-mêmes pris dans la spirale de la communication. S'il y a bien un phénomène de déclin, c'est bien ce rapport au réel dû à la communication moderne qui en est la cause bien plus qu'autre chose. Il est bien dommage que sur ces questions la simple réponse donnée par les pouvoirs publics fût d'encadrer le mensonge c'est-à-dire de faire en sorte non que la vérité puisse être véritablement défendu, mais au contraire de faire en sorte que la « vérité » gouvernementale soit autorisée à exister. La chasse aux fameuses fake news ne fut que ça, une opération de blanchiment des mensonges officiels. On attend encore qu'une solution réelle aux problèmes de la communication moderne soit trouvée. En attendant, les marchands de malheur vont pouvoir continuer à prospérer. Qui sait, ils finiront bien par la provoquer la fin du monde avec toutes leurs idioties.
    *Ancien nom de la Suède à l'époque païenne. La glorification de gaïa de la part des écologistes ayant une proximité assez grande avec les anciens cultes animistes, je crois que la Suède devrait reprendre son ancien nom, car elle n'a plus grand-chose de chrétien avec ses multiples dérives sectaires.
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