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dimanche 14 septembre 2008

"Laïcité positive" : Benoît et Nicolas



La notion de "laïcité positive" n'est pas neutre , si les mots ont un sens. Elle essaie de (ré)instaurer subrepticement de nouveaux rapports entre l'Eglise et l'Etat, dans le droit fil des déclarations récentes de Nicolas Sarkozy sur la religion et la citoyenneté, le pouvoir
La laïcité, qui se suffit à elle-même, semble bien une valeur menacée (
"La laïcité n'est pas une doctrine, mais un principe politique visant à organiser le plus largement possible la coexistence des libertés..." (C.Kintzler)_______________________

-Caroline Fourest et Sylvain Bourmeau ont judicieusement rappelé ce qu'est la laïcité, à savoir le respect, dans la liberté, l'égalité, et la fraternité républicaine de toutes les croyances et de tous les choix individuels, religieux et philosophiques individuels, sans qu'aucune ne devienne jamais une vérité imposée aux autres. Voilà ce qu'est la laïcité. Ce n'est pas un choix religieux supplémentaire, comme le suggère insidieusement le Président de la République. Le présupposé de cette lamentable association, laïcité positive, conduirait à penser qu'elle est donc négative, alors que c'est le garant de toutes les libertés..."(J.L.Legarely -Mediapart)
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-"...il n'y a (effectivement) rien de plus minimal que la laïcité. Elle n'est pas une doctrine, puisqu'elle dit que la puissance publique n'a rien à dire s'agissant du domaine de la croyance et de l'incroyance, et que c'est précisément cette abstention qui assure la liberté de croire et de ne pas croire dans la société civile. Ce n'est pas non plus un courant de pensée au sens habituel du terme : on n'est pas laïque comme on est catholique, musulman, stoïcien, bouddhiste, etc. C'est le contraire : on peut être à la fois laïque et catholique, laïque et musulman, etc. La laïcité n'est pas une doctrine, mais un principe politique visant à organiser le plus largement possible la coexistence des libertés..." (C.Kintzler)
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-"En tant que personne, il a le droit d'avoir ses convictions, ses pratiques, ses formules, mais en tant que président de la République, il doit être le garant de quelque chose qui est fondamental aussi pour la cohésion de ce pays et la capacité de vivre tous ensemble dans de bonnes conditions"( Cécile Duflot (Verts).

"Je suis contre le mélange des genres entre l'Etat et la religion", ( François Bayrou (MoDem).

"Nicolas Sarkozy met toujours un adjectif à côté de la laïcité et ça m'inquiète. Je préférerais qu'on en reste au concept lui-même", ( Marie-George Buffet (PCF).

L la laïcité n'a "pas besoin d'adjectif pour exister". (GOF)

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Caroline Fourest : «Le concept de laïcité positive n'est pas une idée de Nicolas Sarkozy mais du Vatican» | Mediapart:
".... Le concept de «laïcité positive» n'est pas une idée de Nicolas Sarkozy mais du Vatican, qui utilise cette expression depuis le milieu des années 1990. Dans un discours en 2005, le cardinal Ratzinger disait vouloir encourager laïcité «saine et positive», ce qui est une façon de dire que la laïcité française (qui est souvent visée) est négative et malsaine. Au Latran et à Riyad, Nicolas Sarkozy est allé au-delà de ses attentes. À Paris, ils se sont entendus pour proclamer ensemble qu'il était temps de tourner la page de la laïcité de combat, jugée intolérante, pour aller vers une laïcité «positive» qui fasse une plus grande place au dialogue entre le religieux et le politique. L'air de rien, sans même avoir un débat à l'assemblée, le président de la République a décidé de réinterpréter la laïcité française dans un sens plus anglo-saxon, le modèle de tout ce qu'il entreprend. Le Vatican n'est pas dupe. Pour le président, il s'agit surtout d'une opération de communication politique destinée à flatter l'électorat catholique. Mais qui aura des conséquences.
Sur le débat public notamment. Nicolas Sarkozy a clairement expliqué qu'on ne pouvait se contenter d'écouter des experts pour parler de questions liées à la bioéthique ou à la vie et à la mort. En d'autres termes, il souhaite que l'on tienne davantage compte de l'avis de l'Eglise sur des sujets comme l'avortement ou l'euthanasie, ou la recherche sur des cellules souches, quitte à faire entrer en concurrence des conceptions dogmatiques irrationnelles avec des points de vue raisonnés. Ce n'est plus l'intérêt général qui prime mais le respect des sensibilités religieuses et philosophiques. On risque de reculer plutôt que d'avancer. Autre question de poids, la fameuse «identité nationale». Le président a beau répéter vouloir traiter les religions à égalité, il pèse et soupèse ses électeurs. Aucun chef religieux juif ou musulman, encore moins le dalaï-lama, ne sera jamais reçu comme Benoît XVI. D'ailleurs, Nicolas Sarkozy a insisté pour expliquer que la «laïcité positive» signifie la revalorisation des racines chrétiennes de la France comme ciment formant l'identité nationale actuelle.
Enfin, dernier point clef, l'École. Autant les Eglises se vident, autant les écoles catholiques refusent du monde. Ce n'est pas rien quand on sait que le Vatican a décidé de réaffirmer le caractère catholique de ses écoles, s'appuie sur des courants de plus en plus intégristes, et considère ses écoles comme des lieux d'évangélisation. Au lieu d'aider l'école publique pour résister à ce risque de reconfessionnalisation par le bas, le gouvernement et Xavier Darcos, lequel est à la fois très libéral et très catholique, amputent l'école publique de 11.000 professeurs par an... La volonté d'aller vers une religion civile à l'américaine de ce gouvernement n'est pas anodine. Il s'agit de désengager l'État et ses moyens au profit de l'initiative privée et confessionnelle. L'ultralibéralisme a compris l'intérêt de la communautarisation religieuse et fera tout pour l'encourager. C'est préoccupant dans l'absolu. C'est encore plus inquiétant dans un contexte mondial de remontée de tous les intégrismes."
-Les nouveaux soldats du pape. Entretien avec Fiammetta Venner
-La gauche et Bayrou dénoncent la "laïcité positive" prônée par Sarkozy

-Sarkozy et le pape ne sont plus sur la même longueur d'onde:
"...continuer à parler de « laïcité positive » reste une erreur, puisqu’elle est positive par nature, y compris pour les religions. Quand on ajoute un adjectif, on laisse entendre qu’elle n’est pas assez positive pour les religions. C’est ce que disait Nicolas Sarkozy et ce que continue à dire Benoît XVI : en réclamant une « laïcité positive », on veut favoriser les religions. Ajouter un adjectif, c’est vouloir que la laïcité aille plus loin, et en faveur des religions.

D’ailleurs cette erreur a été exploitée par le pape, qui a parlé de la « belle expression de ‘laïcité positive’ », en faisant croire que le Président demeurait dans la ligne du Latran. Il lui a dit aussi : « Vous avez rappelé à Rome que les racines de la France sont chrétiennes. » Il a donc complètement occulté ce qu’il venait d’entendre et ce dont, selon l’usage, il avait eu connaissance par écrit auparavant. Là, ils ne sont plus sur la même longueur d’onde.

'Sarkozy et Dieu, de l'usage politique des monothéismes' (DR)Pourtant, Benoït XVI n’est-il pas apparu plus clair que Nicolas Sarkozy, en déclarant que « la foi n’est pas politique et la politique n’est pas une religion » ?

Oui et non. La politique n’est pas une religion, il a raison. Mais la foi a forcément des implications politiques. Elle peut en avoir en intervenant sur l’immigration, les injustices sociales ou sur le respect de la vie. En ce qui concerne le respect de la vie, la foi est d’ailleurs politique de façon illégitime, car le catholicisme prétend imposer sa façon de voir, qui n’est pas le même que celui des protestants notamment, sauf sur l’euthanasie.

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-Laïcité positive ?
-C'est quoi, la laïcité négative?

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