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lundi 6 avril 2009

OTAN : les raisons du refus


Avec Obama, rien ne semble changer sur le fond...
Un acte de décès de la défense européenne

"La France reprend toute sa place dans l'Alliance", a lancé le président français Nicolas Sarkozy devant ses 27 collègues pour marquer le retour de Paris dans le commandement intégré de l'Alliance atlantique. "Nous sommes de la famille, nous sommes des alliés, nous sommes des amis", a fait valoir M. Sarkozy

-"Famille", "amis"...la sémantique familiale, l'affectif viennent opportunément escamoter l'analyse politique-
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-Cinq très mauvaises raisons de réintégrer l’Otan | Mediapart:

"Deux anciens premiers ministres de gauche (Laurent Fabius, Lionel Jospin) ; deux anciens premiers ministres de droite (Alain Juppé et Dominique de Villepin) ; un pilier de la politique étrangère française, de gauche et fort apprécié par la droite, Hubert Védrine ; deux candidats à la dernière élection présidentielle (Ségolène Royal et François Bayrou) ; la quasi-totalité des parlementaires de gauche ; plusieurs dizaines de l'UMP... Tous sont contre.Cet inventaire suffit à dire l'importance de ce qui se joue avec le choix solitaire effectué par Nicolas Sarkozy de rejoindre pleinement les structures du commandement intégré de l'Alliance atlantique. Choix solitaire (à l'image d'ailleurs de celui effectué par de Gaulle en 1966), puisque le Parlement n'est pas appelé à voter, que le Livre de la défense de 2008 ne l'évoque pas, que cette décision ne figure pas au programme présidentiel du candidat Sarkozy et que la loi de programmation militaire 2009-2013 n'en dit pas un mot...
1. Aucun « avantage » militaire.
-Les partisans du choix présidentiel hésitent. « Une vaine et fausse querelle », alors que cela ne change rien, dit par exemple le directeur de la revue Commentaire, Jean-Claude Casanova. Il relaie ainsi tous ceux pour qui cette décision ne vient que clore un long processus entamé depuis 1983 et la crise des euromissiles et qui aurait vu la France réintégrer l'Otan mais sans le dire ! A l'inverse, Nicolas Sarkozy soutient que cela renforcera notre défense : « La France sera plus forte, plus influente. »...
2. Un coup de poignard à la défense européenne.
-L'Otan pour mieux relancer et développer l'Europe de la défense ! C'est le principal argument utilisé par Nicolas Sarkozy, martelé sur tous les tons par ses ministres. Parce que nos alliés européens nous soupçonnent de vouloir torpiller l'Otan par l'émergence d'une défense européenne, ils traîneraient les pieds. Les Britanniques les premiers, les Italiens mais aussi tous les pays d'Europe centrale qui ne rompront jamais avec l'Alliance atlantique.Un argument qui est « un leurre », estime Hubert Védrine. « C'est l'inverse qui risque de se produire », dit Dominique de Villepin de cette thèse présidentielle. La pleine réintégration de la France devrait en effet convaincre les pays européens de réinvestir dans une Alliance aujourd'hui en panne et de ne construire qu'à la marge des moyens de défense européens destinés à venir en soutien. La faiblesse des budgets européens interdit de mener de front deux chantiers aussi vastes...
3. Une Alliance atlantique largement obsolète.
-A quoi sert l'Otan ? Plus grand monde ne le sait. Sauf à geler des positions stratégiques en Europe, entretenir une bureaucratie de 15.000 personnes, occuper une bonne partie des pensées du Pentagone, l'Otan est depuis vingt ans en plein brouillard. Organisation de guerre froide, l'effondrement de l'URSS l'a laissée sur le bord de la route. C'est en partie pour cette raison qu'en 1995, Jacques Chirac avait envisagé de réintégrer l'Otan moyennant une redéfinition du rôle de l'Alliance et un autre partage des responsabilités. Les Etats-Unis avaient refusé ce « partage ». Un nouveau « concept stratégique » fut élaboré en 1999, qu'on est bien en peine de résumer tant il est flou.L'Otan, depuis, avance à hue et à dia. Organisation européenne, la voici engagée en Afghanistan. Conçue pour des combats classiques bloc contre bloc, la voici s'essayant à lutter contre le terrorisme, les pirates de Somalie voire le narco-trafic ou à mener des opérations de police (au Kosovo). L'Otan n'est même plus l'exclusif bras armé du « grand club occidental » puisque Donald Rumsfeld et George Bush ont eux-mêmes théorisé le principe de coalitions variables selon les conflits (comme pour l'Irak, par exemple)....
4. Une exclusivité américaine.
-Autre illustration de cette détermination américaine à ne rien céder de ses intérêts en Europe : l'affaire du bouclier antimissile américain en Europe et l'adhésion à l'Otan de l'Ukraine et la Géorgie. Sur ces deux dossiers, l'administration Bush a poussé les feux, passant au-dessus de l'Europe et des pays membres de l'Alliance. Le « bouclier » fut négocié directement avec la République tchèque et la Pologne, sans que l'Otan soit saisie. Et si la France et l'Allemagne se sont opposées, l'an dernier, à l'adhésion des deux anciennes républiques soviétiques, l'administration Bush comptait bien continuer à favoriser cette entrée.La donne a changé avec Barack Obama. Mais l'« unilatéralisme » demeure....
5. La « famille occidentale ».
-Alors, il faut en venir au fond, aux vraies motivations idéologiques qui ont porté le choix présidentiel. Et tout a été dit, la semaine dernière, lors du discours présidentiel à l'école militaire. « Je n'ai pas peur de dire que nos alliés et nos amis, c'est d'abord la famille occidentale. Je ne crois pas que le rôle d'une grande puissance responsable comme la France soit d'être à mi-chemin entre tout le monde, parce que cela veut dire une France nulle part (...) La condition de son indépendance, c'est d'abord de savoir où est sa famille et que sa famille ne doute pas de vous », a expliqué le Président.Nous voilà donc enrôlés dans l'armée de l'Occident, ce club de puissances confronté à ce que Nicolas Sarkozy considère comme notre « premier défi : comment prévenir une confrontation entre l'Islam et l'Occident » (discours d'août 2007).Là est le danger principal, dans cette vision d'un monde en proie au « choc des civilisations » où un Occident assiégé n'aurait d'autre choix que de se faire gendarme de la planète, jusqu'à conduire quelque expédition néocoloniale en Afghanistan. Est-ce une vision si éloignée que celle développée par George Bush avec son projet de « Grand-Moyen-Orient » qui devait voir l'instauration à coups de fusil de la démocratie du Maroc au Pakistan ?..."

-L'Alliance atlantique, cadre de l'hégémonie américaine
-OTAN : Un engagement dangereux
- François Bayrou votera contre cette décision "très lourde de conséquences"
-L'OTAN après la Guerre froide : L'élargissement des missions
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- OTAN : c'est non

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