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lundi 30 mai 2011

Démondialiser: une alternative ?

__Un nouveau concept fait son entrée sur la scène des idées politiques:
Celui de démondialisation
:

Un concept flou mais à succès, polysémique et parfois polémique, qui vise à repenser les relations internationales en dehors du carcan d'une certaine mondialisation, dite autrefois"heureuse", qui a fait florès naguère, apparaissant comme synonyme de progrès incontesté, mais qui est devenu aujourd'hui, dans le cadre du "consensus de Washington" et de la politique de l'OMC, l'expression de la dérégulation généralisée des marchés, de la concurrence dite "libre et non faussée", de la conquête du monde par les multinationales et des désordres engendrées par la dictature d'une finance qui a engendré crises et faillites de certains Etats, objet de critiques multiples, car ayant un coût humain considérable.
Depuis les ouvertures coloniales de Christophe Colomb, la mondialisation change de sens sous le coup de la crise, révélatrice de ses limites et de ses effets pervers.
Un concept à relativiser selon certains critiques.
Une notion si équivoque qu'elle a pu être récupérée par Gordon Brown à Davos et une partie de la droite politique, donnant le change, craignant une menace pour l'intégration économique des grandes puissances.

_________"Pour Walden Bello, la démondialisation n’est pas un retrait de la communauté mondiale mais un modèle alternatif à celui de l’OMC, « Il s’agit de réorienter les économies, de la priorité à la production pour l’exportation, à celle pour la production destinée aux marchés locaux ». Mais, toujours selon l’auteur, la démondialisation serait également favorable aux pays du nord, en proie au Dumping social. La dérèglementation des échanges et de la finance conduisant à une mise en concurrence des salariés au niveau mondial, les pays industrialisés subiraient une pression à la baisse sur les salaires et un phénomène de délocalisation vers les pays émergents où la main d’œuvre est à bas coût._La démondialisation se construit donc sur une critique ferme du libre échange et de la dérèglementation financière, coupable selon ses détracteurs de porter atteinte aux droits sociaux et à l’environnement. Elle s’attache à dénoncer le mythe d’une mondialisation « heureuse », qui aurait permis le développement des pays du sud._La crise financière de 2008 a donné lieu à un fort regain de la remise en cause du capitalisme financier. Elle serait la preuve de l’échec de la mondialisation économique néolibérale. Dans ce contexte, le concept de démondialisation a pris de l’importance dans les pays du nord où de nombreux penseurs tentent d’imaginer un modèle alternatif..."(Wiki)
__Certains courants critiques antilibéraux, de fond ou de forme, se sont emparés de cette notion de démondialisation, mais de manière bien différente, parfois superficiellement, dans une rhétorique de lutte, parfois avec des arrière-pensées électoralistes.
__Chez certains économistes tentant d'explorer de nouvelles voies, comme Frédéric Lordon, évoquer cette idée, ce n'est pas revenir en arrière, détricoter ce qui a été construit jusqu'ici, se replier sur les positions d'antan ou instaurer un protectionnisme strict mais impraticable et dangereux (Qui a peur de la démondialisation?), c'est proposer une économie alternative, qui redéfinisse les rapports entre économie réelle et finance, aujourd'hui complètement pervertis, c'est redonner au politique, soumis aux diktats d'une bourse devenue folle, , une autonomie d'action, un certain volontarisme et dirigisme régulateurs et aux citoyens de nouvelles capacités d'agir, pour sortir du carcan de l'absence d'alternative imposée.
C'est aussi un penser un arrêt des délocalisations déstructurantes (voir ici)
Jacques Sapir, dénonçant les "ravages de la mondialisation financière"approfondit cette notion, en prônant l'idée d'un certain protectionnisme limité et sélectif. Démarche que saluent certains gaullistes sociaux___Une certaine gauche reprend ce thème porteur, dans la perspective d'élections futures, en réaction à un certain socialisme mou et trop conciliant._ La notion de démondialisation, trop souvent banalisée et réifiée, est comme le symptôme d'un profond malaise au coeur d'une crise qui dure, d'une indignation qui s'exprime sourdement ou violemment. Comme l'altermondialisation naguère, elle tend à devenir une notion fétiche, cristallisant pour un temps tous les mécontentements, faisant office d'étendard fédérateur. Mais elle a une valeur heuristique et prospective certaine, si elle est appuyée par des analyses rigoureuses._Mais au sein des économistes de sensibilité de gauche, un débat parfois vif est engagé:
"Jacques Sapir s'écharpe depuis quelques semaines avec l'économiste Jean-Marie Harribey, ancien co-président d'Attac-France, sur la question de l'euro. Leurs échanges, riches, sont à lire ici (pour Sapir) et (pour Harribey). Ce dernier assure en particulier que, même en dévaluant de 25% la monnaie nationale, et en instaurant des droits de douane compris entre 15 et 30%, comme le préconise Jacques Sapir, l'industrie chinoise resterait bien plus compétitive que l'industrie française, vu les écarts de coût de production..." (L.Lamant)
__Récupérée par la droite, cette notion est aussi instrumentalisée par l'extrême-droite. Le FN a fait une OPA sur la «démondialisation" pour des raisons évidemment électoralistes, en se réclamant souvent d'un Maurice Allais mal compris.
__"Qui parle? «Notre projet prévoit de nous réarmer face à la mondialisation, nous inspirant sur ce point des travaux de l'économiste Jacques Sapir sur la démondialisation et la sortie de l'euro.» Réponse: Marine Le Pen, lors d'une conférence de presse à Strasbourg consacrée au pouvoir d'achat, vendredi 13 mai. La présidente du Front national braconne ces jours-ci sur les terres de la «démondialisation», ce concept flou, d'abord développé par des économistes et penseurs ancrés à gauche, et qui connaît, en ces temps de crise, un succès fulgurant.

C'est l'une des premières fois où Marine Le Pen utilise ce mot. Dans son discours du 1er mai, à Paris, elle avait simplement fait l'apologie de «cette espérance nouvelle, celle qui tourne le dos à la mondialisation, qui vous protège contre elle», sans recourir précisément à ce terme peu connu du grand public..."

Contre l
'usage parfois abusif de cette notion superficielle et simpliste ,son flou artistique, son aspect souvent polémique, sa réification , il est urgent de revenir aux analyses concrètes et de lui donner un contenu précis.
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Vers une criminalisation de la démondialisation ?

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