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jeudi 27 décembre 2012

Délires et politique

Aux USA et ailleurs...
_______________________La vie politique américaine est régulièrement traversée par des mouvements de fond irrationnels, souvent silencieux, parfois bruyants et inquiétants, parfois limités et circonstanciels ou souvent plus larges, comme les dérives droitières et ultra-droitières qui se manifestent depuis le début de la crise, se cristallisant aujourd'hui sur la personne d'Obama.
On assiste à des vagues paranoïaques qui se déploient sur fond de peurs, de désarroi, de manque de culture politique, de développement des messianismes et de défaillance  des élites politiques. (1)
De Goldwater et du maccarthysme en pleine Guerre Froide au Teaparty aujourd'hui, on retrouve, malgré les différences de contexte, des constantes.  Dans les années 50, l'ancien Président Reagan participait à Hollywood  à un vaste mouvement de chasse aux sorcières, dont Einstein disait qu'elles avaient "déjà largement miné le caractère démocratique de notre société "
__Les théories du complot, aux USA comme ailleurs, se développent en introduisant dans la vie politique et l'histoire des éléments de conspiration supposée, parfois à vaste échelle (comme la conspiration du judaïsme mondial instrumentalisée par le nazisme) 
L’histoire serait une conspiration, ourdie par des forces dotées d’une puissance quasi transcendante et qui ne peuvent être vaincues qu’au terme d’une croisade sans limites. L’adepte du discours paranoïaque appréhende l’issue de cette conspiration en termes apocalyptiques. Il a toujours le sentiment de se trouver face à un tournant majeur : c’est maintenant ou jamais que la résistance doit s’organiser....(R Hofstadter
Récemment, certains ont interprété le massacre de Newtown  comme le produit d'un complot hébreu ou en le mettant sur le compte d'Obama.
____Pour Richard Hofstadter, il a «bien existé des actes de conspiration au cours de l’histoire et (que) ce n’est pas être paranoïaque que de prendre acte de leur présence (par ex. le plan secret de la CIA visant à renverser le gouvernement de Allende, au Chili_-Ndlr_). Mais, poursuivait-il en substance, il n’y a pas une différence de degrés mais une différence de nature entre le fait de repérer des complots ça et là dans l’histoire, et celui d’envisager que l’histoire puisse avoir pour moteur «une vaste et gigantesque conspiration (…) ourdie par des forces démoniaques dotées d’une puissance quasi transcendante».....Dès lors que le secret est inhérent à toute stratégie politique, l’existence de complots, d’ententes discrètes, de machinations au service d’intérêts cachés, ne peut jamais être complètement exclue. Mais en historien des idées, c’est moins les complots réels qui intéressent Hofstadter que «la dimension non rationnelle de la politique»: les mythes, les fantasmes, les représentations qui, il faut y insister, ne font pas moins l’histoire que ne la font les conspirations —dans le sens où «tout ce qui est secret peut souvent être présenté sans trop exagérer comme relevant d’une conspiration». Hofstadter appréhende ainsi la politique comme un univers où se déploient des styles rhétoriques, des postures symboliques, des systèmes de croyances qu’il convient d’étudier pour ce qu’ils sont et pour le rôle crucial qu’ils jouent dans l’histoire. Ainsi écrit-il: «La politique est aussi une arène où sont projetés des sentiments et des pulsions n’ayant que très peu de rapports avec les enjeux manifestes. (…) La compétition politique elle-même est profondément influencée par la manière dont elle est perçue, ressentie».
___Le développement du  conspirationnisme: fait souvent le bonheur de certaines élites, qui y voient un moyen de maintenir le peuple dans l'ignorance et la confusion, détournant son regard de l'essentiel.
"...Le conspirationnisme n’est pas la psychopathologie de quelques égarés, il est le symptôme nécessaire de la dépossession politique et de la confiscation du débat public. Aussi est-il de la dernière ineptie de reprocher au peuple ses errements de pensée quand on a si méthodiquement organisé sa privation de tout instrument de pensée et sa relégation hors de toute activité de pensée. Cela, nul ne le dit mieux que Spinoza : « Il n’est pas étonnant que la plèbe n’ait ni vérité ni jugement, puisque les affaires de l’Etat sont traitées à son insu, et qu’elle ne se forge un avis qu’à partir du peu qu’il est impossible de lui dissimuler. La suspension du jugement est en effet une vertu rare. Donc pouvoir tout traiter en cachette des citoyens, et vouloir qu’à partir de là ils ne portent pas de jugement, c’est le comble de la stupidité. Si la plèbe en effet pouvait se tempérer, suspendre son jugement sur ce qu’elle connaît mal, et juger correctement à partir du peu d’éléments dont elle dispose, elle serait plus digne de gouverner que d’être gouvernée » (Traité politique, VII, 27).
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- LA THEORIE DE LA THEORIE DU COMPLOT

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