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mardi 22 janvier 2013

France-Allemagne: un couple malade

 Une communauté de destin qui s'effiloche...

__Célèbre-t-on un mythe ou un partenariat encore en construction, au coeur de relations parfois tumultueuses de Charlemagne à Frau Merkel?
L'Elysée-Vertag est fêté comme il se doit, le dernier conflit mondial ayant tellement traumatisé les esprits.
Un acte symbolique, qui inaugura une nouvelle ère, mais qui fut aussi une manoeuvre gaullienne vis à vis d'une Allemagne alors sous influence, De Gaulle qui estimait alors qu’entre deux États, « il ne peut y avoir d’amitié, il n’y a que des intérêts »
La réconciliation sur des ruines fut un tournant paraissant à l'époque d'une évidence manifeste, pour tisser des liens  irréversibles, sur la base d'une union européenne alors en gestation.
Mais l'idéal s'est éteint, l'évidence n’est plus:
" ...L’Allemagne était notre horizon car l’Europe était notre idéal. Que cette Europe s’enferme dans une furie néolibérale, technocratique et a-démocratique, et l’Allemagne n’est dès lors plus considérée comme un partenaire mais regardée avec méfiance comme un rival.
Nous en sommes là, donc très loin du discours du général de Gaulle tenu, en allemand, devant la jeunesse allemande, le 9 septembre 1962 : «Cette solidarité désormais toute naturelle il nous faut, certes, l'organiser. C'est là la tâche des gouvernements. Mais il nous faut aussi la faire vivre et ce doit être avant tout l'œuvre de la jeunesse (…) Puissiez-vous pour votre part, puissent les jeunes Français pour la leur, faire en sorte que tous les milieux de chez vous et de chez nous se rapprochent toujours davantage, se connaissent mieux, se lient plus étroitement !»...
 Comment demander à deux sociétés de construire ensemble sans idéal ni programme ? Les gesticulations du quinquennat Sarkozy, les égoïsmes d’Angela Merkel transformée en une nouvelle Mrs Thatcher n’auront fait que mettre en avant les intérêts de chacun dans une Europe devenue synonyme de crise totale. Au «Construisons ensemble» a succédé le «Sauvons-nous tout seul». Tant que ce discours mortifère se poursuivra, la flamme franco-allemande ne sera qu’une veilleuse sur la table de chevet d’un mourant : l’Europe."
__C'est bien ce qu'est devenu le cadre européen: un simple marché sans solidarité, ouvert au libre-échange mondialiste, qui fait problème actuellement, qui crée le choc des modèles, en partie résultat de deux histoires différentes, mais renforcé par les règles bruxelloises, dont la crise montre les effets pervers.
 "..L’Allemagne a conduit une adaptation particulière à la globalisation. Elle a délocalisé une partie de la fabrication de ses composants en Europe de l’Est, hors zone Euro, pour profiter du très bas coût du travail. Elle a pratiqué en interne une politique de désinflation compétitive en comprimant sa masse salariale. Le salaire moyen allemand a baissé de 4,2% en dix ans. L’Allemagne a obtenu un avantage compétitif, non sur la Chine – dont les taux de salaire sont vingt fois inférieurs, et le  déficit commercial de l'Allemagne avec ce pays est d'ailleurs comparable à celui de la France, autour de 20 milliards d’euros –, mais sur les autres pays de la zone euro dans lesquels une politique de compression salariale n’est pas concevable pour des raisons culturelles. L'euro, qui empêche structurellement l’Espagne, la France, l’Italie et les autres pays de l’Union de dévaluer, a fait de la zone euro un espace d’exportation allemande privilégiée. C’est ainsi que sont apparus des déséquilibres commerciaux entre l’Allemagne et ses partenaires depuis la création de l’euro. En fait, ce sont ces déficits commerciaux internes à la zone euro qui sont la réalité du problème européen et non les déficits budgétaires qui n’en sont qu’une conséquence lointaine..."
___La critique du modèle allemand, qui a tendance à faire cavalier seul, et de la BCE se développe en Europe, surtout de la part des pays qui subissent les contre-coups de ses effets monétaires et commerciaux. 
La diplomatie allemande a changé peu à peu d'orientation, depuis la fin de la Guerre Froide, imposant son "hégémonie douce".Elle regarde surtout vers l'Est.
 Ce modèle est plus fragile qu'on ne le croit. Le problème n'est pas la Chancelière, souvent prise pour cible, mais la politique générale qu'elle représente, oublieuse parfois de l' histoire.
L'Allemagne est entre deux eaux, La France se cherche. L'Europe patine, pratiquant la politique du fait accompli.
 Projet sans fin, elle est devenue sans projet...
 Delors et Schmidt vont-ils contribuer à le réveiller.?
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- Les arrière-pensées de la réconciliation franco-allemande
- "Méfiez-vous du modèle allemand !" Steffen Lehndorff
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Paru dans Agoravox

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