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mercredi 27 mars 2013

Deux mots sur le capitalisme

Sur deux maux principaux
_______________________Les tendons d'Achille du système_______

1)____Le système capitaliste va de crise en crise. Ce n'est pas nouveau.__
C'est dans sa nature de créer sans le vouloir et toujours le savoir des conditions qui, à certains moments de son développement, mettent en péril  sa logique et ses fondements même, le forçant à se renouveler ou à disparaître.
Les libéraux le reconnaissent eux-mêmes, mais pensent que c'est un processus naturel, quasi-darwinien, qui serait justement un aspect essentiel du progrès du système lui-même, son moteur historique...
Mais aujourd'hui, les dogmes libéraux sont en crise.
 Même des banquiers ou des économistes classiques, depuis les débuts de la crise, s'interrogent, à la suite de Marx, sur les causes d'un phénomène qui s'étend et s'approfondit, comme Artus__(1), Aglietta...Gadrey,  l'américain Michael PARENTI et même le très libéral The Economist, qui reconnaît que : " « le culte du court terme a produit des résultats pervers », poussant les managers à prendre de gros risques pour atteindre les résultats annoncés (et ainsi toucher leurs stocks options). Il souligne que le temps de possession d’une action est passé de 8 ans dans les années 1960 à 4 mois aujourd’hui et rappelle que Peter Drucker disait que « les résultats à long terme ne peuvent pas être atteints en additionnant les résultats à court terme » et souligne que les entreprises cotés investissent 4% de leurs actifs contre 10% pour celles qui ne le sont pas."
Paul Poleman, président d’Unilever, qui ne publie plus l’ensemble des résultats financiers, chaque trimestre  avait affirmé à Davos que « les managers de hedge funds vendraient leur grand-mère pour faire du profit ».
Un exemple, celui de l'entreprise DELL met met en évidence le rôle pervers que joue l'actuel actionnariat sur l'investissement et le rôle déstabilisateur de la financiarisation généralisée et mondialisée:
"... Ce qui constitue le néo-libéralisme, dernier avatar du capitalisme mutant, c’est la mondialisation économique sans barrière et le primat de l’actionnaire, qui a complètement perverti l’usage même des marchés d’action. Ce dernier point se révèle particulièrement nocif pour les salariés, on le voit en France avec Sanofi par exemple, où les actionnaires imposent la suppression de postes de chercheurs pour augmenter les dividendes. Mais à moyen terme, il condamne les entreprises elles-même.
A l’origine et en théorie, quand une entreprise entre en bourse, c’est pour se faire financer, lever des fonds auprès d’actionnaires pour lui permettre d’investir, se développer. Aujourd’hui, c’est l’entreprise qui finance l’actionnaire qui, s’estimant propriétaire et sans limite, réclame des dividendes de plus en plus importants. De même empêche-t-ils les investissements tant que la rentabilité sur le capital investi (ROI dans le jargon) n’atteint pas des sommets de plus en plus élevés. De fait, les grands groupes sont assis sur des montagnes d’or, qui ne servent à rien, à part à justifier les hausses régulières de dividendes.."

 366 milliards d’euros sommeillent dans les coffres des sociétés cotées. Un pactole qui sert surtout à contenter les actionnaires plutôt que d’investir pour relancer l’économie et l’emploi.
Le développement des fonds de pension est un des éléments de ces dérives.

_____2) Les inégalités engendrées par le système sont sources d’instabilité, selon l'économiste américain Nouriel Roubini, le seul qui ai vu venir la crise bien avant ses premières manifestations visibles
"L’augmentation de l’endettement tant dans le secteur privé que dans le secteur public et les bulles correspondantes des actifs et du crédit sont en partie la conséquence des inégalités. Une faible croissance des revenus pour tout le monde sauf pour les plus riches au cours des dernières décennies a généré une tension entre moyens financiers et envies de consommation. Les pays anglo-saxons ont réagi en démocratisant le crédit – par une libéralisation financière – ce qui a accru la dette privée, les ménages empruntant davantage pour consommer. En Europe, les ressources fiscales ne permettant plus de financer suffisamment les services publics (l’éducation, les soins gratuits, etc.), les autorités ont creusé le déficit public et la dette. Dans les deux cas, la dette a fini par atteindre un niveau insoutenable.
Dans les pays avancés, les entreprises ont supprimé des emplois en raison d’une demande finale insuffisante, ce qui conduit à un excès de capacité productive et pose question quant à l’avenir. La suppression d’emplois diminue encore la demande finale, car elle réduit les revenus du travail et accroît les inégalités. Le coût du travail d’une entreprise constituant les revenus de ses salariés et suscitant leur demande de consommation, une mesure rationnelle au niveau d’une entreprise peut-être destructive au niveau de la société prise dans son ensemble.
De ce fait l’économie de marché ne génère pas une demande finale suffisante. Par exemple aux USA la diminution du coût du travail a fortement réduit la part du revenu des salariés dans le PIB. Le crédit devenant rare, avec la plus faible propension marginale des entreprises, des détenteurs de capitaux et des ménages aisés à dépenser, les conséquences de décennies de redistribution inéquitable des revenus et des richesses sur la demande agrégée (du travail vers le capital, des salaires vers les profits, des pauvres vers les riches et des ménages vers les entreprises) sont devenues plus marquées.
Ce problème n’a rien de neuf. Karl Marx a exagéré les mérites du socialisme, mais il avait raison de dire que la mondialisation, le capitalisme effréné et la redistribution des revenus et des richesses issues du travail au profit du capital pouvaient conduire le capitalisme à s’auto-détruire. Ainsi qu’il le proclamait, le capitalisme sauvage peut entraîner des épisodes de surcapacité, de sous-consommation et un retour cyclique de crises financières destructrices alimentées par l’éclatement des bulles du crédit et du prix des actifs.
Même avant la Grande dépression, les classes “bourgeoises” éclairées européennes reconnaissaient que pour éviter une révolution il était nécessaire de protéger les droits des salariés, d’augmenter leurs revenus et d’améliorer leurs conditions de travail, de redistribuer les richesses et de financer les biens publics (l’éducation, la santé et système de protection sociale). La pression en faveur d’un Etat-providence moderne a augmenté après la Grande dépression, lorsque l’Etat a assumé la responsabilité de la stabilisation macroéconomique. Il lui a fallu pour cela entretenir une classe moyenne importante en renforçant les biens publics par une fiscalité progressive et en donnant à tous une chance de réussir..."

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