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lundi 16 juin 2014

Chouette, la philo!

 C'est aujourd'hui!
                                Elle est arrivée, l'épreuve éprouvante, tant redoutée par les bonimenteurs d'écran...
      Comme tous les ans, la télé s'affole et affole, en remettant en scène la dramaturgie du vieux marronnier annuel, en reprenant les mêmes sempiternels discours formatés, avec les mêmes images, tout juste bonnes à stresser un peu plus les élèves et surtout leurs malheureux parents : comment s'y préparer, et à quoi sert l'enseignement de la philosophie?
    Jamais l'ombre d'un début de commencement d'analyse n'est seulement suggéré.
     Mais les conseils inutiles pleuvent de toutes parts. Il faut cocooner ces petits, surtout quand plane la séduction du foot envahissant . Attention au carton rouge! On est prié de jouer la carte de Descartes.
Les pronostics abondent. Madame Soleil triomphe...On convoque un ministre ou une vedette, qui sont supposés avoir sur le sujet des lumières particulières. Place à l'info-spectacle.
        Dans le rituel immuable des épreuves du sacro-saint bac, la philo arrive en pole position, comme si elle était encore la matière reine, la discipline suprême, la référence première, jugée aussi plus difficile et plus aléatoire, objet d'une crainte distante, parfois d'un culte irrationnel ou plus souvent d'un mépris de moins en moins masqué.
  Les lieux communs pleuvent dans la dramaturgie imposée par l'examen "qui ne sert à rien, mais qui peut ouvrir toutes les portes".... Chacun y va de ses souvenirs plus ou moins heureux et de ses préjugés, tenus pour des vérités assurées.
     Certains proposent  de se préparer en s'amusant. Cool!

            Mais la chouette de Minerve ...
                                                              ...ne prend son envol qu'à la tombée de la nuit
               Cette discipline, qui pourrait n'être pas scolaire, ne mérite pas cependant autant d'honneur factice ou d'indignité répulsive..
   Cette épreuve mériterait d'être revue, dans le cadre d'un bac rénové.
Rien n'a été tenté pour réinventer une autre manière de transmettre, au sein d'une vraie crise culturelle, qui ne favorise pas l'exercice d'une pensée autonome, mais exacerbe plutôt l'exigence de réussite immédiate, donc de travail étroitement scolaire, où la mémoire prend le pas sur la réflexion, dans toutes les disciplines.
    De nouvelles  pratiques  pourraient être tentées.
  La philosophie est d'abord une manière de mettre l'esprit en action sur des sujets concernant le sens de la vie.
      Si les chemins sont multiples, l' objectif est le même.
L'éternelle question: a quoi sert la philosophie? est déjà une question philosophique
           Le problème des fins ne peut se ramener à celui des moyens
Une certaine quête de vérité, même modestement envisagée, reste   possible pour de jeunes esprits... et pour les autres.
  La philosophie ne peut que déranger une pensée sclérosée dans des habitudes, ses schémas de pensée, ses préjugés hérités.
     Oser les lumières, suggérait dèjà le vieux Kant et Jankelevitch affirmait:
                ."Assurément, si on se place sur le terrain des finalités utilitaires, la philosophie ne sert à rien...Mais ne serait-ce pas là paradoxalement sa raison d'être? Si par hasard vivre dangereusement était depuis toujours sa vocation(...). L'antiphilosophie risque, par sa stérilisation et le tarissement à la source, de fabriquer une génération d'abrutis manipulables et parfaitement dociles, incapables non seulement de réagir, mais de comprendre l'enjeu. Ils ne sauront même plus ce qu'il s'agit de préserver(...)."
    Philosopher est devenu sans doute plus difficile aujourd'hui. Pour des raisons convergentes qui serait longues à analyser et à relier. Un contexte culturel où l'autorité du savoir ne s'impose plus, où le relativisme devient le mode de pensée dominant, dans le cadre d'une remise en question des missions de l'école, et où une certaine faillite des intellectuels est patente.. Une attention en régression, captée et détournée par l'univers marchand et ses produits séducteurs, où s'impose le décervelage.  Une citoyenneté devenue problématique dans un contexte ultralibéral commandant jouissances immédiates, bannissement de l'effort et éclipse de la pensée critique, jusque dans les universités.
     Pour remettre en selle une activité qui n'a pas d'âge, hors de tout contexte scolaire, on peut franchir ce portail.
     Sur internet, les sites du qualité ne manquent pas. On peut même se laisser guider par le prof bof 
et réinventer une philo de la marche, celle qui avait cours dans les rues d' Athènes...
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Relayé par Agoravox
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