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mardi 17 juin 2014

Irak: guerre sans fin?

 Vers de nouvelles configurations géopolitiques au MO?
                                                                          Les échecs de la démocratie aéroportée 
                                     Malgré le rétropédalage tardif de Colin Powel, le mal était fait. La machine à créer du désordre avait produit ses effets.
   L'ordre par la chaos: telle était la philosophie sommaire de la politique étrangère de l'équipe des néoconservateurs pétroliers et évangélistes bushiens, soutenus par quelques gameboys, intello-histrions gaulois et par un Tony Blair toujours convaincu...
    Le chaos, ils l'ont eu. Et quel chaos!
               Tout ça pour ça
Même l'objectif pétrole ne put être rempli dans ce qui devint un bourbier.
      Après la gestion calamiteuse de l'après-guerre,  les Etats-Unis ont laissé l'Irak au bord de l'implosion. et hésitent aujourd'hui à s'engager à nouveau  pour éviter la partition du pays, après tant de morts, de traumatismes et de milliards de dollars engagés. La parlementaire Nancy Pelosi s'est déclarée opposée à des bombardements. « Et quoi, après ?, s'est-elle interrogée. C'est la politique erronée qui nous a menés sur ce chemin il y a onze ans. » ( *)
        Un groupe de djihadistes, qui a plus de dix ans, produit indirect de l'invasion US en Irak et du démantèlement de l'organisation politique et militaire, s'est peu à peu organisé et radicalisé et a fini par prospérer sur les décombres et à la faveur du conflit syrien, alimenté par le vieux conflit sunnite-chiite resurgit, désireux de faire sauter les vieilles frontières de 1916.
       Aujourd'hui, il évolue vers un quasi Etat.
L’Iran considère l’Irak comme relevant de sa sécurité nationale et n’acceptera pas l'installation à Bagdad d'un pouvoir qui lui serait défavorable.. Interviendra-t-il?  Il semble que les USA ne s'y opposeraient pas, par intérêt, par simple calcul géostratégique.
     De fil en aiguille, la donne régionale risque de se trouver profondément modifiée:
   "...Pour beaucoup d’observateurs, cette offensive des djihadistes constitue une réelle surprise, de par la rapidité avec laquelle les forces armées ont quitté le territoire, sans vraiment combattre. « On n'a jamais vu ça, dit Myriam Benraad, spécialiste de l’Irak et responsable du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient au bureau de Paris du Conseil européen des relations internationales (ECFR). Les informations dont je dispose montrent qu’il n’y a pas eu de résistance de l’armée irakienne, et une désertion à grande échelle. Cela démontre que la prise de la ville avait été planifiée de longue date. Cela vient confirmer le fait que l’armée se révèle très poreuse et infiltrée par des insurgés et des membres de l’État islamique. Cela en dit long aussi sur l’EIIL, installé parmi les populations civiles et qui joue de ses ressources financières provenant du pétrole pour acheter la complicité de ces populations. C’est d’ailleurs également ce qu’il fait en Syrie, et toute une économie de guerre s’est désormais greffée autour de l’EIIL. » 
Bannière d'un site pro-EIIL, publié mardi 10 juin.Bannière d'un site pro-EIIL, publié mardi 10 juin. © DR
                                   « Une partie de la population sunnite n’en peut plus des brimades du régime de Maliki et soutient l’EIIL, estime Romain Caillet, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient (IFPO) et spécialiste de l’EIIL. À Mossoul, l’EIIL récolterait ainsi jusqu’à huit millions de dollars par mois. Certes, il y a aussi du racket, et l’on fait sauter les maisons de ceux qui ne paient pas en les accusant d’être des agents du régime. Ce n’est pas très étonnant que, dans ces conditions, ils aient pris la ville. »
   Le projet politique de l'EIIL est très clair. L'organisation djihadiste regarde avec envie le Kurdistan irakien prospère et devenu largement autonome de Bagdad. Le mouvement veut imposer son indépendance face au pouvoir chiite de Maliki, et gagner en autonomie financière avec, d’un côté, les raffineries de Deir Ez Zor en Syrie, de l’autre, les puits de pétrole de la région de Kirkouk, les plus importants du pays. S’il arrive à maintenir en sa possession ces deux mannes pétrolières, l’EIIL pourrait tout simplement devenir l’un des plus gros producteurs de pétrole du monde arabe ! (Lire ici un document présentant les ressources pétrolières irakiennes.)
Ce projet, qui vise à effacer la frontière dite de Sykes-Picot qui sépare l’Irak de la Syrie, ne date pas d’hier. Il s’inscrit dans l’histoire du djihadisme tel qu’il s’est construit en Irak au moment de la chute de Saddam Hussein, en 2003..." (Mediapart)
                        C' est plus simple à comprendre avec des cartes
       La percée d’EIIL en Irak pourrait durablement mener à une recomposition complète de la région. En septembre 2013, une tribune de la chercheuse Robin Wright, publiée dans le New York Times émettait déjà cette hypothèse et proposait une nouvelle carte
Cinq états du Moyen-Orient (la Libye, l’Arabie saoudite, la Syrie, l’Irak et le Yémen) éclataient en quatorze nouveaux Etats. L’espace irako-syrien s’y découpe en trois zones : le Kurdistan (bleu), le « Sunnistan » (vert) et le « Chiistan » (rose), tous deux séparés au niveau exact de Bagdad. Ce Sunnistan correspond en partie à la zone actuellement sous l’influence d’EIIL. Les frontières seraient complètement rebattues, à l’image de ce qui s’est produit dans les Balkans après l’éclatement de l’URSS. A la même époque, George Bush père avait mis fin à la première guerre du Golfe pour éviter l’éclatement de l’Irak en trois zones, chiite, sunnite et kurde.
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