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lundi 14 août 2017

Corée du Nord: questions

La brute et le chevalier blanc
                                                [Notes sur la dramaturgie géopolitique du jour]
           Un des épisodes les plus difficiles à analyser, du fait du caractère particulièrement opaque du régime anachronique de Pyongyang , de ses mystères, de sa propagande officielle, largement à usage interne, de ses pulsions guerrières affichées, qui ne peuvent être qu'autodestructrices si elles sont à prendre au sérieux, des réactions contre-productives de Trump, soit irréfléchies, naïves, soit calculées, pour contenir surtout la Chine voisine et rassurer ses alliés de cette partie de l'Asie.  Kim Jong veut surtout continuer à exister.
   Jusqu'à quand? C'est la grande inconnue.
        La Corée du Nord est l'héritage sclérosé d'un épisode des plus douloureux, celui de la guerre froide, dans cette partie du monde, dans le contexte de l'après-guerre. Une période vite oubliée, mais terrible;
    "Vite oubliée, la guerre de Corée reste le conflit le plus meurtrier de la deuxième moitié du XXe siècle: le nombre de victimes s'est élevé à 38 500 dans les forces onusiennes, à 70 000 dans les forces sud-coréennes et à 2 millions chez les combattants nord-coréens et chinois. À cela s'ajoutent les civils victimes des bombardements, des disettes et des épidémies (peut-être trois millions de victimes en plus des combattants).
     Cette guerre illustre la stratégie des deux superpuissances (États-Unis et URSS) pendant la «guerre froide» : maintenir la tension localement en évitant qu'elle ne débouche sur un conflit généralisé. Mais les élucubrations du général MacArthur ont montré que cette stratégie n'était pas sans risque. Les tensions extrêmes occasionnées par la guerre de Corée ont par ailleurs contribué à la «chasse aux sorcières» aux États-Unis."
       La partition de la Corée résulte d'un accord entre les Alliés victorieux de la guerre du Pacifique à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
    Une guerre qui aurait pu être évitée ou menée autrement, la menace nucléaire ayant été même envisagée par Mac Arthur:
             "Le 9 juillet 1950, deux semaines seulement après le début de la guerre, le général MacArthur envoya au général Ridgway un « message urgent » qui incita les chefs d’état-major (CEM) « à examiner s’il fallait ou non donner des bombes A à MacArthur ». Le général Charles Bolte, chef des opérations, fut chargé de discuter avec MacArthur de l’utilisation de bombes atomiques « en soutien direct aux combats terrestres ». Bolte estimait qu’on pouvait réserver de 10 à 20 bombes au théâtre coréen sans que les capacités militaires globales des Etats-Unis s’en trouvent affectées « outre mesure ». MacArthur suggéra à Bolte une utilisation tactique des armes atomiques et lui donna un aperçu des ambitions extraordinaires qu’il nourrissait dans le cadre de la guerre, notamment l’occupation du Nord et une riposte à une potentielle intervention chinoise ou soviétique comme suit : « Je les isolerai en Corée du Nord. En Corée, je vois un cul-de-sac. Les seuls passages en provenance de Mandchourie et de Vladivostok comportent de nombreux tunnels et ponts. Je vois là une occasion unique d’utiliser la bombe atomique, pour frapper un coup qui barrerait la route et demanderait un travail de réparation de six mois. »
     A ce stade de la guerre, toutefois, les chefs d’état-major rejetèrent l’usage de la bombe car les cibles suffisamment importantes pour nécessiter des armes nucléaires manquaient, ils redoutaient les réactions de l’opinion mondiale cinq ans après Hiroshima et ils s’attendaient que le cours de la guerre soit renversé par des moyens militaires classiques. Le calcul ne fut plus le même lorsque d’importants contingents de soldats chinois entrèrent en guerre, en octobre et novembre 1950."
     Un contexte que rappelle l'historien américain Bruce Cumings.
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 Certes, le passé n'explique pas tout le présent, mais, sans justifier la succession des dynasties
hors-sol de la Corée du Nord, on ne peut exclure que ce passé terrible ait contribué au ressentiment des masses et à la relative popularité forcée des régimes qui se sont succédé.
   La réunification, régulièrement évoquée, reste un horizon bien lointain, d'autant plus que certaines puissances locales, comme le Japon, ont intérêt à l'existence d'une Corée désunie. La Chine est entre deux exigences.
     Il n'est pas sûr que le chantage périodique du régime et la réaction symétrique de Washington soient le meilleur moyen de débloquer une situation qui n'est pas (ou plus) aussi catastrophique qu'on le dit, qui a trouvé des moyens de survivre, malgré les sanctions et les exclusions, qui renforcent le caractère obsidional du régime.
        Deux ouvrages de référence peuvent aider à mieux connaitre la Corée du Nord, par delà les stéréotypes courants, les caricatures et les approches simplistes de la presse courante.
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