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mardi 2 octobre 2018

Seuls ensemble

Solitude d'hier et d'aujourd'hui.
                             La solitude n'est pas un concept simple à analyser.
                                        Il en existe bien des formes.
  Elle peut d'abord être subie, comme un poids au milieu de relations humaines dont on se sent exclu. ou marginalisé, pour des raisons diverses, mais elle peut aussi être recherchée comme un moyen de se retrouver dans certaines circonstances, même au milieu des foules. 
   Il peut y avoir des moments de solitude heureuse, Mais on peut être ensemble et se sentir esseulé. Jeunes ou vieux.

    Ce n'est pas seulement une question de gestion personnelle des attitudes, de tempérament ou d' affects. C'est aussi une question de civilisation, de rapports sociaux, de contexte économico-social.
     Dans le contexte de crises multiformes que nous vivons aujourd'hui, jamais peut-être on ne s'est senti aussi seul, malgré les liens familiaux qui se relâchent. Une forme d'individualisme généralisé s'empare de nos sociétés, dans le contexte qui est le nôtre, façonnée par une une idéologie et des pratiques libérales, qui font s'estomper les solidarités et le sens de chaque vie.
    L'homme sans qualité, annoncé par Musil, tend à devenir la norme.
 Nous somme sommés de "prendre soin de nous", quitte à oublier l'entourage, même les proches dans le désarroi. Chacun est plus ou moins sommé de réussir.
  Chacun pour soi. Le narcissisme a été érigé en norme de vie. Le tissu des relations devient peau de chagrin, quand il existe encore, même sur le même palier. La solidarité est une valeur en baisse et le nomadisme institué atomise et fragilise des personnes. Les liens se dissolvent. La citoyenneté est entamée par le consumérisme, comme le décrivait B. Barber.
  C'est la solitude néolibérale qui gagne, celle que prônait Ayn Rand. Dont on veut faire un business. Une solitude, qui peut être entrecoupée d'élans de solidarité occasionnelle,  qui n'est pas sans effets:
      « L’économie est le moyen. L’objectif est de changer les âmes », avoua un jour Margaret Thatcher, qui disait aussi: La société n'existe pas (Il n'y a que des individus et la marché 
    D’un certain point de vue, Thatcher a raison : les rapports sociaux définis par le néolibéralisme façonnent l’âme humaine, induisent la naissance d’une nouvelle économie psychique dont tous les spécialistes s’accordent à dire qu’elle se distingue par un sentiment inédit de solitude.
    D’après l’OMS, la dépression serait la quatrième cause mondiale de handicap, et la deuxième dans les pays industrialisés aujourd’hui soumis aux gouvernementalités néolibérales. En 2020, elle pourrait devenir, à l’échelle planétaire, la première cause de maladie chez la femme et la deuxième chez l’homme. Un constat partagé pour les psychiatres et les psychologues cliniciens, notamment ceux qui exercent dans des établissements publics et qui accueillent chaque jour, au plus près de la vie, des gens en souffrance morale grave, des gens proches de s’en aller.
                 ___« L’individualisme est la pire ou la meilleure des choses selon qu’il s’apparente au destin du grain de sable ou à celui du brin d’herbe. Le grain de sable n’a pas d’attaches, il est libre comme le vent, mais aussi bien le vent l’emporte où il veut pour en faire un atome anonyme au milieu d’une masse. Le brin d’herbe a des racines dans la terre…et dans le ciel, par la photosynthèse; il est immobile, mais il résiste au pied qui l’écrase comme au vent qui le soulève et avec les brins d’herbe voisins, il forme un peuple. »
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