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mardi 7 avril 2020

Guerre des masques

Démasqués!
              Il ne faut pas se voiler la face, il y a un vrai scandale des masques.
                   Cela commence à se savoir.
   Non seulement du fait du marché tendu de ces petites protections faciales, que l'on s'arrache d'un pays à l'autre, quitte à détourner des cargaisons, à surenchérir sur les prix, dans une concurrence sauvage où la solidarité, parfois proclamée, n'a plus de sens.

   Mais aussi parce qu'on n'a pas cessé de nous tenir un double discours sur l'utilité de ce morceau de tissu, dont on constate enfin aujourd'hui qu'il est un élément protecteur efficace pour soi et pour les autres. Un élément seulement, mais jugé enfin nécessaire et même généralisable. Tous à vos maques! Do it yourself! Im-pé-ra-tif!
   A l'heure où certains personnels soignants en manquent encore, pour ne parler que d'eux, ou ils ne sont pas en nombre suffisant, c'est un scandale qu'il faut dénoncer dans une gestion déjà ancienne, sous le signe des l'économies à courte vue. Notre système de santé est bien préparé, disait-elle...
    Magouillages, verbiages, tripatouillages et pillages furent jusqu'ici la logique d'une affaire dont il faudra un jour déterminer les responsabilités. L'urgence ne justifie pas tout. C'est l'ère des prédateurs.
  Des Etats commencent enfin à revenir à des comportements civilisés, des régions aussi. Mais on est loin de pouvoir armer toutes les populations, surtout les plus exposées, comme on le déclare (enfin!) maintenant, après avoir minimisé l'importance protectrice du problème.
   Une longue enquête permet d'affirmer que l'on a (eu) affaire à un mensonge d'Etat, entre gestion non assurée, minimisation du problème et contre-vérités, en fonction des circonstances et des intérêts:
              "...En déplacement, mardi 31 mars, dans une usine de fabrication de masques chirurgicaux, le président de la République Emmanuel Macron a cité beaucoup de chiffres sur les approvisionnements en cours, afin de rassurer les Français qui s’inquiètent de la pénurie de ce matériel médical essentiel pour la protection des soignants.
  Beaucoup de chiffres, sauf un : « 1200 ».
    « 1200 », comme le nombre officiel de personnels de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), le vaisseau amiral des hôpitaux publics français, qui ont été contaminés par le Covid-19 depuis le début de l’épidémie.
   « 1200 », comme la preuve de la vulnérabilité des soignants, « au front chaque jour », comme le dit le chef de l’État, mais bien souvent sans protection adaptée contre le virus.
   « 1200 », comme le résultat de l’impéritie du pouvoir politique face à une crise sanitaire d’une ampleur et d’une violence inédites.
     Fin janvier et début février, le ministère de la santé, conscient de la faiblesse des stocks d’État, n’a décidé de commander qu’une très faible quantité de masques, malgré des alertes internes. Le matériel a de surcroît mis plusieurs semaines à arriver.
    Après ce premier fiasco, l’État a créé, début mars, une cellule interministérielle dédiée à l’achat de masques. Mais là encore, le bilan s’est avéré catastrophique : lors des trois premières semaines de mars, la cellule n’a pu obtenir que 40 millions de masques, soit l’équivalent d’une semaine de consommation au rythme contraint actuel. La cellule a notamment raté plusieurs possibilités de livraisons rapides.
   Le gouvernement a caché cette pénurie pendant près de deux mois et, en fonction des stocks, a adapté ses consignes sanitaires sur le port du masque. Fin février, le directeur général de la santé préconisait un masque pour toute personne en contact avec un porteur du Covid. Un mois plus tard, la porte-parole de l’exécutif déclarait que c’était inutile…
    Des entreprises dans des secteurs « non essentiels » de l’économie ont continué à consommer des masques, pour des raisons économiques. Exemple : l’avionneur Airbus, qui semble avoir bénéficié d’un traitement de faveur. Dans le même temps, des personnels soignants continuent à travailler sans ces masques protecteurs, faute de stocks suffisants.
   Le gouvernement tente désormais de renflouer les stocks, avec une stratégie à 180° : il faut préparer la sortie de confinement, « où on sait qu’il faudra massivement équiper » la population, ainsi que l’a admis la secrétaire d’État à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, dans une réunion dont Mediapart a obtenu l’enregistrement....
    « La grande erreur aux États-Unis et en Europe est, à mon avis, que la population ne porte pas de masque. » Dans le très sérieux magazine américain Science, un haut scientifique chinois a rappelé, le 27 mars, une évidence face au coronavirus, qui « se transmet par les gouttelettes respiratoires » : « Il faut porter un masque. »
   « Le simple fait de parler peut transmettre le virus, a souligné George Gao, directeur général du Centre chinois de contrôle et de préventions des maladies, qui fut en première ligne dans la lutte contre le Covid-19. De nombreux individus atteints sont asymptomatiques, ou ne présentent pas encore de symptômes : avec un masque, on peut empêcher les gouttelettes porteuses du virus de s’échapper et d’infecter les autres. »
    Le problème : mi-janvier, au début de l’épidémie en Chine, les stocks de masques sont quasi inexistants en France.
    Selon nos informations, on dénombre alors moins de 80 millions de masques dits « chirurgicaux » – plus 80 millions supplémentaires commandés avant l’épidémie, mais pas encore livrés – et zéro en stock de masques dits « FFP2 ». Les premiers sont des masques anti-projection de base, destinés à la population, avec une durée de vie limitée à quatre heures. Ils ne protègent pas ceux qui les portent, mais empêchent ces derniers de contaminer d’autres personnes par leurs postillons.
   Les seconds – ainsi que leur version haut de gamme, les FFP3 – sont, eux, des masques de protection respiratoires à destination du personnel soignant. Seuls les FFP2 et FFP3 protègent leurs porteurs. En cas de pandémie, il faut pouvoir en distribuer, au minimum, à tous les personnels de santé les plus exposés : soignants hospitaliers, médecins de ville, pompiers, ambulanciers… Et pourtant, la France n’en a aucun en stock.
   Ce choix n’est pas celui du gouvernement actuel mais de son prédécesseur. En 2013, la ministre de la santé, Marisol Touraine, avait en effet décidé de supprimer les stocks stratégiques de l’État et de transférer cette compétence aux employeurs, qu’ils soient privés ou publics, désormais chargés « de constituer des stocks de masques pour protéger [leur] personnel ».
    Au lieu de jouer la transparence sur cette pénurie – qui n’est pas de son fait –, et d’expliquer que le peu de stock disponible sera réservé en priorité aux soignants, le gouvernement d’Édouard Philippe choisit de ne pas informer les Français. Et d’utiliser de faux arguments sanitaires pour masquer des stocks insuffisants. Il expliquera ainsi tour à tour que les masques sont inutiles pour la population générale, puis qu’ils ne sont pas efficaces car les Français ne savent pas les porter, pour désormais, sur le tard, tenter d’équiper « massivement » la population afin de sortir du confinement...."
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