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jeudi 25 juin 2020

Quand sautent les boulons

Des boulons et des vices.
                                Etre statufié. Un idéal longtemps revendiqué par les "grands",  une longue tradition historique pour se rendre visible longtemps, pour assurer un présence mémorielle auprès de la longue suite des vivants. Revendiquer un peu d'immortalité, en quelque sorte; depuis les pharaons jusqu'à Foch, en passant par Napoléon. Se retrouver aux yeux du public comme un symbole de permanence, en quelque sorte hors du temps, toujours dans les mémoires, quitte à devenir un mythe idéalisé.

   Certains sont devenus de marbre ou de fer sans l'avoir voulu, du fait d'une reconnaissance plus ou moins tardive, venus de tous les horizons historiques: on ne mettra pas sur le même pied Montaigne, Pasteur...ou Bugeaud, Ceaucescu..
                                     Ce n'est pas très difficile de faire tomber une statue. Surtout à plusieurs. Surtout quand le ressentiment est fort vis à vis de ce qu'elle représente, réellement ou dans l'imagination populaire, à un moment donné de l'histoire. Les statues de Staline et autres n'ont pas résisté longtemps après la chute du Mur.  Good bye Lenin rappelle ces moments.
     Il y a des fois où cela se justifie assez bien de faire tomber ce qui était l'objet d'un culte imposé. Cela l'est moins quand rien de marquant ne le justifie. Ce peut être un acte politique fort, symbole de transformations profondes. Mais aussi un acte assez peu légitime, surtout longtemps après, surtout quand il y a erreur sur la personne, son véritable rôle, sa vraie nature. Quand la mémoire s'emballe ou se trompe de colère, faute de connaissances et de contextualisation, en référence à des luttes présentes.
   L'histoire officielle se trouve parfois mise à mal dans l'assaut contre certaines figures statufiées, mais le défaut de mémoire, l'aveuglement dû à la colère présente peuvent aussi être impliqués. Parfois jusqu'au vandalisme sans retenue. Des actes cathartiques qu'on peut facilement expliquer. Malgré les efforts parfois tardifs de pédagogie:
     "...Le déboulonnage est une façon de transformer le sens des statues mais ce n’est qu’une façon parmi d’autres. La ville de Bordeaux, qui a été un port négrier français, vient d’installer des éléments explicatifs sur les plaques des rues qui portaient le nom de philanthropes de la ville qui avaient par ailleurs participé activement à la traite des esclaves. Cela s’est fait à l’aide d’une commission qui a regroupé des associations, représentants politiques, chercheurs, anthropologues, sociologues ou historiens. Cette réflexion a même abouti à la création d’une nouvelle statue, celle de l’esclave Modeste Testas, qui représente la souffrance des esclaves..."
    La frénésie moralisante n'est pas toujours la meilleure des choses. Rebâtir une mémoire juste et complète est l'oeuvre la plus utile et la plus urgente. Pour éviter l'anachronisme et les confusions. Pour cause de lectures problématiques de l'histoire.
          L'histoire à l'épreuve de la rue n'est pas toujours la plus nuancée...C'est une euphémisme.
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