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jeudi 29 avril 2021

Philanthropie de milliardaire

Je donne, donc je suis (très riche...)

                     Ils ont le coeur sur la main, les milliardaires charitables du Nouveau Monde, les nouveaux abbés Pierre de Wall Street ou de la Silicon Valley. Mais surtout ils ont des intérêts bien compris, malgré les dénégations. Une excellente vitrine et une occasion avouée de payer moins d'impôts. Des fondations finalement rentables en terme d'image et de prestige. Le don plutôt que la justice, sensé réparer les défaillances de l'Etat, selon une longue tradition. Charity, oui, mais Charity Business.                                                                                                                            "....Leurs ressources financières sont immenses, car, contrairement à d’autres milliardaires dont la richesse est liée à leurs entreprises, il s’agit principalement de fortunes liquides, issues de l’accumulation des revenus du capital via des sociétés d’investissement – Cascade Investment pour Gates, Quantum pour Soros. Entre 1994 et 2019, Gates et sa femme ont transféré plus de 35,8 milliards de dollars à leur fondation, tandis que leur patrimoine personnel est resté, selon Forbes, à plus de 100 milliards de dollars. Le patrimoine de Soros ne comptait que 8,3 milliards de dollars en 2019, une somme qui a beaucoup diminué depuis 2017, car il a, entre-temps, donné 18 milliards de dollars à sa fondation Open Society, pour établir un fonds de dotation et pour éviter l’impôt. De telles sommes concurrencent et dépassent les budgets de nombreux États. En 2018, la Fondation Gates représentait 8,3 % des dépenses mondiales en matière de santé globale (3,2 milliards de dollars) ; seuls les États-Unis (13,2 milliards de dollars) et le Royaume-Uni (3,3 milliards de dollars) disposaient de budgets plus importants..."                  ____________Les très riches, très, très riches Zuniens ont souvent la main sur le coeur, même s'ils mégotent sur les salaires.    Ce sont les nouveaux partageux. Ils le montrent.    De Rockfeller à Jeff Bezos, ils aiment donner. Mais pas de quoi se mettre sur la paille. Le premier disait« L'argent me vient de Dieu » ou « faites de votre mieux, épargnez ce que vous pouvez épargner, donnez tout ce que vous pouvez donner. » C'est une tradition presque sacrée au pays où l'Etat est souvent déficient en matière d'aide de toutes sortes. Et puis c'est un investissement.


  La discrétion, qui sied à la générosité, n'est pas le point fort de ces Crésus qui ont pignon sur W.Street.
  La charité n'est pas que religieuse, elle est aussi d'ordre privé et économique.
  C'est pas chez nous que l'on verrait ça. Bernard Arnault, qui n'est pas pauvre, s'est juste fendu un peu pour Notre-Dame.
   Ah! sil y avait plus de milliardaires, il n'y aurait plus de pauvres. Mais ça viendra....(hi!hi!)
  Aux USA, la charité des grosses fortunes est un business comme un autre.
  Le philanthrocapitalisme prend soin de s'étaler au grand jour.
       On peut même être philanthrope de père en fils. On peut ainsi laisser un nom, une réputation et un retour sur investissement intéressant.
     Il n'y a pas que l'ultra-richissime Bezos, ou Madame, dont la fortune équivaut ou dépasse le PIB de certains pays moyens.
    Et il n'y a pas que la "charité" qui est en cause, mais des tentatives pour supplanter l'Etat, jugé désuet, dépassé, pas seulement dans la Silicon Valley, et qui pourtant les a bien favorisées. Et le régime des impôts leur est tellement généreux.
   Autrefois on faisait la charité. C'est dépassé. L'Etat n'assure pas, ou si peu, en matière sociale et sanitaire. Il faut soigner le malade.
        C'est parfois un coup de génie. La charity business peut rapporter gros:  
 David Yermack, dans un article au titre révélateur, « Deductio ad absurdum », a parfaitement documenté dans le cas américain l’absurdité d’un système fiscal permettant que, lorsque de riches PDG donnent leurs actions à leurs propres fondations familiales, ils bénéficient en échange de réductions d’impôt très élevées.    Yermack va même plus loin et démontre que ces dons – qui ne sont pas régulé par la loi sur le délit d’initiés – ont le plus souvent lieu juste avant que le prix des actions de l’entreprise ne diminue. D’après ses résultats, un certain nombre de PDG antidatent de façon frauduleuse les dons afin de pouvoir augmenter les bénéfices fiscaux personnels qu’ils en tirent. Or, non seulement la loi fiscale américaine est telle que ces donateurs bénéficient d’une réduction d’impôt, mais ils n’ont de plus pas à payer l’impôt sur les plus-values auquel ils auraient été sujets s’ils avaient simplement vendu ces actions...

   Très intéressant, non?
        N'y aurait-il pas comme une contradiction entre la notion de démocratie et les idéaux et devoirs de celle-ci, bien comprise? Comme le souligne Robert Reich, la philanthropie à l'américaine, derrière sa face avenante, peut rapporter gros.
         La tradition est ancienne aux USA, que l'on s'appelle Rockfeller, Carnegie ou Buffet.
   Avec une partie seulement de la fortune de Bill Gates (ne soyons pas trop dur et il lui en resterait tant encore pour lui et ses enfants!), on pourrait ouvrir des écoles dans toute l'Afrique et sortir beaucoup de pays du marasme, par des actions bien ciblées, bien organisées. Ce serait aussi une façon de rendre à la société une partie des sommes qu'il a captées par ses pratiques commerciales monopolistiques déloyales .
  Madame Bettancourt ne verse qu'une part très dérisoire de ses revenus à l'Etat au regard d'une personne des classes moyennes, mais elle a aussi "ses" pauvres...et ses oeuvres d'art, qui lui donnent du plaisir et lui fait faire des économies...
   Les cadeaux fiscaux vont rarement dans le sens de l'intérêt général.

        Alors, justice ou charité ?
                   Rien ne change, mais les moyens sont sans doute plus puissants encore aujourd'hui.
     _____  « La richesse concentrée par quelques uns sert bien plus la cause du progrès que lorsqu’elle est émiettée en salaires destinés à faire vivre la multitude » (Carnegie)
        « 98% d’entre eux (les plus fortunés) se sont hissés au sommet à la force du poignet. Je compatis néanmoins avec ceux qui sont restés pauvres même s’ils doivent, d’abord, à leur propre incompétence de n’avoir pas échappé à leur condition.(Pasteur Russel Cornwell). ...AMEN!
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