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lundi 25 juillet 2022

Point d'histoire

 Qui se souvient de Thomas Sankara? [ Brefs rappels pour approfondissements]  

      Il passa si vite et si tragiquement au pouvoir que sa mémoire s'efface vite, du moins dans conscience d'hommes blancs.

            Arrivé comme un météorite dans le ciel africain, il repartit tragiquement, un peu comme Lubumba dans son pays. Il gênait trop, surtout en externe. Dans cette époque troublée, il tenta d'introduire un certain nombre de valeurs, dans son pays, rongé comme beaucoup par la corruption et les soubresauts de la période post-coloniale. Son parcours est édifiant, gagnant assez vite en prises de conscience sociales et exigences politiques.     "...Durant ses études à Madagascar, il assiste en  à la révolution qui conduit à la fin du régime de Philibert Tsiranana. Cela l'amène à concevoir l'idée d'une « révolution démocratique et populaire ». De retour en Haute-Volta en  avec le grade de sous-lieutenant, il est affecté à la formation des jeunes recrues. Il s'y fait remarquer par sa conception de la formation militaire dans laquelle il inclut un enseignement sur les droits et les devoirs du citoyen, insistant sur la formation politique des soldats : « sans formation politique patriotique, un militaire n'est qu'un criminel en puissance », a-t-il coutume de dire..."  Il se prononce ouvertement pour la rupture du rapport « néocolonial » qui lie la Haute-Volta à la France : « Lorsque le peuple se met debout, l’impérialisme tremble. L’impérialisme qui nous regarde est inquiet. Il tremble. L’impérialisme se demande comment il pourra rompre le lien qui existe entre le CSP [le gouvernement] et le peuple. L’impérialisme tremble. Il tremble parce qu'ici à Ouagadougou, nous allons l'enterrer »                                                                                                               Ce radicalisme, ce souci de rompre les liens avec les séquelles du colonialisme, les injustices sociales, certains pouvoirs locaux traditionnels, son socialisme déclaré firent de lui une figure contestée, dont l'action et les projets, dans le contexte de l'époque, firent de lui un homme à abattre car risquant d'être trop influent dans la sphère africaine. Sa fin tragique, à laquelle il s'attendait, reste encore à élucider. Certains services de la France et la diabolisation qu'il subit jouèrent un rôle certainement décisif pour rendre le pays plus "raisonnable".                                                     On n'a pas fini de revenir sur ce dossier, au coeur d'une Afrique encore agitée par les luttes intestines et les influences étrangères. Sankara aura eu raison trop tôt...Comme à sa manière Patrice Lubumba.                                                                                                                  France culture a fait un bilan récent de la pensée et de l'action de Thomas, l'homme seul...           On n'a pas fini d'en parler..... ___ Le site. _____

           _____ *   Bruno Jaffré : Thomas Sankara : La liberté contre le destin, discours rassemblés et présentés par Bruno Jaffré, éditions Sylepse, 2017__Daniel Tranchant : Sankara, les fauves l’ont dévoré, éditions Elytis, 2017___Saïd Bouamama : Figures de la révolution africaine, de Kenyatta à Sankara, La Découverte, 2017___Armelle Faure : Révolution et sorcellerie, une ethnologue au Burkina Faso, Elytis, 2020___Achille Mbembe : Sortir de la grande nuit, essai sur l’Afrique décolonisée, La Découverte, 2010___Marc Ferro : Le Livre noir du colonialisme, Robert Laffont, 2003___Pierre Péan : Carnages, guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Fayard, 2010 .                                ______________________

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