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lundi 11 août 2025

On OUVRE une FERME

La vache! Pas n'importe laquelle...

                 Une méga-ferme, la première en son genre en France. Après l'échec des mille vaches. Non, nous ne sommes pas en Arizona ou au Brésil, mais bien dans la France des terroirs.                                       Voici venir le temps d'une agricultuure sans agriculteurs.                                                                                 ";..Pour installer son centre, appelé Terres de Chavaignac, la firme prévoit d’acquérir 605 hectares. Les quatre communes concernées ont toutes adopté des délibérations contre le projet, dénonçant notamment l’accaparement de terres agricoles. C’est le cas du conseil municipal de Peyrilhac, qui estime qu’un tel projet « contribue à développer une agriculture sans paysans ». Les services de l’État attirent eux aussi « l’attention sur le risque de concentration d’exploitations agricoles » par la société T’Rhéa.                                                             Une agricuture sans paysans. Un industrie comme une autre, hots-sol. Est-ce ainsi que les vaches vivent? Le lait, très mal payé, est un marché lucratif. Tout un business. On est en train de changer de modèle. Exit le monde paysan, fort de son expérience, de ses traditions, se ses modèles...                                             C'est le début de  L'hyper-capitalisme à l'étableUn système devenu fou.             ____Le productivisme sans frein, dans certains secteurs agricoles, notamment dans la production laitière, en Bretagne plus qu'ailleurs, débouche sur des situations où, au nom de la "libre" concurrence, les prix bas imposés par les géants de la transformation laitière, la vie des éleveurs, pris dans une logique hautement productiviste, devient  une course en avant perpétuelle à la production effrénée, à la modernisation à tous prix, à l'endettement permanent, à la solitude et même souvent au désespoir.                       ____  On s'interroge sur le nombre de suicides élevés dans le monde agricole. Une des raisons principales est l'absurdité de ce qui se passe en silence au coeur de nos systèmes de production fermiers, devenus trop souvent des usines où le beau mot d'éleveur a perdu son sens...Souvent pointée du doigt, la souffrance au travail n'est pas seulement sur les chaînes de montage industriel. Les super-grands de l'industrie laitière et leur logique propre, surtout quand la PAC a disparu, font la pluie et le beau temps dans nos étables, jusque dans les détails. On connaît les méthodes de Lactalis en particulier, qui a défrayé plus d'une fois la chronique.          ___C'est le cercle vicieux de la course au gigantisme. Quelques centimes de plus par litre de lait et la tendance pourrait s'inverser. Pour l'instant, beaucoup d'éleveurs sont prisonniers...parfois désespérés, comme le montre le film ''Petit paysan"....Une logique infernale. Le capitalisme de papa est entré dans les fermes, où plutôt l'exploitation tend à devenir la règle dans nos exploitations. A bas bruit. Mais on fait mieux ailleurs!  ...Et si les vaches mangeaient de l'herbe?...

                 .".....Dans un gigantesque bâtiment de cinq mille mètres carrés, des centaines de vaches qui ne fouleront jamais l’herbe déambulent sous de grands ventilateurs-brumisateurs qui tournent silencieusement. À intervalles réguliers, de petits wagonnets parcourent le corps de ferme sur leurs rails, circulant d’un silo de stockage à l’autre, mélangeant les aliments et distribuant les rations. Dans l’étable, rebaptisée « stabulation », les vaches vont et viennent autour de quatre imposantes machines rouges. Ce sont des robots de traite. Attirées par une ration de granulés, elles viennent s’y placer à tout moment du jour et de la nuit, laissant les portes se refermer le long de leurs flancs. Le processus est entièrement automatisé : le robot commence par identifier la vache grâce à son collier électronique, puis il détecte l’emplacement de ses pis au moyen d’une caméra intégrée. Débarrassés de leurs saletés par un rouleau nettoyeur, ceux-ci sont ensuite scannés par un laser 3D rouge qui détermine la localisation des mamelles au millimètre près. La machine y place alors ses gobelets trayeurs : la traite peut commencer...      En ce mois de septembre 2020, une journée portes ouvertes est organisée à l’exploitation agricole des Moulins de Kerollet, à Arzal, dans le Morbihan. M. Erwan Garrec, éleveur laitier d’une quarantaine d’années, a fait une heure de route pour assister à cette démonstration du dernier robot de traite de la marque Lely, qui domine le marché. Investir dans un tel système, « c’est s’offrir les services d’un “employé modèle”, capable de traire vos vaches vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, pendant de nombreuses années », vante la brochure du groupe. « Ça vous dégage du temps et vous libère des contraintes liées à la traite », commente un vendeur du stand, avant de préciser : « À la moindre anomalie ou panne, vous recevez une alerte sur votre smartphone. » Grâce à son système de traite en continu, ce robot « permet d’augmenter facilement votre production de 10 à 15 % »....   M. Garrec n’a pas de smartphone, mais il rêve de la liberté qu’offrirait pareille technologie, lui qui s’occupe seul d’une grosse centaine de vaches laitières et travaille sans relâche plus de quinze heures par jour, trois cent soixante-cinq jours par an. Mais la liberté a un prix : s’offrir les services d’un de ces « employés modèles » impliquerait de débourser 150 000 euros, sans compter les 12 000 euros annuels de maintenance et les travaux d’aménagement à effectuer dans le bâtiment. Il faudrait de plus en changer tous les dix ans. Et, comme l’automate sature à partir d’une soixantaine de vaches, son exploitation en exigerait deux. Le vendeur le rassure : « Pour l’emprunt, on peut s’arranger. Le Crédit agricole encourage ses clients à se moderniser. Nous, on les connaît bien. »       Des emprunts, M. Garrec en a déjà contracté plusieurs. Pour son bâtiment, d’abord. Comme il a dû doubler le nombre de ses vaches afin de garantir la survie de son exploitation, il a fallu agrandir la ferme familiale, qui ne suffisait plus : une salle de traite plus vaste, un second silo pour stocker davantage de maïs. Et, comme il fallait plus de maïs, il a fallu doubler le nombre d’hectares destinés à en produire, et donc acquérir de nouveaux tracteurs..... M. Garrec produit aujourd’hui un million de litres de lait par an, soit trois fois plus que la moyenne des éleveurs laitiers français.    Une telle performance implique une course quotidienne contre la montre. Chaque matin, M. Garrec franchit en courant la centaine de mètres de pâturages qui séparent sa maison — construite sur l’une des parcelles de son exploitation — du bâtiment où se trouvent les vaches. Vêtu d’un bleu de travail, un seau à la main, il court encore, cette fois d’un bout à l’autre de sa stabulation de deux mille mètres carrés où flotte l’odeur nauséabonde du maïs ensilage (1). Ses gestes sont répétitifs et ajustés au centimètre près, pour économiser de précieuses secondes. Ce matin, il jette un coup d’œil rapide à sa montre et lance : « Ça va, on est dans les clous !....           « Grâce à cette alimentation, les vaches sont plus performantes », nous explique-t-il. Et puis, les faire pâturer s’avérerait chronophage, car elles sont nombreuses. Mais ce régime alimentaire coûte cher. Le maïs, qui vient de ses champs alentour, constitue son « plus gros poste de dépenses » : il nécessite des semences, des intrants, de l’irrigation et du travail agricole — externalisé par manque de temps.     Le maïs ensilage étant dépourvu de protéines, les rations distribuées aux vaches s’accompagnent de granulés de soja génétiquement modifié venu d’Amérique latine, ainsi que de minéraux et d’oligo-éléments en poudre.... Les vaches de M. Garrec sont des prim’Holstein, une race réputée pour être la plus productive du monde. « Le problème, c’est qu’elles sont fragiles. Il y a donc des frais de vétérinaire importants. » L’éleveur a cependant pu améliorer la productivité de son cheptel en recourant aux services de la coopérative d’insémination et de génétique animale Évolution. Son catalogue de plus d’une centaine de taureaux permet d’améliorer les performances des vaches, en adaptant par exemple leur morphologie (taille et hauteur de la mamelle, notamment) aux caractéristiques de la trayeuse. Cela n’empêche pas que 30 % du troupeau parte à l’abattoir chaque année en raison de mamelles non standards et de pis inadaptés. La proportion monterait à 50 % avec le calibrage du robot Lely Astronaut.    « On a un travail répétitif comme celui d’un ouvrier. Mais nous, on est notre propre patron. On prend des risques, on investit, on fait vivre et travailler plein de gens », développe M. Garrec en branchant inlassablement ses vaches aux trayeuses.... À vrai dire, c’est d’abord Lactalis, numéro un mondial des produits laitiers et treizième groupe agroalimentaire de la planète, que notre agriculteur fait vivre. « Là, je suis en train de produire le lait du mois de septembre, mais je ne sais pas encore à quel prix je le vendrai. » Car, dans la filière, c’est le client (ici Lactalis, mais il en va de même avec ses concurrents) qui fixe le prix et qui facture le produit, envoyant tous les mois au producteur sa « paye de lait ». Le contrat qui lie les deux parties ne fixe pas le prix, mais le nombre de litres qui doivent être produits.    Il est 1 heure du matin lorsque la course folle de M. Garrec prend fin. Après la traite du soir, il éteint la lumière du bâtiment et parcourt les pâturages en sens inverse, dans la nuit noire, guidé par la lumière de son téléphone, deux bouteilles de lait encore chaud à la main. Fourbu, il avale, avant de se coucher, un Nesquik dans lequel il a jeté de la semoule : « Ça prend cinq minutes. » Dans quelques heures, tout recommence.....                                      Selon M. Ronan Mahé, lui aussi éleveur, cette fragilité trouve également son principe dans le fait que, « depuis trente ans, le prix du lait n’a pas changé, et a même baissé ; pendant ce temps-là, tout a augmenté : aliments, matériel, charges, cotisations, mises aux normes, etc. ».      Plus du quart des paysans vivent ainsi sous le seuil de pauvreté, avec des revenus souvent inférieurs au revenu de solidarité active (RSA). Ils sont la catégorie socioprofessionnelle la plus touchée par la misère. En 2017, près de 20 % d’entre eux ont déclaré un revenu nul, voire un déficit de leur exploitation....   Lactalis avait atteint 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2019, « avec un an d’avance sur ses objectifs ». Au cours de cette année « historique », le groupe a connu sa plus forte croissance, avec notamment neuf acquisitions. La fortune de M. Besnier a suivi la même progression, le hissant à la neuvième place du classement Challenges des personnes les plus riches de France (il est depuis redescendu à la onzième place). Lors d’une conférence de presse, il a également annoncé que le prix du lait allait encore baisser, « pour affronter les difficultés qui s’annoncent dans le secteur laitier » en raison de la pandémie de Covid-19 (3). « Il y a une course à la baisse entre les industriels, explique M. Le Bihan. Ils tirent les prix vers le bas pour dégager de la marge et rester concurrentiels. Lactalis, Sodiaal [première coopérative (4) laitière française] et les autres tiennent tous le même discours. »....                À la mi-septembre 2020, au moment même où M. Besnier savourait la réussite de Lactalis, « exemple presque parfait des succès du capitalisme familial à la française », lors de « son anniversaire, avec sa femme et ses trois enfants, en vacances à l’île de Ré (5) », M. Garrec nous confiait, assis à la table de son salon aux murs nus, face à la fenêtre par laquelle il voit passer ses vaches, qu’il rêvait de « fonder une famille ». Avant d’ajouter avec un soupçon d’angoisse dans la voix que, célibataire à 43 ans, il avait intérêt à ne plus traîner. Mais encore faudrait-il qu’il puisse « consacrer du temps » à sa famille, ce qui signifierait « soit prendre un employé, soit prendre un robot » — comme le Lely Astronaut dont il observait attentivement la démonstration quelques jours plus tôt. Or, dans les deux cas, cela impliquerait « de produire plus, pour compenser le coût ». Et donc de poursuivre sa course infernale contre le temps." ( Maëlle Mariette)  ____________________

mercredi 19 mars 2025

Culture malmenée

 Et pensée libre menacée   ______

               Jusqu'au sens des mots...Trump mène l'offensive. IL ose tout. Et ce n'est que le début. L'obcurantisme va connaître de "beaux jours"...   l'offensive intellectuelle  est en cours   A la suite de Curtis Yarvin et de  son idéal radical.  Presque du Orwell dans le terxte...      L’idée fondamentale de la novlangue, chez Orwell , dans le contexte politique, est de supprimer toutes les nuances d’une langue afin de ne conserver que des dichotomies qui renforcent l’influence de l’État, car le discours manichéen permet d'éliminer toute réflexion sur la complexité d'un problème : si tu n'es pas pour, tu es contre, il n'y a pas de milieu. Ce type de raisonnement binaire permet de favoriser les raisonnements à l'affect, et ainsi d'éliminer tout débat, toute discussion, et donc toute potentielle critique de l'État. Le phénomène de la double pensée  décrit la tension entre les valeurs et les impératifs exigés jusqu'à l'outrance par le pouvoir abusif.


                                                                                                                                                            Derrière la guerre de Trump et Vance contre le savoir, une idéologie aussi effrayante que réelle : les «Lumières obscures» :                                                                                                                                                                  S'il y a bien un trait commun qui caractérise les idéologies fascistes d'hier et d'aujourd'hui, c'est le culte de la force brute et la haine de l'intelligence. «Mort à la vie, vive la mort», «À bas l'intelligence !» s'exclamait José Millan-Astray, militaire espagnol et dignitaire franquiste dans les années 1930. On connaît aussi la célèbre phrase attribuée au dirigeant nazi Hermann Göring : «Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolver». En 2025, une idéologie ressemblante se trouve à la Maison Blanche : les «Lumières obscures», le négatif des idées des Lumières. __ «Les fonds fédéraux seront coupés pour tout collège, école ou université qui autorise des protestations illégales. Les agitateurs seront emprisonnés, ou renvoyés définitivement dans leur pays d’origine. Les étudiants américains seront expulsés définitivement, ou, selon le crime, arrêtés». C’est le message posté par Donald Trump sur son réseau Truth Social, le 4 mars 2025.

Pour l’extrême droite américaine, les universités sont un terrain à conquérir et à mettre au pas. Et pour cause, c’est sans doute l’un des derniers endroits où il existe encore quelques contre-pouvoirs aux USA. Nous l’avons vu lors du mouvement étudiant pour la Palestine qui a enflammé les campus l’an dernier, et qui a été férocement réprimé par l’administration Démocrate. ___

Donald Trump attaque les universités

«Les fonds fédéraux seront coupés pour tout collège, école ou université qui autorise des protestations illégales. Les agitateurs seront emprisonnés, ou renvoyés définitivement dans leur pays d’origine. Les étudiants américains seront expulsés définitivement, ou, selon le crime, arrêtés». C’est le message posté par Donald Trump sur son réseau Truth Social, le 4 mars 2025.

Pour l’extrême droite américaine, les universités sont un terrain à conquérir et à mettre au pas. Et pour cause, c’est sans doute l’un des derniers endroits où il existe encore quelques contre-pouvoirs aux USA. Nous l’avons vu lors du mouvement étudiant pour la Palestine qui a enflammé les campus l’an dernier, et qui a été férocement réprimé par l’administration Démocrate.

Trump le dit très directement : il va définancer tout établissement scolaire qui n’appliquerait pas son idéologie. Il vient d’annoncer la suppression de 400 millions de dollars de subventions à Columbia, bastion des mobilisations étudiantes, qu’il a accusé d’inaction face à «des actes antisémites». Et il traite d’ors et déjà les étudiant-es comme des criminel-les.

Un étudiant traité de « terroriste » et menacé d’expulsion

Le 8 mars Mahmoud Khalil, jeune homme d’origine palestinienne et porte-parole du mouvement étudiant, a été interpellé à son domicile, sur le campus de Columbia, par la police de l’immigration. Il est résident légal des États-Unis et titulaire d’une carte verte. Il n’a pas été arrêté ni inculpé pour le moindre crime. Pourtant, il est actuellement emprisonné et le gouvernement veut lui retirer ses papiers pour le renvoyer des USA. Le compte de la Maison Blanche a osé tweeter suite à cette arrestation : «Shalom Mahmoud».

Trump ne veut pas s’arrêter là. Il a écrit : «Nous savons qu’il y a d’autres étudiants à Columbia et dans d’autres universités qui ont participé à des activités proterroristes, antisémites, anti-américaines et le gouvernement Trump ne le tolérera pas […] Nous allons trouver, arrêter et expulser ces sympathisants terroristes. Nous attendons de toutes les universités américaines qu’elles suivent les règles».

«Si Mahmoud Khalil peut se voir retirer son statut de résident permanent sans recours, alors aucun immigré ou étudiant international d’aucun campus américain n’est en sécurité», dénoncent ses camarades. Ce sont toutes les universités du pays qui vont être mises au pas par la force.

«Les Universités sont les ennemies»

Dans ce contexte, un discours prononcé par J. D. Vance, le vice-président des USA, est largement partagé sur internet. Il a été prononcé en 2021 dans le cadre d’une conférence «Nationale Conservatrice».

Celui qui est actuellement le numéro 2 des USA se lançait alors dans une charge hallucinante contre le savoir et l’enseignement supérieur. Il déclarait notamment que «nous devons attaquer franchement et violemment les universités de ce pays» ou encore «les professeurs sont l’ennemi. Les universités sont les ennemies». Aujourd’hui, il applique ses promesses.

Une scientifique en chef de la NASA virée

Dans le même registre, le gouvernement vient de licencier le 10 mars Katherine Calvin, climatologue et scientifique en chef à la Nasa. Avec elle, une vingtaine d’autres salarié-es de l’agence spatiale ont été renvoyé-es, son bureau et deux autres départements – notamment celui consacré à la diversité, l’équité, l’inclusion et l’accessibilité – de la Nasa ont été démantelés.

Leurs noms s’ajoutent à la longue liste de la purge organisée par Elon Musk, qui vire des dizaines de milliers de fonctionnaires depuis le retour au pouvoir de Trump.

Si Katherine Calvin est particulièrement visée, c’est parce qu’elle dirige un groupe de travail du GIEC, le groupe de scientifiques qui étudient sur le changement climatique. Les chercheuses et chercheurs qui documentent la pollution, les inégalités sociales ou le racisme sont mis au chômage et contraints au silence.

Le bombardier Enola Gay trop woke pour Trump

« Enola Gay », c’est le nom de l’avion de guerre qui a largué une des bombes nucléaires sur le Japon en 1945. L’avion a été nommé en référence à la mère du pilote Paul Tibbets, nommée Enola Gay Tibbets. Son nom est censuré par le ministère de la Défense.

L’administration a fait interdire de nombreux mots considérés comme «wokes» au sein de ses services depuis plusieurs semaines : une «chasse aux politiques d’inclusivité» réclamée par Trump. Parmi les 120 mots interdits, on retrouve «femme», «préjugé», «justice environnementale», «accessibilité»… Et toute référence au réchauffement climatique a été effacée de sites internet fédéraux. Certaines pages ont carrément disparu, ne laissant qu’un «404 Not Found».

Ainsi, les références au bombardier Enola Gay ont été signalées comme devant être retirées des sites du ministère de la Défense. Toute mention du mot «gay» est visée par la censure, de même que toute mention des dates commémoratives dédiées aux communautés noires, hispaniques, et aux femmes. Autre contenu menacé de censure : des photos du Corps des ingénieurs de l’armée en Californie, signalées à cause du nom d’un des membres dont le nom de famille est… Gay.

L’idéal fasciste en phase terminale c’est la réduction du langage afin d’empêcher de penser, et de tout réduire à des grognements et des coups…

Triangle rose

Le 9 mars, Trump publiait sur son réseau social un article rédigé par l’ancien capitaine du renseignement de l’armée américaine Jeremy Hunt, se félicitant du recrutement militaire qui aurait «changé sous Trump». Un texte accompagné d’une image : un triangle rose pointant vers le bas, barré par un panneau d’interdiction.

Le triangle rose orienté vers le bas est un insigne qui remonte à l’Allemagne nazie. Il était utilisé pour marquer les hommes homosexuels dans les camps de concentration. Les hommes marqués du triangle rose dans les camps nazis étaient soumis à des actes de torture, des expériences médicales, la castration et l’extermination.

Lumières obscures

Pris isolément, ces actes sont scandaleux, mais aussi parfois grotesques. Pourtant, ils répondent à une idéologie bien réelle et très sérieuse : les Lumières obscures, un retour en arrière, à rebours du siècle des Lumières et l’émergence d’une pensée rationnelle, basée sur l’érudition et la logique.

Ce mouvement de pensée qui vise à détruire la démocratie a été fondé par un certain Curtis Yarvin, connu sous le pseudonyme de Mencius Moldbug sur internet. Il est informaticien, passé par la Silicon Valley, et figure du mouvement appelé «néo-réactionnaire» aux USA. Il a d’abord publié un manifeste prônant l’emprisonnement à vie de membres improductifs de la société «dans un isolement permanent, dans une cellule scellée, sauf en cas d’urgence», mais avec l’autorisation d’accéder à «une interface immersive de réalité virtuelle qui lui permettrait de vivre une vie riche et épanouissante dans un monde totalement imaginaire». Une sorte de confinement réservé aux ennemis de l’intérieur.

Il propose aussi de transformer ces personnes en «biocarburant pour faire rouler les bus», et écrit qu’il aimerait trouver «une alternative humaniste au génocide». Yarvin imagine aussi, dans sa société rêvée, que les États deviennent «des entreprises lourdement armées et ultrarentables, qui aboliront le pouvoir de la presse, écraseront les universités, vendront les écoles publiques et transféreront les ‘populations décivilisées’ dans des enclaves sécurisées pour les rééduquer».

À partir de ces théories lugubres, un philosophe d’extrême droite anglais nommé Nick Land, ennemi de l’égalité et de la démocratie, publie un manifeste nommé «The Dark Enlightenment» – «Les lumières obscures».

Et devinez quoi ? J. D. Vance, l’un des Hommes les plus puissants du monde, est un ami personnel de Curtis Yarvin et un partisan des «Lumières obscures», ce néofascisme ultra-capitaliste qui prône la destruction de la connaissance et l’élimination des humains jugés superflus. ..." _________                                                                                                                    

samedi 1 mars 2025

Attention et concentration: qualités humaines et citoyennes

 En  voie de régression?

                                Aux yeux de beaucoup et pas seulement d'enseignants, l'attention devient un problème. Elle serait même en péril., au coeur de nos sociétés sans cesse sollicitées notamment par l'exigence de la vitesse et les impératifs des réseaux sociaux misant sur une captation permanente d'attention  à des fins indirectement commerciales ou idéologiques. C'est un problème multifactoriel qui affecte notre perception du réel, sa juste compréhension , la capacité de le changer éventuellement, perturbant nos capacités de concentration, comme le remarquent de plus en plus d'enseignants, même à un niveau supérieur. Attention et concentration se conditionnent mutuellement.                                                                L'attention, stimulée depuis notre plus jeune âge, notamment en milieu scolaire, à l'origine de nos différents apprentissages, joue un rôle fondamental dans notre rapport au monde en général. L'attention est cette qualité, qui ne va pas de soi, qui nous rend curieux à ce qui se passe dans notre environnement pour en comprendre le sens, la logique, stimulant le désir de s'impliquer  dans le cours des choses, contre toutes formes d'indifférence, de distance hautaine ou de rejet. L'attention semble aujourd'hui une qualité bien compromise, à l'heure de la vitesse, de la superficialité, de l'indifférence, du repli sur soi dans le consumérisme et la dé-responsabilité, encouragée par un système qui nous pousse à privilégier la sphère privée, le tout à l'ego...                                                                                                                    La multiplication anarchique des écrans et leur utilisation anarchique dès le plus jeune âge ne facilite pas le développement de l'attention, loin de là. Le "temps de cerveau disponible", selon la formule de Patrick Le Lay, est un objectif des principaux medias qui sollicite, de manière souvent intéressée, notre temps et notre attention/fascination. La préservation d' l'attention maîtrisée et dirigée se trouve souvent compromise, dans le monde où la passivité favorise certains pouvoirs, pas seulement mercantiles. Préserver et cultiver notre attention, c'est donner à notre liberté une capacité de pouvoir toujours exister, toujours rebondir. 


                                                                      Notre degré d'attention s'est émoussé d'autant plus que nous sommes sans cesse sollicités, au niveau de la consommation matérielle et informationnelle, par une logique quasi imparable de séduction,de  détournement d'attention, de vitesse obligée, de stress, voire de décervelage. Nous y pensons et nous oublions...Cela se vérifie dans les salles de classe où la captation d'attention devient de jour en jour plus problématique et dans la société en général, où le repli sur soi, sur les seuls problèmes domestiques, tend à devenir la norme, où l'homme finit par devenir un atome centré sur lui-même et ses propres jouissances et souffrances.  __IL existe une économie politique de l'attention qui fait partie d'une citoyenneté exigeante. Un esprit non inséré consciemment dans la sphère publique peut-il avoir de bons instruments d'analyse et des capacités d'action et de réaction à la hauteur des événements qu'il vit?... "En politique, ce qu'il y a de plus difficile à apprécier et à comprendre, c'est ce qui se passe sous nos yeux" [A.de Tocqueville]                                                                                                         ___ « L’économie politique de l’attention » qui est à construire exige une activité critique collective qui doit viser avant tout à empêcher toute forme de captivité irrémédiable. La nécessité de ralentir les processus de décision comme les mécanismes de circulation constitue un objectif général qui entre en résonance avec la critique de la vitesse de Virilio, même si elle part de présupposés différents. Chacun aura remarqué à ce sujet que toute activité qui relève du care au sens traditionnel de soin ou d’assistance est plutôt considérée socialement comme une perte de temps parce qu’elle prend le temps et qu’elle prend le risque de le perdre et ce faisant d’opérer selon un principe de bien-veillance. A l’inverse, le modèle de la performance de l’économie financière a poussé à ses limites celui de la productivité capitaliste puisque cette « nouvelle économie » (et il n’y en a pas d’autre que financière) fonde ses mécanismes de profit sur cette vitesse de circulation, sur l’accélération générale des échanges, favorisés par le numérique en réseau et par la réduction de tous les phénomènes à un statut de données traduites en bits. Le modèle attentionnel de l’alerte qui génère ce stress généralisé (Sloterdijk) est parfaitement réalisé dans les desks des courtiers qui jouissent de cette accélération et de la désorientation que cela crée pour les non experts qui perdent leur mise pour cette seule raison..."[Merci à Dominique Boullier_Mediapart]

                   Point de vue: "....Les problèmes d’inattention sont le fléau du siècle. Pas seulement pour la nouvelle génération, les enfants hyperactifs incapables de se concentrer plus de quelques minutes sur les propos du professeur. Nous perdons tous nos facultés de concentration, notre capacité à vivre l’instant présent, et notre inattention s’aggrave. Il suffit d’observer les visiteurs qui vont voir la Joconde au Louvre : autrefois, ils passaient plusieurs minutes à admirer son sourire. Aujourd’hui, quelle que soit leur nationalité, ils ne restent devant le tableau de Leonard de Vinci que le temps d’un selfie. Les étudiants ne se concentrent plus sur une tache que pendant 65 secondes en moyenne, et les employés de bureau pendant 3 minutes, selon les statistiques de l’américain Johann Hari, auteur d’une enquête sur les raisons de la perte de nos capacités de concentration.                                                                                            Pourquoi avons-nous des problèmes d’inattention ? Ce n’est pas tout à fait notre faute, du moins pas individuellement. Comme l’obésité, qui est liée à l’alimentation industrielle, trop transformée, et au manque de marche à pied, les problèmes d’inattention ne sont pas « une épidémie médicale, mais une épidémie sociale. »                                                                              Le phénomène provient en réalité de plusieurs causes. Parmi elles, il y a l’épuisement physique et mental provoqué par un temps de sommeil insuffisant. Depuis 1942, la durée moyenne du sommeil a reculé d’une heure par nuit et sur un siècle, les enfants ont perdu 85 minutes de sommeil par jour. Or quand les humains sont privés de sommeil, leur capacité d’attention met à clignoter.                                                                                                                                                                Il y a aussi la « perturbation de l’errance de la pensée » : contrairement à ce qu’on imagine, laisser vagabonder son cerveau est très propice à la créativité. L’enfant « surbooké », qui n’a plus le temps de « s’ennuyer » entre les cours de judo, le violon et les réseaux sociaux, sera moins imaginatif et moins attentif.                                                                                                                             L’excès d’informations est également très nocif. Plus on injecte d’informations, plus le temps de concentration sur chaque information diminue. C’est un peu comme si l’eau que vous buviez provenait d’une lance à eau... En 1986, si vous additionniez toutes les informations bombardées sur un être humain moyen – TV, radio, presse – vous obteniez un total  équivalent à 40 journaux par jour. Vingt ans après, cette masse d’informations représentait 174 journaux par jour, et cela continue d’augmenter. ...                                                                                                                                                .                Mais la première cause de nos soucis de concentration est l’émergence de technologies capables de nous manipuler. L’objectif étant de nous faire rester le plus longtemps possible sur les plate-formes, qu’il s’agisse de Facebook, Tik Tok ou Instagram, les sollicitations sont sans cesse renouvelées. L’invention du « scroll infini » (le fait qu’on n’arrive jamais en bas d’une page) a augmenté de moitié le temps passé, en moyenne, sur X-Twitter.                                                                   La crise de l’attention est un problème de société. Ce n’est pas par hasard qu’elle a accompagné, un peu partout en Occident, la pire crise démocratique depuis les années 1930, celle qui porte au pouvoir de plus en plus de dirigeant populistes. Les individus incapables de se concentrer sont plus attirés par les solutions autoritaires simplistes – et moins en mesure de se rendre compte qu’elles ne fonctionnent pas. Un monde rempli de citoyens souffrant de troubles d’inattention, passant son temps à scroller sur les réseaux sociaux, sera un monde sujet à des crises en chaîne, sur lesquelles nous n’aurons aucun pouvoir."               ___________________