Copains comme cochons...
Qui trumpe l'autre?
CARNET DE BORD D'UN PASSEUR FATIGUE MAIS EVEILLE...QUI NE VEUT PAS MOURIR (TROP) IDIOT. _____________________________________________________ " Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile." [Thucydide]--------------------- " Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti " [A.Camus] Pâques 2025: Un million de visites...Merci à vous fidèles lecteurs ou consultants d'un jour!
L'embêtant, c'est la mortalité.
Et si on changeait la donne?Un tournant décisif (Notes de lecture)
Qui interroge. En même temps que le grand ménage intérieur, la donne internationale prend une figure qui en inquiète plus d'un. Du jamais vu...
Selon Iles Ramdani:
"La vie politique française n’échappe pas à l’onde de choc qu’a représenté, vendredi 28 février, l’altercation diffusée en mondovision entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky. L’humiliation du président ukrainien par son homologue états-unien raconte bien plus que sa violence : elle acte brutalement le renversement d’alliances à l’œuvre sur la scène géopolitique. Il y a trente ans, toutes les grandes puissances étaient dans le même camp. Il y a quinze ans, les autoritarismes russe et chinois profitaient des erreurs occidentales pour s’affirmer. Désormais, la plus grande puissance du monde semble prête à pactiser avec eux, au prix de la sécurité et de la souveraineté des États européens. Pour la France et pour l’Europe, le moment a donc quelque chose de vertigineux. Il s’agit de repenser un logiciel vieux de plusieurs décennies, de reconstruire une doctrine et des outils de défense… Bref, de penser l’avenir du continent autrement que sous la protection des États-Unis, dont le pouvoir est clairement sur une pente fascisante..." |
Selon Martin Legros: |
"Je me suis alors souvenu de la conclusion du livre d’entretiens que j’avais réalisé il y a un peu moins d’un an, entre le même Audoin-Rouzeau et l’ancien ambassadeur de France aux États-Unis Gérard Araud, intitulé Faire la guerre sans l’aimer ?, paru chez Philosophie magazine Éditeur. Il se terminait par cette prophétie du diplomate sur la fin de la sécurité européenne et atlantique : “Je suis convaincu que si Donald Trump est élu, une véritable révolution géopolitique aura lieu. Les États-Unis, qui déjà nous quittaient sur la pointe des pieds, claqueront la porte au nez de l’Europe. Ils nous diront : ‘Vous n’êtes plus notre problème… Vous êtes devenu une périphérie du monde dont le centre est dorénavant le Pacifique. C’est le siècle du Pacifique, et nous sommes des pragmatiques..”
Aprèsl’admonestation en direct du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche par Donald Trump et J. D. Vance, plusieurs dirigeants d’États membres de l’Otan se sont réunis à Londres dimanche 2 mars. Emmanuel Macron et le premier ministre britannique appellent, à son issue, à une trêve de un mois « dans les airs, sur les mers et les infrastructures énergétiques ».
Frédéric Charillon, professeur de science politique à l’université Paris-Cité, vient de publier Géopolitique de l’intimidation. Seuls face à la guerre ? (Odile Jacob). Un ouvrage dans lequel l’auteur décrypte la brutalisation croissante des relations internationales, y compris entre grandes puissances. Pour Mediapart, il revient sur les événements de ce week-end.
Mediapart : Le clash Trump-Zelensky, face aux caméras, a été commenté tout le week-end. Cet épisode illustre-t-il l’ère de l’intimidation que vous analysez dans votre dernier livre ? Que nous apprend-il de plus sur la nouvelle administration états-unienne ?
Frédéric Charillon : Le style brutal et grossier de Trump visible durant cette séquence n’a rien de surprenant. L’épisode tend par ailleurs à confirmer les suspicions sur sa proximité avec Poutine, dont il reprend la rhétorique à un point confondant. Ce qui est plus étonnant, c’est qu’un clash de cette nature soit offert aux caméras. Dans l’histoire des relations internationales, il y a eu des dizaines d’épisodes de ce type, c’est-à-dire des négociations orageuses ou qui ont mal tourné, mais ils n’ont jamais été filmés en direct comme cela.
En termes d’intimidation, on a affaire à celle du « fou ». La plus classique est celle du « fort », qui cherche à contraindre un autre acteur en faisant tout simplement valoir sa force supérieure. À l’inverse, l’intimidation du « faible » sert à obtenir satisfaction quand on dispose de moins de ressources mais d’un pouvoir de nuisance – comme quand Viktor Orbán [premier ministre hongrois – ndlr] menace de bloquer des avancées entre Européens si ceux-ci se montrent trop durs envers le régime russe. ___ Trump a explicitement théorisé qu’il intimidait en passant pour un « dingue », au sens où il ne se fixe apparemment pas de limites : « Tout le monde sait que je suis capable de tout. » En l’occurrence, il a offert à son public « Maga » [« Make America Great Again » – ndlr] ce spectacle incroyable d’une altercation en direct, face à un chef d’État étranger. Mais pour la première fois de manière aussi claire, celui-ci a résisté à Trump et au « barnum » qu’il avait mis en scène pour se poser en suzerain faiseur de paix. Cela a donné lieu à l’incident que nous savons.
Il reste que l’intimidation n’est pas forcément la voie du succès. En l’espèce, je pense que la séquence du week-end écoulé signe un suicide stratégique pour les États-Unis.
-Connivence |
En quel sens ?Connivenve
Les adversaires des États-Unis peuvent se frotter les mains et s’esclaffer après cet épisode. Les puissances émergentes du Sud, qui n’ont déjà pas une grande considération pour les États-Unis et l’Occident, seront d’autant plus convaincues, après ce spectacle, que ces derniers sont entrés en décadence. Et les alliés traditionnels de Washington ont massivement pris fait et cause pour l’Ukraine. La ministre des affaires étrangères allemande a tout de même déclaré que c’était une « ère d’infamie qui commen[çait] ».
En continuant d’en appeler au soutien américain, les Européens […] mettent l’administration Trump face à ses responsabilités.
Trump est en train de démontrer au monde entier qu’il faut se dissocier de l’Amérique, pour se mettre à l’abri de ses menaces ou caprices. De nombreux pays, en Asie ou dans le monde arabe, ont bien compris le message et vont être incités à diversifier leurs liens et leurs dépendances. Ce faisant, Trump ruine quatre-vingts ans de système d’alliances et de diplomatie états-unien.
Comment analysez-vous l’issue du sommet tenu à Londres ce week-end ? Keir Starmer, qui continue d’en appeler à l’implication des États-Unis, s’aveugle-t-il ou force-t-il Trump à assumer le rapprochement américano-russe ?
Je ne pense pas qu’il y ait aveuglement. Les Européens jouent deux cartes à la fois : s’émanciper des États-Unis par principe de précaution (et parce qu’il serait temps de réaliser que notre sécurité ne peut dépendre que de nous-mêmes), et garder Washington à la table des négociations, tout en aidant Zelensky à y revenir.
En travaillant à un accord de cessez-le-feu auquel souscrit Zelensky, en continuant d’en appeler au soutien américain, tout en ravivant la possibilité d’un deal avec Washington sur les minéraux stratégiques, les Européens – mais appelons-les plutôt les alliés, car il y avait à Londres les Britanniques, les Canadiens et les Turcs, mais pas d’autres membres de l’UE – mettent l’administration Trump face à ses responsabilités.
Dès lors, il y aura deux scénarios possibles : soit la Maison-Blanche reprend le dialogue ; soit elle balaie ces tentatives d’un revers de main. Dans ce dernier cas, elle assumera son retournement d’alliance et sa soumission à l’agenda russe, ce qui provoquera un séisme chez ses autres alliés, aussi bien asiatiques, arabes, etc.
Vous constatez un retour à la brutalité dans les relations internationales. Est-ce si sûr si on adopte un point de vue moins européocentré ?
Les relations internationales ont toujours été tragiques. On pourrait remonter à l’Antiquité pour en trouver des illustrations. Ce dont je traite dans mon livre, c’est plutôt de l’échec des espoirs européens et occidentaux nés dans les années 1990 : la puissance états-unienne était à son faîte et se voulait libérale, on travaillait avec les Russes, la paix semblait possible au Proche-Orient, on comptait sur la démocratisation et la montée en puissance de l’Afrique…
Plusieurs jalons ont marqué la fin des espoirs. Il y a eu bien sûr la guerre en ex-Yougoslavie, et de terribles guerres au Sud, dont on a réalisé qu’elles n’avaient pas besoin de la guerre froide américano-soviétique pour exister. Mais surtout, la période néoconservatrice de la politique américaine, dans les années 2000 sous l’administration Bush junior, a été dévastatrice.
Nous sommes revenus à la brutalité naturelle des relations internationales, y compris entre grandes puissances..."..______________________________
L'état de choc continue
Après le traquenard de la maison blanche. Face à l'état de droit remis en cause de manière brutale. A divers niveaux. Le capitalisme prédateur se met en place sans vergogne. Une logique prédatrice s'installe au coeur de la première puissance du monde, ralliée au Kremlin. L'incohérence n'est que d'apparence. Le chaos se porte bien. Une nouvelle ère géopolitique commence, une nouvelle période coloniale .... A la tronçonneuse! Que doit faire l'Europe?
"...L’indignation est nécessaire. Nous pourrions même considérer qu’elle est saine. Comment ne pas s’indigner lorsqu’Elon Musk fait un salut nazi ? Ou devant l’inaction (complicité) des gouvernements face au changement climatique, à l’effondrement de la biodiversité, etc.?
Mais il est temps de changer de posture. Arrêter de seulement réagir mais aussi construire. Construire pour gagner, avec des victoires politiques. Et pour construire, il faut le plus de personnes possibles et le plus d’instances possibles, à toutes les échelles.
Avoir un projet politique clair et ne plus se complaire dans une opposition qui n’a vocation qu’à être une opposition de façade. Peut-être que cela passe aussi par imaginer l’avenir autrement que comme une dystopie apocalyptique, se demander ce que nous voulons vraiment pour demain pour agir dans cette direction...." (Philosophie Magazine) ___________________
Les fadas de Washington
Vont-ils sévir longtemps?
Le techo-capitalisme de copinage peut vite être confronté à des conflits d'intérêt internes et à une opposition montante.
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__ Résistance
__ Censure
__ La chute?
__ Purges
__ Missing
__ Radiotrophie
__ Conversion
__ Embarras
__ Coontournement__ Le grand déni
__ DOGE en question
__ Pesticides en hausse
__ Jusqu'à quand? >>
__ Donald et Manu
__ Musk contsté
__ IA en question
__ Vigilance en baisse
__ Enfants et la guerre
__ Noyer le poisson
_________ Début de colère américaine: "Sous les applaudissements, une femme l’a apostrophé : « La tyrannie se lève à la Maison-Blanche, et un homme s’est déclaré notre roi. Alors j’aimerais savoir – plutôt, les gens aimeraient savoir ce que vous, membre du Congrès, et vos collègues membres du Congrès, allez faire pour contenir le mégalomane à la Maison-Blanche. » _____________________
A l'approche des jours meilleurs..
Qui a dit que le Nord était gris et triste?
Un vrai coup de coeur!
On connaît le Marais Poitevin, de Brenne, etc... La France possède encore un certain nombre de zones humides, exploitées ou non, plus ou moins bien entretenues, plus ou moins investies par l'activité de l'homme.
A Paris, le nom reste encore attaché à un quartier qui autrefois, depuis Charles le Chauve, fut transformé en zône de pâture et de culture, avant de devenir domaine résidentiel.
Mais qui connaît Le Marais de St Omer?
Mis en valeur depuis des siècles par l'homme, qui sut tirer le meilleur parti de ces terres riches en limon charrié par l'Aa et ses affluents, il a des parentés avec les hortillonnages d'Amiens, mais sur une surface plus importante.
Il mérite le détour. Je l'ai souvent parcouru, à pied, à vélo ou en barque.
Non loin de Thérouanne, l'antique cité disparue, anéantie par Charles Quint, d'Aire-sur-la-Lys, où l'on peut encore admirer les traces d'anciennes fortifications de Vauban, tout près de Saint-Omer, la belle endormie, qui renaît d'un passé prestigieux (elle fut une des grandes villes drapantes d'Europe au 12°siècle), s'étalent plus de 3000 hectares d'un marais encore exploité. Une activité agricole, surtout maraîchère, qui s'est cependant réduite, surtout depuis les années 60. L'activité monastique fut déterminante pour rendre habitable une zône autrefois inhospitalière. Toute une histoire, depuis que le roi Dagobert commanda à l’évêque Audomar de coloniser les terres de Morinie – des tourbes inhospitalières, délayées dans les eaux indomptées de l’Aa ....
... Le marais audomarois perdure. Posé en marge de l’Artois et des grandes plaines de Flandre, il est même le dernier marais maraîcher de France, alignant, sur des centaines d’hectares, ses étroites parcelles de cultures, rubans verts et blonds, bordés de chemins d’eau que l’on nomme ici watergangs.
Le 28 mai dernier, avec les 24 communes attenantes, il a décroché le label MAB de l’Unesco. MAB, pour Man and biosphère – homme et biodiversité –, autrement traduisible comme la reconnaissance d’une symbiose entre les deux entités. Car il en est ainsi : le marais audomarois est une nature culturelle, façonnée par l’homme au fil d’une histoire qui enjambe les siècles.
Elle démarre au VIIe, avec l’arrivée de moines à Saint-Momelin..."
Le problème aujourd'hui est celui de la survie d'une économie maraîchère, qui nécessite beaucoup de main d'oeuvre, de temps, d'efforts... Un équilibre difficile, dont le touriste,
au fil de l'eau, admiratif de ce lieu de sérénité, ne se rend pas toujours compte:"... Jusqu’à la fin des années 1960, la vie mène.. les Audomarois en bateau. L’escute conduit les hommes, les bacôves, plus grandes, plus lourdes, charrient les marchandises. L’imagerie ton sépia est superbe. Mais le boulot est rude, et l’économie difficile. Un coup d’eau, et une récolte se noie. Mouches ou rats musqués : les nuisibles attaquent dur. Quant aux prix agricoles, ils ne suivent pas. « Le travail dans le marais, c’est quatre fois plus long, tout ça pour le même prix », explique Sylvain Dewall, maraîcher de Clairemarais..."
Un effort exceptionnel de sauvegarde a été entrepris depuis plus d'une dizaine d'années.
Il reste encore un peu de beau temps estival pour visiter ce riche écosystème, ce site exceptionnel et plein de charmes, dans les meilleures conditions,et pour repartir avec quelques produits locaux: le chou-fleur, notamment, qui y prospère.
A Salperwick ou à Clairmarais vous trouverez dépaysement et sérénité, points de départ pour des circuits aquatiques pleins de surprises.
Pas besoin d'aller sur les rives du Mississipi.
Le bonheur est au marais....
Vous pourrez laisser votre carte postale au facteur, glissant silencieusement sur un watergang.
Bonne visite!
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En voie de régression?
Aux yeux de beaucoup et pas seulement d'enseignants, l'attention devient un problème. Elle serait même en péril., au coeur de nos sociétés sans cesse sollicitées notamment par l'exigence de la vitesse et les impératifs des réseaux sociaux misant sur une captation permanente d'attention à des fins indirectement commerciales ou idéologiques. C'est un problème multifactoriel qui affecte notre perception du réel, sa juste compréhension , la capacité de le changer éventuellement, perturbant nos capacités de concentration, comme le remarquent de plus en plus d'enseignants, même à un niveau supérieur. Attention et concentration se conditionnent mutuellement. L'attention, stimulée depuis notre plus jeune âge, notamment en milieu scolaire, à l'origine de nos différents apprentissages, joue un rôle fondamental dans notre rapport au monde en général. L'attention est cette qualité, qui ne va pas de soi, qui nous rend curieux à ce qui se passe dans notre environnement pour en comprendre le sens, la logique, stimulant le désir de s'impliquer dans le cours des choses, contre toutes formes d'indifférence, de distance hautaine ou de rejet. L'attention semble aujourd'hui une qualité bien compromise, à l'heure de la vitesse, de la superficialité, de l'indifférence, du repli sur soi dans le consumérisme et la dé-responsabilité, encouragée par un système qui nous pousse à privilégier la sphère privée, le tout à l'ego... La multiplication anarchique des écrans et leur utilisation anarchique dès le plus jeune âge ne facilite pas le développement de l'attention, loin de là. Le "temps de cerveau disponible", selon la formule de Patrick Le Lay, est un objectif des principaux medias qui sollicite, de manière souvent intéressée, notre temps et notre attention/fascination. La préservation d' l'attention maîtrisée et dirigée se trouve souvent compromise, dans le monde où la passivité favorise certains pouvoirs, pas seulement mercantiles. Préserver et cultiver notre attention, c'est donner à notre liberté une capacité de pouvoir toujours exister, toujours rebondir.
Point de vue: "....Les problèmes d’inattention sont le fléau du siècle. Pas seulement pour la nouvelle génération, les enfants hyperactifs incapables de se concentrer plus de quelques minutes sur les propos du professeur. Nous perdons tous nos facultés de concentration, notre capacité à vivre l’instant présent, et notre inattention s’aggrave. Il suffit d’observer les visiteurs qui vont voir la Joconde au Louvre : autrefois, ils passaient plusieurs minutes à admirer son sourire. Aujourd’hui, quelle que soit leur nationalité, ils ne restent devant le tableau de Leonard de Vinci que le temps d’un selfie. Les étudiants ne se concentrent plus sur une tache que pendant 65 secondes en moyenne, et les employés de bureau pendant 3 minutes, selon les statistiques de l’américain Johann Hari, auteur d’une enquête sur les raisons de la perte de nos capacités de concentration. Pourquoi avons-nous des problèmes d’inattention ? Ce n’est pas tout à fait notre faute, du moins pas individuellement. Comme l’obésité, qui est liée à l’alimentation industrielle, trop transformée, et au manque de marche à pied, les problèmes d’inattention ne sont pas « une épidémie médicale, mais une épidémie sociale. » Le phénomène provient en réalité de plusieurs causes. Parmi elles, il y a l’épuisement physique et mental provoqué par un temps de sommeil insuffisant. Depuis 1942, la durée moyenne du sommeil a reculé d’une heure par nuit et sur un siècle, les enfants ont perdu 85 minutes de sommeil par jour. Or quand les humains sont privés de sommeil, leur capacité d’attention met à clignoter. Il y a aussi la « perturbation de l’errance de la pensée » : contrairement à ce qu’on imagine, laisser vagabonder son cerveau est très propice à la créativité. L’enfant « surbooké », qui n’a plus le temps de « s’ennuyer » entre les cours de judo, le violon et les réseaux sociaux, sera moins imaginatif et moins attentif. L’excès d’informations est également très nocif. Plus on injecte d’informations, plus le temps de concentration sur chaque information diminue. C’est un peu comme si l’eau que vous buviez provenait d’une lance à eau... En 1986, si vous additionniez toutes les informations bombardées sur un être humain moyen – TV, radio, presse – vous obteniez un total équivalent à 40 journaux par jour. Vingt ans après, cette masse d’informations représentait 174 journaux par jour, et cela continue d’augmenter. ... . Mais la première cause de nos soucis de concentration est l’émergence de technologies capables de nous manipuler. L’objectif étant de nous faire rester le plus longtemps possible sur les plate-formes, qu’il s’agisse de Facebook, Tik Tok ou Instagram, les sollicitations sont sans cesse renouvelées. L’invention du « scroll infini » (le fait qu’on n’arrive jamais en bas d’une page) a augmenté de moitié le temps passé, en moyenne, sur X-Twitter. La crise de l’attention est un problème de société. Ce n’est pas par hasard qu’elle a accompagné, un peu partout en Occident, la pire crise démocratique depuis les années 1930, celle qui porte au pouvoir de plus en plus de dirigeant populistes. Les individus incapables de se concentrer sont plus attirés par les solutions autoritaires simplistes – et moins en mesure de se rendre compte qu’elles ne fonctionnent pas. Un monde rempli de citoyens souffrant de troubles d’inattention, passant son temps à scroller sur les réseaux sociaux, sera un monde sujet à des crises en chaîne, sur lesquelles nous n’aurons aucun pouvoir." ___________________