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lundi 28 février 2022

UKRAINE (suite)

En bref

         "....Aucune personne sensée n'imaginait le 23 février que le président russe lancerait la nuit suivante ses chars sur Kiev. On pouvait comprendre qu’il reconnaisse unilatéralement la sécession du Donbass (partie russophone de l’Ukraine). Cela lui eut suffi pour vassaliser l’Ukraine et humilier les États-Unis, déjà très abîmés par leur fiasco en Afghanistan. L'avenir seul nous dira pourquoi il a choisi d'envahir toute l'Ukraine au risque d'une quasi-guerre civile au coeur du « monde russe »...     Le 24 février 2022 s’inscrira en lettres de sang dans les livres d’Histoire. Il clôt trois décennies d’illusions sur le triomphe de la Démocratie et des Droits humains et annonce le retour en force des peuples de chair. Revenons sur les origines de cet effroyable coup de théâtre et ses possibles conséquences.      Dans la décennie qui a suivi la chute du Mur de Berlin dans la nuit euphorique du 9 novembre 1989, la Russie a manqué sombrer corps et biens à l’image de son chef, Boris Eltsine. Elle s’est redressée quasi-miraculeusement à partir de 1999 sous la férule autoritaire et brutale de Vladimir Poutine. Mais l’horizon s’est à nouveau assombri à partir de 2014 et de la première crise ukrainienne, jusqu’à conduire au drame actuel. De celui-ci, ni les Russes ni les autres Européens ne sortiront indemnes. L’issue dépendra de la détermination et de la lucidité des jeunes générations.


Acte 1 : le calvaire (1991-1999)

En quelques mois donc, la redoutable Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) s’est effondrée comme un château de cartes pour laisser place à une improbable Communauté des États Indépendants (CEI), avec en son cœur la Fédération de Russie, réduite à ses limites administratives de l’époque soviétique, avec 89 « sujets » aux statuts très variables : républiques, territoires autonomes, etc.      Le président Eltsine, auréolé par sa victoire du 22 août 1991 sur les putschistes du Kremlin, s’applique à sauver ce qui peut l’être de l’héritage soviétique, en particulier le siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et l’armement nucléaire.      En contrepartie, il ouvre la Russie aux affairistes et aux économistes néolibéraux qui entourent le président américain Bill Clinton. Alliés aux anciens hiérarques du Parti communiste, ils pillent tant et plus le pays sous prétexte de le libéraliser. Déjà très bas, les indicateurs économiques et sociaux s’effondrent (espérance de vie, mortalité infantile, fécondité…). Les Russes, abasourdis, voient sur leurs écrans leur président, titubant d’ivresse, se faire moquer par le président Clinton.         De leur côté, le chancelier Kohl et le président Mitterrand lancent la monnaie unique pour donner un nouveau souffle à l’Union européenne. Le traité de Maastricht de 1992 signe l’adhésion des Européens au néolibéralisme. L’année suivante se traduit en Europe par la première récession économique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.      1992, c’est aussi la sortie d’un essai à succès, La Fin de l’Histoire et le Dernier Homme. L’auteur, l’Américain Francis Fukuyama, annonce le triomphe définitif de la Démocratie. L’Union européenne partage son optimisme et entreprend de réduire ses budgets et ses effectifs militaires ; la France elle-même abolit la conscription en 1997.   1992 encore. La même année se font entendre des bruits de bottes.    Dans le Caucase, la petite Tchétchénie refuse de devenir l’un des « sujets » de la fédération de Russie et se proclame indépendante. Le président Eltsine tarde à réagir. C’est seulement le 9 décembre 1994 qu’il envoie ses troupes réprimer la sécession. Cette première guerre de Tchétchénie se solde par une humiliation du Kremlin. Le 31 août 1996, celui-ci reconnaît l’indépendance de facto de la Tchétchénie, prélude à l’éclatement final de la fédération !     À l’autre extrémité du Vieux Continent, tandis que les gouvernants s’affairent autour du projet de monnaie unique, la Yougoslavie implose. Le 15 janvier 1992, l’Allemagne reconnaît l’indépendance de la Croatie et de la Slovénie. Le 6 avril 1992, Sarajevo est bombardée par l’armée serbe. Les guerres de Yougoslavie vont perdurer jusqu’en 1999.     Cette année-là, l’OTAN bombarde Belgrade et envahit le Kossovo sans attendre l’aval de l’ONU. Il s’agit de la première violation du droit international, dix ans après la fin de la « guerre froide ». Il s’agit aussi de la première intervention militaire de l’OTAN depuis la création de l’alliance cinquante ans plus tôt, pour prévenir toute attaque soviétique contre l’un de ses membres.     Considérant que les Occidentaux n’avaient plus rien à craindre de Moscou, les Russes avaient demandé qu’à défaut de supprimer l’OTAN, désormais sans objet, ils s’abstiennent pour le moins de l’étendre au-delà de l’Elbe ().     Mais les guerres de Yougoslavie ouvrent de nouvelles opportunités à l’OTAN. Qui plus est, les anciens pays satellites de l’URSS, avides de s’occidentaliser au plus vite et de prendre une revanche sur leur grand voisin, demandent à entrer dans l’OTAN. C’est chose faite en mars 1999 pour la Pologne, la Hongrie et la République tchèque. Les autres pays ainsi que les trois États baltes ne tarderont pas à suivre.     De son côté, la Russie voit ressurgir en août 1999 le spectre de la guerre : les Tchétchènes, non contents de leur quasi-indépendance, envahissent le Daghestan voisin. Le Premier ministre Vladimir Poutine (47 ans) conduit la contre-offensive. Il n’y va pas de main morte : « J’irai buter les Tchétchènes jusque dans les chiottes », lance-t-il à Astana (Kazakhstan). De fait, la capitale de la Tchétchénie, Grozny, tombe le 6 février 2000 après avoir été rasée…

Acte 2 : résurrection (2000-2014)

Le 31 décembre 1999, Boris Eltsine, usé par l’alcool, cède le pouvoir à Poutine. Fort de sa victoire dans la deuxième guerre de Tchétchénie, le nouveau président est élu confortablement le 26 mars 2000.    Le 21 septembre 2001, Vladimir Poutine exprime sa vision de l’avenir à Berlin, devant le Bundestag, en allemand : « Nul ne remet en question l'importance des relations partagées entre l'Europe et les États-Unis. Toutefois, je pense que l'Europe peut assurer à long terme sa réputation de centre puissant et politiquement indépendant si elle parvient à associer ses ressources avec celles de la Russie... avec les ressources naturelles, humaines et territoriales... avec le potentiel économique, culturel et de défense de la Russie ». On ne saurait mieux dire. En gage de bonne volonté, le président russe apporte un soutien militaire aux Américains engagés en Afghanistan dans la lutte contre Daesh et les talibans.     Mais en attendant mieux, il lui faut sortir la Russie de l’abîme. Il bénéficie pour cela de grosses rentrées financières occasionnées par la flambée des prix des matières premières et des hydrocarbures sur les marchés mondiaux, cette flambée étant due à la très forte demande chinoise. De la sorte, les indicateurs sociaux et démographiques connaissent un redressement spectaculaire qui étonne même l’anthropologue Emmanuel Todd. La crainte d’une disparition physique du pays est pour l’heure écartée.    L’État relance la recherche scientifique, les industries d’armement et aussi l’industrie nucléaire. Il réaffirme son autorité sur les gouvernements régionaux et les grandes entreprises du pays, ce qui conduit Poutine à mettre au pas les oligarques.       En 2003, le président fait incarcérer pour malversations financières le patron de Ioukos, première compagnie pétrolière russe, qui projetait de vendre son groupe à Exxon Mobil pour 25 milliards de dollars ! L’affaire déplaît aux Américains qui, ne disposant pas encore du pétrole de schiste, lorgnaient avec avidité sur les gisements russes de pétrole et de gaz. Washington va dès lors entreprendre de déstabiliser la Russie, aidé en cela par le milliardaire d’origine hongroise George Soros, qui s’est donné pour objectif de promouvoir des « sociétés ouvertes », libérales ou ultralibérales, en Europe centrale et orientale.    Sur CNN, Soros confessera avoir soutenu la « révolution orange » du 21 novembre 2004 à Kiev.  Elle a abouti le 23 janvier 2005 à l’élection à la présidence du candidat pro-occidental Viktor Iouchtchenko, malgré que celui-ci ait souffert d’une tentative d’empoisonnement, sans doute à l’initiative des services russes.

Début 2007, Vladimir Poutine s’alarme de ce que les Américains installent un « bouclier » anti-missiles en Pologne et en République tchèque sous le prétexte de prévenir d’éventuelles attaques… iraniennes ! Le 10 février, lors d’un forum sur la sécurité qui se tient à Munich, il déclare : « Un pays, les États-Unis, sort de ses frontières nationales dans tous les domaines. C'est très dangereux : plus personne ne se sent en sécurité, parce que personne ne peut plus trouver refuge derrière le droit international ». Il ne croit pas si bien dire. L’année suivante, le 17 février 2008, le Kossovo devient indépendant alors que le Conseil de sécurité de l’ONU, à la demande de la Russie, avait promis qu’il demeurerait une province autonome au sein de la Serbie.          Poutine n’en poursuit pas moins sa coopération avec l’Occident. Invité au sommet de l’OTAN à Bucarest en avril 2008, il autorise le transit par la Russie de matériel destiné à l’Afghanistan. Mais il dénonce aussi la promesse faite le 3 avril par l’OTAN à l’Ukraine et à la Géorgie de pouvoir entrer un jour dans l’alliance. Il y voit « une très grande erreur stratégique ». À quoi le président ukrainien Viktor Iouchtchenko a répondu : « L'Ukraine n'est pas un produit de la Guerre froide. C'est un État indépendant et souverain qui a parfaitement le droit de forger sa politique en matière de sécurité ».         Les événements s’accélèrent à l’été 2008. La Géorgie, petit État enclavé et très pauvre du Caucase, souffre de la sécession depuis plusieurs années déjà de deux territoires périphériques, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Le 10 juillet 2008, le président Mikheïl Saakachvili reçoit la visite de la Secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice. Sans doute s’entretiennent-ils de l’OTAN. Dans le même temps, le gouvernement russe concentre des troupes à la frontière géorgienne tout en désapprouvant les agressions abkhazes et ossètes.        Le président géorgien, se croyant couvert tant du côté russe que du côté américain, lance ses troupes vers l’Ossétie le 7 août 2008. Dès le lendemain, alors que le monde entier n’a d’yeux que pour les Jeux Olympiques de Pékin, l’armée russe pénètre à son tour en Géorgie. Le 12 août, Nicolas Sarkozy, président en exercice de l’Union européenne, adresse aux Russes une demande de cessez-le-feu. Au Kremlin, il fait cette déclaration stupéfiante, propre à légitimer toutes les agressions ultérieures : « Il est parfaitement normal que la Russie veuille défendre ses intérêts ainsi que ceux des Russes en Russie et des russophones à l'extérieur de la Russie ». Le propos ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Par une violation du droit international qui est cette fois de son fait, Poutine reconnaît l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du sud et se garde d’évacuer la Géorgie, désormais sous tutelle.       Mais 2008, c’est aussi l’année où culmine la crise des subprimes, avec le 15 septembre, la faillite de Lehman Brothers, le fleuron de Wall Street. L’Europe est frappée de plein fouet par la récession. L’économie russe est aussi affectée. Autant dire que la crise géorgienne quitte vite la Une des journaux.           Lors de l’invasion de la Géorgie, Poutine a pris la mesure de l’impréparation de son armée, pas encore remise des années Eltsine. Il va dès lors redoubler d’efforts pour la moderniser et développer le secteur militaro-industriel. Peu soucieux d’être un jour désavoué par les électeurs, il renforce aussi son autorité sur les médias. Désormais convaincu qu’il n’a rien à attendre de l’Amérique, encore moins de l’Union européenne, il relance l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui réunit depuis 2001 la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan (elle s'élargira à l'Inde et au Pakistan en 2016, puis à l'Iran en 2021).    Quand éclatent les révolutions arabes en 2011, le président russe se présente comme un acteur désormais incontournable sur la scène mondiale. Usant de la base militaire de Lattaquié, héritée de l’Union soviétique, il va soutenir sans faillir le dictateur syrien Bachar el-Assad, façon de montrer que « right or wrong, he is my ally ». Ainsi se démarque-t-il des Américains, accoutumés à lâcher leurs alliés au milieu du gué.   Vladimir Poutine croit pouvoir savourer ses succès lors des Jeux Olympiques d’hiver organisés à grands frais à Sotchi, entre mer Noire et Caucase, du 7 au 23 février 2014. Se doute-t-il qu’il a alors mangé son pain blanc ?...

Acte 3 : la rupture (2014-2022)

Des manifestations pro-occidentales éclatent à Kiev, sur la place de l’Indépendance (Maidan en ukrainien). Le Parlement destitue le président pro-russe Viktor Ianoukovitch le 23 février 2014 et, en gage de renouveau, enlève à la langue russe, parlée par un quart de la population, son statut de deuxième langue officielle. L’Est russophone se rebelle aussitôt, avec le soutien de Vladimir Poutine qui en profite aussi pour récupérer la Crimée, une péninsule traditionnellement russe. Consultés par le Parlement de Kiev dès le 12 janvier 1991, ses habitants s’étaient prononcés à une écrasante majorité pour une séparation d’avec l’Ukraine.            La Crimée, c’est aussi le port militaire de Sébastopol, indispensable à la marine russe pour accéder à la mer Noire et à la Méditerranée. Poutine ne peut admettre que les Américains mettent la main sur ce port en cas d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. L’armée russe entre donc en Crimée, sans qu’une goutte de sang soit versée, et la péninsule est annexée officiellement le 18 mars 2014.     À cette nouvelle violation du droit international, Washington réagit bruyamment - sans plus - en édictant des sanctions économiques contre l’entourage du président russe. Les Européens, qui ont besoin du gaz russe, s’en tiennent pour l’essentiel à des protestations verbales. Mais désormais, les ponts sont coupés entre la Russie et l’Occident.    Poutine en prend acte et se cherche d’autres soutiens. Le 29 mai 2014 est fondée une vaste zone de libre-échange, l’Union économique eurasiatique. Elle réunit la Biélorussie, la Russie et le Kazakhstan. Le grand bénéficiaire en est le nouvel ami du président russe, son homologue chinois Xi Jinping qui peut lancer ses « Nouvelles Routes de la soie » dans un espace libéré de toute entrave. L’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) est quant à elle étendue à l’Inde et à l’Iran et en vient à rassembler près de la moitié de l’humanité. Tous ces pays se garderont de condamner la Russie quand elle envahira l’Ukraine quelques années plus tard.       Renouant avec les pratiques d’Ancien Régime, le président russe intervient partout où le portent ses intérêts, en affichant le plus total mépris pour la pusillanimité de l’Europe et la lâcheté de l’Amérique. Avec l’Iran et la Turquie, il remplit au Moyen-Orient le vide laissé par le départ des Occidentaux. Il joue les arbitres entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Payant d’audace, il intervient même dans le pré-carré africain de la France, par le biais de la société Wagner. Les mercenaires de cette société placent les dirigeants africains sous leur protection sans s’embarrasser de scrupules. C’est ainsi que le Mali ou encore la Centrafrique ont pu s’émanciper de la tutelle française.      Enfin, Poutine se prépare à toutes les éventualités en développant une économie de guerre : autosuffisance alimentaire, cybersécurité, système bancaire et internet autonomes, etc. Mais tous ces efforts ont un prix très lourd. Depuis 2014 et l’annexion de la Crimée, les indicateurs sociaux de la Russie tendent à nouveau à se dégrader, qu’il s’agisse de l’indice de fécondité, des revenus ou des prix.     La suite ne relève pas encore de l’Histoire mais tout donne à craindre une nouvelle période sombre pour la Russie comme pour l’Europe, dans une crise gravissime qui laisse le reste du monde pour l'essentiel indifférent…" [Merci à Hérodote.net]   __Etat des lieux.  ________

Vers l'Etat digital?

               En route vers l'Etat plate-forme

                                   Des projets bien ficelés sont en place pour accélérer la digitalisation des services publics. L'accélération de la numération tous azimuts se met en place à la vitesse grand"V", au détriment des laissés pour compte.  Déjà des jeunes connaissent des difficultés. Ne parlons pas des anciens, de ceux qui sont le plus dans le besoin.   Le tout-numérique avance à grands pas, sous prétexte de simplification, de modernisation....                                                                

Dans la start up nation, l'Etat se dématérialise à grande vitesse.

      Tous les actes administratifs, à quelque niveau que ce soit, devront vite passer pas le numérique (*)
                    A vos ordis!

     Même les non et les faiblement connectés, ceux qui n'ont pas d'ordinateurs ou qui ne savent et ne sauront jamais s'en servir, les analphabètes du clavier, les nombreux anciens qui ne s'y mettront jamais...
      La plupart des services publics ne seront accessibles que pour les familiers du net, que pour une partie de la population, surtout aisée, cultivée, urbaine.
     Près de 60% des personnes se disent démunis face à l'utilisation de l'ordinateur pour des tâches un peu élaborées. Ne parlons pas des plus âgés.
     L'exclusion numérique n'est pas rare. L'inclusion numérique ne favorise que ceux qui sont déja outillés et formés.
    Le pass numérique ne suffira pas, surtout à l'horizon 2022. et certains technophobes ou e-résistants ne franchiront pas le pas de si tôt.
   La e-administration va vite montrer ses limites. La modernité, c'est bien beau, mais elle risque de laisser beaucoup de monde au bord de la route, pour des démarches qui ne sont pas anodines.
Et quelques clics ne suffiront pas dans des démarches complexes.
Et s'il s'agissait d'abord de faire des économies, sans autre considération que la rentabilité immédiate?
______
   (*)   "  .....Incomplets , mélangeant des types de démarches à exécuter très hétérogènes (consultation, télédéclaration, ouverture de compte, information), ces recensements laissent en particulier dans l’ombre deux éléments pourtant majeurs du processus de dématérialisation engagé.
    D’une part, ne sont pas précisés pas quels « services » ne sont aujourd’hui accessibles qu’en ligne : demandes de bourses étudiantes, Prime d’activité, demande de logement social, inscription à pôle emploi, la liste serait longue des démarches qui ont basculé dans le « tout numérique », n’offrant aucune autre alternative aux administrés. Selon la typologie d’Albert Hirschman (1970), il n’y a ici pas de possibilité d’exit  : le rapport à l’offre doit nécessairement se faire par l’intermédiaire d’une interface numérique. Le Défenseur des droits a formulé plusieurs avis [5](2016) enjoignant aux services publics et administrations de proposer une offre de contact alternative au numérique, restée à ce jour lettre morte.
      D’autre part, ces tableaux ne rendent pas compte de la dématérialisation de la relation administrative, au-delà des procédures de demande de droit ou d’accès à des formulaires administratifs. Une part grandissante des échanges se déroule aujourd’hui par voie électronique (mail, sms, boîte de dialogue/ chat box), et on assiste à une généralisation de la prise de rendez-vous physique par internet (préfecture [6]CAF, Pôle emploi, etc.) couplée à l’impossibilité d’avoir un contact physique avec un agent pour les premiers contacts, les inscriptions, les démarches d’entame des procédures. De plus en plus, les usagers se voient orientés vers une interface en ligne pour prendre attache avec les administrations, ou obtenir des informations ou explications. Incidemment, la relation administrative devient ainsi majoritairement numérique, le contact « humain » (téléphonique ou physique en face à face) constituant une voie seconde et complémentaire des démarches en ligne. Ce virage de la dématérialisation de la relation apparaît d’autant plus fort qu’il s’est fait concomitamment à une réduction des accueils physiques et des autres modes de contact, renforçant la perception d’une déshumanisation du contact avec les administrations....

    En l’état actuel, l’obligation administrative à se connecter demeure très inégale entre les individus : une personne bénéficiaire de droits sociaux soumis à déclaration de ressources trimestrialisées a mécaniquement davantage l’obligation de se connecter qu’une personne ne percevant pas de prestations sociales. La connectivité étant socialement distribuée, l’on assiste ainsi à une double peine (Credoc 2016) : les individus les plus précaires, aussi bien économiquement que sur le plan de l’isolement social (Défenseur des Droits 2017) sont moins connectés alors que, dépendants davantage de droits et prestations sociales, ils ont davantage l’obligation de le faire.
     Davantage que d’exclusion numérique, qui renverrait à un manque de compétences d’individus qui ne seraient pas à l’aise avec le numérique, cette inégale exposition à l’obligation de connexion conduit à parler d’exclusion par le numérique : ce sont prioritairement les normes implicites de la dématérialisation qui rendent ici les usagers incapables de demander leurs droits...."

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dimanche 27 février 2022

En passant...

 __ Guerre de chefs

__ Secrets suisses

__ République ou France

 __ Du charbon et des hommes       

__ L'homme de l'ombre

__ Démocratie et inégalités

__ Pouvoir d'achat

__ Le sol et l'homme

__ L'agriculture et le politique

__ Le scandale Schröder

__ Poutine: jusqu'où?...

_____ Ça s'est passé un  27 février ...  

__________ Revue de presse.       _____________________________________________

samedi 26 février 2022

Frères ennemis

Le retour de la brutalité   [Notes de lectures]

                                Sidération et résistance à Kiev

             Etat des lieux.   La surprise aura été totale. L'intervention musclée des armées du nouveau tsar laisse sans voix. Contre toute attente, mais aussi contre toute logique (même de guerre), mais aussi contre les intérêts à terme de Moscou. Avec les risques toujours possibles d'emballement. Une guerre, on sait toujours comment ça commence, mais....Le Rubicon est franchi; quels scénarii pour demain?   Alea jacta est...  La propagande fonctionne à fond, sans surprise.               __ Une histoire compliquée après une longue aventure commune. Une Ukraine écartelée. Des "alliés" sans voix. Un jeu dangereux qui a mal tourné.

                                         " ...La sensation de vives un dangereux moment de bascule se fonde sur plusieurs éléments objectifs. Tous vont dans le sens de la concrétisation brutale d’une ère nouvelle dans les relations internationales.  Ce n’est pas la première fois que la guerre éclate sur le sol européen depuis la fin du second conflit mondial. Durant les années 1990, le Vieux Continent a été ensanglanté par les guerres de l’ex-Yougoslavie. Mais il s’agissait d’une guerre civile qui s’est internationalisée, pas d’une invasion d’un État voisin par une grande puissance militaire et nucléaire, avec pour objectif affiché de renverser son gouvernement, sans que ce dernier l’ait provoqué militairement.    Certes encore, la Russie a déjà transgressé le principe d’intangibilité des frontières dans le Caucase et en Ukraine même, en soutenant les républiques séparatistes du Donbass et surtout en annexant la Crimée à son territoire en 2014. Mais l’ampleur de  l’offensive fait cette fois-ci la différence.     Olivier Schmitt, professeur à l’université du Danemark du Sud, l’explique à Mediapart : « Jusque-là nous avions affaire à des opérations limitées. Or l’opération actuelle combine des moyens terrestres, maritimes et aériens, d’une importance telle qu’on peut raisonnablement supposer que l’objectif est Kiev, la capitale. On assiste à la double volonté d’une modification des frontières et d’un changement de régime. »   Même à une échelle historique et spatiale plus large, indiquait récemment le journaliste du New York Times David Leonhardt, peu de cas sont similaires. Durant la guerre froide, l’URSS a bien envahi l’Afghanistan, la Tchécoslovaquie et la Hongrie ; et les États-Unis ont bien envahi le Panamá, renversé un gouvernement au Guatemala. Plus tard, ils ont lancé des guerres en Irak. Mais « les plus grandes puissances mondiales ont rarement utilisé la force pour étendre leurs frontières ou mettre en place des “États-clients” dans leur propre région », écrit David Leonhardt.      En plus du type d’attaque lancée par Vladimir Poutine, la manière dont elle a été décidée va dans le sens d’un effet de seuil inédit. Jusqu’à présent, le président russe habillait ses interventions d’un vernis de légitimité, en prétendant notamment protéger des citoyens russes et/ou des minorités russophones en danger. Cette fois, les objectifs de « démilitarisation » et de « dénazification » invoqués par Poutine s’inscrivent dans un recours à la force qui s’accommode de justifications délirantes.       C’est l’une des différences avec la guerre d’Irak lancée par les États-Unis en 2003, sur la base de mensonges et sans mandat des Nations unies. « Jusqu’au bout, confirme Olivier Schmitt, le régime de George W. Bush a tenté d’obtenir une légitimité par ce biais, en s’inscrivant dans un jeu multilatéral. Ayant échoué, il a ensuite accumulé les arguments spécieux pour arguer de cette légitimité, par exemple en expliquant que les États-Unis et les pays ayant suivi représentaient une grande part de la richesse mondiale. Cette fois, Poutine n’en a rien à f… »      De fait, le président russe prouve là son mépris pour le droit international, et n’essaie de l’habiller d’aucune manière. Au passage, plusieurs principes endossés par l’État russe sont bafoués. En 1994, la Russie avait signé le mémorandum de Budapest, un protocole diplomatique par lequel elle s’engageait à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, en échange du renoncement de celle-ci aux armes nucléaires qui avaient été stationnées sur son territoire. La Russie avait également confirmé son adhésion aux accords d’Helsinki signés par l’URSS en 1975, incluant le droit des États à choisir librement leurs alliances.       La force de l’événement d’aujourd’hui se lit aussi dans la perturbation des routines intellectuelles qu’il produit. De fait, toutes celles et ceux qui estimaient improbable une invasion générale du pays ont été démenti·es par les faits. Au fur et à mesure de son déroulement, la crise ukrainienne a d’ailleurs suscité des analyses appelant à appréhender différemment que par le passé le comportement de Vladimir Poutine.      Dans un texte informé publié sur le site Le Rubicon, Céline Marangé, chargée de recherches au Service historique de la Défense, écrivait le 10 février dernier : « Jusqu’à présent, j’avais toujours souscrit à l’idée que les dirigeants russes étaient mus par un fort complexe de déclassement lié au traumatisme de l’effondrement de l’Union soviétique et qu’ils déployaient de ce fait une stratégie fondamentalement défensive se traduisant par des actions offensives. ».....                                                                        ____ Point de vue: Les grilles de lectures habituelles ont été pulvérisées.    La force de l’événement d’aujourd’hui se lit aussi dans la perturbation des routines intellectuelles qu’il produit. De fait, toutes celles et ceux qui estimaient improbable une invasion générale du pays ont été démenti·es par les faits. Au fur et à mesure de son déroulement, la crise ukrainienne a d’ailleurs suscité des analyses appelant à appréhender différemment que par le passé le comportement de Vladimir Poutine.       Dans un texte informé publié sur le site Le Rubicon, Céline Marangé, chargée de recherches au Service historique de la Défense, écrivait le 10 février dernier : « Jusqu’à présent, j’avais toujours souscrit à l’idée que les dirigeants russes étaient mus par un fort complexe de déclassement lié au traumatisme de l’effondrement de l’Union soviétique et qu’ils déployaient de ce fait une stratégie fondamentalement défensive se traduisant par des actions offensives. »      ________De nombreux éléments l’ont cependant conduite à formuler « une autre hypothèse qui […] consiste à penser qu’à ces enjeux de rang et de sécurité vient désormais s’ajouter – et non se substituer – une forte dimension identitaire. [Vladimir] Poutine pourrait en plus poursuivre un grand dessein : celui d’étendre les frontières du pays en rassemblant, par différents moyens directs et indirects, des “terres russes” considérées comme ancestrales ».     Une fois l’invasion déclenchée, des prises de conscience spectaculaires – quoiqu’un peu tardives – ont été exprimées par des responsables politiques, par exemple par l’ancienne ministre allemande de la défense, Annegret Kramp-Karrenbauer,  affirmant être « en colère contre nous-mêmes pour notre échec historique. […] Nous n’avons rien préparé qui aurait réellement dissuadé Poutine ».      « Il y a un effet de sidération, constate Olivier Schmitt. Beaucoup de gens, y compris parmi les élites, comprennent qu’il se passe quelque chose de différent de d’habitude. Ils découvrent surtout qu’après avoir passé des décennies à dire que les solutions étaient politiques et pas militaires, il faut faire l’effort intellectuel de ne pas séparer ainsi les deux aspects. Parfois, le militaire crée les conditions pour une solution politique. »       Un tel défi lancé aux États-Unis confirme, s’il en était besoin, que l’âge d’un monde unipolaire, organisé autour de leur hégémonie, est bien achevé. Pour les Occidentaux, y compris ceux qui étaient critiques de cette domination, s’habituer à une nouvelle ère de rivalité des grandes puissances va être coûteux. C’est tout l’enjeu du futur impossible à prédire, mais selon toute évidence moins confortable intellectuellement et matériellement qui nous attend.       Nous entrons donc dans une nouvelle ère. De quoi sera-t-elle faite ? Nul ne le sait exactement, même pas Vladimir Poutine lui-même. Une fois l’agression militaire de l’Ukraine posée, la suite ne dépend plus tant du président russe lui-même que du comportement de son entourage, de ses soldats, des Russes qui le soutiendront ou non dans sa décision… et, au-delà, de la réaction du reste du monde à cette attaque.      Le président russe a fait sans aucun doute chanceler l’histoire. Mais comment elle va retomber reste une question en partie ouverte. Quelques certitudes émergent toutefois.      D’abord, l’onde de choc sera mondiale. « Les effets déstabilisateurs du conflit pourraient bien se propager bien au-delà de l’Ukraine – en Europe centrale, dans les Balkans (où une paix fragile commençait à se fissurer, avant même cette nuit), jusqu’en Asie centrale et même dans le Pacifique », énumère le magazine britannique New Statesman – considéré comme l’une des voix de la gauche britannique.     En Asie, l’invasion risque de fait de « compliquer davantage les postures du Japon et des États-Unis face à la Chine » et les tensions militaires russo-américaines, déjà importantes, « risquent fort de s’aiguiser sur le théâtre de l’Extrême-Orient russe »analyse le site Asialyst.    Surtout, poursuit le New Statesman, les prochains jours vont fixer des précédents à propos de « ce qui est acceptable dans les relations internationales du début et milieu du XXIsiècle et ce qui ne l’est pas » – précédents qui dessineront les contours des décennies.        Certains observateurs craignent ainsi que les visées impérialistes russes en Ukraine – et l’incapacité européenne et étasunienne à les dissuader – n’influencent les prochaines décisions chinoises concernant Taïwan. Pékin s’en défend pour le moment formellement. « Si les puissances occidentales ne réussissent pas à répliquer à la Russie, elles renforcent la vision chinoise de ce qu’il faut faire avec Taïwan »avertissait pourtant début février Lai I-chung, un ancien cadre du Democratic Progressive Party taïwanais.       Deuxième certitude : le rapport à la violence, à la guerre et à la sécurité d’un grand nombre d’Européen·nes va changer. Pour beaucoup d’entre eux, français en particulier, la guerre cessera d’être une perspective lointaine et théorique. À long terme, ce conflit aux portes de l’Europe affectera leur portefeuille et leur niveau de vie, annonce Olivier Schmitt à Mediapart.        Il imposera aussi de changer nos manières de comprendre le monde, et en particulier nos cultures politiques et leur « aversion pour la radicalité » qui nous empêchent de comprendre la manière de fonctionner de l’exécutif russe, relève sur Twitter la chercheuse à l’université Paris Nanterre Anna Colin Lebedev.      « Nous ne croyons pas que le pire est possible. Sur un autre continent, peut-être, mais pas chez nous : “La Russie ne va quand même pas NOUS attaquer ?” Le pouvoir russe actuel ne raisonne pas en termes de coûts et d’avantages. Il raisonne en termes de mission majeure. […] Attaquer un pays de l’Otan serait suicidaire pour Poutine ? Ne l’excluons pas pour autant » développe-t-elle...."

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vendredi 25 février 2022

Vagabondage

___ Philosophie souriante: Pascale Seys

                      Elle aime avec panache les "presque rien" et les "Tics de l'actu"   _______


___ Un ministre mis en cause. Avec raison...Une copie à revoir...

___ Les obsessions de Z., L'homme du pire avec ses obsessions     Réaction juive

___ Repenser les Ehpads. Il est temps!

___ Le bon ami de Poutine, parmi d'autres, très intéressé. Un converti au lourd passif.




jeudi 24 février 2022

L' impôt ou les fourches

                         Ce serait presque attendrissant. Voilà que de très grosses fortunes de par le monde demandent humblement à être taxés davantage qu'il ne sont actuellement. Quand on sait que beaucoup le sont proportionnellement moins que leur femme de ménage, on peut comprendre...Déjà lors de la crise de 2008, un groupe de philanthro-capitalistes  demandaient au pouvoir d'être imposés en rapport avec leurs revenus stratosphériques. Mais ce ne fut pas suivi d'effets, ils le savaient, et ils se firent ensuite plus discrets, craignant peut-être une nouvelle époque à la Roosevelt, qui pendant la crise de 29 les mit sérieusement à contribution..               Certains cependant persévérèrent à Davos. Cela sentirait-il le sapin ou la révolte, fourches en avant? Les châteaux seraient-ils menacés? La peur pourrait-elle être le commencement de la sagesse?  Ils passent aux aveux, avec parfois quelques accents se sincérité: "...«La plupart d'entre nous peuvent dire que, alors que le monde a traversé d'immenses souffrances au cours des deux dernières années, nous avons en fait vu notre richesse augmenter pendant la pandémie –mais peu d'entre nous, voire aucun, peuvent honnêtement dire que nous payons notre juste part d'impôts», écrivent les signataires. Le groupe soutient que le système fiscal international a créé un manque de confiance entre les gens ordinaires et les élites, ces dernières étant les «architectes de ce système».

                                      Mais pas de suite à ces élans de civisme....comme on s'y attendait. L'héroïsme contributif n'a pas la cote au pays des ultra-riches. Et pourtant le temps est venu de combler l'immense fossé qui se creuse entre les extrêmes, ne serait-ce que pour sauver l'économie réelle, en mettant fin au règne des rentiers improductifs.                     ______ "...La confiance – en politique, dans la société, entre nous – ne se construit pas dans de minuscules pièces annexes accessibles uniquement aux plus riches et aux plus puissants. Elle n’est pas bâtie par des voyageurs spatiaux milliardaires qui font fortune grâce à une pandémie, mais ne paient presque pas d’impôts et offrent des salaires médiocres à leurs employés. La confiance se construit par la responsabilité, par des démocraties bien huilées, justes et ouvertes qui fournissent de bons services et soutiennent tous leurs citoyens.    Et le socle d’une démocratie forte est un système fiscal équitable. Un système fiscal équitable.    En tant que millionnaires, nous savons que le système fiscal actuel n’est pas équitable. La plupart d’entre nous peuvent dire que, si le monde a connu d’immenses souffrances au cours des deux dernières années, nous avons en fait vu notre richesse augmenter pendant la pandémie – mais peu d’entre nous, voire aucun, peuvent honnêtement dire qu’ils paient leur juste part d’impôts.    Cette injustice, inscrite dans les fondements du système fiscal international, a créé un manque de confiance colossal entre les peuples du monde et les élites qui sont les architectes de ce système…      Pour le dire simplement, pour rétablir la confiance, il faut taxer les riches. Le monde – tous les pays qui le composent – doit exiger que les riches paient leur juste part. Taxez-nous, les riches, et taxez-nous maintenant.    Aggravée par la pandémie de coronavirus, la montée en flèche de l’inégalité des revenus et des richesses a été au cœur des récents mouvements de protestation de masse en Amérique du Sud, au Moyen-Orient, en Europe, aux États-Unis et ailleurs – des soulèvements populaires qui se sont souvent heurtés à une répression policière brutale.     « Il est temps de corriger les erreurs d’un monde inégalitaire. »       Mais peu d’actes réels ont été faits ces dernières années pour inverser la tendance de plusieurs décennies d’une accumulation de richesses stupéfiantes au sommet et d’une baisse du niveau de vie pour de larges pans de la population mondiale.    Selon une analyse d’Oxfam publiée en début de semaine, les dix hommes les plus riches du monde ont vu leur fortune cumulée augmenter de plus de 1,2 milliard de dollars par jour depuis que la pandémie de coronavirus a frappé il y a deux ans, alors que des dizaines de millions de personnes dans le monde ont sombré dans la pauvreté.  Les défenseurs et les législateurs progressistes soutiennent depuis longtemps que l’augmentation des impôts sur les riches – bien qu’elle soit loin d’être une panacée pour les maux profonds de la société – contribuerait à réduire les inégalités croissantes et à générer des revenus que les gouvernements pourraient consacrer à la réduction de la pauvreté, à la fourniture de soins de santé universels et à la satisfaction d’autres besoins fondamentaux.     Gemma McGough, une entrepreneuse britannique et membre fondatrice de Patriotic Millionaires UK, a réitéré cet argument dans une déclaration mercredi.   « Une valeur commune à la plupart des gens est que si quelque chose n’est pas juste, alors ce n’est pas bien. Mais les systèmes fiscaux du monde entier intègrent l’injustice, alors pourquoi les gens devraient-ils leur faire confiance ? a déclaré McGough, l’un des signataires de la nouvelle lettre. On leur demande d’assumer notre fardeau économique commun encore et encore, alors que les plus riches voient leur richesse, et leur confort, continuer à augmenter. » « Il est temps que nous redressions les torts d’un monde inégalitaire, ajoute McGough. Il est temps de taxer les plus riches."                        ____Certains hyper-privilégiés sentiraient-ils passer le vent du boulet et finiraient-ils par comprendre qu'il est dans leur intérêt de mettre la main à la poche?... quitte à renoncer à l'achat d'un deuxième yacht ou d'une troisième résidence de luxe.   Chiche!           _____________________

mercredi 23 février 2022

Petit paradis suisse

 Petits et grands secrets helvètes

                   Vous avez dit "transparence"?  Comme le Luxembourg, mais en plus grand, le pays des Helvètes est un lieu plein de charmes, qui fait un peu bande à part, mais qui connaît une prospérité qui ne se dément pas. On le comprend. Ce ne sont pas seulement les paysages de carte postale qui attirent. C'est aussi certaines grandes firmes multinationales, mais surtout les très nombreuses mais discrètes banques, ayant pignon sur lac ou non. Des maisons honorables, bien sous tout rapport, qui strockent et lessivent sans bruit. Une vieille tradition. Déjà à l'époque de Voltaire. Un paradis très accueillant pour toutes sortes de capitaux venus de toutes parts et de tous milieux. Il faut de tout pour faire une banque...




  ____  Pourtant on nous avait dit que les paradis fiscaux c'était fini, à l'issue de la crise de 2008, où leurs pratiques avaient été fortement critiquées, même en plus haut lieu. N. Sarkozy l'avait répété: plus jamais ça! Les USA, non sans arrière-pensées, avaient obligé le petit pays alpin à changer de pratiques, notamment sur l'anonymat des comptes bancaires. Une régulation minimale. Mais le petit pays est resté comme un gruyère, où on pouvait entrer sans trop de formalités, quelle que soit la "propreté" des fonds déposés.              ___On vient de l'apprendre, du moins en partie, certaines banques étaient trop accueillantes, "négligentes" (!) pas toujours regardantes. De l'argent sale, comme on dit, circulait dans les tuyaux des machines à produire de la propreté. Du beau monde venait se réfugier sous le ciel du lac Léman, séduit par le généreux slogan de la maison de Zürich: "L'avenir vous appartient". Comment ne pas céder?     Sauf que c'était en marge de toute légalité. Schön, aber schmutzig!    ...La pratique banale de tous les paradis discaux de par le monde, pour qui l'argent n'a pas d'odeur. La maison connaît donc des "déboires" (sic!), comme dit le Figaro.  L'ancien député de Genève avait raison: la blancheur et la transparence ne sont pas, malgré l'apparence, des qualités suisses...  Tout ça après les Paradis papers...                                              ___ Qui a dit que les paradis fiscaux étaient l'enfer des pauvres?   __________

mardi 22 février 2022

Toubib.

     Billet d'humeur méritant d'être relayé.

 « L'hôpital est assiégé par une population venue du monde entier. Nous devons supprimer l'AME. »

[ Eric Zemmour, Béziers, 2021]

Salut Eric,
Demain, à 00h, j'en serai à 64h de travail en une semaine en tant que senior aux urgences pédiatriques. Des urgences qui débordent, des urgences qui ont parfois l'air assiégé, des urgences où l'on se sent assiégé, nous, médecins, infirmières, aides-soignantes
Mais, ah...tu sais quoi Eric ? Y'a personne de bénéficiaire de l'AME qui assiège mon hôpital, ou bien c'est le siège le plus light de l'histoire des sièges.
Des personnes en situation irrégulière avec des enfants en situation irrégulière, j'en ai parfois, et c'est rare franchement.
D'ailleurs, tu sais Eric, la vérité, c'est que l'AME coûte environ 1 milliard...sur un budget de 200 milliards au total pour la Sécu, ce système que toi et tes copains politiques vous vous entêtez depuis des années à faire croire aux gens qu'il devrait générer des bénéfice et non un « trou », un système dont l'idée est d'être une solidarité qui ferait des bénéfices. C'est comme si demain, les restos du cœurs investissaient en Bourse.
Mais ça, Eric, t'en as rien à foutre, tu n'as jamais bossé dans un hôpital. Tu n'as jamais eu le salaire de misère d'une aide-soignante pour se casser le dos pour garder la dignité d'un malade.
Les malades pris en charge par l'AME, tu t'en fous encore plus, d'ailleurs on t'a jamais vu soigner une Tuberculose, qui pourrait faire des ravages en France si on ne prenait pas en charge ces gens qui vivent, quasi-toujours, dans des conditions que même un chien ne voudrait pas, qui sont employés au black sur des chantiers ou dans des restos, mais là, ça va, c'est cool.
J'ai déjà soigné des gens qui avaient l'AME, Eric. Pendant mon externat, en maladie infectieuse, des gens qui avaient fui et s'étaient réfugiés en France pour échapper à la mort, au viol, à la torture, à la mutilation, à la misère…
Ces gens que tu jettes en pâture aux autres citoyens que tu abuses.
J'en ai soigné aussi quelques-uns des gosses qui bénéficiaient de l'AME, dont l'un s'était enfoncé un clou dans le pied et que j'ai vacciné au passage parce qu'il avait fui son pays sans rien.
Et si demain j'ai d'autres patients qui viennent devant moi et qui ont besoin de soins en urgences, je les soignerais, même si on me l'interdit.
Et je t'emmerde, Eric.
Ce qui assiège vraiment l'hôpital aujourd'hui, c'est vous.
Les politiques, les financiers qui pensent que l'on peut monnayer une vie humaine, que l'on peut décider de laisser crever des gens sur notre sol parce qu'ils n'ont pas un bout de papier pour ça quand vous balancez des milliards d'euros pour de l'évasion fiscale (#PandoraPapers #PanamaPapers) ou des millions d'euros pour des campagnes électorales...
Ce qui assiège l'hôpital, c'est le manque de moyens, le manque de lits, les salaires de merde, le manque de personnel, les heures interminables, le manque de prévention, le manque de pédagogie médicale au grand public, le manque de médecins formés, le manque de considération d'une classe politique qui s'en bat les couilles dès qu'ils ne risquent pas leur vie ou leur mandat.
Certainement pas les quelques pauvres femmes, hommes et enfants que l'AME permet de soigner comme des êtres humains et de ne pas les laisser comme des chiens dans un caniveau.
Je fais pas de politique, Eric.
Mais toi alors, fais pas de médical, parce que t'es pas médecin.
Et fais pas d'humanité, parce que tu sais pas ce que c'est.
[Tiré de la page To be or not Toubib
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