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samedi 19 février 2022

MALI (suite et fin?)

En attendant...quelle suite?

                    C'était à redouter dès le départ, prévisible lors de l'acte II de l'opération.                         Un "redéploiement" qui masque mal un échec patent. La fin d'une forme d'utopie.

             C'était à l'évidence mal parti. "...Le 2 février 2022, Serge Michaïlof renouvelait dans La Croix sa sévère analyse : « Au Mali, notre fétichisme à l’égard d’une démocratie à bout de souffle a conduit notre diplomatie à ajouter une série de maladresses à l’erreur initiale commise par le président Hollande de transformer l’opération Serval, aux objectifs clairs et limités, en une opération Barkhane aux objectifs flous et inatteignables. Notre armée a brillamment arrêté le rezzou djihadiste qui aurait sans doute pu conquérir Bamako en 2013. Mais lui demander ensuite avec Barkhane de détruire le terrorisme au Mali était lui confier une mission impossible. »...

                    "...La fin de Barkhane a été actée entre fromage et dessert, et pas seulement au sens littéral. L’annonce est intervenue entre deux autres événements – une conférence de l’Agence française de développement sur « une nouvelle alliance entre l’Afrique et l’Europe », l’après-midi, et un sommet Europe-Afrique à Bruxelles le lendemain. Une « séquence riche », en jargon élyséen. Une manière de diluer l’annonce fatidique et les circonstances calamiteuses de ce départ dans d’autres sujets, pourrait-on aussi dire.        Mais le plus intéressant n’est peut-être pas tant cette annonce (et les savants effets de communication qui l’entourent) que la manière dont l’exécutif et les armées françaises s’en sont saisis pour tirer un bilan sincère de cette opération militaire, et plus largement de la politique française au Sahel.       Ce grand bilan, à écouter l’Élysée, aurait été fait. Le quinquennat d’Emmanuel Macron aurait « revisité les fondamentaux de la relation entre la France et le continent africain », « refondé le logiciel », permis un « aggiornamento », y compris concernant les opérations militaires.              Mais l’invoquer ne suffit pas à lui donner corps, et on cherche en vain dans ce discours autre chose que de l’autosatisfaction. Questionné sur ses erreurs et ce qui aurait pu être mieux fait dans la politique française au Sahel ces dernières années, l’Élysée se borne à répondre que « les évolutions profondes qu’on observe au Sahel […] avaient été prises en compte » par Paris.                        Quant à la dégradation spectaculaire des relations avec le Mali, elle n’est pas due, au moins en partie, à une certaine arrogance de l’exécutif français (voir ci-dessous) mais bien aux autorités maliennes, qui auraient adopté une « trajectoire de rupture ».        Cette incapacité apparente à se remettre en cause semble toucher aussi bien l’entourage politique du chef de l’État que la haute hiérarchie militaire française. Il y aurait pourtant beaucoup à dire, et à interroger, concernant Barkhane et le bilan du quinquennat Macron au Sahel.        Le retrait des troupes françaises du Mali est d’abord et surtout un échec politique et diplomatique. L’escalade verbale de ces derniers mois avec les autorités maliennes en est l’illustration la plus frappante – sans être la seule. Des semaines durant, Jean-Yves Le Drian et Florence Parly se sont écharpés, par tribunes et médias interposés et en des termes fort peu diplomatiques, avec le premier ministre de la transition malien Choguel Kokalla Maïga.       Aux accusations françaises d’« indécence », d’« irresponsabilité » et d’« illégitimité » de la junte ont répondu les attaques maliennes sur la « condescendance » des Français et leur supposé agenda de « partition » du pays, le tout se soldant par l’expulsion d’un ambassadeur.        Avant les ministres des affaires étrangères et des armées, le chef de l’État avait ouvert la voie. Depuis son élection il y a cinq ans, le président a multiplié les marques de condescendance – pour ne pas dire de mépris – à l’égard de ses homologues sahéliens. L’épisode de la « clim’ » à Ouagadougou (lorsque en 2017 Macron avait plaisanté sur le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré « parti réparer la climatisation ») et surtout, celui du sommet de Pau en janvier 2020 (lorsque le chef de l’État français avait littéralement convoqué les chefs des États du G5-Sahel dans le sud de la France) ont marqué les esprits.       « On ne convoque pas un chef d’État, qui plus est quand on est le président de l’ancienne puissance coloniale. Cela rappelle trop de mauvais souvenirs », admet un diplomate du Quai d’Orsay ayant requis l’anonymat. Cet épisode est resté en travers de la gorge de nombre de Maliens, pour qui la France se comporte comme chez elle au Mali.       Couplé à l’annonce de la fin de l’opération Barkhane « en tant qu’opération extérieure », faite par Macron en juin 2021, alors que les autorités maliennes n’en avaient pas été préalablement informées, il a braqué la junte au pouvoir et a convaincu ses dirigeants de se détourner de Paris et d’aller chercher de l’aide en Russie...." ________

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