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lundi 21 février 2022

A lire, toutes affaires cessantes

    Deux auteurs ont attiré mon attention cette semaine, qui méritent le détour.  Ils renouvèlent l'interprétation de phénomènes socio-politiques actuels de l'heure, qui n'ont que très peu fait l'objet de débats de fond:

__________Le premier, une étude de Benjamin Lemoine, remet en question la vision qui nous est généralement présentée de la "dette publique", dans le contexte actuel: L'ordre de la dette  et sa suite récente: La démocratie disciplinée.    Il n'est pas le premier, mais il est sans doute un des  rares à avoir analysé cette question de manière historique autant qu'économique en remettant certains mythes tenaces en question.       Après un temps d'accalmie (covid oblige et le "quoiqu'il en coûte" étant devenu une sorte de parenthèse) la question de la dette revient: la dette serait le mal qu'il faudrait prioritairement combattre, notamment en rognant encore plus sur les dépenses publiques.                                 __La Cour des comptes et P. Moscovici y vont de leur couplet bien connu. La dette revient en force comme une obsession, objet d'inquiétude depuis des années dans les sphères étatiques. Alors que la dette américaine, stratosphérique, n'obsède pas, pas plus que la dette japonaise, plus élevée que la nôtre. 

_____________Le deuxième, Les Infiltrés, traite de la question plusieurs fois débattues  de la place et du pouvoir des firmes de consulting (le plus souvent anglo-saxonnes) qui se sont immiscées au coeur de l'Etat et de beaucoup de ses administrations, surtout depuis les années 1990, dans les sillage des dogmes néolibéraux de R.Reagan et M.Thatcher, selon lesquels "l'Etat est le problème".         Ce que les fonctionnaires de l'Etat français faisaient et savaient faire a été peu à peu délégué à des officines privées, même dans le domaine de la santé, pour repenser les normes et réorganiser la logique de la "gouvernance", plus proche de celle du domaine privé. Avec le souci prioritaire de l'efficacité à courte vue et de l'économie prétendue..alors que ces organismes privés sont grassement payés, pesant lourdement sur les finances publiques.                                                                           "Depuis vingt ans les consultants se sont installés au cœur de l'État. Gestion de la pandémie, stratégie militaire, numérisation de nos services publics...: les cabinets de conseil, pour la plupart anglo-saxons, sont à la manœuvre dans tous les ministères. L'État a payé pour se dissoudre. Ce livre relate ce suicide assisté.    C'est l'histoire d'un putsch progressif, presque rampant, sans effusion de sang mais qui, de l'intérieur, a changé la France. Depuis vingt ans, les consultants se sont installés au cœur de l'État. Gestion de la pandémie, stratégie militaire, numérisation de nos services publics... : les cabinets de conseil, pour la plupart anglo-saxons, sont à la manœuvre dans tous les ministères. On les retrouve même au cœur de nos services de renseignement.      L'histoire de cette infiltration n'a jamais été racontée. Et cette prise de pouvoir encore moins démocratiquement approuvée. Les choses se sont faites par acceptations ou résignations successives. Il ne s'agit en rien d'une conspiration. L'État a été parfaitement consentant. Il a payé pour se dissoudre. Et dépense chaque année toujours plus pour s'effacer. Ce livre relate ce suicide assisté."                  ____Les principaux cabinets comme Mc Kinsey, contribuent fortement à mettre l'Etat en mode start-up, avec la bénédiction de hauts fonctionnaires acquis à la cause, notamment avec l'impulsion sarkozienne et de E. Woerth.

           Bonne lecture critique!                    __________________________________

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