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lundi 11 avril 2022

Présidentialisme toxique

    Dérives

               "...La Ve République, imaginée par de Gaulle pour lui-même, lui a survécu. Plus souple que prévu, elle a aussi résisté à l’alternance et aux cohabitations. Mais son caractère monarchique n’a cessé de se renforcer.   Le 10 avril commence un marathon électoral qui va nous mobiliser non pas deux dimanches mais quatre. Après les deux tours de la présidentielle viendront les deux galops des législatives. Nul besoin de coûteux sondages pour savoir quelle course passionnera le plus l’opinion. Voyons ! Qui, dans ce pays, tient et incarne le pouvoir, décide, gouverne, impulse, réforme, défait, refait ? Le président, bien sûr. Et pourtant, si l’on s’en tenait à la lettre de la Constitution de notre République, telle qu’elle fut pensée en 1958, la plus importante des deux élections devrait être la seconde...."               La présidentialisation et la personnalisation du régime sont le comble de l’anachronisme.   Le régime prévu à sa naissance était parlementaire. D’un parlementarisme « rationalisé », comme on le disait alors, adossé à un exécutif fort, mais néanmoins parlementaire, c’est-à-dire censé faire émaner le pouvoir du Parlement. Etrange paradoxe qui explique en partie le malaise institutionnel actuel. L’histoire de la Ve République, c’est aussi cela : une longue dérive qui nous a fait partir d’un pouvoir marchant sur deux jambes – président et Parlement – pour aboutir à ce système d’« hyperprésidence » où un nouveau monarque écrase tout le reste...."       


                          Un équilibre est rompu. Une dénaturation du régime parlementaire et une impasse Une dyarchie néfaste, comme le signalait déjà Pompidou: 
G. Pompidou le souligne également dans ses mémoires : « Notre Constitution, modifiée par le référendum qui a institué l’élection du Président de la République au suffrage universel, a clairement posé le principe de la priorité du chef de l’État […]. Mais il se trouve que le jeu même de l’organisme gouvernemental fait que les affaires viennent par priorité à Matignon, que Matignon intervient constamment pour orienter et arbitrer et qu’ainsi apparaît le risque de “dyarchie”, d’un gouvernement à double commande »             On a remis en cause les idéologies... aller vers plus de radicalité, ou bien au contraire, tout désidéologiser au nom du pragmatisme et de l’efficacité. Remise en cause également des partis – coquilles vides, réduites à la simple fonction « d’écurie » présidentielle, bien loin de leurs missions originelles de construction d’aventures et d’expériences communes, de leur devoir de penser un avenir en commun. Remise en question enfin des institutions : puisque l’homme providentiel échoue, ce n’est pas parce qu’il concentrerait à lui seul trop de pouvoir, mais au contraire parce qu’il n’en aurait pas assez ! D’où la réduction des pouvoirs du Parlement.    Petit à petit, tout ce qui est venu tempérer le mouvement de balancier décrit plus haut – élan présidentiel, désillusion, nouvel élan… –, les partis, les identités partisanes, les clivages politiques, les contre-pouvoirs… ont été décrédibilisés aux yeux d’une opinion qui ne souhaitait, ni ne pouvait renoncer à l’idée qu’un homme seul pouvait détenir les clefs de tous ses problèmes.     Par son exercice du pouvoir, Emmanuel Macron a conforté cet élan spontané des Français. En pariant sur la verticalité, quitte à sembler affaiblir les contre-pouvoirs comme le Parlement et les syndicats notamment, qui seraient pourtant bien utiles à l’heure des Gilets Jaunes… En prétendant évacuer l’idéologie au profit du pragmatisme. En cassant les vieux partis, qui auraient pu nourrir des hommes providentiels alternatifs, sans pour autant construire et structurer son propre parti pour amortir une éventuelle future désillusion à son égard. En assumant l’idée qu’il pourrait, à lui seul et à force de conviction, libérer le pays de ses blocages, de sa haine de lui-même, et renouer avec une grandeur révolue. C’est sans doute en partie pour cette raison que le pouvoir actuel semble encore plus déstabilisé que ses prédécesseurs par les déceptions des Français..."                   Il y a des causes lointaines et les effets, tout à fait prévisibles.___Quelle représentativité parlementaire?_Jusqu'où ira le nouveau monarque?
_______Le système se discute -                                                                           _______________________________

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