Ça va jazzer

https://www.jazzradio.fr/

vendredi 6 janvier 2023

Alerte à Jérusalem

 Démocratie en péril

          "Rabin, reviens! ils sont devenus fous..." Depuis l'assassinat de celui qui allait tenter de régler la question palestinienne par des négociations, depuis Sharon jusqu'à Netanyahou, la politique palestinienne glisse de plus en plus vers le repli, la radicalité, le sionisme pur et dur et maintenant la droite extrême, toujours plus loin des résolutions de l'ONU. De dérives en dérives, le Likoud a changé, les ultra-orthoxes donnent maintenant le ton. Le course en avant vers la colonisation cisjordanienne, tolérée puis encouragée, a produit ses effets Une radicalisation de tendances qui existaient déjà avant les élections, dès les années 2010. La presse habituellement la moins critique se réveille;                                                                                                                                               "... La composition du nouveau gouvernement israëlien   intronisé le 29 décembre et la part obtenue en son sein par les formations les plus radicales qui n’aient jamais été représentées à la Knesset (le Parlement) parachèvent une évolution sans précédent de l’Etat hébreu. Si la tentation illibérale et réactionnaire sortie des urnes ne concerne que les Israéliens eux-mêmes, il en va autrement de la volonté de domination des territoires palestiniens, qui constitue l’autre feuille de route de ce gouvernement. La perspective n’est plus celle de deux Etats, mais celle d’une annexion lourde de périls...."     Toutes les chancéleries  regarde ailleurs, pas Yaël German.                                                                                        Un temps de "cauchemar" , selon Haaretz, un des rares journal d'opposition. Le radical  Ben Gvir, au poste clé de l'intérieur, ne manque pas une provocation et allume le feu, sachant ce qu'il fait, comme Sharon en son temps.       _____________Rappel:  Il n'est pas inutile de rappeler que la critique de certains aspects de la vie politique israëlienne ne peut être taxée d'antisémitisme, comme certains, qui ont intérêt à cet amalgame grossier, le proclame régulièrement, à Tel Aviv comme ailleurs. Sinon, combien de Juifs, croyants ou laïcs, israëliens ou pas, pourraient l'être aussi!..                            ___Bibi reprend donc du service dans un contexte complexe, après des élections troublées, qui ont vu la  droite extrême prendre un peu plus d'ascendant. Le sionisme radical rebondit. Ce sont même les partis religieux les plus radicaux qui vont avoir la capacité de tenir le haut du pavé, comme le regrette le journal d'opposition Haaretz: "...« Un gouvernement ultra-religieux, quasi fasciste, que ce pays ne méritait pas », résume le quotidien Haaretz. Un tournant historique en direction d’un régime « illibéral ».Tout indique pourtant qu’il sera accueilli dans une relative indifférence de l’opinion publique. Indifférence d’autant plus surprenante que depuis la création de l’État, il y a près de 75 ans, les épisodes majeurs de l’histoire politique israélienne ont provoqué des manifestations populaires spectaculaires..." Comme le signale aussi Courrier International, dans l'indifférence la plus totale. La lassitude des instances internationales est manifeste, tout comme l'absence de réaction des pays naguère soucieux de la défense des droits palestiniens, qui ne croient plus à de possibles négociations. Depuis l'assassinat de Rabin, le pays a basculé dans le rapport de forces et la division. Il n'y aura pas de miracle à Jérusalem...  (*)      Ça craint...                                          ___Le retour de Bibi souligne aussi le renoncement d'une certaine gauche, attachée à certaines valeurs naguère défendues, comme le signale un journaliste israëlien: "...Pendant des années, les Israéliens ont parlé du «peuple élu», de l’Holocauste après lequel tout est permis, des Arabes qui veulent nous jeter à la mer, de notre droit à la terre en raison des récits bibliques, de l’Armée de défense d’Israël (Tsahal) comme l’armée la plus morale du monde, de David contre Goliath, des Arabes israéliens comme une cinquième colonne, du monde entier qui est contre nous et du fait que quiconque nous critique est un antisémite. Que pensions-nous qu’il ressortirait de tout cela? Ben-Gvir, en fait, a pris son temps. Il aurait pu faire son grand tabac il y a longtemps. C’est ce qui arrive quand vous avez un Bolsonaro et pas de Lula en face de lui. C’est ce qui arrive lorsque les cris de «Mort aux Arabes», qui seront désormais répétés dans les écoles lors de la réunion matinale, n’ont pas été accueillis par un seul cri de «Liberté pour les Arabes». C’est là que ça a commencé, c’est là que ça se termine. (Article publié sur le site du quotidien Haaretz, le 3 novembre 2022)                 Il existe maintenant un populisme israëlien qui n'a rien à envier à d'autres, qui fleurissent à Washington ou ailleurs. Dans les territoires palestiniens, la politique de "grignotage" des terres continuent. Personne n'ose plus élever la voix, de peur d'être taxé d'antisémitisme. Le piège a bien fonctionné.  L'Europe paie mais ne dit rien. Le cynisme est à son comble. Rabin et Barak avaient vu juste sur ces dérives possibles, malheureusement. Certains y voient le risque d'une nouvelle explosion, plus radicale que les précédentes.


                    (*) "...A l'issue des élections législatives  israéliennes, Benyamin Netanyahou s'impose, une fois de plus, comme le leader du parti le plus puissant d'Israël et l'axe autour duquel s'organise la vie politique du pays. Les résultats définitifs devraient être publiés d'ici jeudi, ou vendredi au plus tard, mais les premiers éléments indiquent que le bloc qu'il a réussi à créer avec le Likoud, deux partis ultraorthodoxes et le Parti sioniste religieux, va probablement dominer la 25e Knesset. Les quatre mouvements pro-« Bibi » bénéficient tous d'une dynamique positive et ont tous gagné suffisamment de voix pour lui assurer, en principe, une majorité de plus de 61 sièges, sur les 120 que compte l'assemblée législative israélienne. Signe de l'importance que les Israéliens apportaient à ces élections, les cinquièmes en moins de quatre ans, la participation a atteint un taux record de 71,3 %.    Pourtant, c'est une victoire en demi-teinte pour « Bibi », car l'équilibre des forces au sein de son camp l'assujettit à ses alliés. Les partis ultraorthodoxes, qui comptaient 16 députés jusqu'à présent, devraient en aligner une vingtaine. Mais c'est surtout la percée du Parti sioniste religieux qui change la donne : avec 14 sièges, ce mouvement d'extrême droite devient la troisième force politique du pays. Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, les deux leaders de ce mouvement, unis par la volonté de Netanyahou, ne cachent désormais plus leurs ambitions. Ils entendent peser lourdement dans le futur gouvernement : le premier se verrait bien au ministère de la Défense et le second à celui de la Sécurité intérieure.  Mardi soir, deux heures après les premiers résultats, Itamar Ben Gvir a fait une entrée triomphale dans les salons du Vert Hotel de Jérusalem, aux cris de « Ben Gvir, premier ministre ! » Désormais, a-t-il annoncé, les soldats et la police seraient « soutenus » dans un contexte tendu en Cisjordanie. « Il est temps pour nos enfants de marcher dans la rue sans crainte ; il est temps de réaffirmer notre domination sur ce pays », a-t-il proclamé, promettant à ses militants le retour d'un pouvoir « qui protégerait la terre d'Israël et coloniserait la Judée et la Samarie », ainsi qu'il désigne la Cisjordanie occupée..."_______________________                                                                     

Aucun commentaire: