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mercredi 25 janvier 2023

Orthographe: combat d'un autre âge?

 La "science des ânes..."

                       ...Disait -on naguère pour parler de ceux qui vantaient les vertus d'une orthographe parfaitement maîtrisée, aboutissement de l' histoire complexe d'une langue  reçue en héritage. La dictée, au certificat d'étude, avait une valeur centrale et aujourd'hui encore, l'orthographe imparfaite, approximative, est souvent un critère de sélection sociale et professionnelle, même si les exigences se sont déplacées. Elle reste un marqueur social, un critère de distinction, elle est un élément important dans une lettre de motivation, d'où l'insistance scolaire toujours vive sur son importance, malgré les heures qui se sont réduites en français et des méthodes d'enseignement souvent contestées.                               On dénonce une dérive dans la maîtrise de l'expression écrite, les exigences minimales d'apprentissage n'étant plus assurées. Ce n'est pas seulement l'effet d'un recours abusif aux tablettes et aux correcteurs orthographiques, mais peut-être plus une dispersion de l'attention et un intérêt moins affirmé pour sa langue et surtout peut-être la régression de la lecture et de l'exercice de composition écrite dans le cadre scolaire. Le "retour à la dictée" par injonction ministérielle ne produira pas ses fruits si des conditions matérielles en classe ne sont pas assurées, si une certaine ligne pédagogique n'est pas modifiée. Le retour au totem de la dictée sera une vaine incantation si l'attention aux structures de la langue, la grammaire, ne sont pas précocement étudiées; ce qui ne cadre pas avec les démarches dites ludiques des apprentissages scolaires, depuis des décennies.     


                        Toute une histoire...                      Comme dit une enseignante: "..."On charge effectivement la barque : on nous demande de faire de l'histoire des arts, de l'éducation à la citoyenneté, de l'oral, des rédactions… Donc les fondamentaux comme l'apprentissage de la langue, notamment de la grammaire, et de l'orthographe, diminuent forcément. Et le reste ne suit pas : on ne peut pas construire une pensée et un discours riche, nuancé et précis. Rendez les heures de français ! Quand j'étais collégien, j'avais 5 à 6 heures de français par semaine. Les dernières années où j'enseignais, autour de 2017. On était tombé à 3 h et demie. Et les élèves sont de plus en plus nombreux par classe. Ils arrivent en sixième, sans avoir acquis les fondamentaux. Derrière, il n'y a pas de miracle."____Rachid Santaki ajoute : "On a aussi des élèves aujourd'hui qui ont des temps de concentration beaucoup moins importants."   __Le niveau baisse : de quoi parle-t-on ?Mais si le temps consacré au français est moindre, la question du niveau est à interroger, explique Florie Cristofoli-Coulon : "Il faudrait peut-être se poser la question de comment est mesuré le niveau. Si on mesure des techniques, des automatismes, le niveau baisse peut-être. Mais est-ce vraiment le rôle de l'école ? Doit-on former des automates qui réussissent aux tests ou forme-t-on à la pensée complexe, à la réflexion sur la langue, aux liens faits avec la littérature ? L'orthographe n'est pas là pour réussir la dictée. L'enjeu, de l'orthographe est de pouvoir mieux comprendre les textes qu'on lit, mieux écrire pour être mieux compris, pour pouvoir faire l'écriture qui permet de diffuser des idées, de convaincre, etc.    Donc le niveau baisse, mais les recherches montrent que, au niveau de l'argumentation, de la capacité à confronter ses idées, les élèves ne sont pas en reste, même si on a du mal à travailler ce genre de choses à l'école parce qu'effectivement on parle beaucoup des fondamentaux et qu'il faudrait connaître la base avant d'aller à l'activité complexe. Et moi, je défends le fait que tout apprentissage est complexe."   ____Philippe auditeur, et enseignant à Sens déplore le nombre d'élèves par classe qui ne permet pas d'approfondir, mais surtout souligne-t-il "Quelle place a l'orthographe dans la société. S'il n'en est question qu'à l'école, quel sens cela a ? Et à quoi va leur servir dans leur vie cette discipline ? Si on envisageait ces disciplines sous l'angle de la communication, on arriverait mieux à intéresser les élèves."  ____ Rachid Santaki s'inquiète : "Depuis dix ans, avec cette casquette de romancier, j'ai eu l'occasion d'intervenir en classe. Je vois vraiment une différence. Entre 2011-2012, ces élèves de collège et de lycée prenaient un livre. Aujourd'hui, ils ne touchent même pas de livre. Ils sont dans de la vidéo et de l'audio. Cette fracture existe. Ce n'est pas pour jeter la pierre aux écrans, mais c'est une réalité. Ensuite, il faut expliquer aux élèves qu'on a besoin pour justement connaître les mots, leur sens, et leur donner une force. Mais également pour trouver un stage et pour l'insertion professionnelle."  _____Julien Soulié : "On peut le déplorer, mais l'orthographe est un marqueur social, qu'on le veuille ou non."                                                                                                                    Un déclin inéluctable?... Au fond, Voltaire faisait pas mal de "fautes d'orthographe"...à une époque où les règles n'étaient pas encore bien fixées et les exigences sociales de l'écriture moindres. Ne parlons pas de Montaigne...   ______________

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